202103_17_HP_Version complète du livre simplifié_VFinale Flipbook PDF

202103_17_HP_Version complète du livre simplifié_VFinale
Author:  c

76 downloads 143 Views 4MB Size

Recommend Stories


BIBLIOTECONOMÍA El-Alaoui, S.: Les réseaux du livre islamique. Parcours parisiens pp. 23,00
AVANCES 804 de PÓRTICO LIBRERÍAS 2 de junio de 2006 www.porticolibrerias.es Responsable de la Sección: Pilar Aguirre Dirige: José Miguel Alcrudo

INSTRUCTION BOOK MANUAL DE INSTRUCCIONES LIVRE D'INSTRUCTIONS
INSTRUCTION BOOK MANUAL DE INSTRUCCIONES LIVRE D'INSTRUCTIONS IMPORTANT SAFETY INSTRUCTIONS This sewing machine is not a toy. Do not allow children

ATLAS DE MICROORGANISMOS MICROALGAS DE VIDA LIVRE
ATLAS DE MICROORGANISMOS MICROALGAS DE VIDA LIVRE http://personal.telefonica.terra.es/web/ayma/atlas.htm CIANOFÍCEAS Conocidas vulgarmente como al

Story Transcript

3

4

Où Harry Potter est emmené au 4, Privet Drive par d’étranges individus. M. et Mme Dursley habitent au 4, Privet Drive. Ils ont toujours dit avec fierté qu’ils sont des gens parfaitement normaux, comme les autres, et ils vivent dans cette banlieue de Londres sans se faire remarquer. Vernon Dursley est un homme grand et gros, portant une moustache elle aussi grande et grosse. Son épouse, Pétunia Dursley, une dame grande, mince et blonde, a un long cou qui est très utile pour espionner ses voisins. Ce couple charmant a un petit garçon qu’ils croient être le plus beau du monde et qui s’appelle Dudley. Bref, ils sont heureux et ont tout ce qu’ils veulent. La seule chose qui les dérange est la sœur de Mme Dursley et son étrange époux. Les Dursley ont très peur que quelqu’un découvre que ces gens étranges sont de la même famille qu’eux. Sans compter que ces gens ont aussi un petit garçon et les Dursley ne veulent surtout pas que leur fils fréquente ce cousin bizarre. Au moment où commence cette histoire, les Dursley ne se doutent pas que ces gens vont changer leur vie le soir même. En effet, ce soir-là, pendant que les Dursley s’endorment tranquillement dans leurs lits, des choses étranges se produisent sur Privet Drive. En commençant par un chat assis sur un petit mur de briques au coin de la rue. Un chat totalement immobile et qui fixe le coin de la rue, où un vieil homme apparait soudainement. Comme par magie! Il est grand et mince, et porte de longs cheveux blancs ainsi qu’une barbe qui lui descend jusqu’à la taille. Il porte une

5

longue robe et une cape violette, des lunettes en demi-lune, et un long nez crochu. Cet homme, c’est Albus Dumbledore. En voyant le chat qui l’observe, il a un petit rire et marmonne : - J’aurais dû m’en douter! Comme si de rien n’était, il se dirige vers le 4 de la rue Privet Drive, sans faire attention au chat qui le suit. Arrivé devant la porte, il tourne la tête et sourit au chat. Celui-ci disparait aussitôt pour faire place à une grande dame aux cheveux attachés en un chignon sévère, portant des lunettes carrées sur le bout de son nez, et vêtue d’une longue cape verte! Elle semble contrariée. C’est Minerva McGonagall. Sans salutation ou autre cérémonie, elle demande au vieil homme : - Comment m’avez-vous reconnu? - Mon cher professeur, il y a très peu de chats qui me fixent aussi longtemps! répond-il en souriant. Le professeur McGonagall renifle d’un air fâché et change de sujet. - Alors, c’est vrai? Voldemort a tué Lily et James Potter? - Oui. C’est terrible… lui répond tristement Dumbledore. - Et le petit Harry? - Voldemort a essayé de le tuer, mais sans succès. Et il s’est enfui tout de suite après son crime. Le petit s’en est sorti avec une simple cicatrice au front. C’est incompréhensible! - Que va-t-il devenir? - Nous allons le confier à son oncle et sa tante qui habitent ici. Je leur ai écrit une lettre pour les informer. Ils lui expliqueront tout quand il sera plus grand.

6

7

Au même moment, ils voient une énorme moto descendre du ciel, conduite par un homme immense, presque un géant. Son visage est caché par de longs cheveux et une barbe noire. Il tient un tas de couvertures dans ses bras musclés - Hagrid! dit Dumbledore. Enfin! Tout s’est bien passé? - Oui, il s’est endormi rapidement après notre départ. Dumbledore et le professeur McGonagall se penchent sur le tas de couvertures. À l’intérieur, à peine visible, un bébé dort profondément. La petite tête pleine de cheveux noirs et au doux visage porte une cicatrice en forme d’éclair sur le front. Harry Potter. Dumbledore prend le petit Harry des grandes mains du géant et le dépose doucement devant la porte. Il glisse ensuite une enveloppe à l’intérieur de la couverture. « Bonne chance Harry! » murmura Dumbledore, avant de disparaître avec ses deux amis.

8

9

10

ÎT Où Harry fait une visite au zoo et découvre ses pouvoirs étranges.

Dix années sont maintenant passées depuis que les Dursley ont trouvé leur neveu Harry devant la porte de Privet Drive. Aujourd’hui, Dudley est un gros garçon blond adoré par ses parents et qui fait la loi dans la maison. À première vue, rien ne nous laisse deviner qu’un autre garçon vit maintenant avec eux. Pourtant, il y a bien un malheureux petit garçon tout maigre, perdu dans les vieux vêtements trop grands de Dudley, et qui dort dans le placard à balai sous l’escalier. Le petit Harry. Le cousin étrange dont personne ne veut dans cette maison. Étrange, vous dites? Entre autres en raison de cette cicatrice qu’il porte au front, en forme d’éclair. Harry adore cette cicatrice. Quand il était petit, il a demandé à tante Pétunia d’où lui venait cette cicatrice et elle lui a raconté une histoire d’accident de voiture dans laquelle ses parents sont morts. Et il était interdit de poser d’autres questions sur ce sujet. Pour lui, la cicatrice est donc comme une espèce de souvenir de ses parents. Mais aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Dudley, et tout doit être parfait dans la maison. Alors tante Pétunia crie des ordres à Harry pour qu’il vienne l’aider à préparer cette journée spéciale. Harry fait donc tout ce qu’il peut pour obéir à tante Pétunia, en commençant par la préparation du déjeuner de la famille.

11

C’est à ce moment que l’oncle Vernon se présente dans la cuisine. Harry est en train de cuire les œufs et dès que l’oncle Vernon l’aperçoit, il s’exclame (encore une fois) qu’il faudrait bien faire couper les cheveux de ce garçon. Harry se fait couper les cheveux plus souvent que tous les autres enfants, mais toujours sans succès. Sa crinière continue de pousser n’importe comment et beaucoup trop rapidement. Vraiment trop rapidement. Mais revenons à l’anniversaire de Dudley. Chaque année, toute la famille fait une sortie ce jour-là, pendant que Harry se fait garder par une voisine. Mais cette année, la voisine n’est pas disponible et Harry va devoir les accompagner au zoo. Et il est fou de joie! Parce que ce sera sa première visite au zoo, et parce qu’il déteste aller chez la voisine! Mais oncle Vernon l’a bien averti : - S’il se produit la moindre chose bizarre, tu ne sortiras pas de ce placard avant Noël! C’est bien compris? - Oui, oncle Vernon. Je ne ferai rien, assura Harry, c’est promis. Le problème, c’est qu’il se passe souvent des choses bizarres autour de Harry. Et tout le monde croit que c’est sa faute. Par exemple, le chandail horrible de Dudley (orange avec des pompons bruns!) qui rapetissait chaque fois que tante Pétunia voulait le mettre à Harry. Ou ce jour à l’école où il s’est retrouvé sur le toit de l’édifice en tentant d’échapper à Dudley et ses amis qui le pourchassaient. Déjà qu’il n’a pas beaucoup d’amis à l’école à cause son de son allure étrange, ce genre d’accident ne l’aident absolument pas. Mais aujourd’hui, tout ira bien. Il est trop heureux de sa visite au zoo pour penser autrement. Et tout se passe vraiment bien! Pendant toute la journée, Harry et les Dudley visitent le zoo sans aucun problème, et après leur repas du midi, ils se dirigent vers le vivarium des reptiles. Et là, c’est trop beau pour durer. La salle du vivarium est sombre et fraîche et elle est remplie de cages en verre éclairées et alignées le long des murs. Des lézards et des serpents de toutes sortes rampent à l’intérieur des cages et ondulent autour de bouts de bois ou de morceaux de roches.

12

Dudley découvre alors la cage d’un énorme boa qui dort tranquillement. L’oncle Vernon et lui décident de réveiller le serpent en cognant sur la vitre et Harry s’approche pour observer. Soudain, le serpent ouvre ses petits yeux brillants et regarde Harry droit dans les yeux. Et lui fait un clin d’œil!

13

Harry en reste bouche bée! Sans trop savoir pourquoi, Harry lui rend son clin d’œil et se met à discuter avec le serpent : ─ D’où viens-tu? demande Harry. ─ Du Brésil. Au même moment, Dudley voulant voir le serpent réveillé, pousse Harry et le fait tomber par terre. Et pendant que Harry tente de se relever, la vitre en verre de la cage du boa disparaît. Dudley se met à hurler, complètement mort de peur. Profitant de cette occasion, le boa se glisse rapidement à l’extérieur de sa cage sans même s’arrêter près de Dudley. En passant près de Harry, il murmure : ─ Et maintenant, direction le Brésil! Merssssi, amigo. Tout le monde est sous le choc! Le gardien de zoo, le directeur de zoo, les visiteurs du zoo… Tous! Mais surtout, Harry! Et l’oncle Vernon! Celui-ci, fou de rage, décide de rentrer immédiatement à la maison et d’enfermer Harry dans son placard dès leur arrivée. Il est tellement en colère qu’il n’arrive même pas à parler. Il ne réussit qu’à dire : ─ File… placard… pas bouger… rien à manger… Harry restera en punition pendant des semaines.

14

15

16

Où il pleut des lettres au 4 Privet Drive.

L’été suivant, Harry demeure seul et se tient aussi loin que possible de son terrible cousin. Jusqu’à un jour de juillet, où Harry trouve une lettre qui lui est adressée dans la boite aux lettres. Comme il n’a jamais reçu de lettres de sa vie, il croit que c’est une erreur. Il n’a pas d’amis ni de parents qui pourraient lui écrire. Pourtant, il s’agit bien de son adresse sur l’enveloppe lourde et épaisse dans ses mains. Il est clairement écrit à l’encre verte :

17

En retournant l’enveloppe, il voit une espèce d’écusson avec la lettre « » entourée d’un lion, d’un serpent, d’un blaireau et d’un aigle. Bien que très heureux que quelqu’un lui écrive, Harry est surtout très intrigué par cette lettre. Il s’apprête donc à l’ouvrir pour en lire le contenu, mais son oncle la lui arrache des mains précisément à ce moment. ─ C’est à moi! proteste Harry en essayant de la reprendre. Mais son oncle refuse de la lui rendre. Il se méfie du papier parchemin et de l’écusson derrière l’enveloppe. En fait, on dirait qu’il va s’évanouir! Il murmure « Quand nous l’avons pris avec nous, nous nous sommes jurés de refuser toutes ces idioties. C’est beaucoup trop dangereux! » Et il décide d’envoyer Harry en punition dans sa chambre, pour plus de sécurité! Mais, le lendemain, une autre enveloppe arrive, encore adressée à Harry. Et encore une fois, l’oncle Vernon la confisque avant qu’Harry n’ait le temps de l’ouvrir. ─ Cette lettre est à moi! Vous n’avez pas le droit! Mais l’oncle Vernon ne veut rien entendre. Le jour suivant, Harry se lève à 6h du matin pour aller attendre le facteur dans la rue, espérant qu’une nouvelle enveloppe lui serait adressée. Mais lorsqu’il arrive à la porte de la maison, il voit son oncle couché au pied de la porte et qui dort! Rusé, il avait prévu que Harry voudrait sortir dès le matin et a pensé lui bloquer le passage. Harry ne peut donc pas sortir. Mais cela n’empêche pas trois nouvelles lettres d’arriver ce jour-là. Trois lettres que l’oncle Vernon déchire et jette à la poubelle. Le vendredi, c’est douze lettres pour Harry qui arrivent au 4 Privet Drive. L’oncle Vernon est de plus en plus en colère et décide cette fois de les brûler. Mais le samedi, la situation menace de devenir incontrôlable. Il y a vingt-quatre lettres cette fois, et elles sont cachées dans les œufs livrés par le laitier! L’oncle Vernon est furieux et détruit encore les lettres. Le dimanche matin, l’oncle Vernon fatigué, épuisé même, est étrangement de bonne humeur. « Il n’y a pas de livraison de la poste le dimanche » dit-il devant 18

son café du matin. « Ce sera une belle journée! ». Mais au même moment, un paquet tombe dans la cheminée et explose dans le foyer en projetant 40 lettres partout dans la cuisine, le salon et la salle à manger des Dursley. L’oncle Vernon, qui n’arrive pas à attraper toutes les lettres avant Harry, ordonne à tout le monde de sortir de la pièce et ferme la porte. ─ Cette fois-ci, ça suffit ! déclare-t-il. Préparez vos valises, et soyez prêts à partir dans cinq minutes. On s’en va. Dix minutes plus tard, ils sont dans leur voiture et quittent leur quartier tranquille. Toute la journée, ils roulent en voiture sans jamais s’arrêter, sauf pour dormir dans un motel près de la route. Le lundi matin pendant le déjeuner, la patronne du motel leur demande : ─ Est-ce qu’il y a un Harry Potter parmi vous ? Parce que j’en ai une centaine comme ça à la réception. Elle tient une enveloppe à la main sur laquelle on peut lire cette adresse écrite à l’encre verte :

ô C’en est trop pour l’oncle Vernon. Ils sautent dans la voiture et repartent sur la route, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans un village au bord de la mer. Après avoir garé la voiture, l’oncle Vernon leur réserve des places dans un petit bateau et part acheter quelques provisions. Ensuite, ils embarquent sur le bateau juste au moment une terrible tempête se lève sur la mer. À travers les vagues, le vent qui hurle et la

forte pluie, ils naviguent jusqu’à une petite île très loin de la côte. Sur cette île, on peut voir une cabane en bois qui tient à peine debout. Et c’est exactement là que l’oncle Vernon les conduit. Le vent souffle, ils ont froid et faim

19

et l’oncle Vernon est pourtant de très bonne humeur. « On aimerait avoir quelques lettres pour faire un bon feu! » dit-il en riant. Harry se couche à la tombée de la nuit, mais n’arrive pas à s’endormir. Il pense au lendemain. Ce sera le jour de son anniversaire. Il aura 11 ans. Il se doute bien que les Dursley ne feront rien de spécial pour souligner l’événement. Pourtant, à minuit pile, alors que la cabane tremble de toutes ses planches, on entend un bruit : BOUM! BOUM! BOUM! Dehors, quelqu’un frappe à la porte!

20

21

22

É Où on en apprend un peu plus sur les origines de Harry grâce à un sympathique géant

BOUM! BOUM! Le bruit continu et Dudley se réveille en sursaut. ─ Qu’est-ce que c’est que ça? Un canon? demande-t-il bêtement. Soudain, l’oncle Vernon arrive en courant dans la pièce avec un fusil dans les mains. ─ Qui est là? hurle-t-il. Je vous avertis, je suis armé! Silence. Et puis, CRAAAAAAAC! La porte est arrachée de son cadre et un véritable géant apparaît dans l’ouverture. On ne voit presque pas son visage à travers la barbe et les cheveux. Il se penche et entre dans la cabane. « Si vous aviez une tasse de thé, ce ne serait pas de refus. Le voyage n’a pas été facile! » dit-il en prenant place sur le canapé. « Et toi, tu dois être Harry! La dernière fois que je t’ai vu, tu n’étais encore qu’un bébé. Tu ressembles à ton père… mais avec les yeux de ta maman. » L’oncle Vernon n’aime pas du tout ce qui se passe et décide d’intervenir avant que sa nuit ne soit complètement perdue :

23

─ Monsieur, je veux que vous quittiez cette maison immédiatement, dit-il. Vous n’avez pas le droit d’entrer chez les gens comme ça! ─ Ah, ça suffit, Dursley! répond le géant. Et il arrache le fusil des mains de l’oncle Vernon, fait un nœud dans le canon comme si c’était un lacet, et le jette dans un coin de la pièce. ─ Harry, je te souhaite un bon anniversaire! dit le géant. Je t’ai apporté quelque chose. Il sort de la poche de son grand manteau une boîte de carton écrasée. Harry l’ouvre et découvre un gros gâteau au chocolat en mauvais état et avec l’inscription « Joyeux anniversaire Harry! » écrite en vert. ─ Merci! Mais qui êtes-vous? demande Harry. ─ Ah, c’est vrai, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Rubeus Hagrid. Je suis le Gardien des Clés et des Lieux à Poudlard. Et sans autre cérémonie, il se penche devant le foyer et fait apparaître un gros feu dans la cheminée pour réchauffer la cabane. ─ Je suis désolé, mais… je ne comprends rien… qu’est-ce que c’est que Poudlard, et comment avez-vous allumé ce feu? ─ Tu ne connais pas Poudlard? On m’a bien dit que tu ne recevais pas les lettres, mais je ne pensais pas que tu ne connaissais pas Poudlard! Les Dursley ne t’ont pas expliqué d’où tu viens ? Tu ne connais pas le monde de tes parents? ─ Quel monde? Hagrid devient rouge de colère, comme s’il allait exploser. ─ DURSLEY! hurla-t-il. L’oncle Vernon, très pâle et tremblant, marmonne quelque chose comme : « Maisnonmaisquoimaispasdutout. » Hagrid regarde Harry d’un air découragé. « Tu dois absolument savoir qui étaient tes parents, dit-il. Ils sont célèbres. Et toi aussi d’ailleurs... Tu ne sais même pas qui tu es ? », demande-t-il désespéré.

24

Et c’est ainsi que Harry apprend qu’il est un sorcier. Comme ses parents. Et qu’ils ne sont pas morts dans un accident de voiture, mais qu’ils ont plutôt été tués par un terrible sorcier appelé Voldemort. ─ Il est temps que tu lises ta lettre, Harry, dit Hagrid en lui tendant une enveloppe où on peut lire :

Harry ouvre l’enveloppe et il peut enfin lire la lettre. Harry a tellement de questions à poser qu’il a l’impression que sa tête va exploser. Il arrive enfin à demander : ─ Qu’est-ce que ça veut dire « nous attendons votre hibou »? ─ Mille baguettes, j’allais oublier! s’exclame Hagrid en sortant un hibou, une plume d’oie et un rouleau de parchemin d’une poche de son manteau.

25

Et très concentré, il écrit :

Monsieur le Directeur, J’ai donné sa lettre à Harry. Je l’emmène acheter ses affaires demain. Le temps est affreux. J’espère que vous allez bien. Hagrid Il donne le billet au hibou qui le prend dans son bec et s’envole aussitôt dans la tempête. Harry est bouche bée! Tout cela est trop étrange. Comment pourrait-il faire partie d’un univers aussi… extraordinaire? ─ Hagrid, je crois que vous faites une erreur, dit-il. Je ne suis pas un sorcier. ─ Pas un sorcier, toi? Réfléchis : il ne se passe jamais rien quand tu as peur ou quand tu es en colère? demanda Hagrid. Harry fixe le feu dans la cheminée. Tout s’explique enfin! Toutes les bizarreries qui lui arrivent… C’est donc pour cela… Il est un sorcier! ─ Tu vois? dit Hagrid. Harry Potter, pas un sorcier! Attends donc d’être à Poudlard et tu verras comme tu es célèbre. Mais l’oncle Vernon ne veut pas laisser Harry s’en sortir aussi facilement. Il s’écrie : ─ Non! J’ai dit qu’il n’irait pas là-bas! JE REFUSE DE PAYER UN SOU POUR QU’UN VIEUX CINGLÉ LUI ENSEIGNE DES TOURS DE MAGIE! Cette fois, il est allé trop loin. Hagrid, rouge de colère attrape son parapluie et lui répond : ─ JAMAIS PLUS… INSULTER… ALBUS DUMBLEDORE… DEVANT… MOI… Et il pointe son parapluie rose vers Dudley et en fait jaillir un éclair violet. Un instant plus tard, Dudley saute sur place en hurlant de douleur, les mains sur ses fesses où une petite queue de cochon en tire-bouchon est apparue. L’oncle Vernon, paniqué, attrape Dudley et tante Pétunia et s’enfuit dans la pièce d’à côté en tentant de consoler son fils. ─ Hum… dit Hagrid, je n’aurais pas dû m’énerver comme ça… Si tu pouvais éviter de raconter ça… je t’en serais reconnaissant. 26

─ D’accord! répond Harry. Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant? ─ Il se fait tard et on aura beaucoup de choses à faire demain, dit Hagrid d’une voix forte. Il faut qu’on aille en ville acheter tes livres et tout le reste. Tu n’as qu’à dormir là-dedans, dit-il en enlevant son grand manteau pour le donner à Harry. Et ils se couchèrent tous les deux devant le foyer pour prendre un peu de repos avant le lever du soleil.

27

28

Où nous découvrons un monde magique avec Harry. Le lendemain matin, Harry n’ose pas se réveiller. Il a peur que tout cela n’ait été qu’un rêve! Mais lorsqu’il entend Hagrid pousser un énorme bâillement, il comprend que c’est bien réel! Et il a l’impression qu’il flotte de joie! ─ On ferait bien d’y aller Harry, dit Hagrid en se levant. On a beaucoup de choses à faire aujourd’hui. Il faut aller à Londres et acheter tes affaires pour l’école. ─ Comment va-t-on faire pour acheter tout ça? demande Harry. Je n’ai pas d’argent et ce n’est certainement pas l’oncle Vernon qui m’en donnera! ─ Ne t’inquiète pas pour ça, répond Hagrid. Tu ne crois quand même pas que tes parents ne t’ont rien laissé !? On va commencer par s’arrêter chez Gringotts, la banque des sorciers où tu prendras un peu d’argent. Cette banque est l’endroit le plus sécuritaire au monde! Il faudrait être fous pour tenter de la voler! On dit que les gobelins qui la dirigent ont mis un dragon pour surveiller la salle des coffres! Et je dois aussi y faire une petite course pour Dumbledore, ajouta Hagrid avec fierté. Tu es prêt? Alors, viens. Harry sort de la cabane à la suite de Hagrid. Dehors, le soleil brille et il n’y a plus de trace de la tempête de la veille. Harry cherche des yeux le bateau de Hagrid, mais ne voit rien. ─ Comment êtes-vous venus ici? demande-t-il. ─ En volant, répond Hagrid. Mais on va rentrer en bateau. Maintenant que tu es avec moi, je ne dois plus utiliser de magie. 29

Et ils s’installent dans la barque de l’oncle Vernon. Une fois sur l’eau, Hagrid ne peut pas s’empêcher de tapoter la barque avec son parapluie et le bateau se lance à toute vitesse sur l’eau. ─ Ce serait quand même un peu bête de se fatiguer à ramer… tu n’en parleras à personne, hein, Harry? ─ Bien sûr que non, répondit Harry émerveillé. Et c’est ainsi que Hagrid et Harry se rendent jusqu’à Londres. En chemin, Harry tente de comprendre la liste des effets qu’il doit acheter pour sa première année à Poudlard. Mais sans succès…

─ Où allons-nous trouver tout cela? À Londres? demande Harry inquiet. ─ Oui, quand on sait où aller, répond Hagrid. Comme Harry n’est encore jamais allé à Londres, il décide de croire Hagrid. Cependant, en marchant dans les rues, Harry voit des boutiques, des cinémas, des restaurants, mais aucun endroit où il peut s’acheter une baguette magique ou un chapeau pointu. Quand soudain, Hagrid s’arrête net et dit : « C’est là. Le Chaudron Baveur. Un endroit célèbre. » 30

C’est un pub minuscule et sale et si Hagrid ne s’était pas arrêté devant, Harry ne l’aurait jamais vu. Harry suit Hagrid et entre dans le pub, où il voit plein de gens avec des chapeaux pointus, de longues pipes et des vêtements étranges. Quand le géant passe parmi eux avec Harry, les conversations s’arrêtent. C’est alors qu’un des clients s’exclame en regardant Harry : ─ Par la barbe de Merlin! C’est… Est-ce que c’est vraiment?... ─ Par le ciel! s’écrit un autre, Harry Potter… Quel honneur! Et tous les clients poussent un cri d’admiration! En deux minutes, Harry est entouré d’inconnus qui veulent tous lui serrer la main. Une de ces personnes au visage plein de tics nerveux s’avance vers lui. ─ Professeur Quirrell, s’exclame Hagrid, je te présente le professeur Quirrell Harry. Il sera un de tes enseignants cette année. ─ P… P… Potter… balbutia le professeur en serrant la main de Harry. V… V… vous ne pou… pouvez pas savoir à… à quel point je suis heu… heu… heureux de vous rencontrer. Mais les autres clients poussent le professeur pour s’approcher de Harry et Hagrid décide qu’il est temps de s’en aller. Il entraîne alors Harry à l’extérieur du pub par la porte arrière. Ils se retrouvent alors dans une petite cour pleine de poubelles et entourée d’un mur de briques. ─ Je t’avais bien dit que tu étais célèbre Harry, dit le géant avec un grand sourire, en comptant les briques du mur devant eux. Puis, il tape sur une brique avec le bout de son parapluie et la brique se met à bouger. Et comme par magie, la brique disparait suivie de celles qui l’entourent, jusqu’à ce qu’un trou de la grandeur de Hagrid apparaisse devant eux. De l’autre côté du mur, Harry aperçoit une rue pavée bien étrange. ─ Bienvenu sur le Chemin de Traverse Harry, dit Hagrid et il sourit en voyant la surpris sur le visage de Harry. Ils traversent alors le trou dans le mur et celui-ci se referme derrière eux. Aussitôt, ils se mettent en route en direction de la banque. Sur le chemin, Harry ne sait plus où regarder tellement il y a de choses à voir. Après quelques minutes de marche, ils arrivent devant un grand bâtiment tout blanc, dont l’entrée est gardée par un… 31

─ Eh oui, c’est un gobelin, dit Hagrid en montant les marches vers la porte. À l’intérieur, Harry ne voit que des gobelins, des comptoirs et de l’or. Hagrid se dirige vers l’un d’eux derrière un comptoir. « Bonjour, dit Hagrid au gobelin. On est venus prendre un peu d’argent dans le coffre de M. Potter. » Et en disant cela, il sort une clé minuscule d’une de ses poches. ─ J’ai aussi une lettre du professeur Dumbledore au sujet de vous-savez-quoi, dans le coffre numéro 713. ─ Très bien, répond le gobelin en examinant la clé et la lettre attentivement. Je vous accompagne dans la salle des coffres. Gripsec! ─ Qu’est-ce qu’il y a dans le coffre 713?, demande Harry ─ Ça je ne peux pas te le dire, répond Hagrid. Très secret. Une affaire qui concerne Poudlard. Gripsec les guide dans une suite de labyrinthes et de galeries, à bord d’un wagonnet roulant sur un rail aérien. Tout au long du trajet, Harry a pu voir un lac souterrain, un jet de flammes provenant peut-être d’un dragon, et combien d’autres étrangetés encore. Arrivés au coffre des parents de Harry, il y entre et constate à quel point il est riche! Il remplit un petit sac de ces pièces d’or en espérant que ce sera suffisant pour ses achats pour l’école, et retourne ensuite dans le wagonnet, vers le coffre 713. Harry s’attend à un grand coffre majestueux rempli d’un trésor extraordinaire, mais il est bien déçu lorsqu’il voit un coffre comme les autres et surtout ce qu’il contient. Un seul petit paquet mal enveloppé dans du papier brun, directement posé sur le sol. Petit paquet que Hagrid se dépêche de cacher dans le fond d’une de ses poches. Et hop! On repart vers la sortie. Une fois à l’extérieur de la banque, Harry n’a qu’une envie : dépenser ses pièces d’or! Il n’a jamais eu autant d’argent en main et se sent invincible! ─ On va commencer par te trouver un uniforme, dit Hagrid. Et Harry se lance dans ses courses pour ses effets scolaires.

32

Dans la boutique d’uniforme, Harry fait la connaissance d’un garçon au visage pâle et au cheveu blond. Sans prendre la peine de se présenter ou de dire bonjour, le garçon lance à Harry : ─ Tu vas à Poudlard toi aussi? ─ Oui, réponds Harry. Et le garçon se lance alors dans un discours sur ses parents, ses achats, explique qu’il fait ce qu’il veut de ses parents, qu’il peut faire entrer plein de choses en cachette à Poudlard, et blablabla. En l’écoutant, Harry ne peut s’empêcher de penser à Dudley. Beurk! ─ Et toi, tu as un balai? demande soudain le garçon blond. ─ Non, dit Harry. ─ Tu joues au Quidditch? ─ Non, répète Harry, en se demandant ce que c’était que ce nouveau mot. Et le garçon repars dans un discours sur ses talents de joueur, les équipes de Poudlard, et blablabla. Harry comprends qu’il s’agit d’un sport très populaire, et que ça prend un balai pour y jouer. ─ Où sont tes parents? reprend-il. ─ Il sont morts, répond Harry qui trouve ce garçon de plus en plus désagréable. ─ Oh désolé, dit l’autre qui ne semblait pas désolé du tout. Et leur discussion s’arrête ainsi. Bien content, Harry en profite pour payer son costume et sortir de la boutique pour rejoindre Hagrid qui l’attend avec un beau cornet de crème glacée. Et ils repartent tous les deux pour continuer les achats. Plumes d’oie, manuels scolaires, etc. Pendant les courses, Harry pose plein de questions à Hagrid pour mieux comprendre cet univers. Qu’est-ce que le Quidditch, par exemple. Harry constate alors qu’il a énormément de choses à apprendre! Bientôt, il ne resta plus que la baguette à acheter. Mais avant ce dernier achat, Hagrid amène Harry dans une boutique de hiboux et lui achète une magnifique chouette au plumage blanc comme la neige comme cadeau d’anniversaire. Harry est tellement ému et heureux, qu’il ne trouve pas les mots pour le remercier! 33

─ Ce n’est rien, répond Hagrid. Allons te trouver une baguette maintenant. Hagrid emmène Harry chez Ollivander, le fabricant de baguettes magiques depuis 382 avant J.-C. Ou du moins, c’est ce qui est écrit à l’entrée de la boutique en grosses lettres d’or. C’est une boutique minuscule, poussiéreuse et silencieuse comme un bibliothèque. Et lorsqu’une voix douce lui dit « Bonjour », Harry sursaute! En se retournant, Harry voit un vieil homme aux grands yeux pâles et brillants se tenant devant lui. ─ Bonjour, dit Harry. ─ Ah, oui, oui, bien sûr, dit l’homme. Je pensais bien que j’allais vous voir bientôt. Harry Potter. Vous avez les yeux de votre mère. Je me rappelle très bien vos parents, James et Lily. Je me rappelle même leurs baguettes. Comme pour tous les sorciers, ce sont les baguettes qui les ont choisis! ─ Ah c’est ici que… Mais Harry ne termine pas sa phrase, car M. Ollivander est en train de toucher sa cicatrice de son long doigt blanc. ─ Je suis désolé… C’est moi qui ait vendu la baguette responsable de cette cicatrice à vous-savez-qui. Une baguette puissante. Et dangereuse. Entre des mains maléfiques… Si j’avais su… Et M. Ollivander arrête sa phrase pour sortir un ruban à mesurer et se met à gesticuler dans tous les sens autour de Harry. Pendant ces mesures, il explique à Harry comment les baguettes sont faites, qu’il n’y a pas deux baguettes pareilles, qu’elles peuvent contenir du poil de licorne ou des plumes de Phénix, et encore une fois, que c’est la baguette qui choisi son maître et non l’inverse, etc. M. Ollivander choisi ensuite quelques boîtes sur ses étagères et les emmène à Harry. Il doit les essayer, même s’il ne sait pas trop comment s’y prendre. M. Ollivander le guide mais aucune de ces baguettes ne fonctionne pour Harry. ─ Hum… Un client difficile… Nous finirons bien par trouver celle qui vous convient. Voyons celle-ci, dit Ollivander. Harry prend la baguette et senti immédiatement une étrange chaleur monter dans ses doigts. Lorsqu’il la fait bouger, des étincelles rouges et or en jaillissent. ─ Bravo! s’exclament Hagrid et Ollivander. 34

─ C’est très bien, continu le vieil homme, mais c’est étrange. Très étrange…

─ Pourquoi donc? demande Harry. ─ Parce que c’est la sœur de la baguette qui vous a fait cette cicatrice au front… Harry frissonne en entendant cela. Il décide de payer rapidement sa baguette et de sortir de cette boutique qui le met très mal à l’aise. Une fois à l’extérieur, Harry constate que le soleil se couche tranquillement. La journée a été si extraordinaire que Harry ne l’a pas vue passer. Hagrid et lui reprennent le chemin du Chaudron Baveur pour retourner à Londres. Tout au long de la route, Harry repense à sa journée, sa popularité, son nouveau statut de

35

sorcier, aux achats étranges qu’il a fait. Et il ne sait pas trop comment il doit se sentir. Heureux? Apeuré? Fier? Lorsqu’il en parle à Hagrid, celui-ci lui répond : ─ Ne t’inquiète pas Harry. À Poudlard, tu seras un enfant comme les autres et tu apprendras aussi vite que les autres. Reste toi-même. C’est tout. Arrivés au train pour rentrer chez les Dursley, Hagrid lui donne une enveloppe en disant : ─ Voici ton billet pour Poudlard. 1er septembre, gare King’s Cross. Tout est écrit sur le billet. Si jamais tu as un problème avec les Dursley, envoie-moi un message avec ta chouette. Elle saura où me trouver. À bientôt Harry. Et Harry embarque dans le train vers Privet Drive, la tête pleine de merveilleux souvenirs.

36

37

38

¾ Où on découvre les secrets de la gare de King’s Cross. Les deux mois d’été que Harry passe chez les Dursley sont les plus longs de toute sa vie et surtout, pas très amusants. Ils ont tous peur de lui, et ne veulent plus lui adresser la parole. Harry reste donc dans sa chambre avec sa chouette, qu’il appelle Hedwidge. Il passe la plus grande partie de ses journées à lire ses livres d’école, en attendant qu’arrive enfin le 1er septembre. Et ce matin-là, Harry demande à son oncle de l’amener à la gare de King’s Cross de Londres pour prendre le train vers Poudlard. ─ Je dois prendre le train à onze heures, sur la voie 9 ¾. ─ Ne dit pas de bêtises, dit l’oncle Vernon. La voie 9 ¾ n’existe pas! ─ C’est écrit sur mon billet! ─ Ils sont tous fous ! dit l’oncle Vernon. Enfin, tu as de la chance, je dois aller à Londres justement. Et ils prennent la route vers Londres avec une grosse valise et une grande cage de chouette. Une fois arrivés à la gare, l’oncle Vernon indique à Harry : ─ Voilà la voie 9 et la voie 10, juste à côté. J’imagine que la tienne se trouve quelque part entre les deux. Bon voyage! Et il repart vers la voiture sans ajouter un mot. Harry, reste seul et se sent soudain très mal à l’aise. Les gens le regardent étrangement, surtout sa cage et sa chouette en fait. Et il n’a aucune idée d’où se trouve la voie 9 ¾. Est-ce que Hagrid a oublié de lui dire quelque chose?

39

─ La gare est pleine de Moldus, dit alors une voix derrière lui. Harry se retourne et voit une petite femme parler à quatre garçons aux cheveux roux. Les garçons poussent tous un chariot avec une grosse valise semblable à celle de Harry. Le cœur battant, Harry se place derrière eux pour les suivre. Il en profite aussi pour écouter ce qu’ils disent. ─ Vas-y Percy, passe le premier. Et celui qui semble être l’aîné se dirige vers le mur entre les voies 9 et 10. Harry l’observe attentivement, mais le garçon a disparaît soudain sans explication. ─ Fred, à toi maintenant, dit la mère. Et celui à qui elle s’adresse s’avance à son tour vers le mur, et un instant plus tard, il a disparu. Ensuite, c’est au tour de son frère jumeau de disparaître de la même façon. Harry ne comprend plus rien! ─ Excusez-moi, dit alors Harry à la mère. ─ Toi, je parie que c’est la première fois que tu vas à Poudlard. Mon Ron aussi est nouveau, dit-elle en montrant son plus jeune fils. ─ Oui, c’est ça… et je ne sais pas comment faire pour… ─ Ne t’inquiète pas, dit la femme. Il suffit de marcher droit vers le mur devant toi. Ne t’arrête pas et n’aie pas peur de te cogner, c’est très important. Vasy, passe devant Ron. ─ Euh, oui… d’accord… dit Harry. Et il s’avance vers le mur en marchant de plus en plus vite. Le mur s’approche dangereusement. Trop tard pour freiner, maintenant. Il ferme les yeux et attend le choc. Mais il n’y a pas de choc. Quand il ouvre les yeux, il est sur une nouvelle voie où une locomotive rouge attend le long du quai où la foule se presse. Au-dessus de sa tête, Harry voit une pancarte qui dit : « Voie 9 ¾. Poudlard Express – 11 heures ». Il a réussi! Maintenant, il faut trouver une place vide dans le train pour s’y installer. Harry pousse son chariot le long du train et trouve enfin une place dans le dernier

40

wagon. Mais sa valise est beaucoup trop lourde pour lui. Heureusement, les jumeaux roux arrivent derrière lui pour l’aider. ─ On peut t’aider? demande l’un d’eux. ─ Je veux bien, dit Harry à bout de souffle. ─ Hé, Fred, viens nous aider un peu. Et hop! Voilà la valise de Harry dans le compartiment libre. ─ Merci, dit Harry en s’essuyant le front plein de sueurs. ─ Qu’est-ce que tu as sur le front? demande l’un des jumeaux en montrant la cicatrice de Harry. ─ Ça alors! s’exclame l’autre jumeau, ce ne serait pas… ─ Si, c’est sûrement lui, dit le premier. C’est bien toi? demande-t-il à Harry. ─ Qui? demande celui-ci. ─ Harry Potter, répondent les deux frères. ─ Euh… oui, oui, c’est moi, répond Harry. Les deux frères le regardent bouche bée et Harry se sent rougir. Il a hâte qu’ils s’en aille tous les deux. Et à son grand soulagement, ils retournent sur le quai, toujours aussi impressionnés. Bientôt, Harry entend le sifflet du train retentir et le train se met en branle. Tranquillement, Harry voit les gens devenir de plus en plus petits sur le quai, jusqu’à disparaître complètement. Il est très excité à l’idée de toutes les nouveautés qui l’attendent. Ce sera certainement mieux que ce qu’il laisse derrière lui. Soudain, la porte de son compartiment s’ouvre et Harry sort de ses rêveries. Le plus jeune des frères roux entre et demande : ─ La place est libre? dit-il en pointant le siège devant Harry. Les autres compartiments sont tous pleins. Harry fait signe que oui. ─ Je m’appelle Ron et mes deux frères qui t’ont aidé avec ta valise, c’est Fred et Georges Weasley. C’est vrai que tu es Harry Potter? demande Ron. ─ Oui, répond Harry. 41

─ Je croyais que c’était une blague de Fred et Georges. Harry relève ses cheveux sur son front pour montrer sa cicatrice. Ron ouvre les yeux tout rond. ─ Ils sont tous sorciers dans ta famille? demande Harry pour changer de sujet. ─ Oui, je crois, répond Ron. Toi, tu vivais avec des Moldus? Ils sont comment ces gens-là? ─ Qu’est-ce que c’est « Moldus »? ─ Des gens qui ne sont pas sorciers, répond Ron. ─ Ah! Alors oui, je vivais avec des Moldus. Et ils sont bien en général, mais pas ceux de la famille de mon oncle. Ils étaient abominables!

42

Et les garçons discutent ainsi tout le long du trajet. Harry apprend ainsi que Ron est le sixième garçons Weasley à aller à Poudlard, que son frère Charlie a été capitaine de l’équipe de Quidditch, que Percy y est un préfet, que Fred et Georges font plein de bêtises que tout le monde trouvent très drôles, que Ron doit porter les vieux vêtements de ses frères, etc. Ron présente aussi son rat à Harry. ─ Il s’appelle Croûtard. C’est le vieux rat de Percy. Il ne sert à rien. Il dort toute la journée. Mes parents n’ont pas les moyens de nous acheter des hiboux, alors… ─ Ah bon? Je ne savais pas que c’était dispendieux! J’ai tellement de choses à apprendre! Je suis certain que je vais être le pire élève de ma classe. ─ Oh non, il y a plein d’élèves qui viennent de chez les Moldus et ils apprennent très vite, le rassura Ron. Harry fait ainsi la connaissance de Ron et du monde des sorciers. Il découvre aussi les friandises des sorciers comme les Chocogrenouilles, et partage les sandwichs de Ron. Un peu après le dîner, une jeune fille vêtue d’une robe de Poudlard ouvre la porte de leur compartiment. Elle est accompagnée d’un garçon vêtu de la même façon. ─ Vous n’auriez pas vu un crapaud? Demande la jeune fille. Neville a perdu le sien. ─ On n’a rien vu du tout, répond Ron. ─ Ah… Au fait, je m’appelle Hermione Granger. Et vous? ─ Moi c’est Ron Weasley, marmonne Ron. ─ Et moi c’est Harry Potter, dit Harry. ─ C’est vrai? s’exclame Hermione. Je sais tout sur toi, j’ai lu quelques livres supplémentaires pour ma culture générale en plus des livres d’école, et je peux te dire qu’on parle de toi dans plusieurs d’entre eux! ─ Ah bon, dit Harry surpris.

43

─ Tu ne savais pas? Si c’était à moi que c’était arrivé, j’aurais lu tous les livres où on en parlait! Vous savez dans quelle maison vous serez? Moi j’aimerais bien être dans Gryffondor. Ou Serdaigle. Enfin, nous verrons bien. On doit maintenant retrouver le crapaud de Neville. Vous feriez bien de mettre vos robes de sorciers, on ne va pas tarder à arriver. Sur ces paroles, elle referme la porte et s’en va. ─ OUF! J’espère qu’elle ne sera pas dans ma classe, celle-là! dit Ron. ─ C’est quoi cette histoire de maisons? demande Harry ─ Oh ça… Poudlard est divisé en quatre maisons et les élèves sont séparés entre elles, selon leurs qualités et leurs forces. Il y a Gryffondor, Poufsoufffle, Serpentard et Serdaigle. J’espère que je ne serai pas dans Serpentard. C’est là que Tu-sais-qui est allé.

─ Il est allé à Poudlard? S’exclame Harry. ─ Bien sûr! Il y a très longtemps. La porte du compartiment s’ouvre à nouveau et cette fois, il s’agit de trois élèves de première et Harry reconnaît le garçon pâle de la boutique de vêtements.

44

─ Alors c’est vrai? demande ce dernier. On dit partout que Harry Potter est ici. C’est toi? ─ Oui, dit Harry. Le garçon pointe alors ses deux grands amis. On aurait dit ses gardes du corps. ─ Lui c’est Crabbe et l’autre, c’est Goyle. Moi je m’appelle Malefoy. Drago Malefoy. Et toi, avec ces cheveux roux, tu dois être un Weasley. Il se tourne vers Harry et ajoute : ─ Fais bien attention à qui tu choisi comme amis, Potter. Si tu veux éviter les gens douteux, je peux te conseiller, dit-il en lui tendant la main. Harry refuse de la serrer. ─ Je n’ai besoin de personne pour savoir qui sont les gens douteux, dit-il avec froideur. ─ Si j’étais toi, je serais plus prudent, Potter, répondit Malefoy lentement. Si tu n’es pas plus poli, tu vas finir comme tes parents. Allez, venez les gars, partons d’ici. ─ Quelle peste! dit Harry, allez, enfilons nos robes avant d’arriver à la gare. Juste à temps, car ils entendent une voix qui dit : « Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les compartiments, ils seront acheminés séparément au château. » Harry et Ron finissent de s’habiller et vont rejoindre les autres élèves dans le couloir du train. Enfin, tout le monde descend sur un quai minuscule, en pleine nuit. Une lampe se balance au-dessus de leur tête et Harry entend une voix qu’il connait bien : ─ Les premières années, par ici. Suivez-moi. Ça va Harry? Harry lève les yeux et voit Hagrid à peine visible dans le noir et lui fait un grand sourire. En suivant Hagrid, les premières années et lui avancent du mieux qu’ils peuvent dans la nuit le long d’un chemin étroit. Après quelques minutes de marche en pleine forêt, un magnifique spectacle s’ouvre devant eux. On entend des « Ooooooooh »! partout et de l’autre côté d’un grand lac, les premières années peuvent enfin voir le château de Poudlard, perché au sommet d’une falaise.

45

─ Embarquez dans les barques. Pas plus de quatre élèves par barques, ordonne Hagrid. Harry et Ron partagent leur barque avec Hermione et Neville. Une fois tous les élèves installés, toutes les barques se mettent à glisser sur l’eau du lac dans un silence total. Arrivés près de la falaise du château, ils s’engagent dans une espèce de tunnel dans la roche, et débouche dans une petite crique souterraine. Tous les élèves débarquent alors et guidés par la lampe de Hagrid, grimpent un escalier sculpté à même la roche pour enfin arriver devant la porte du château. ─ Tout le monde est là? demande Hagrid. Alors, le géant lève son gros poing et frappe trois coups à la porte du château.

46

47

48

Où Harry fait un choix important.

La porte s’ouvre immédiatement. Une grande sorcière aux cheveux noirs et vêtue d’une longue robe verte se tient devant eux. Elle semble sévère et Harry se dit qu’il vaut mieux éviter de la contrarier. ─ Professeure McGonagall, voici les élèves de 1ère année, annonce Hagrid. ─ Merci Hagrid, dit la sorcière, je m’en occupe. Et elle les fait entrer dans le château. Le hall est immense, beaucoup plus grand que tout ce qu’Harry a vu dans sa vie. Il n’arrive même pas à voir le plafond tellement il est haut! À la suite de la professeure McGonagall, les élèves de 1ere se dirigent vers une petite salle où elle s’adresse à eux : ─ Bienvenue à Poudlard, leur dit-elle. Le banquet de début d’année va bientôt commencer, mais avant qu’on ne s’installe à table, vous allez être répartis entre les quatre maisons. Cette répartition est très importante, car pour toute la durée de votre séjour à l’école, cette maison sera votre deuxième famille. Vous suivrez vos cours avec les gens de votre maison, partagerez le dortoir avec eux et passerez vos temps libres dans la même salle commune. Ces maisons sont Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Chacune de ces maisons a sa propre histoire, et elles ont toutes eu de grands sorciers et sorcières qui y ont étudiés. Rappelez-vous aussi que pendant votre année, vos actions et vos résultats pourront faire gagner ou

49

perdre des points à votre maison. Et à la fin de l’année, la maison avec le plus de points gagnera la coupe des Quatre Maisons, qui est le plus grand honneur de Poudlard. La Cérémonie de la Répartition aura lieu dans quelques minutes devant tous les autres élèves de Poudlard. Je vous conseille donc de prendre quelques minutes pour soigner votre tenue… Je reviendrai vous chercher dès que tout sera prêt. Attendez-moi en silence, je vous prie. Ces belles paroles rendent alors les élèves de premières très nerveux. Ron tente de nettoyer sa tache sur le bout de son nez et Harry tente d’aplatir ses cheveux. On voit partout des élèves replacer leur cape, leur pantalon et leur cheveux. ─ Comment font-ils pour nous sélectionner ? demande Harry à Ron. ─ Je ne sais pas. J’imagine qu’ils nous font passer un test? Fred m’a dit que ça faisait très mal… mais je crois que c’était pour rire. Harry a la gorge serrée. Des tests? Devant tout le monde? Mais il ne connaît pas un seul tour de magie… Il jette un regard autour de lui. Tous les élèves ont l’air terrifiés. Personne ne parle et tout le monde fixe la porte qui mène à la grande salle, guettant l’arrivée de la professeure McGonagall. Lorsqu’elle revient, elle leur dit : « Allons-y, maintenant! La cérémonie va commencer. Mettez-vous en rang et suivez-moi. » Harry a l’impression que ses jambes sont devenues très lourdes. Il peine à les bouger! Il réussit tout de même à se glisser derrière Ron et se met lentement en marche vers la Grande Salle. Et cette fameuse Grande Salle est absolument magnifique. Des milliers de chandelles sont suspendues dans les airs et éclairent quatre longues tables où sont assis les autres étudiants, devant des assiettes et des verres en or. Au bout de la salle, les professeurs, eux, sont derrière une autre grande table sur une petite estrade. La professeur McGonagall place les premières années face à leurs camarades. Dans la clarté flottante des chandelles, des visages inconnus les observent attentivement. Gêné par tous ces regards fixés sur les nouveaux, Harry lève la tête vers le plafond noir. On dirait du velours couvert d'étoiles. 50

— C'est un plafond magique, lui murmure Hermione à l’oreille. Il est fait exprès pour ressembler au ciel. Je l'ai lu dans L'Histoire de Poudlard. Difficile de croire que c’est réellement un plafond. On dirait plutôt que la salle est à ciel ouvert. Harry reporte ensuite son regard sur la salle devant lui et voit maintenant la professeure McGonagall installer un tabouret devant les nouveaux élèves. Dessus, elle pose un vieux chapeau de sorcier, pointu, sale, et plein de coutures. Peut-être qu’on va leur demander d'en faire sortir un lapin ? pense Harry. Tout le monde, à présent, a les yeux fixés sur le chapeau pointu. Le silence est total dans la salle. Puis, tout à coup, un des trous près du bord du chapeau s'ouvre très grand, comme une bouche, et le chapeau se met à chanter: Je n'suis pas d'une beauté suprême Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit Je veux bien me manger moi-même Si vous trouvez plus malin qu'moi Rien ne m'échapp'rien ne m'arrête Le Choixpeau a toujours raison Mettez-moi donc sur votre tête Pour connaître votre maison. Si vous allez à Gryffondor Vous rejoindrez les courageux, Les plus hardis et les plus forts Sont rassemblés en ce haut lieu. Si à Poufsouffle vous allez, Comme eux vous s'rez juste et loyal Ceux de Poufsouffle aiment travailler Et leur patience est proverbiale. Si vous êtes sage et réfléchi Serdaigle vous accueillera peut-être Là-bas, ce sont des érudits Qui ont envie de tout connaître. Vous finirez à Serpentard 51

Si vous êtes plutôt malin, Car ceux-là sont de vrais roublards Qui parviennent toujours à leurs fins. Sur ta tête pose-moi un instant Et n'aie pas peur, reste serein Tu seras en de bonnes mains Car je suis un chapeau pensant !

Après ses derniers mots, des applaudissements éclatent dans toute la salle. Le chapeau s'incline alors pour saluer les quatre tables, et s'immobilise à nouveau. — Alors, il faut simplement porter le chapeau ! murmure Ron à l'oreille de Harry. Fred m'avait parlé d'un combat avec un troll... J'ai bien envie d'aller lui casser la figure ! Harry eut un faible sourire. Le chapeau l'impressionne et Harry ne se sent plus le moindre courage. S'il existe une maison pour les élèves au bord de la nausée, il serait allé tout de suite. La professeure McGonagall s'avance maintenant avec un long rouleau de parchemin à la main. — Quand j'appellerai votre nom, vous prendrez place sur le tabouret et vous mettrez le chapeau sur votre tête. Je commence: Abbot, Hannah ! Une fille aux joues roses avec des nattes blondes sort du rang d'un pas mal assuré. Elle s’assoit et met le chapeau qui lui tombe devant les yeux. — POUFSOUFFLE ! crie le chapeau après un instant de silence. Des applaudissements s'élèvent de la table de Poufsouffle où Hannah rejoint les autres étudiants de la maison. — Bones, Susan ! — POUFSOUFFLE ! crie à nouveau le chapeau. Susan se hâte d'aller s'asseoir à côté d'Hannah. — Boot, Terry ! appelle le professeur McGonagall. — SERDAIGLE ! crie le chapeau.

52

Cette fois, les applaudissements s'élèvent de la deuxième table à gauche. Des élèves de Serdaigle accueillent Terry en lui serrant la main. Brown, Lavande est la première à se retrouver à Gryffondor. Une ovation monte de la table située à l'extrême gauche. Bulstrode, Millicent est envoyée à Serpentard. Peut-être était-ce dû à son imagination, après tout ce qu'on lui avait dit sur eux, mais Harry a une impression désagréable en regardant les élèves de Serpentard. La sélection continue pendant de longues minutes. Plusieurs élèves sont ainsi répartis dans les différentes maisons. Harry remarque que le chapeau prend parfois le temps de réfléchir avant de se décider. — Granger, Hermione ! Hermione court presque jusqu'au tabouret et enfonce nerveusement le chapeau sur sa tête. — GRYFFONDOR ! crie le chapeau. Harry a soudain une pensée horrible, comme ça arrive souvent quand on est en panique : et s'il n'était pas choisi du tout ? S'il restait là avec le Choixpeau sur la tête sans que rien ne se passe ? Que la professeure McGonagall annonce qu'il y a une erreur et qu'il doit rentrer chez lui par le prochain train ? Il ne reste plus beaucoup d’élève dans la file des nouveaux. La professeure McGonagall appelle maintenant les noms qui commencent par « P ». Parkinson... les jumelles Patil... Perks, Sally-Anne... et, enfin... — Potter, Harry ! Lorsque Harry sort du rang, des murmures s'élèvent dans toute la salle. — Elle a bien dit Potter ? — LE Harry Potter ?

53

Avant que le chapeau ne lui tombe devant les yeux en le plongeant dans le noir absolu, Harry peut voir les têtes qui se tendent pour mieux le regarder. — Hum, ce n'est pas facile, dit une petite voix à son oreille. C'est même très difficile. Je vois beaucoup de courage. Des qualités intellectuelles, également, Il y a du talent et... ho ! ho ! mon garçon, tu es impatient de faire tes preuves, voilà qui est intéressant... Voyons, où vais-je te mettre ? Harry serre les doigts sur les bords du tabouret. « Pas à Serpentard, pas à Serpentard », pense-t-il avec force. — Pas à Serpentard ? dit la petite voix. Tu es sûr ? Tu as d'immenses qualités, tu sais ? Serpentard t'aiderait énormément, ça ne fait aucun doute. Alors ? Non ? Vraiment ? Très bien, si tu es sûr de toi, il vaut mieux t'envoyer à... GRYFFONDOR ! Harry entend le dernier mot résonner dans la Grande Salle. Il ôte le chapeau et se dirige vers la table des Gryffondor, les jambes tremblantes. Soulagé d'avoir échappé à Serpentard, il remarque à peine la plus longue et la plus bruyante ovation de la soirée qui lui est offerte. Les jumeaux Weasley chantent : — Potter avec nous ! Potter avec nous ! Harry s'assoit avec eux et à présent, il voit la Grande Table des professeurs. Hagrid est assis à l'une des extrémités et lui fait un clin d'œil en levant le pouce. Harry lui sourit. Au centre de la table dans un large fauteuil d'or massif, est assis Albus Dumbledore en personne. Harry reconnait également le professeur Quirrell, qui porte un grand turban violet qui lui donne un air bizarre.

54

Il ne reste que trois élèves à répartir, dont Ron. Quand son tour arrive, il a le teint vert et Harry croise les doigts sous la table. Un instant plus tard, le chapeau annonce: — GRYFFONDOR ! Harry applaudit bruyamment avec les autres tandis que Ron se laisse tomber sur une chaise à côté de lui. — Bravo, Ron, très bien vraiment, dit son frère Percy, le Préfet. Une fois la répartition terminée, la professeure McGonagall roule son parchemin et emporte le Choixpeau. Harry contemple alors l’assiette posée devant lui. Elle est en or et est complètement vide. C’est alors qu’il constate qu’il est affamé! Mais le directeur Dumbledore se lève au même moment, le visage rayonnant, les bras largement ouverts. — Bienvenue, dit-il. Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. Les voici: Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon ! Je vous remercie ! Et il se rassoit sous les applaudissements et les cris de joie. — Il est... un peu fou, non ? demande timidement Harry à Percy. — Fou ? dit Percy, c'est un génie ! Le plus grand sorcier du monde ! Mais c'est vrai, il est un peu fou. Tu veux des pommes de terre ? Harry est bouche bée. Des plats sont apparus sur la table et ils débordent de nourriture : viandes, pommes de terre sautées, frites, toutes sortes de légumes, sauces onctueuses, ketchup, etc. Harry remplit son assiette d'un peu de tout et se met à manger avec appétit. Tout est délicieux. Après le repas, tout ce qui restait dans les plats disparut et les plats sont remplacés par les desserts : crèmes glacées de toutes sortes, tartes, éclairs au chocolat, beignes, fraises, etc. Pendant le dessert, les élèves parlent de leurs familles. — Moi, je suis moitié-moitié, explique Seamus. Mon père est un Moldu et ma mère a attendu qu'ils soient mariés pour lui dire qu'elle était une sorcière. Ça lui a fait un choc.

55

Tout le monde éclate de rire. — Et toi, Neville ? demande Ron. — C'est ma grand-mère qui m'a élevé et c'est une sorcière, répond Neville. Mais pendant des années, la famille a cru que j'étais un Moldu. Jusqu'à l'âge de huit ans, je n'avais montré aucun don pour la magie. Mais le jour où j’ai été appelé à Poudlard, ils ont été fous de joie. Mon grand-oncle était tellement content qu'il m'a acheté un crapaud. Harry se sent parfaitement à l'aise, à présent. Il jette à nouveau un coup d'œil à la Grande Table et voit Hagrid vider son gobelet, la professeure McGonagall bavarder avec Albus Dumbledore et le professeur Quirrell parler à l'un de ses collègues, un homme aux cheveux noirs et gras, le nez crochu, le visage pâle. Le professeur au nez crochu se tourne alors vers Harry et le regarde dans les yeux. En un éclair, Harry ressent une douleur aiguë, fulgurante, à l'endroit de sa cicatrice. — Aie ! s'écrie Harry en se plaquant une main sur le front. — Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète Percy. — R... rien... La douleur a disparu aussi vite qu'elle est venue. Mais, Harry n'arrive pas à chasser la sensation qu'il a eu en croisant le regard du professeur. La sensation que cet homme ne l'aime vraiment pas. — Qui c'est, le prof qui parle avec Quirrell ? demande-t-il à Percy. — Tu connais déjà Quirrell ? Pas étonnant qu'il ait l'air si nerveux… L'autre, c'est le professeur Rogue. Il donne les cours de potions, mais ça ne lui plaît pas. Tout le monde sait qu'il veut la place de Quirrell. Il en sait beaucoup sur la magie noire, ce Rogue. Harry observe longuement le professeur Rogue, mais celui-ci ne le regarde plus. Une fois les desserts terminés, Dumbledore se lève à nouveau et le silence se fait dans la salle. — Maintenant que nous avons bien mangé et bien bu, je voudrais encore dire quelques mots sur le règlement intérieur de l'école. Les première année 56

doivent savoir qu'il est interdit à tous les élèves sans exception de pénétrer dans la forêt qui entoure le collège. Certains de nos élèves les plus anciens feraient bien de s'en souvenir. Dumbledore tourna ses yeux étincelants vers les jumeaux Weasley. — M. Rusard, le concierge, m'a également demandé de vous rappeler qu'il est interdit de faire des tours de magie dans les couloirs entre les cours. Aussi, la sélection des joueurs de Quidditch se fera durant la deuxième semaine. Ceux qui souhaitent faire partie de l'équipe de leur maison devront prendre contact avec Mme Bibine. Enfin, je dois vous avertir que cette année, l'accès au couloir du deuxième étage de l'aile droite est formellement interdit, à moins que vous teniez absolument à mourir dans d'atroces souffrances. Harry éclate de rire, mais il n’est guère imité. — Il n'est pas sérieux ? murmure-t-il à Percy. — Je crois que si, répondit Percy d’une air sérieux. C'est bizarre. Habituellement, il nous explique pourquoi on n'a pas le droit d'aller dans certains endroits. La forêt, par exemple, est remplie de bêtes féroces, tout le monde le sait. Il aurait au moins pu nous le dire à nous, les préfets. — Voilà, reprit Dumbledore. C’est tout ce que j’avais à vous dire pour ce soir. Et maintenant, au lit. Allez, tout le monde dehors. Tous les élèves suivent leur préfet et les nouveaux de Gryffondor sortent de la salle derrière Percy. Harry a tellement sommeil que c’est à peine s’il se rend compte qu’il monte les marches et il est à peine surpris de voir les personnages des tableaux accrochés aux murs des couloirs chuchoter et montrer les élèves du doigt sur leur passage. Après de longues minutes de marche, tout au bout du couloir, Percy pointe un tableau accroché au mur et représentant une très grosse dame vêtue d'une robe de soie rose. — Nous voilà à notre salle commune, dit-il. — Le mot de passe ? demande la dame en rose. — Caput Draconis, dit Percy et le tableau pivote aussitôt, laissant voir un trou rond découpé dans le mur.

57

Tous les élèves entrent un par un dans le trou et se retrouvent dans la salle commune de Gryffondor, une salle ronde, confortable et accueillante, remplie de gros fauteuils moelleux. Percy montre aux nouveaux les deux dortoirs qui leur sont réservés, celui des filles et celui des garçons. Celui des garçons est au sommet d'une tour, rempli de lits à baldaquin avec des rideaux de velours rouge. Leurs valises sont déjà sur les lits. Trop fatigués pour parler longtemps, ils enfilent leur pyjama et se mettent au lit. — On mange bien ici, hein ? chuchote Ron à Harry à travers les rideaux. Hé, laisse-moi tranquille, Croûtard ! Il est en train de ronger mes draps. Harry veut répondre, mais il tombe endormi au même moment. Peut-être est-ce à cause de son gros repas, mais cette nuit-là, il fit un rêve étrange. Il portait le turban du professeur Quirrell et le turban ne cessait de lui répéter qu'il ferait mieux de se faire transférer à Serpentard, car telle était son destin. Harry répondait qu'il ne voulait pas aller à Serpentard. Le turban devenait alors de plus en plus lourd. Harry essayait de l'enlever mais il lui serrait douloureusement la tête et il voyait Malefoy qui riait en le regardant se démener en vain, puis Malefoy prenait l'apparence de Rogue, le professeur au nez crochu, et son rire devenait de plus en plus fort, de plus en plus glacé. Un éclair de lumière verte avait alors jailli et Harry s'était réveillé en sursaut, tremblant et tout en sueur. Il se retourne de l'autre côté et se rendort rapidement. Le lendemain, lorsqu'il se réveille, il n'a plus aucun souvenir du rêve.

58

59

60

Î Où Harry rencontre un personnage moins sympathique.

— Là, regarde. — Où ? — A côté du grand type roux. — Avec les lunettes ? — Tu as vu sa cicatrice ? Le lendemain, dès qu'il sort du dortoir, Harry entend murmurer sur son passage. Les élèves qui attendent à la porte des salles de classe se lèvent sur la pointe des pieds pour le voir. Harry, pendant ce temps, essaye de trouver son chemin dans le labyrinthe du château. Il y a 142 escaliers à Poudlard, des larges, des étroits, des courbes, des carrés, certains avec une ou deux marches repliables qu'il faut se souvenir d'enjamber pour ne pas tomber. Il y a aussi les portes qui refusent de s'ouvrir si on ne le leur demande pas poliment, et d'autres qui sont tout simplement de fausses portes. Il est aussi très difficile de se souvenir où les choses se trouvent car tout bouge sans cesse. 61

Mais le pire, c’est M. Rusard, le concierge. Harry et Ron ont réussi à se le mettre à dos dès le premier jour en se faisant surprendre pendant qu’ils essayaient d'ouvrir une porte qui, par malchance, était l’entrée du couloir interdit du deuxième étage. Heureusement, le professeur Quirrell est venu à leur secours. Et Rusard est aidé par sa chatte, Miss Teigne. Elle se promène dans les couloirs toute seule et file prévenir son maître dès qu’elle voit quelqu’un faire quelque chose de croche. En plus, Rusard connait les passages secrets de l'école mieux que personne (à part peut-être les jumeaux Weasley) et peut apparaître soudainement n’importe où. Tous les élèves le détestent et beaucoup d'entre eux seraient ravis de donner un bon coup de pied à Miss Teigne. Ensuite, lorsqu'on a enfin réussi à trouver sa salle de classe, on doit suivre ses cours et Harry découvre très vite que l'exercice de la magie n’est pas simple. Chaque mercredi soir, ils observent le ciel au télescope et apprennent le noms des étoiles et le mouvement des planètes. Trois fois par semaine, ils étudient les plantes dans les serres à l'arrière du château, sous la direction d'une petite sorcière, la professeure Chourave. Il y a aussi le cours d'histoire de la magie enseigné par le professeur Binns, un fantôme qui parle d'une voix monocorde pendant que les élèves dessinent dans leur cahier. Aussi, M. Flitwick, le professeur d'enchantements, un minuscule sorcier qui doit grimper sur une pile de livres pour voir par-dessus son bureau. La professeure McGonagall, quant à elle, est très différente. Harry avait vu juste en pensant qu'il valait mieux éviter de la contrarier. La directrice de la maison des Gryffondor est stricte, intelligente et très directe. D’ailleurs, dès le premier cours, elle leur a dit : — La métamorphose est une des formes de magie les plus dangereuses et les plus complexes que vous aurez à étudier. Tous ceux qui dérangeront pendant mes cours seront immédiatement renvoyés avec interdiction de revenir. Vous êtes prévenus. Après avoir donné des explications très compliquées, les élèves ont essayé de changer une allumette en aiguille, mais seule Hermione Granger a obtenu un résultat intéressant.

62

Le cours le plus attendu, c'est celui de la défense contre les forces du Mal, mais Quirrell n’est malheureusement pas un très bon enseignant. De plus, la salle de classe sent l'ail (afin d’éloigner les vampires) et son turban aussi. Pendant les premiers jours de classe, Harry constate avec un grand soulagement qu'il n'a pas vraiment de retard sur ses camarades. Plusieurs d'entre eux ont également été élevés dans des familles de Moldus et ne se sont jamais doutés qu'ils appartenaient au monde de la sorcellerie. Le vendredi, Harry et Ron ont réussi à trouver tout seuls le chemin de la Grande Salle où est servi le petit déjeuner. — Qu'est-ce qu'on a, aujourd'hui ? demande Harry. — Un cours commun de potions magiques avec les Serpentard, dit Ron. C'est Rogue qui est leur directeur. On dit qu'il essaye toujours de les avantager, on verra bien si c'est vrai. — J'aimerais bien que McGonagall ait envie de nous avantager elle aussi, dit Harry. Pendant le déjeuner, c’est la livraison du courrier. Harry s'est habitué à voir entrer chaque matin une centaine de hiboux qui laissent tomber lettres et paquets sur les genoux de leur propriétaire. Mais Hedwige n'a jamais rien apporté à Harry jusqu’à maintenant. Ce matin-là, cependant, elle vole entre la confiture et le sucrier et dépose une lettre dans l'assiette de Harry. Surpris, il déchire aussitôt l'enveloppe et en sort un mot :

Cher Harry, Je sais que tu es libre le vendredi après-midi. Est-ce que tu as envie de venir prendre une tasse de thé avec moi aux alentours de trois heures ? Je voudrais bien savoir comment s'est passée ta première semaine. Réponds-moi en m'envoyant Hedwige. Hagrid 63

Harry emprunte la plume de Ron et écrit rapidement au dos du morceau de papier : « D'accord, à tout à l'heure. » Puis il confie le message à Hedwige qui repart aussitôt faire sa livraison. L’idée de prendre le thé avec Hagrid console un peu Harry, car le cours de potions magiques a certainement été sa pire épreuve depuis son arrivée au collège. Lors du banquet de début d'année, Harry a senti que le professeur Rogue ne l'aimait pas beaucoup. A la fin du premier cours de potions, il était certain de s’être trompé : en réalité, Rogue le haït! Ce cours est donné dans l’un des cachots. Il y fait plus froid que dans le reste du château et il y a plein d’animaux qui flottent dans des bocaux alignés le long des murs. Et tout cela rend l'endroit encore plus effrayant. Rogue a commencé par prendre les présences. En arrivant au nom de Harry, il s’est arrêté. — Ah oui, dit-il. Harry Potter. Notre nouvelle... célébrité. Certains, dont Drago Malefoy et ses amis, ont trouvé cela très drôle. Rogue a ensuite terminée les présences et a regardé la classe de ses yeux noirs, vides et froids comme le fond d’un puit. — Vous êtes ici pour apprendre la science subtile et l'art rigoureux de la préparation des potions, dit-il. Quand il parle, on dirait un murmure, même si on entend très clairement chaque mot. Tout comme la professeure McGonagall, Rogue a le don de faire taire une classe sans aucun effort. — Ici, on ne s'amuse pas à agiter des baguettes magiques. Je m'attends donc à ce que vous ne compreniez pas grand-chose à la beauté d'un chaudron qui bouillonne doucement, ni à la délicatesse d'un liquide qui se propage dans les veines d'un homme pour l’ensorceler... Je pourrais vous apprendre à mettre la gloire en bouteille et même à enfermer la mort dans un flacon si vous étiez autre chose qu'une bandes de cornichons comme tous les autres à qui j’enseigne habituellement.

64

Cette introduction est suivie d'un long silence. Harry et Ron s’échangent un regard en levant les sourcils et Hermione Granger, quant à elle, a visiblement hâte de prouver qu'elle n'a rien d'un cornichon. — Potter ! dit soudain Rogue. Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ? Poudre de quoi, infusion de quoi ? Harry jeta un coup d'œil à Ron qui semble aussi surpris que lui. La main d'Hermione se lève à la vitesse d'un boulet de canon. — Je ne sais pas, Monsieur, répondit Harry. Rogue sourit avec mépris. — Apparemment, la célébrité n'est pas tout dans la vie, dit-il. Sans prêter la moindre attention à la main levée d'Hermione, il reprend : — Essayons encore une fois, Potter. Où iriez-vous si je vous demandais de me rapporter un bézoard ? Hermione lève à nouveau la main comme si elle voulait toucher le plafond, mais Harry n'a pas la moindre idée de ce que peut bien être un bézoard. Malefoy, Crabbe et Goyle sont secoués d'un fou rire. — Je ne sais pas, Monsieur, dit-il. — Vous ne vous êtes visiblement pas donné la peine d'ouvrir un de vos livres avant d'arriver ici, n'est-ce pas, Potter ? Harry se force à garder les yeux fixés dans le regard glacé du professeur. En fait, il a bel et bien ouvert ses livres quand il était encore chez les Dursley, mais Rogue ne peut quand même pas s’attendre à ce qu’il ait retenu tout ce que contiennent ses livres. Rogue ne fait toujours pas attention à la main frémissante d'Hermione. — Potter, reprend le professeur, quelle est la différence entre le napel et le tueloup ? Cette fois, Hermione se lève carrément, avec la main toujours tendue au-dessus de sa tête. — Je ne sais pas, répond Harry avec calme. Mais je crois qu'Hermione le sait. Vous aurez peut-être plus de chance avec elle. 65

On entend quelques rires. Mais Rogue n'a pas l'air content. — Asseyez-vous ! lance-t-il à Hermione. Pour votre information, Potter, sachez que le mélange d'asphodèle et d'armoise donne un somnifère si puissant qu'on l'appelle la Goutte du Mort vivant. Un bézoard est une pierre qu'on trouve dans l'estomac des chèvres et qui est un antidote à la plupart des poisons. Quant au napel et au tue-loup, il s'agit de la même plante que l'on connaît aussi sous le nom d'aconit. Alors ? Qu'est-ce que vous attendez pour prendre des notes ? On entends un bruit de plumes et de parchemins. — Et votre impolitesse coûtera un point à Gryffondor, Potter, ajoute Rogue. Ensuite, il sépare les élèves deux par deux et leur fait préparer une potion pour soigner les boutons. Il passe et repasse parmi les élèves, sa longue cape noire flottant derrière lui, en les regardant peser et écraser les ingrédients. Chacun a droit à de sévères critiques, sauf Malefoy qu’il semble bien aimer. Brusquement, un nuage de fumée verte accompagné d'un sifflement sonore remplit le cachot. Neville Londubat s'est débrouillé pour faire fondre le chaudron de Seamus et leur potion se répand sur le plancher en rongeant les chaussures des élèves. Un instant plus tard, toute la classe est debout sur les tabourets et Neville, aspergé de potion lorsque le chaudron avait fondu, gémit de douleur tandis que des boutons lui poussent sur les bras et les jambes. — Imbécile ! gronde Rogue en faisant disparaître d'un geste de la main la potion répandue sur le sol. J'imagine que vous avez ajouté les épines de porc-épic avant de retirer le chaudron du feu ? Neville pleure pendant que des boutons lui poussent sur le nez. — Emmenez-le à l'infirmerie, ordonne Rogue à Seamus. Puis il se tourne vers Harry et Ron qui étaient à côté de Neville. — Potter, pourquoi ne lui avez-vous pas dit qu'il ne fallait pas ajouter les épines tout de suite ? Vous pensiez que s'il ratait sa potion, vous auriez l'air plus brillant ? Voilà qui va coûter un point de plus à Gryffondor.

66

C'est tellement injuste que Harry ouvre la bouche pour répliquer, mais Ron lui donne un petit coup de pied pour le faire taire. — Laisse tomber, chuchote-t-il. Il paraît qu'il peut devenir très méchant quand il s'y met. À la fin de la classe une heure plus tard, Harry est très fâché et son moral est au plus bas. Il a fait perdre deux points à Gryffondor dès la première semaine. Pourquoi Rogue le haït-il ainsi ? — Ne t'en fais pas, dit Ron. Rogue enlevait aussi des points à Gryffondor à cause de Fred et George. Est-ce que je peux venir avec toi chez Hagrid ? À l’heure prévue, ils quittent le château et traversent le parc en direction de la petite maison de bois en bordure de la Forêt interdite où habite Hagrid. Lorsque Harry frappe à la porte, un grand fracas retentit à l'intérieur de la maison, accompagné d'aboiements sonores. Puis, la voix de Hagrid domine le vacarme: — Ça suffit, Crockdur ! dit-il. Va-t'en de là. Le visage de Hagrid apparaît derrière la porte qui s’ouvre. Il fait entrer Harry et Ron en s'efforçant de retenir un énorme chien noir par le collier. La maison n’a qu'une seule pièce. Des jambons sont suspendus au plafond, et une bouilloire est posée sur le feu. Dans un coin de la pièce, on peut voir un énorme lit recouvert d'une épaisse couverture. — Faites comme chez vous, dit Hagrid en lâchant Crockdur qui bondit aussitôt sur Ron pour lui lécher le visage et les oreilles. — Je vous présente Ron, dit Harry à Hagrid qui préparait du thé et une assiette de biscuits. — Encore un Weasley, à ce que je vois, remarque Hagrid en regardant les taches de rousseur de Ron. J'ai passé la moitié de ma vie à poursuivre tes frères jumeaux quand ils allaient faire un tour dans la forêt. Ron et Harry lui racontent alors leur première semaine de classe pendant que Crockdur, la tête posée sur les genoux de Harry, bave abondamment sur sa robe de sorcier.

67

Lorsque Harry lui raconte le cours de Rogue, Hagrid lui répond la même chose que Ron : il ne faut pas s’en faire, Rogue n'a jamais aimé grand monde parmi ses élèves. — Mais moi, on dirait vraiment qu'il me hait, insiste Harry. — Tu dis des bêtises, assure Hagrid. Quelles raisons aurait-il de te haïr? Mais Harry remarque que Hagrid détourne les yeux en disant cela. — Comment va ton frère Charlie ? demande Hagrid à Ron. Je l'aimais beaucoup. Il savait très bien s'y prendre avec les animaux. Pendant que Ron lui parle de Charlie, Harry prend une page de journal posée sur la table. C'était un article découpé dans La Gazette du sorcier: « LE CAMBRIOLAGE DE GRINGOTT'S » L'enquête sur le cambriolage qui s'est produit le 31 juillet dans les locaux de la banque Gringotts se poursuit. La piste suivie par les enquêteurs devrait les mener dans les milieux de la magie noire. Les gobelins de Gringotts ont répété que rien n'avait été volé. La chambre forte fracturée avait en effet été vidée le même jour. « Mais nous ne vous révélerons pas ce qu'elle contenait et, dans votre propre intérêt, nous vous conseillons vivement de ne pas vous mêler de cette affaire », a déclaré le porte-parole des gobelins. » — Hagrid ! s'exclame Harry. Ce cambriolage à Gringotts s'est passé le jour de mon anniversaire ! Ça aurait pu arriver pendant qu'on y était ! Cette fois, il n'y a vraiment aucun doute : Hagrid évite le regard de Harry. Il pousse un grognement et lui offre un autre biscuit. Harry relit l'article. La chambre forte fracturée a été vidée le même jour. Hagrid a vidé la chambre forte numéro 713, si on pouvait appeler ça vider. Est-ce que les voleurs veulent le petit paquet emballé de papier kraft ? Où peut bien se trouver le fameux paquet, à présent. Si c'est bien ce que cherchent les voleurs, Hagrid l'a emporté juste à temps ! Harry se pose aussi une autre question: Hagrid lui cache-t-il quelque chose au sujet de Rogue et de la haine qu’il a pour lui ?

68

69

70

Où Harry et ses amis se font prendre au piège.

Les Gryffondor pensaient n'avoir que le cours de potions en commun avec les Serpentard. Hélas, une note au tableau d'affichage les informe que les cours de vol sur balai sera également avec eux. — Fantastique, marmonne Harry. Je vais devoir me ridiculiser devant Malefoy en essayant de manier un manche à balai. Les leçons de vol étaient celles qu'il attendait avec le plus d'impatience. Le premier cours de balai volant devait avoir lieu le jeudi. — Qui te dit que tu vas te ridiculiser ? répond Ron. Je sais que Malefoy se vante toujours d'être un grand joueur de Quidditch, mais ça ne coûte rien de le dire. Il faudra voir sur le terrain. Le jeudi matin durant le petit déjeuner, tous les élèves attendent l'arrivée du courrier. Ce matin-là, comme d’habitude, il n’y a rien pour Harry, mais Neville lui reçoit la visite d’un hibou avec un paquet de la part de sa grand-mère. Il ouvre rapidement le colis et montre à tout le monde une boule de verre. On aurait dit une grosse bille remplie de fumée. — C'est un Rapeltout ! explique-t-il. Ça sert à se souvenir de ce qu'on a oublié de faire. Ma grand-mère me l'a envoyé parce qu'elle trouve que je suis étourdi. Regardez, il suffit de la tenir dans sa main, comme ça et si on a oublié quelque chose, elle devient rouge.

71

Neville fronce les sourcils : dans sa main, la boule devenait lentement écarlate. Le problème, c’est qu’il n’arrive pas à se rappeler de ce qu’il a oublié! Cet après-midi-là, à l’heure prévu de la classe de vol, les élèves de Gryffondor sortent dans le parc pour se rendre à leur première leçon. Le ciel est clair et il n’y avait qu’une agréable brise pour rafraîchir l’air. Les Serpentard sont déjà là, ainsi qu'une vingtaine de balais alignés sur le sol. Madame Bibine, la professeure de vol, petite sorcière aux cheveux courts et gris et aux yeux de faucon, les rejoint aussitôt. — Alors, qu'est-ce que vous attendez ? leur crie-t-elle. Placez-vous à droite d’un balai. Allez, dépêchez-vous ! Harry se place près du balai le plus près. Malheureusement, il vieux et pas en très bon état. — Tendez la main droite au-dessus du balai, ordonne Madame Bibine, et dites « Debout ! » — Debout ! crient les élèves à l'unisson. Harry est un des rares élèves qui réussit ce premier exercice. Les autres élèves se reprennent à plusieurs reprises avant de réussir à faire bouger leur balai. Ensuite, Madame Bibine leur demande d’enfourcher leur balai, et passe devant chacun pour corriger leur position de vol. Plusieurs sont enchantés de l'entendre dire à Malefoy qu'il tient très mal son balai. — Et maintenant, dit le professeur, à mon coup de sifflet, vous donnez un coup de pied par terre pour vous lancer. Frappez fort et tenez vos balais bien droits. Vous vous élèverez d'un ou deux mètres et vous reviendrez immédiatement au sol en vous penchant légèrement en avant. Attention au coup de sifflet. Trois, deux... Mais Neville, beaucoup trop nerveux, se lance avant le coup de sifflet. Il s'élève dans les airs jusqu’à six mètres sans pouvoir s’arrêter. À ce moment, un vertige le prend et le fait glisser de son balai. BAM ! On entend un bruit sourd, suivi d’un horrible craquement. C’est Neville qui se retrouve par terre, le nez dans le gazon. Madame Bibine court vers lui et se penche pour l’examiner, le teint aussi pâle que lui. 72

— Poignet cassé, murmure-t-elle. Allez, viens mon garçon, lève-toi, ce n'est pas grave. Elle se tourne alors vers les autres élèves. — Personne ne bouge pendant que j'emmène ce garçon à l'infirmerie, dit-elle. Et vous laissez les balais par terre, sinon, je vous garantis que vous ne resterez pas longtemps à Poudlard. Neville, le visage plein de larmes et tenant son poignet, trottine à côté de Madame Bibine vers le château. Dès qu'ils sont assez loin pour ne pas l’entendre, Malefoy éclate de rire. — Vous avez vu sa tête, à cet idiot? s'exclame-t-il. Les Serpentard éclatent de rire. Drago s’avance vers l'endroit où Neville est tombé et ramasse quelque chose dans l'herbe. — C'est ce truc idiot que sa grand-mère lui a envoyé, dit-il en montrant le Rapeltout étincelant dans sa main. — Donne-moi ça, Malefoy, lance Harry d'une voix très calme. Tout le monde arrête de parler pour regarder la suite des événements. Malefoy a un sourire mauvais. — Je vais le laisser quelque part pour que ce pauvre Neville puisse le retrouver. Au sommet d'un arbre, par exemple. Malefoy enfourche son balai et décolle aussitôt. Il n'a pas menti en disant qu'il savait voler. — Si tu y tiens tellement, viens le chercher, Potter, crie-t-il en volant autour d’un arbre. Harry enfourche son balai et s’envole. Il sent le vent dans ses cheveux et sa robe de sorcier flotter derrière lui. Il ressent alors une joie intense en découvrant soudain qu'il sait faire voler un balai sans avoir besoin d'apprendre. Ça lui parait très naturel, très facile, et ça lui donne une sensation 73

merveilleuse. Lorsqu'il tire sur le manche pour monter encore un peu plus haut, il entend les hurlements des élèves qui le suivent des yeux. Harry prend alors un virage serré pour faire face à Malefoy qui semble stupéfait. — Donne-moi ça, s'écrie Harry, ou je te fais tomber de ton balai ! — Vraiment ? réplique Malefoy qui essaie d'avoir l'air méprisant mais semble plutôt inquiet. D'instinct, Harry sait parfaitement ce qu'il doit faire. Il se penche en avant, serre les mains sur le manche et son balai fonce sur Malefoy qui l’évite de justesse. — Alors, Malefoy ! Tu fais moins le fier? — Attrape, si tu en es capable, répond Malefoy en lançant la boule de verre le plus haut possible. Comme dans un film au ralenti, Harry voit la boule s'élever dans les airs puis redescendre vers le sol. Il se penche aussitôt en avant, abaisse son manche de balai et part à la chasse de la boule à toute vitesse, directement vers le sol. Soudain, il tend la main et réussit à attraper la boule juste avant qu’elle ne touche le sol et juste à temps pour redresser le manche de son balai et atterrir en douceur sur la pelouse. Le Rapeltout au creux de son poing. — HARRY POTTER ! Cette fois, c’est son cœur qui semble plonger dans sa poitrine à la même vitesse que le Rapeltout. Harry sent ses jambes trembler en regardant la professeure McGonagall s’approcher en courant. Elle est tellement furieuse qu'elle n'arrive presque plus à parler. — Jamais, depuis que je suis à Poudlard… Comment avez-vous pu oser... ? Vous auriez pu vous rompre le cou... — Ce n'est pas sa faute, professeure, dit Ron, c'est Malefoy qui... — Taisez-vous, Weasley. Venez avec moi, Potter. Harry se doute bien que c’est pour le renvoyer de l’école. Il veut se défendre, mais il a l'impression que sa voix refuse de lui obéir. Il n'aura pas tenu deux semaines. Dans dix minutes, il devra faire sa valise.

74

Une fois dans le château, la professeure McGonagall, qui n’a toujours rien dit, ouvre des portes à la volée et traverse les couloirs à toute vitesse, Harry sur ses talons. Mais où l’amène-t-elle? Au bureau du directeur? Étrangement, elle s'arrête soudain devant une salle de classe de 5e année. Elle ouvre la porte et dit : — Excusez-moi professeur Flitwick. Puis-je vous emprunter Dubois quelques instants ? L’élève en question, Dubois, la rejoint avec un regard surpris. — Venez avec moi, tous les deux, dit la professeure McGonagall. Et elle les mène dans une classe vide et claque la porte derrière eux. Elle se plante devant les deux garçons et leur dit : — Potter, je vous présente Olivier Dubois, le capitaine de l'équipe de Gryffondor. Dubois, je vous ai trouvé un attrapeur. L'expression de Dubois passe de la surprise au ravissement. — Vous parlez sérieusement, professeure ? — Très sérieusement, réplique sèchement la professeure McGonagall. Ce garçon a un don. Je n'ai jamais rien vu de semblable. C'était la première fois que vous montiez sur un balai, Potter ? Harry approuve d'un signe de tête. Il n'a pas la moindre idée de ce qui se passe, mais apparemment, on n'a pas l'intention de le renvoyer et c’est parfait! — Il a attrapé cette boule de verre après une descente en piqué de quinze mètres, dit la professeure McGonagall. Et il s'en est tiré sans la moindre égratignure. Dubois a la tête de quelqu'un dont le rêve le plus cher vient de se réaliser. — Tu as déjà assisté à un match de Quidditch, Potter ? demande-t-il d'une voix enthousiaste. Il a le physique parfait pour un attrapeur, dit Dubois en tournant autour de Harry pour l'examiner. Léger, rapide... Il va falloir lui trouver un bon balai. Peut-être un Nimbus 2000 ou un Astiqueur 7.

75

— Je vais aller voir le professeur Dumbledore pour lui demander si on peut exceptionnellement fournir un balai à un élève de première année. Dieu sait que nous avons besoin d'une meilleure équipe que celle de l'année dernière. Elle observe Harry d'un air grave par-dessus ses lunettes : « Vous allez suivre un entraînement intensif, Potter. Vous avez intérêt à vous donner du mal, sinon, je pourrais revenir sur ma décision et vous punir pour ce que vous venez de faire. » Après une pause, elle ajoute en souriant : « Votre père aurait été fier de vous. Lui aussi était un excellent joueur de Quidditch. »

À l'heure du dîner, Harry annonce la nouvelle à Ron. — Tu plaisantes ? Attrapeur ? s'exclame Ron. Mais les première année ne jouent jamais... Tu vas être le plus jeune joueur depuis... — Un siècle, achève Harry. C'est Dubois qui me l'a dit. Ron est bouche bée et en oublie de manger son repas. — Je commence l'entraînement la semaine prochaine, dit Harry. Mais ne le dis à personne. Dubois veut garder le secret. Il s’interrompt en voyant approcher Malefoy, accompagné de Crabbe et Goyle. — Alors, c'est ton dernier repas, Potter ? Quand est-ce que tu retournes chez les Moldus ? — Tu faisais moins le fier quand tu n'avais pas tes petits copains avec toi, réplique Harry avec froideur. — Je te prends quand tu veux, dit Malefoy, vexé. Cette nuit si ça te convient. Duel de sorciers. Baguettes magiques uniquement, pas de contact physique. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne sais pas ce que c'est qu'un duel de sorciers ? — Bien sûr que si, intervint Ron. Et je veux bien être son second. Et toi, qui tu prends comme second ? Malefoy se tourne vers Crabbe et Goyle et les évalue du regard.

76

— Crabbe, dit-il. A minuit, d'accord ? On se retrouve dans la salle des trophées, elle n'est jamais fermée. Une fois les trois Serpentard repartis, Ron et Harry se regardent. — Qu'est-ce que c'est que ça, un duel de sorciers et un second ? demande Harry. — Le second est là pour prendre ta place si tu es tué, répond Ron d'un ton dégagé. Mais on ne meurt que dans les vrais duels, avec de vrais sorciers. Tout ce que vous arriverez à faire, Malefoy et toi, c'est à vous envoyer des étincelles. Vous ne connaissez pas suffisamment la magie pour vous faire du mal. Je suis certain qu'il s'attendait à ce que tu refuses. — Excusez-moi, dit une voix. Harry et Ron lèvent la tête. C'est Hermione Granger. — On ne peut pas dîner en paix ? grogne Ron. Hermione ne fait pas attention à lui et s'adresse à Harry: — J'ai entendu ce que vous vous disiez avec Malefoy. Il n'est pas question que vous vous promeniez la nuit dans le château. Vous avez pensé aux points que vous ferez perdre aux Gryffondor si jamais vous êtes pris ? Et vous serez forcément pris. C'est vraiment très égoïste de votre part. — Et ça ne te regarde vraiment pas, ajoute Harry. — Au revoir, bonne soirée, dit Ron. De retour dans le dortoir, Harry passe la soirée à écouter les conseils de Ron. La nuit ne sera pas de tout repos, pense Harry en attendant l'heure du rendez-vous. Il y avait de grands risques de se faire prendre par Rusard ou Miss Teigne et Harry se dit qu'il tente peut-être un peu trop sa chance. Mais, c’est trop tard pour reculer… À l’heure prévue, les deux garçons enfilent leur robe de chambre, prennent leurs baguettes magiques et se dirigent vers le trou pour sortir de la salle commune, lorsqu'une voix s'élève derrière eux. — Je n'arrive pas à croire que tu puisses faire une chose pareille, Harry.

77

À la lueur d'une lampe, Hermione Granger apparait dans une robe de chambre rose, les sourcils froncés. — Retourne te coucher, toi ! lance Ron avec fureur pendant que Harry fait pivoter le portrait de la grosse dame et passe par le trou. Mais Hermione n'abandonne pas aussi facilement et franchit le trou derrière eux. — Vous vous en fichez de Gryffondor ? Vous ne pensez qu'à vous-mêmes ? Je ne veux pas que ce soit Serpentard qui gagne la coupe et que vous nous fassiez perdre tous les points que j'ai gagnés avec McGonagall. — Va-t'en. — Très bien, mais je vous aurai prévenus. Demain, quand vous serez dans le train parce qu'on vous aura renvoyés… Mais elle ne termine pas sa phrase, car en voulant retourner dans le dortoir, Hermione s'aperçoit que la toile à la porte d’entrée était vide. La dame qui garde leur dortoir est allée se promener, laissant Hermione à la porte. — Qu'est-ce que je vais faire, maintenant ? dit-elle d'une petite voix aiguë. — Ça te regarde, répond Ron en suivant Harry dans le couloir. Mais Hermione les rattrape. — Je viens avec vous, dit-elle. — Certainement pas. — Vous ne croyez pas que je vais attendre là que Rusard vienne me chercher? — Taisez-vous, tous les deux, interrompt sèchement Harry. J'entends des reniflements. — Miss Teigne ? chuchote Ron en scrutant l'obscurité. C'est plutôt Neville Londubat couché sur le sol, et dormant profondément. Lorsque les trois autres s'approchent, il se réveille en sursaut. — Ah ! Vous m'avez enfin retrouvé ! dit-il. Ça fait des heures que je suis là. Je n'arrivais pas à me souvenir du mot de passe pour retourner au dortoir.

78

— Ne parle pas trop fort, dit Ron. Le mot de passe, c'est Groin de porc, mais ça ne te servira à rien, la dame est allée se promener. — Comment va ton poignet ? demande Harry. — Très bien, dit Neville. Madame Pomfresh m'a arrangé ça en deux minutes. — Parfait. A plus tard, Neville, on a quelque chose à faire. — Ne me laissez pas tout seul ! dit Neville en se relevant. Ron regarde sa montre et jette un coup d'œil furieux à Hermione et Neville. — Si on se fait attraper à cause de vous, dit-il, je vous jure que je vais vous jeter un sort dont vous ne vous remettrez pas. Hermione veut lui répondre, mais Harry lui fait signe de se taire et se remet en chemin. Ils parcourent des couloirs et à chaque tournant, Harry s'attend à se trouver nez à nez avec Rusard ou Miss Teigne, mais ils ont de la chance et réussissent à se rendre sans problème à la salle des trophées. Cependant, Malefoy et Crabbe n’y sont pas encore. Ils parcourent la salle de trophées des yeux, mais ne voient que des étagères remplies de coupes, de trophées, de plateaux et de statuettes d'or et d'argent derrière leurs vitres. Harry sa baguette à la main, se demande où Malefoy a bien pu se serait cacher, car il est certain qu’il va l'attaquer par surprise. Mais rien ne se produit. — Il est en retard. Peut-être qu'il s'est dégonflé, murmure Ron. Au même instant, un bruit dans la pièce voisine les fait sursauter. Ils entendent une voix, mais ce n'est pas celle de Malefoy. — Cherche ma belle, cherche bien, ils doivent se cacher dans un coin. Horreur! C’est Rusard qui parle à Miss Teigne. Harry fait de grands signes aux trois autres pour qu'ils s'enfuient le plus vite possible. Ils courent en silence jusqu'à la porte opposée et la franchissent juste à temps, avant que Rusard n’entre dans la salle des trophées. Suivi des trois autres, Harry s'engage ensuite dans une longue galerie où s'alignent des armures. En entendant Rusard qui s’approche, Neville pousse un

79

cri apeuré et se met à courir. Mais il trébuche et entraîne Ron dans sa chute, en renversant une armure. Le vacarme qu’ils font suffirait à réveiller tout le château. — ON FILE ! crie Harry et ils se mettent à courir sans se retourner. Arrivés à l'extrémité de la galerie des armures, ils prennent un virage serré et foncèrent à toutes jambes à travers un dédale de couloirs pour bientôt se retrouver à des kilomètres de la salle des trophées. — Je crois bien qu'on l'a semé, dit Harry, hors d'haleine. — Je... vous... avais prévenus ! dit Hermione, le souffle court. — Il faut retourner à la tour de Gryffondor, dit Ron. Et on a intérêt à se dépêcher. — Malefoy t'a tendu un piège, dit Hermione à Harry, j'espère que tu t'en rends compte. Il n'avait pas la moindre intention d’aller au rendez-vous. Mais il a dû dire à Rusard que quelqu'un s'apprêtait à entrer dans la salle des trophées. Harry croit qu'elle a sans doute raison, mais il ne lui dira certainement pas. — Allons-y, dit-il. Et ils repartent aussitôt en direction de la salle de Gryffondor. Du moins, ils l’espèrent, car ils sont complètement perdus! Au bout du couloir, ils tombent sur une porte verrouillée. — On est fichus, gémit Ron en essayant d’ouvrir la porte. C'est la fin, pour nous ! — Pousse-toi, grogne Hermione en entendant les pas de Rusard toujours à leur trousse. Elle prend la baguette magique de Harry et la cogne sur la serrure en murmurant « Alohomora ! » Ils entendent un déclic et la porte s’ouvre. Ils se précipitent alors dans l'ouverture, referment aussitôt derrière eux et collent l'oreille contre le panneau pour écouter ce qui se passe de l’autre côté. Mais lorsqu’il arrive, Rusard n’essaie même pas d’ouvrir la porte. Il sait qu’elle est verrouillée et ne s’en inquiète donc pas.

80

— Je crois qu'on va s'en tirer, chuchote Harry. Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il à Neville qui le tire par la manche depuis un bon moment. Neville lui fait signe de regarder derrière eux. Pendant un instant, Harry se demande si ce n’est pas un cauchemar… Car ils sont maintenant dans le couloir interdit du deuxième étage. Et à présent, ils comprennent pourquoi l'endroit est interdit. Devant eux se trouve un chien monstrueux remplissant tout l'espace entre le sol et le plafond. Un animal à trois têtes : trois paires d'yeux étincelants, trois museaux frémissant et trois gueules pleines de bave dégoûtante et d'énormes crocs jaunes. Le chien est immobile, ses six yeux fixés sur eux, mais à en juger par ses grognements, il n'allait pas tarder à leur bondir dessus. Harry cherche à tâtons la poignée de la porte. Entre Rusard et la mort, il choisit Rusard. À reculons, toujours en fixant le molosse, ils sortent et claquent la porte derrière eux, puis se mettent à courir à toute vitesse! Rusard avait dû les chercher ailleurs, car ils n’était nulle part. Ils courent ainsi jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant le portrait de la dame, au sixième étage. — Où êtes-vous donc allés ? demande le portrait en voyant leurs robes de chambre pendantes sur leurs épaules et leurs visages écarlates, tout en sueurs. — Aucune importance, réplique Harry, essoufflé. Groin de porc, Groin de porc. Vite ! Le tableau pivote aussitôt et ils s'engouffrent dans la salle commune pour se laisser tomber dans des fauteuils, tout tremblant. Enfin en sécurité. — Mais qu'est-ce qui leur prend de garder un truc pareil dans une école ? dit enfin Ron. Hermione retrouve à la fois son souffle et son mauvais caractère. — Ça vous arrive de vous servir de vos yeux ? lance-t-elle. Vous n'avez pas vu sur quoi il était assis ? — Il était par terre, non ? répond Harry. Je n'ai pas regardé ses pattes, j'avais suffisamment à voir avec ses têtes.

81

— Non, il n'était pas par terre, il était sur une trappe. On l'a mis là pour garder quelque chose, c'est évident. Elle se lève et les fixe d'un regard flamboyant. — J'espère que vous êtes contents de vous. On aurait pu se faire tuer, ou pire, être renvoyés. Et maintenant, si ça ne vous dérange pas, je vais me coucher. Ron la regarde partir, bouche bée. — Non, ça ne nous dérange pas, dit-il. On dirait vraiment qu’on l’a obligée à venir ! Harry, lui, remonte dans le dortoir en pensant aux paroles de Hermione. Le chien était là pour garder quelque chose. Qu'avait dit Hagrid, déjà ? Que Gringotts était le meilleur endroit pour cacher un objet, en dehors de Poudlard, peut-être. Apparemment, Harry a découvert où se trouve le petit paquet enveloppé de papier kraft que Hagrid était allé chercher dans la chambre forte numéro 713.

82



83

84

Où l’amitié est plus forte que la peur d’un troll.

Le lendemain, Malefoy n'en croit pas ses yeux lorsqu'il voit que Harry et Ron sont toujours à Poudlard, l'air fatigué, mais la mine joyeuse. Harry avait révélé à Ron l'existence du paquet transféré de Gringotts à Poudlard et ils s'étaient longuement demandé ce qui pouvait bien justifier une protection aussi dissuasive. — Ou bien c'est quelque chose qui a beaucoup de valeur, ou bien c'est un truc très dangereux, dit Ron. — Ou bien les deux, ajouta Harry. Hermione, quant à elle, refusait de parler à Ron et Harry, ce qui leur paraissait plutôt avantageux. Tout ce que les garçons souhaitent maintenant, c'est se venger de Malefoy et l'occasion se présente quelques jours plus tard pendant la distribution du courrier. Quand les hiboux envahissent la Grande Salle ce matin-là, tous les élèves sont intrigués par un long paquet porté par six hiboux. Harry est aussi intrigué que les autres et il est stupéfait lorsque les hiboux laissent tomber le paquet devant lui. Un autre hibou dépose une lettre sur le paquet à leur suite. Harry a la bonne idée de commencer par lire la lettre dans laquelle il était écrit: N'OUVREZ PAS LE PAQUET PENDANT QUE VOUS SEREZ À TABLE. Il contient votre nouveau Nimbus 2000, mais je ne veux pas que tout le monde le sache, sinon les autres en voudront un aussi. Dubois vous attend ce soir à sept heures sur le terrain de Quidditch pour votre première séance d'entraînement. Professeure McGonagall. 85

Harry montre la lettre à Ron fou de joie. — Un Nimbus 2000, marmonne Ron avec envie. Je n'en ai jamais vu de près. Ils quittent la salle à la hâte et vont déballer le paquet loin des regards. Mais Crabbe et Goyle leur barrent le chemin de l'escalier et Malefoy s’empare du paquet. — Ça m'a l'air d'être un balai, dit Malefoy en tâtant le paquet. Il redonne le paquet à Harry avec un air de mépris mêlé d'envie. — Cette fois, tu es fichu, Potter. Les premières années n'ont pas le droit d'avoir de balai. Ron ne peut se retenir. — Ce n'est pas n'importe quel balai, dit-il, c'est un Nimbus 2000. C'est quoi, déjà, la marque du tien ? Un Comète 260, c'est ça ? — Qu'est-ce que tu en sais, Weasley, réplique Malefoy. Tu n'a même pas de quoi te payer la moitié d'une poignée. Le professeur Flitwick apparait à côté de Malefoy avant que Ron ne réponde. — J'espère que vous n'êtes pas en train de vous disputer ? dit le professeur. — Potter s'est fait envoyer un balai, dit Malefoy. — Oui, oui, bien sûr, répondit le professeur Flitwick en regardant Harry avec un sourire rayonnant. La professeure McGonagall m'a mis au courant. De quel modèle s'agit-il ? — C'est un Nimbus 2000, Monsieur, dit Harry en tentant de ne pas éclater de rire devant l'expression de Malefoy. Et c'est grâce à Malefoy que j'ai pu l'avoir. Puis Harry et Ron repartent dans l'escalier en essayant de ne pas rire trop fort, tandis que Malefoy ne parvient à peine à retenir sa rage. — S'il n'avait pas volé le Rapeltout de Neville, je ne ferais pas partie de l'équipe, dit Harry. — Alors, j'imagine que tu prends ça comme une récompense pour avoir violé le règlement ? lance une voix fâchée derrière eux. Hermione est derrière eux dans l'escalier et jette un coup d'œil désapprobateur au paquet de Harry. — Je croyais que tu ne nous parlais plus ? dit Harry. 86

— Oui, tu devrais continuer, dit Ron, ça nous fait beaucoup de bien. Hermione s'éloigne d'eux, le nez en l'air. Ce jour-là, Harry a beaucoup de mal à se concentrer sur ses cours. Il ne pense qu’à son balai ou au Quidditch. Au dîner, il avala son repas sans faire attention à ce qu'il mange et se lance avec Ron dans le dortoir pour déballer enfin le Nimbus 2000. Même si Harry n'y connait rien en balai, celui-ci lui semble superbe : sa forme est élégante, son manche est en bois précieux et étincelant et ses brindilles sont droites et lisses. La marque Nimbus 2000 est gravée en lettres d'or à une extrémité du manche. À l’heure prévue de la séance de Quidditch avec Dubois, Harry quitta le château pour se rendre sur le terrain. C'est la première fois qu'il entre dans le stade, entouré de gradins en hauteur pour permettre aux spectateurs d'être assez haut pour ne rien perdre du spectacle. A chaque bout du terrain, sont plantés des poteaux en or, de quinze mètres de hauteur, surmontés de larges cercles. Impatient d'essayer son balai. Harry l'enfourche sans attendre l'arrivée de Dubois et décolle aussitôt. La sensation est extraordinaire. Le Nimbus 2000 enchaîne les virages à la moindre caresse, monte en chandelle, descend en piqué, passe à travers les cercles d'or, et fonce à toute vitesse sur toute la longueur du terrain. — Hé, Potter ! Redescends ! Olivier Dubois vient d'arriver avec une grosse boîte sous le bras. Harry atterrit auprès de lui.

87

— C'était vraiment très bien, dit-il, les yeux étincelants. Je comprends ce que McGonagall voulait dire... Tu as vraiment un don. Ce soir, je vais simplement t'apprendre les règles, ensuite, tu participeras aux entraînements trois fois par semaine. Il ouvre la boîte. A l'intérieur, il y a quatre balles de tailles différentes. — Alors, voilà, dit Dubois. Le Quidditch a des règles très simples même s'il est très difficile d'y jouer. Chaque équipe comporte sept joueurs. Trois d'entre eux sont des Poursuiveurs. Dubois prend une grosse balle rouge vif de la taille d'un ballon de football. — Cette balle s'appelle un Souafle, explique Dubois. Les poursuiveurs se passent le Souafle les uns aux autres et essayent de le lancer à travers un des cercles d'or pour marquer un but. Chaque but rapporte dix points. Tu me suis ? — Le poursuiveur lance le Souafle à travers les cercles pour marquer un but. — Parfait. Dans chaque équipe, il y a un autre joueur qu'on appelle le Gardien. Le gardien de l'équipe des Gryffondor, c'est moi. Mon rôle consiste à tourner autour des poteaux pour empêcher les poursuiveurs de l'autre équipe de marquer. — Trois poursuiveurs, un gardien, dit Harry qui se concentre pour faire entrer tout ça dans sa tête. Et ils jouent avec le Souafle. D'accord, compris. Et les autres balles, elles servent à quoi ? — Je vais te montrer. Tiens, prends ça. Dubois lui tend un bâton un peu plus court que les bâtons de baseball. — Je vais t'expliquer ce que sont les Cognards. Dubois montre à Harry deux balles noires identiques, légèrement plus petites que le Souafle rouge. Harry remarque que les deux balles essayent de se sortir de la boîte.

88

— Recule un peu, dit Dubois. Il se penche et libère l'un des Cognards. Aussitôt, la balle noire saute en l'air et se précipite droit sur la figure de Harry qui donne un grand coup de bâton dans la balle pour l'empêcher de lui casser le nez. La balle revient alors à la charge et s'attaque cette fois à Dubois qui plonge sur elle pour I ‘immobiliser sur le sol. — Tu vois ? dit Dubois, le souffle court. Les Cognards essayent de frapper les joueurs pour les faire tomber de leur balai. C'est pourquoi chaque équipe comporte également deux Batteurs. Dans notre équipe, ce sont les jumeaux Weasley qui occupent ce poste. Leur rôle est de protéger les joueurs de leur équipe contre les attaques des Cognards. Ça va, tu as tout compris ? — Trois poursuiveurs essayent de marquer des buts avec le Souafle. Le gardien protège les buts, les batteurs tiennent les Cognards à distance, récite Harry — Très bien. Passons au dernier membre de l'équipe. Il s'agit de l'Attrapeur, c'est-à-dire toi. Et tu n'as pas à te soucier du Souafle ni des Cognards. — Sauf s'ils me cassent le nez... — Ne t'inquiète pas, tu peux faire confiance aux Weasley pour s'occuper des Cognards. Dubois prit la quatrième et dernière balle dans la boîte. Comparée aux trois autres, elle semble minuscule. De la taille d'une grosse noix, elle est d'un or étincelant avec de petites ailes d'argent qui battent sans cesse. — Ceci, dit Dubois, c'est le Vif d'or, la plus importante des quatre balles. Elle est très difficile à attraper parce qu’elle est très petite et très rapide. C'est l'attrapeur qui doit la saisir en se faufilant parmi les joueurs de l’équipe adverse. L'attrapeur qui parvient à s'emparer du Vif d'or fait gagner cent cinquante points à son équipe, ce qui lui assure pratiquement la victoire. Un match de Quidditch ne se termine que lorsque le Vif d'or a été attrapé. C'est pour ça que les matches peuvent durer indéfiniment. Je crois que le record est de trois mois. Il fallait sans cesse fournir des remplaçants pour que les joueurs puissent dormir un peu. Voilà. Tu as des questions à poser?

89

Harry fait non de la tête. Il a très bien compris ce qu'il doit faire. Le problème, c'est d'y arriver. — On va commencer l'entraînement sans le Vif d'or, dit Dubois en rangeant soigneusement la petite balle dans la boite. Il fait trop sombre, on pourrait le perdre. On utilisera ça à la place. Il sort de sa poche un sac de balles de golf ordinaires et quelques minutes plus tard, Harry et lui volent sur leurs balais, Dubois jetant de toutes ses forces les balles de golf dans tous les sens pour que Harry les attrape. Harry n'en rate pas une seule et Dubois en est enchanté. Au bout d'une demi-heure, la nuit étant tombée, ils mettent fin à la séance d'entraînement. — Cette année, la coupe de Quidditch sera gravée au nom des Gryffondor, assure Dubois d'un ton joyeux tandis qu'ils retournent vers le château. Je ne serais pas étonné que tu deviennes encore meilleur que Charlie Weasley. Avec ses cours et ses séances d'entraînement, Harry ne voit plus le temps passer. Il ne s'est pas rendu compte qu'il était à Poudlard depuis déjà deux mois. C'est là désormais que se trouve son vrai foyer. Le matin d’Halloween, les élèves se réveillent dans une délicieuse odeur de citrouille flottant dans les couloirs. Mieux encore, le professeur Flitwick leur annonce qu'il va leur apprendre à faire voler des objets. Il demande aux élèves de se placer en équipes de deux et Harry se retrouve avec Seamus. Ron, lui, se retrouve avec Hermione Granger. Difficile de dire qui est le plus fâché des deux. — N'oubliez surtout pas ce mouvement du poignet que nous avons appris, dit le professeur Flitwick, perché sur sa pile de livres. Le poignet bien souple, levez, tournez. Rappelez-vous, levez, tournez. Et prononcez clairement la formule magique, c'est très important. Et très difficile. Harry et Seamus lèvent et tournent, mais leur plume reste immobile sur la table. A la table voisine, Ron n'a pas beaucoup plus de chance. Mais Hermione, elle, donne un coup de baguette magique et articule : « Wingardium Leiviosa » et sa plume s'élève alors dans les airs pour s'immobiliser au-dessus de leur tête.

90

— Bravo, très bien ! s'écrie le professeur Flitwick en applaudissant. Regardez tous, Miss Granger a réussi ! Ce qui eut pour effet d’exaspérer Ron. — Ça ne m'étonne pas que personne ne puisse la supporter, dit Ron à Harry à la fin du cours. C'est un vrai cauchemar, cette fille-là ! À ce moment, quelqu'un les dépasse en bousculant Harry. C’est Hermione. En larmes. — J'ai l'impression qu'elle t'a entendu, dit Harry. — Et alors ? réplique Ron qui semble soudain un peu mal à l'aise. Elle a bien dû se rendre compte qu'elle n'avait pas d'amis. Hermione ne se présente pas au cours suivant. En se rendant à la Grande Salle pour le dîner d’Halloween, Harry et Ron entendent une élève dire à sa copine qu'Hermione s'est enfermée dans les toilettes des filles pour pleurer en cachette. Ron est de plus en plus mal à l'aise. Un instant plus tard, les élèves entrent dans la Grande Salle spécialement décorée pour Halloween. Des milliers de chauves-souris volent dans la salle, éclairée par les flammes des chandelles à l'intérieur des citrouilles vidées. Les plats apparaissent tout à coup sur la table, tout comme lors du banquet de début d'année. Harry a commencé à se servir lorsque le professeur Quirrell entre dans la salle en courant, le turban de travers, le visage déformé par la terreur. Tout le monde le regarde se précipiter sur le professeur Dumbledore, s'effondrer à moitié sur la table et balbutier, hors d'haleine: — Un troll... dans les cachots... je voulais vous prévenir... Puis il tombe évanoui sur le sol. Il y a alors un grand tumulte dans la salle. Le professeur Dumbledore rétablit le silence de sa baguette et ordonne : — Préfets, veuillez ramener immédiatement les élèves dans les dortoirs de vos maisons respectives.

91

— Comment un troll a-t-il pu entrer dans le château ? s'étonne Harry tandis qu'ils montaient l'escalier derrière Percy, leur préfet qui prend son rôle très au sérieux. — Je n'en sais rien, il paraît qu'ils sont complètement idiots, dit Ron. — Au fait, dit Harry en saisissant le bras de Ron. Je viens d'y penser. Hermione... — Quoi, Hermione ? — Elle n'est pas au courant, pour le troll. — Bon, d'accord, on va la chercher, dit-il, en se mordant la lèvre, plein de remords. Mais Percy ne doit pas nous voir. Ils rejoignent discrètement un groupe d’élèves qui partaient dans l'autre direction, et se glissent dans un autre couloir pour courir ensuite vers les toilettes des filles. En tournant un coin, ils entendent derrière eux des pas rapides. Ron pousse aussitôt Harry derrière une statue. Ils jettent un coup d'œil et voient le professeur Rogue traverser le couloir et disparaître. — Qu'est-ce qu'il fait là ? murmure Harry. Il devrait être descendu dans les cachots avec les autres profs. Les garçons décident de le suivre en silence dans l'autre couloir pour voir où il se dirige. — Il monte au deuxième étage, dit Harry. — Tu sens cette odeur ? chuchote Ron. Une puanteur atroce flotte en effet dans le couloir, un mélange de vieille chaussette et de toilettes mal lavées. Ils entendent alors des pas lourds martelant le sol. Ron montre à Harry un autre couloir vers la gauche : tout au bout, une masse énorme avance dans leur direction. Ils se se cachent de leur mieux dans l'obscurité et regardent la chose apparaître éclairée par un rayon de lune. C'est un spectacle épouvantable. Près de quatre mètres de hauteur, une peau grise comme un énorme rocher au sommet duquel était plantée une petite tête chauve de la taille d'une noix de coco. La créature a des jambes courtes, épaisses comme des troncs d’arbres, et son odeur est insupportable. Enfin, elle tient une gigantesque massue au bout de son bras trop long.

92

Le troll s'arrête devant une porte et semble réfléchir, puis il se baisse et entre lentement dans l'ouverture. — La clé est dans la serrure, murmure Harry. On pourrait l'enfermer. — Bonne idée, dit Ron, un peu nerveux. Ils s'approchent avec précaution de la porte ouverte. D'un bond, Harry arrive à attraper la clé, à claquer la porte et à la verrouiller. Ravis de leur victoire, ils se mettent à courir le long du couloir, quand un cri perçant les arrête tout net. C'est un cri déchirant, désespéré, et il vient de derrière la porte qu’ils viennent de verrouiller. — C'était la porte des toilettes des filles, balbutie Harry, horrifié. — Hermione ! s'exclament-ils ensemble. Ils n'ont pas d'autre choix que de se précipiter pour aller rouvrir la porte. Les doigts tremblants, Harry réussit à tourner la clé dans la serrure et à pousser la porte, pour voir Hermione, plaquée contre le mur du fond, sur le point de s'évanouir devant le troll qui s'avance vers elle, en arrachant les lavabos des murs sur son passage. — Essaye de l'attirer ailleurs ! lance Harry à Ron. Ron ramasse un robinet et le jette de toutes ses forces contre le mur. Le troll s'arrête et se retourne pour voir ce qui venait de faire ce bruit. Son regard mauvais tombe alors sur Harry. Le troll hésite un instant, puis s'avance vers lui en soulevant sa grosse massue. — Ohé, petite tête ! crie Ron qui s'est glissé de l'autre côté de la pièce. Il lui jette un tuyau, mais le troll ne sent pas le choc sur son épaule. Seul le cri l’intéresse, et il se tourne vers Ron, ce qui donne le temps à Harry de passer derrière lui et de se précipiter sur Hermione. — Viens ! Cours ! lui crie-t-il en essayant de la tirer vers la porte. Mais elle est paralysée par la peur et reste collée au mur, la bouche grande ouverte. Leurs cris rendent le troll fou furieux. Il pousse un rugissement et marche droit sur Ron qui est le plus près de lui et n'a aucune issue. Empoignant sa baguette magique, Harry fait alors quelque chose de très courageux, mais aussi

93

de très stupide : il prend son élan, saute au cou du troll et réussit à s'y accrocher. Le troll ne sent pas le poids de Harry, mais il sent très bien sa baguette magique qui lui est entrée droit dans une narine. Avec un cri de douleur, la créature brandit sa massue, Harry toujours accroché à son cou. Voyant Hermione effondrée sur le sol, à moitié évanouie, Ron sort sa propre baguette magique, et à tout hasard, prononce la formule apprise au cours du professeur Flitwick : « Wingardium Leviosa » Aussitôt, la massue s'arrache de la main du troll, s'élève très haut dans les airs, se retourne lentement et s'abat sur la tête de son propriétaire dans un craquement affreux. La créature vacille, puis tombe en avant, face contre terre, avec un bruit sourd qui fait trembler toute la pièce. Harry, entraîné dans sa chute, se relève, les jambes flageolantes, le souffle court. Ron reste immobile, la baguette toujours levée, contemplant la masse inanimée du monstre. C’est Hermione qui rompt le silence : — Il... il est mort ? — Je ne crois pas, dit Harry. Il doit être simplement assommé. Il se penche et récupère sa baguette magique enfoncée dans la narine du troll. Elle est couverte d'une espèce de colle grise pleine de grumeaux. — Beuââârk ! De la morve de troll... dit-il en essuyant sa baguette sur le monstre. À ce moment, ils entendent des bruits de pas arriver dans le couloir. Ils ne s'étaient pas rendu compte du vacarme qu'ils faisaient, mais bien entendu, leur combat n'est pas passé inaperçu. Un instant plus tard, la professeure McGonagall entre dans la pièce, suivie par Rogue et Quirrell.

94

La professeure McGonagall regarde Ron et Harry pendant que Rogue examine le troll. Les garçons ne l'avaient jamais vue aussi furieuse. — Qu'est-ce qu'il vous est passé par la tête ? dit-elle avec une colère froide. Harry échange un regard avec Ron qui tient toujours sa baguette en l'air. — Vous pouvez vous estimer heureux de ne pas vous être fait tuer, poursuit la professeure McGonagall. Pourquoi n'êtes-vous pas dans votre dortoir ? Rogue jette à Harry un regard féroce. Harry baisse les yeux. Une petite voix s'éleve alors : — Professeure McGonagall, ne soyez pas trop sévère, s'il vous plaît. Ils étaient venus me chercher. — Hermione Granger ! Hermione réussi à se relever. — J'étais partie à la recherche du troll parce que je... je croyais pouvoir m'en occuper moi-même. J'ai lu beaucoup de choses sur les trolls... Stupéfait, Ron lâche sa baguette magique. Hermione vient de mentir à un professeur ! — S'ils ne m'avaient pas retrouvée, je serais morte à l'heure qu'il est. Harry lui a enfoncé sa baguette magique dans le nez et Ron a réussi à l'assommer avec sa propre massue. Ils n'ont pas eu le temps d'aller chercher quelqu'un d'autre. Le troll était sur le point de me tuer quand ils sont arrivés. — Dans ce cas... dit la professeure McGonagall en les fixant tous les trois. Mais laissez-moi vous dire, Mlle Granger, que vous êtes bien sotte d'avoir cru que vous pourriez vaincre un troll des montagnes à vous toute seule. Harry reste silencieux. Voir Hermione faire semblant d'avoir enfreint le règlement pour leur sauver la vie, c'est comme si Rogue distribuait des bonbons. — Mlle Granger, votre conduite coûtera cinq points à Gryffondor, dit la professeure McGonagall. Vous me décevez beaucoup. Hermione s'enfuit aussitôt. La professeure McGonagall se tourne alors vers Harry et Ron.

95

— Je vous répète que vous avez eu beaucoup de chance, mais il est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'élèves de première année qui auraient été capables de combattre un troll adulte. Vous faites gagner cinq points chacun à Gryffondor. Le professeur Dumbledore sera informé de tout cela. Vous pouvez partir. Ils sortent de la pièce à toute vitesse, soulagés de s’en sortir. Surtout de pouvoir échapper à l'horrible odeur du troll. — On aurait dû gagner plus de dix points, marmonne Ron. — Cinq, tu veux dire. Une fois qu'on a enlevé les points perdus par Hermione. — C'était bien de sa part de nous tirer d'affaire, dit Ron. Mais on lui a vraiment sauvé la vie. — Elle n'en aurait peut-être pas eu besoin si on ne l'avait pas enfermée avec la créature, lui rappelle Harry. Arrivés devant le portrait de la grosse dame, ils donnent le mot de passe et les laisse entrer dans la salle des Gryffondors. La pièce commune est bondée et bruyante. Tout le monde mange, sauf Hermione qui les attend à la porte. Après un moment de silence gêné, sans se regarder, chacun dit « Merci » et se lance ensuite sur les assiettes pleines de nourriture. A partir de ce moment, Hermione, Ron et Harry devinrent inséparables. Il se crée des liens particuliers lorsqu'on fait certaines choses ensemble. Comme abattre un troll des montagnes, par exemple.

96

97

98

Où on découvre le sport préféré des sorciers.

Le temps froid de novembre enveloppa de glace les montagnes qui entouraient l'école et la surface du lac prit une couleur d'acier. Chaque matin, le sol était couvert de givre et l'on voyait Hagrid, emmitouflé dans un gros manteau, qui dégivrait les balais sur le terrain de Quidditch. La saison de Quidditch était commencée et le samedi suivant ce sera le premier match de Harry après des semaines d'entraînement. Gryffondor contre Serpentard. Presque personne n'avait vu Harry s'entraîner. Il était devenu l'arme secrète de l'équipe et Dubois le gardait soigneusement à l'écart. Il y avait eu des fuites, cependant, et l'on savait qu'il jouerait au poste d'attrapeur. Avec toutes ces heures d’entraînement, Harry est très chanceux d’avoir Hermione à ses côté pour l’aider à faire ses devoirs. Elle lui a également prêté Le Quidditch à travers les âges dont la lecture a été très instructive. La veille du premier match de Quidditch, Hermione, Harry et Ron sont dans la cour pendant la récréation lorsqu'ils voient Rogue traverser la cour en boitant. Rogue les remarque aussi et il décide de s’approcher pour voir ce que le trio mijote. Il est évident qu’il cherche quelque chose à leur reprocher. — Qu'est-ce que vous avez là, Potter ? demande-t-il. C'est Le Quidditch à travers les âges. Harry lui montre le livre.

99

— Il est interdit d'emporter les livres de la bibliothèque en dehors des murs du château, fait observer Rogue. Donnez-le-moi et j'enlève cinq points à Gryffondor. — Ça, c'est une règle qu'il vient d'inventer, marmonne Harry tandis que Rogue s'éloigne en claudiquant. Je me demande ce qu'il s'est fait à la jambe. — Je n'en sais rien, mais j'espère que ça lui fait mal, dit Ron d'un ton amer. Ce soir-là, les amis sont assis près de la fenêtre de la salle commune de Gryffondor qui est particulièrement bruyante. Hermione vérifie leurs devoirs des garçons, pendant que Harry ne tient plus en place. Il veut récupérer son livre, car il espère que la lecture l'aidera à se détendre avant le match du lendemain. Après mûres réflexions, Harry annonce à Ron et Hermione qu'il compte aller voir Rogue pour lui demander son livre. — D’accord, mais moi, je reste ici, répondent les deux autres en chœur. Harry est convaincu que Rogue ne pourra pas refuser s’il lui demande son livre devant les autres professeurs. Il descend donc dans la salle des professeurs et frappe à la porte. Personne ne répond. Il frappe à nouveau. Toujours rien. Rogue a peut-être laissé le livre dans la salle ? Il entrouvre la porte, regarde à l'intérieur. Et se fige. Horreur! Rogue et Rusard sont dans la pièce. La robe de Rogue est relevée audessus des genoux et Harry voit une blessure sanglante sur une de ses jambes que Rusard tente de soigner. — Sale bestiole, dit Rogue. Comment voulez-vous qu'on surveille ses trois têtes à la fois… Harry tente de refermer la porte en silence, mais... — POTTER ! Le visage déformé par la fureur, Rogue laisse retomber le bas de sa robe pour cacher sa jambe. Harry sent sa gorge se serrer. — Je... je voulais simplement vous demander si je pouvais reprendre mon livre, balbutie-t-il. — SORTEZ ! SORTEZ IMMÉDIATEMENT ! 100

Harry s'éloigne aussitôt et remonta l'escalier quatre à quatre. — Alors, tu l'as eu, ton livre ? lui demande Ron à son retour dans la salle commune. Eh bien, qu'est-ce qui t'arrive ? Dans un murmure, Harry raconte à Ron et à Hermione ce qu'il vient de voir. — Vous comprenez ce que ça veut dire ? Il a essayé de passer devant le chien à trois têtes le soir de l’Halloween. C'est là qu'il allait quand on l'a vu. Il essaye de s'emparer de ce que garde le chien, et je suis prêt à parier mon balai qu'il a laissé entrer ce troll pour faire diversion. Hermione ouvre de grands yeux. — Il n'aurait pas fait une chose pareille ! dit-elle. Même s'il est désagréable, il n'essaierait pas de voler quelque chose que Dumbledore a mis en lieu sûr. — Tu crois vraiment que tous les profs sont des saints ? dit Ron. Moi, je suis d'accord avec Harry, je n'ai pas la moindre confiance en Rogue.

Le lendemain matin, le ciel est clair, et l'air est sec et froid. La Grande Salle sent bon la saucisse frite et elle est pleine de conversations joyeuses à propos du match de Quidditch. — Il faut absolument que tu manges quelque chose, dit Hermione à Harry. — Je ne veux rien. — Un simple morceau de toast, l'encourage Hermione. — Je n'ai pas faim, répond Harry est trop nerveux pour manger, à l’approche de son premier match. Dans une heure à peine, il sera sur le terrain. — Harry, il faut que tu prennes des forces, dit Seamus. — Non merci, Seamus, dit Harry en le regardant couvrir ses saucisses de ketchup. Vers onze heures, toute l'école se rassemble dans les gradins du stade. De nombreux élèves étaient équipés de jumelles. Les élèves de première année se sont assis ensemble tout en haut des gradins et tiennent une grande bannière sur

101

laquelle il est écrit: « Président Potter » en lettres lumineuses avec un énorme lion de Gryffondor dessiné dessous. Pendant ce temps, dans les vestiaires, Harry et les autres joueurs revêtent la robe rouge de leur équipe. Les Serpentard, eux, sont habillés en vert. Dubois s'éclaircit la gorge. — Mesdemoiselles et Messieurs, dit Dubois, nous y voilà. C'est la meilleure équipe que nous ayons eue à Gryffondor depuis des années. On va gagner, je le sais. Il eut un regard noir qui signifiait: « Sinon, gare à vous ! » —Maintenant, c'est l'heure. Bonne chance à tous. Harry, les jambes tremblantes, suit Fred et George sur le terrain où ils sont accueillis par des acclamations enthousiastes. Debout au milieu du terrain, son balai à la main, Madame Bibine qui est chargée d'arbitrer le match, demande aux joueurs de s’approcher. — Je veux que la rencontre soit placée sous le signe du fair-play, prévint-elle lorsque tous les joueurs se furent rassemblés autour d'elle. Du coin de l'œil, Harry aperçoit la bannière « Président Potter » qui brille comme une enseigne au néon. Ça lui redonne courage. — En position sur vos balais, s'il vous plaît. Harry enfourche son Nimbus 2000. Madame Bibine donne alors un grand coup de sifflet et les quinze balais s'élèvent aussitôt dans les airs. Le commentaire du match est assuré par Lee Jordan, un ami des jumeaux Weasley et la professeure McGonagall le surveille de près. — Angelina passe à Alicia Spinnet, qui jouait l'année dernière comme suppléante. Nouvelle passe à Johnson et... non, c'est Marcus Flint, le capitaine des Serpentard qui reprend le Souafle et qui vole comme un aigle

102

vers les buts adverses, il va mar... non, le tir est arrêté par Olivier Dubois, le gardien de Gryffondor. Gryffondor reprend le Souafle avec Katie Bell qui fait un joli plongeon pour éviter Flint et—AÏE—voilà qui a dû faire mal, un Cognard en pleine tête—le Souafle aux Serpentard—Adrian Pucey se précipite vers les buts, mais il est arrêté par un deuxième Cognard envoyé par Fred ou George Weasley, impossible d'être plus précis. En tout cas, c'est un joli coup du batteur de Gryffondor et Johnson reprend le Souafle sans aucun adversaire devant elle. Elle vole vraiment, c'est le cas de le dire, elle évite un Cognard, les buts sont devant elle, vas-y, Angelina—Bletchey, le gardien de but, plonge et GRYFFONDOR MARQUE ! Dans les gradins, les supporters de Gryffondor explosent des cris de joie — Poussez-vous un peu, là. — Hagrid ! Ron et Hermione se serrent pour laisser à Hagrid la place de s'asseoir à côté d'eux. — Je regardais depuis ma cabane, dit Hagrid en tapotant une grosse paire de jumelles accrochées autour de son cou. Mais ce n'est pas la même chose que d'être dans le stade. On n'a pas encore vu le Vif d'or ? — Non, dit Ron. Harry n'a pas eu grand-chose à faire pour le moment. A califourchon sur son balai, Harry vol au-dessus du terrain, scrutant l'espace autour de lui dans l'espoir d'apercevoir le Vif d'or. Il n'avait pas encore eu l'occasion d'intervenir dans le jeu. Puis soudain, Harry voit un Cognard foncer sur lui mais il parvient à l'éviter et Fred Weasley se lance à sa poursuite. — Serpentard reprend le Souafle, dit Lee Jordan. Le poursuiveur Pucey évite deux Cognards, les deux frères Weasley et Bell, la poursuiveuse, et fonce vers—attendez un peu est-ce que c'était le Vif d'Or ? Un murmure parcourt la foule. Le cœur battant, Harry plonge aussitôt dans sa direction. Mais l'attrapeur des Serpentard l'a vu également et ils foncent côte à côte pour essayer de l'attraper. Harry est le plus rapide. Il voit la petite balle agiter ses ailes un peu plus loin devant lui et il fait accélérer son balai au maximum de sa puissance.

103

Un grand cri de rage monte alors des gradins réservés aux Gryffondor. Marcus Flint a essayé de bloquer Harry et son Nimbus 2000 a violemment dévié de sa trajectoire. Harry, cramponné au manche, parvient tout juste à se maintenir sur son balai. — Faute ! hurlent les supporters de Gryffondor. Madame Bibine rappelle Flint à l'ordre et ordonne un coup franc en faveur des Gryffondor. Bien entendu, la confusion qui régnant sur le terrain a permis au Vif d'or de s'échapper. Lee Jordan a du mal à ne pas prendre parti. — Donc, après cette scandaleuse tricherie... — Jordan ! proteste la professeure McGonagall. — Je voulais dire après cette faute révoltante... — Jordan, je vous préviens... — D'accord, d'accord. Flint a failli tuer l'attrapeur de Gryffondor, ce qui aurait pu arriver à n'importe qui et donc Gryffondor bénéficie d'un penalty repris par Spinnet et c'est Gryffondor qui garde le Souafle. Lorsque le jeu reprend, Harry évite un Cognard qui fonçait sur lui. Au même moment, son balai prend un brusque virage sans prévenir. Pendant une fraction de seconde, Harry pense qu'il va tomber, et il serre les mains et les genoux plus fort sur le manche. À nouveau le balai a un sursaut et Harry s'efforce de reprendre le contrôle, mais il se rend compte alors que son Nimbus 2000 ne lui répond plus. Il refuse de tourner et zigzague à sa guise en multipliant les embardées. Lee Jordan continue de commenter : — Serpentard prend le Souafle avec Flint qui passe à Spinnet qui passe à Bell—frappée au visage par un Cognard, j'espère qu'elle a le nez cassé— non, non, je plaisantais, professeur... Oh non ! SERPENTARD MARQUE ! Les supporters de Serpentard se mettent à crier. Pendant ce temps, personne ne semble remarquer le comportement étrange du balai de Harry. Le Nimbus 2000 prend lentement de l'altitude en continuant ses soubresauts.

104

— Je ne sais pas ce que fabrique Harry, grommelle Hagrid qui l'observe avec ses jumelles. Je me demande s'il n'a pas perdu le contrôle de son balai... Ça m'étonnerait, pourtant... Brusquement, des doigts pointent en direction de Harry. Son balai s'est mis à tourner sur lui-même et il parvient tout juste à se cramponner au manche. La foule laisse échapper une exclamation de terreur. Le Nimbus 2000 vient de faire une embardée plus violente que les autres, désarçonnant Harry qui réussit à se rattraper au manche d'une seule main en restant suspendu dans le vide. — Vous croyez que le balai a pris un coup quand Flint a bloqué Harry ? s'inquiète Seamus. — Impossible, répond Hagrid d'une voix tremblante. Il n'y a que la magie noire qui puisse dérégler un balai. Aucun élève n'arriverait à faire ça à un Nimbus 2000. A cet instant, Hermione arrache les jumelles des mains de Hagrid, mais au lieu de les diriger vers Harry, elle les pointe sur la foule des spectateurs. — Qu'est-ce que tu fais ? demande Ron. — Je le savais, dit Hermione d'une voix haletante. C'est Rogue. Regarde ! Ron s'empare des jumelles. Rogue se trouve au milieu des gradins d’en face. Il fixe Harry des yeux en remuant les lèvres, comme s'il récitait des formules magiques. — Il est en train de jeter un sort au balai, dit Hermione. — Qu'est-ce qu'on fait ? — Je m'en occupe. Avant que Ron ait pu ajouter un mot, Hermione a disparu. Ron dirige les jumelles vers Harry. Son balai vibre avec une telle force que Harry ne pourra pas tenir très longtemps. Les spectateurs horrifiés se lèvent et regardent les frères Weasley qui essayent d'attraper Harry pour le prendre sur leur balai. Pendant ce temps, Marcus Flint s'est emparé du Souafle pour marquer cinq buts dans l'indifférence générale. Hermione, elle, se fraye un chemin jusqu'aux gradins d’en face et court le long de la rangée derrière Rogue. Lorsqu’elle arrive à la hauteur de Rogue, elle s'accroupit 105

derrière lui, sort sa baguette et murmure une formule magique. Aussitôt, la baguette lance des gerbes d'étincelles bleues sur la robe de Rogue. Le professeur mit quelques secondes à se rendre compte que le bas de sa robe de sorcier est en feu. Le cri d'horreur qu'il pousse alors prouve à Hermione qu'elle a réussi son coup. Elle repart alors à quatre pattes le long de la rangée. Là-haut, loin au-dessus du terrain, Harry réussi soudain à reprendre une position normale et à contrôler son balai. — Ça y est ! Elle a réussi ! s'exclame Ron. Lorsque Harry redescend en piqué vers le sol, la foule voit qu'il a une main plaquée contre sa bouche, comme s'il était sur le point de vomir. Il atterrit brutalement sur la pelouse du stade, tousse et un objet doré tombe alors au creux de sa main. — J'ai attrapé le Vif d'or ! hurle-t-il en agitant le bras au-dessus de sa tête. Et le match prend ainsi fin, dans la plus totale confusion. Gryffondor a remporté le match par cent soixante-dix points contre soixante.

106

Une peu plus tard, Harry, Ron et Hermione sont dans la cabane de Hagrid, où il leur prépare du thé. — C'est Rogue qui a fait le coup, affirme Ron. On l'a vu, Hermione et moi. Il était en train de jeter un sort à ton balai. Il te fixait des yeux en marmonnant des formules magiques. — Allons, ce sont des bêtises, réplique Hagrid. Pourquoi Rogue aurait-il fait ça? Les trois amis échangent un regard en se demandant ce qu'ils peuvent bien lui répondre. Harry choisi de dire la vérité. — J'ai fait une découverte à son sujet, annonce-t-il à Hagrid. Il a essayé de passer devant le chien à trois têtes le soir de l’Halloween et il s'est fait mordre. Il voulait sûrement voler ce que le chien doit garder. Hagrid lâche sa théière. — Vous avez vu Touffu ? s'exclame-t-il. — Touffu ? — Il est à moi. Je l'ai prêté à Dumbledore pour garder... Hagrid s'interrompt. — Garder quoi ? demande avidement Harry. — Non, ça suffit, ne me posez plus de questions, répond Hagrid d'un ton bourru. C'est top secret. — Mais Rogue essaye de voler ce que garde votre chien. — Ce sont des bêtises, répète Hagrid. Rogue est un professeur de Poudlard, il ne ferait jamais une chose pareille. — Dans ce cas, pourquoi a-t-il essayé de tuer Harry ? s'écrie Hermione. Il lui a jeté un sort, j’en suis certaine. J'ai tout lu là-dessus ! Il faut fixer les yeux sur l'objet ou la personne visé et Rogue n'a pas cillé une seule fois, je l'ai bien vu ! — Et moi, je te dis que tu as tort, s'emporte Hagrid. Je ne sais pas pourquoi le balai de Harry s'est comporté de cette manière, mais jamais Rogue 107

n'essaierait de tuer un élève ! Vous êtes en train de vous mêler de choses qui ne vous regardent absolument pas. Et c'est très dangereux. Alors, oubliez ce chien et oubliez ce qu'il garde. C'est une affaire entre le professeur Dumbledore et Nicolas Flamel... — Ah, tiens ! s'exclame Harry. Il y a donc un nommé Nicolas Flamel dans le coup ? Hagrid eut soudain l'air furieux contre lui-même.

108

109

110

Où Poudlard révèle ses secrets à Harry.

Noël approche. À la mi-décembre, Poudlard se réveilla sous une épaisse couche de neige et même le lac avait gelé. Hagrid s'occupait de soigner les quelques hiboux qui arrivaient à traverser l'air glacé pour apporter le courrier, frigorifiés. Tout le monde attendait les vacances avec impatience. Des feux de cheminée chauffaient les salles communes mais les couloirs étaient parcourus de courants d'air glacés et un vent polaire faisait trembler les fenêtres des salles de classe. — Je plains beaucoup les malheureux qui devront rester à Poudlard pendant les vacances parce que personne n'en veut à la maison, lança un jour Malefoy pendant un cours de potions, Il avait dit cela en regardant Harry. Crabbe et Goyle pouffèrent de rire, mais Harry n'y prêta aucune attention. En effet, Harry n'irait pas à Privet Drive pour Noël. La professeure McGonagall était passée dans les classes la semaine précédente pour faire la liste des élèves qui resteraient à Poudlard pour les vacances et il avait été le premier à s'inscrire. Mais il n'en éprouvait aucun regret. Au contraire, il allait probablement connaître le meilleur Noël de sa vie. Ron et ses frères passeraient également leurs vacances au collège, car M. et Mme. Weasley devaient se rendre en Roumanie pour aller voir leur fils Charlie. La Grande Salle était magnifique. Des guirlandes de gui étaient suspendues aux murs et pas moins d'une douzaine d'arbres de Noël se dressaient tout autour de la salle, certains recouverts de glaçons scintillants, d'autres de chandelles

111

allumées. Les trois amis aidaient la professeure McGonagall et Hagrid avec les préparatifs. — Harry, Ron, nous avons encore une demi-heure avant le déjeuner, leur dit Hermione. Nous devrions aller à la bibliothèque. — Tu as raison, dirent les garçon en chœur. — La bibliothèque ? dit Hagrid en les suivant dans le hall. Juste avant les vacances ? Vous êtes vraiment passionnés ! — Oh, ce n'est pas pour travailler, répond Harry d'un ton joyeux. Mais depuis que vous avez parlé de Nicolas Flamel, on essaye de savoir qui c'est. — Quoi ? s'exclame Hagrid, interloqué. Je vous ai dit de laisser tomber. Ce que le chien garde, ce n'est pas votre affaire. — On veut simplement savoir qui est Nicolas Flamel, c'est tout, dit Hermione. — A moins que vous ne vouliez nous le dire vous-même pour nous épargner d'autres recherches, ajoute Harry. Nous avons déjà consulté des centaines de livres et nous n'avons rien trouvé. Pourtant, je suis sûr d'avoir lu son nom quelque part. — Je ne dirai rien, répond simplement Hagrid. — Dans ce cas, on cherchera tout seul, dit Ron. Et ils filent vers la bibliothèque tandis que Hagrid les regarde d'un air mécontent. Le nom de Nicolas Flamel est le seul indice dont ils disposent pour essayer de découvrir ce que Rogue veut voler, mais pour l'instant, ils n'ont trouvé aucune trace du personnage dans les dizaines d'ouvrages qu’ils ont consultés. Ils ne savent pas très bien par où commencer, car ils ignorent ce que Nicolas Flamel a fait qui soit digne de figurer dans un livre. Une fois à la bibliothèque, Hermione se lance dans l’étude d’une liste de titres et de thèmes qui pourraient faire allusion à Nicolas Flamel, tandis que Ron se choisi de se promener le long des étagères en prenant des livres au hasard. Harry, lui, s'aventure du côté de la Réserve, mais il faut un mot de l'un des professeurs pour avoir accès aux ouvrages qui y sont conservé et il sait bien qu'il n'obtiendra jamais

112

une telle autorisation. Les livres de la Réserve traitent de magie noire, une matière qui n'est jamais enseignée à Poudlard. — Qu'est-ce que tu cherches, mon garçon ? — Rien, dit Harry. Madame Pince, la bibliothécaire le menace alors de son plumeau. — Dans ce cas, tu ferais mieux de filer. Allez, dehors ! N'ayant trouvé aucune excuse pour expliquer sa présence, Harry quitte la bibliothèque. Avec Ron et Hermione, ils ont décidé qu'il vaut mieux ne pas demander d’aide à Madame Pince pour leurs recherches sur Nicolas Flamel. Ils ne veulent pas prendre le risque que Rogue découvre ce qu'ils cherchent. Cinq minutes plus tard, Ron et Hermione le rejoignent à l’extérieur, en faisant « non » de la tête. Lorsque commencent les vacances, Ron et Harry ont beaucoup trop d'occasions de s'amuser pour penser à Nicolas Flamel. Ils ont le dortoir pour eux tout seuls et la salle commune ne rassemble plus grand monde, ce qui leur permet de s'installer dans les meilleurs fauteuils, près du feu. Ron enseigne également à Harry à jouer aux échecs, version sorcier. Les règles sont les mêmes que chez les Moldus, mais les pièces du jeu sont vivantes. L'échiquier de Ron était vieux et tout abîmé. Mais l'âge des pièces, cependant, constitue plutôt un avantage, car depuis le temps qu'il les utilise, Ron les connait si bien qu'il n'a aucun mal à leur faire faire ce qu'il veut.

113

Harry, en revanche, joue avec des pièces que Seamus lui a prêtées et qui ne lui font pas confiance. Il ne sait pas très bien jouer et les pièces contestent sans cesse ses décisions, ce qui jette la confusion dans le jeu. La veille de Noël, Harry se couche en pensant au lendemain. Ce sera une bonne journée et il y aura un réveillon, mais il ne s'attend pas à recevoir de cadeaux. Lorsqu'il s'éveille, cependant, il aperçoit un petit tas de paquets au pied de son lit. — Joyeux Noël, dit Ron d'une voix ensommeillée tandis que Harry sort de son lit. — Toi aussi, dit Harry. Tu te rends compte ? J'ai des cadeaux ! Harry ouvre aussitôt le paquet qui se trouvait au sommet de la pile. Il était enveloppé d'un gros papier sur lequel est griffonné: « Pour Harry de la part de Hagrid ». A l'intérieur, il y a une flûte en bois grossièrement taillée. De toute évidence, c’est Hagrid lui-même qui l'a fabriquée. — Je crois savoir d'où vient celui-ci, dit Ron en rougissant un peu. C'est ma mère. Je lui avais dit que tu n'attendais pas de cadeaux et... oh, non ! Elle t'a fait un pull à la mode Weasley ! Harry sort du paquet un épais chandail de laine vert, et une grosse boîte de chocolats maison. — Tous les ans, elle nous tricote un chandail à chacun, dit Ron en déballant le sien. Et le mien est toujours violet. — C'est vraiment gentil à elle, dit Harry en goûtant un chocolat délicieux. Le cadeau suivant contient aussi des friandises de la part d’Hermione. Dans le dernier paquet, Harry découvre un morceau de tissu très léger, d'une teinte argentée, qui glisse sur le sol en formant un petit tas aux reflets luisants. Ron en reste bouche bée. — J'ai entendu parler de ça, dit-il d'une voix sourde. Si c'est ce que je crois... Il n'en existe pas beaucoup et c'est vraiment précieux... — Qu'est-ce que c'est ? Harry ramasse le morceau de tissu brillant. En le prenant entre ses doigts, il a l'impression de toucher de l'eau qu'on aurait transformée en étoffe. 114

— C'est une cape d'invisibilité, dit Ron, impressionné. J'en suis sûr, maintenant. Essaye-la. Harry jette la cape sur ses épaules et Ron pousse un cri. — C'est bien ça ! Regarde ! Harry regarde ses pieds, mais ils ont disparu. Il se précipite alors vers le miroir et ne voit que son visage qui semble flotter dans l'air. Son corps, lui, est invisible. Il remonte la cape sur sa tête et son reflet s'efface complètement. — Il y a un mot ! dit soudain Ron. Un mot dans le paquet ! Harry enlève la cape et lit le mot, écrit dans une écriture arrondie qu'il ne reconnaît pas. « Ton père m'a laissé ceci avant de mourir. Il est temps que tu en hérites. Fais-en bon usage. Très joyeux Noël. »

Il n'y a pas de signature. Harry garde les yeux fixés sur le morceau de papier pendant que Ron contemple la cape d'un air admiratif. — Je serais prêt à donner n'importe quoi pour en avoir une, dit-il. N'importe quoi. Eh ben, qu'est-ce qui t'arrive ? — Rien, dit Harry. Il éprouve une étrange sensation. Qui a bien pu lui envoyer cette cape ? A-t-elle véritablement appartenu à son père ? Il voudrait tellement connaître la réponse à ces questions...

À l’heure du réveillon, Harry et les Weasley se dirigent à la grande salle. Le repas qui leur est servi est le plus délicieux que Harry n’a jamais mangé. Dindes rôties, saucisses grillées, sauces onctueuses, confiture et partout sur les tables, des pochettes-surprises avec des pétards qui explosaient en faisant jaillir des cadeaux. Celui que Harry partage avec Fred ne fait que produire une petite détonation, il

115

explose réellement, comme un canon, en les enveloppant d'un nuage de fumée bleue. Et des bûches de Noël et du pudding suivent les dindes. Le professeur Dumbledore a changé son chapeau pointu de sorcier pour un bonnet à fleurs qu'il a trouvé dans une pochette-surprise et il rit en écoutant Flitwick lui raconter une histoire drôle. Hagrid a le teint de plus en plus rouge. Il réclama une nouvelle bouteille de vin, puis il embrasse la professeure McGonagall sur la joue qui, à la grande surprise de Harry rit de contentement, les joues soudain écarlates, le chapeau de travers. Lorsque Harry quitte la table, il a les bras encombrés de cadeaux découverts dans les pétards surprises. Harry et les Weasley passent ensuite l'après-midi à faire des batailles de boules de neige dans le parc. Puis, gelés, mouillés, et essoufflés, ils retournent auprès du feu, devant la cheminée de la salle commune de Gryffondor. Jamais Harry ne s'était autant amusé à Noël. Pourtant, quelque chose n'avait cessé de lui tourner dans la tête tout au long de la journée : la cape d'invisibilité et son mystérieux expéditeur. Au moment de dormir, alors que Ron ronfle déjà derrière ses rideaux, Harry, lui, se penche pour prendre la cape d'invisibilité qu'il avait cachée sous son lit. Son père... Elle a appartenu à son père. Plus douce que la soie, aussi légère qu'un souffle d'air, l'étoffe lui coule entre les doigts comme l'eau d'un ruisseau. « Fais-en bon usage », disait la note. Il veut l'essayer dès maintenant, à l'instant même et s’enveloppe dans la cape. En regardant à ses pieds, il ne voit que des ombres. C'est une impression très étrange. « Fais-en bon usage. » Harry se sent soudain parfaitement réveillé. Grâce à sa cape, le château tout entier lui est ouvert. Debout dans l'obscurité et le silence, il éprouve un sentiment d'excitation, Il peut aller où bon lui semble à présent. Il quitte sans bruit le dortoir, descend l'escalier, traverse la salle commune et passe par le trou de porte. — Qui est là ? demande la dame. Harry ne répond pas et se hâte le long du couloir.

116

Où aller ? Il s'arrête et réfléchit, le cœur battant. Puis il a une idée. La Réserve de la bibliothèque. Il pourra y lire autant qu'il voudra, il pourra y passer le temps qu'il faut pour découvrir qui est Nicolas Flamel. Il se met en chemin en serrant la cape autour de lui. La bibliothèque est plongée dans les ténèbres. Il y règne une atmosphère un peu effrayante, et Harry allume une lampe pour voir où il va. On aurait dit que la lampe flottait en l’air toute seule. La Réserve se trouve tout au fond. Il enjambe avec précaution le cordon qui la section du reste de la bibliothèque et tend la lampe pour lire les titres des livres. Ils ne lui disent pas grand-chose. Leurs lettres dorées, ternies, usées, forment des mots que Harry ne comprend pas. Certains livres n'avaient pas de titre du tout. Mais il faut bien commencer quelque part. Posant la lampe par terre, il regarde sur l’étagère du bas. Un gros livre noir et argent attire son regard. Il est si lourd qu'il a du mal à le prendre et lorsqu’il réussit enfin à le sortir, le livre tombe ouvert sur le sol. Un hurlement suraigu, à glacer le sang, retentit alors dans le silence de la bibliothèque. C'est le livre qui crie ! Harry le referme d'un coup sec, mais le hurlement continue. Harry tombe à la renverse et éteint la lampe par accident. Saisi de panique, il entend des bruits de pas qui résonnent dans le couloir. Il remet le livre sur l'étagère et s’enfuit à toutes jambes. Mais se retrouve face à Rusard au moment où celui-ci arrive devant l'entrée de la bibliothèque. Les yeux pâles et furieux du gardien le regardent sans le voir. Harry réussit à se faufiler entre le mur et lui, et fonce ensuite dans le couloir. À bout de souffle, il s'arrête enfin devant une très grande armure. Mais à cause de l'obscurité, peut-être, il est incapable de reconnaître l'endroit où il se trouve. Il entend alors la voix de Rusard. — Vous m'avez demandé de vous avertir directement si quelqu'un venait rôder la nuit dans la bibliothèque, professeur. Et je suis sûr qu'il y avait quelqu'un dans la bibliothèque, dans la Réserve, très précisément. Harry se sent pâlir. Il ne sait pas où il est mais il sait que Rusard se rapproche. Il entend alors avec terreur Rogue répondre à Rusard. — La Réserve ? Ils n'ont pas dû aller bien loin, nous allons les rattraper. 117

Harry reste figé sur place tandis que Rogue et Rusard avancent dans sa direction. Il recule en faisant le moins de bruit possible et voit alors sur sa gauche une porte entrouverte. Retenant sa respiration, il se glisse à l’intérieur de la pièce sans faire bouger la porte. Il entend Rogue et Rusard passer devant la porte sans s'arrêter et Harry s'adosse au mur en respirant profondément, écoutant le bruit de leurs pas s'éloigner puis s'évanouir. Il a eu chaud, très chaud. Et il peut enfin prendre le temps de regarder la pièce où il se trouve. On dirait une salle de classe désaffectée. Il voit des pupitres et de chaises entassés contre les murs, une corbeille à papier renversée, et il remarque aussi, appuyé contre le mur d'en face, quelque chose qui semble avoir été rangé là par quelqu’un qui voulait s'en débarrasser. C'est un miroir magnifique qui monte jusqu'au plafond avec un cadre d'or sculpté, posé sur deux pieds avec des griffes, comme les pattes d'un animal. Une inscription est gravée au-dessus du miroir : « riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej. » Maintenant que le danger est éloigné, il ôte sa cape sans crainte et s'approche du miroir. Il fait un pas en avant et se plaque une main sur la bouche pour étouffer un cri d'horreur. Il se retourne brusquement et son cœur cogne contre sa poitrine encore plus fort que lorsque le livre s'est mis à hurler. Car son reflet est apparu, mais il n'est pas seul, il y a un groupe de gens derrière lui. Pourtant, la pièce est bien vide. La respiration haletante, il se tourne lentement vers le miroir. 118

Il voit à nouveau son reflet apeuré, et derrière lui au moins dix autres personnes. Une femme, debout derrière son reflet, lui sourit en faisant des signes de la main. Il tend le bras derrière lui, mais il ne sent que le vide. Si cette femme est vraiment présente dans la pièce, il pourrait la toucher, mais il n'y a rien. Tous ces gens n'existent que dans le miroir. La femme est très belle. Elle a des cheveux brun-roux et ses yeux... « Ses yeux sont comme les miens », pense Harry en s'approchant un peu plus près de la glace. D'un vert brillant et d'une forme semblable. Et ils pleurent. La femme sourit et pleure en même temps. L'homme qui se tient à ses côté est grand, mince, avec des cheveux noirs. Il porte des lunettes et ses cheveux sont très mal coiffés. Tout comme Harry. Il est si près du miroir, à présent, que son nez touche presque celui de son reflet. — Maman ? murmure-t-il. Papa ? L'homme et la femme le regardent en souriant. Lentement, Harry détaille les autres personnes qui se trouvent dans le miroir. Il vit d'autres yeux verts comme les siens, d'autres nez qui ressemblent au sien. Pour la première fois de sa vie, il a sa famille devant les yeux. Les Potter lui sourient, et lui font des signes de la main. Et lui les regarde, les mains plaquées contre le miroir comme pour passer au travers et se précipiter vers eux. Quelque chose lui fait mal à l'intérieur de son corps, un mélange de joie et de tristesse. Il ne se rend pas compte du temps qui passe. Les reflets dans le miroir ne s'effacent pas et il ne se lasse pas de les regarder, encore et encore, jusqu'à ce qu'un bruit lointain le ramène à la réalité. Il ne peut pas rester ici. Il doit retrouver le chemin de son lit. Il arrache son regard du visage de sa mère et murmure : — Je reviendrai... Puis il quitte la pièce à la hâte.

— Tu aurais pu me réveiller, dit Ron avec mauvaise humeur. — Tu n'as qu'à venir avec moi ce soir, j'y retourne. Je veux te montrer le miroir. 119

— J'aimerais bien voir tes parents, dit Ron. — Et moi, j'aimerais bien voir toute ta famille, tous les Weasley au complet. Tu pourras me montrer tes autres frères. — Tu peux les voir quand tu veux, il te suffit de venir à la maison cet été. D'ailleurs, peut-être que ton miroir ne montre que les morts. C'est dommage que tu n'aies pas réussi à trouver ce Flamel. Mais Harry a presque oublié Flamel. Il ne pense plus qu'à ses parents. Il veut les revoir la nuit prochaine. Ce que Harry craint le plus, c'est de ne pas retrouver la pièce du miroir. Le nuit venue, Ron et lui s’enveloppent dans la cape et partent à la découverte de la salle du miroir. Mais ils ne peuvent pas se déplacer aussi vite que lorsque Harry est tout seul. Ils essayent de refaire le chemin que Harry a suivi la veille en fuyant la bibliothèque et ils errent pendant une bonne heure dans les couloirs autour de la bibliothèque. — On gèle, ici, dit Ron. Laissons tomber. — Non, chuchote Harry. Je suis sûr que c'est tout près. Un instant plus tard, Harry reconnait la grande armure. — C'est là ! Oui, c'est bien ça ! Ils poussent la porte. Harry se débarrasse de la cape et court vers le miroir. 120

Ils sont tous là. Son père et sa mère semblent rayonner à nouveau en le voyant. — Tu vois ? murmure Harry. — Non, je ne vois rien du tout... — Regarde ! Regarde, ils sont tous là... — Je ne vois que toi. — Regarde bien. Mets-toi à ma place. Harry fait un pas en arrière et Ron se place devant lui. Mais sa famille disparaît et Ron semble soudain fasciné par son propre reflet. — Regarde-moi ! s'exclame-t-il. — Tu vois ta famille autour de toi ? — Non, je suis tout seul. Mais j'ai changé. Je suis plus vieux et je suis Préfet en chef — Quoi ? — Je porte le même insigne qu'avait mon frère Bill. Et je tiens dans mes mains la coupe de Quidditch. C'est moi, le capitaine de l'équipe ! Ron s'arrache à la contemplation de son reflet et regarde Harry d'un air fébrile. — Tu crois que ce miroir montre l'avenir ? — C'est impossible, toute ma famille est morte. Laisse-moi regarder. — Tu l'as eu pour toi tout seul la nuit dernière, maintenant, c'est mon tour, — Toi, tu ne fais que tenir la coupe de Quidditch, je ne vois pas ce que ça a de passionnant. C'est quand même plus important de voir mes parents. — Arrête de me pousser. Un bruit soudain en provenance du couloir met fin à leur discussion. Ils ne s'étaient pas rendu compte qu'ils parlaient si fort. — Vite ! Ron ramène la cape sur eux au moment où les yeux étincelants de Miss Teigne apparaissent à la porte. Ils restent parfaitement immobiles en ayant la même

121

pensée : est-ce que la cape d'invisibilité marche aussi avec les chats ? Au bout d'un moment qui leur parait interminable, Miss Teigne s'éloigne enfin. — Méfions-nous, elle est peut-être allée chercher Rusard. Je crois bien qu'elle nous a entendus. Viens. Et Ron tire Harry hors de la pièce.

Le lendemain matin, les garçons sont dans la salle commune. — On fait une partie d'échecs ? propose Ron. — Non, répond Harry. — Je sais à quoi tu penses... Le miroir, c'est ça ? N'y retourne pas cette nuit. — Pourquoi ? — C'est trop risqué. Rogue, Rusard et Miss Teigne n'arrêtent pas de se promener dans les couloirs. — On dirait Hermione, fait observer Harry. En fait, il n'a plus qu'une idée en tête : retourner devant le miroir. Et ce n’est certainement pas Ron qui va l'en empêcher. La troisième nuit, il retrouve le chemin plus facilement et ne fait pas de mauvaises rencontres. A nouveau, il voit son père et sa mère qui lui sourient. Harry s'assoit par terre, devant le miroir. Rien ne l'empêche de rester ici toute la nuit à contempler sa famille. Rien, sauf peut-être... — Alors ? Tu es encore là, Harry ? Harry sent son sang se glacer. Il regarde derrière lui. Assis sur un bureau, près du mur, il voit... Albus Dumbledore ! — Je... je ne vous avais pas vu, Monsieur, balbutie Harry. — On dirait que l'invisibilité te rend myope, dit Dumbledore et Harry est soulagé de voir qu'il sourit. Albus Dumbledore vient s'asseoir par terre, à côté de lui.

122

— Comme des centaines de personnes avant toi, tu as découvert le bonheur de contempler le Miroir du Riséd. — Je ne savais pas qu'on l'appelait comme ça, dit Harry — Mais j'imagine que tu as compris ce qu'il fait ? — Il ... il me montre ma famille... — Et il montre ton ami Ron avec la coupe de Quidditch dans les mains. — Comment savez-vous ? — Moi, je n'ai pas besoin de cape pour devenir invisible, dit Dumbledore d'une voix douce. Et maintenant, tu comprends ce que nous montre le Miroir du Riséd ? Harry fait « non » de la tête. — Je vais t'expliquer. Pour l'homme le plus heureux de la Terre, le Miroir du Riséd ne serait qu'un miroir ordinaire, il n'y verrait que son reflet. Est-ce que cela t'aide à comprendre ? Harry réfléchit, puis il dit lentement: — Il nous montre ce que nous voulons voir... — Oui et non, répond Dumbledore, il ne nous montre rien d'autre que le désir le plus profond, le plus cher, que nous avons au fond de notre cœur. Toi qui n'as jamais connu ta famille, tu l'as vue soudain devant toi. Ronald Weasley, qui a toujours vécu dans l'ombre de ses frères, s'est vu enfin tout seul, couvert de gloire et d'honneurs. Mais ce miroir ne peut nous apporter ni la connaissance, ni la vérité. Demain, le miroir sera déménagé ailleurs, et je te demande de ne pas essayer de le retrouver. Mais si jamais il t'arrive encore de tomber dessus, tu seras averti, désormais. Ça ne fait pas grand bien de s'installer dans les rêves en oubliant de vivre, souviens-toi de ça. Et maintenant, remets donc cette cape merveilleuse et retourne te coucher. Harry se relève. — Monsieur, dit-il. Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? — C'est ce que tu viens de faire, mais tu peux recommencer, si tu veux.

123

— Et vous, qu'est-ce que vous voyez quand vous regardez le miroir ? — Moi ? Je me vois avec une bonne paire de chaussettes de laine à la main. Harry ouvre des yeux ébahis. — On manque toujours de chaussettes. Noël vient de passer et je n'en ai même pas eu une seule paire. Les gens s'obstinent à m'offrir des livres. De retour dans son lit, Harry se demande si Dumbledore lui a répondu la vérité. Mais après tout, c’était peut-être une question un peu trop personnelle.

124

125

126

Où Harry découvre l’existence de la pierre philosophale.

Dumbledore avait réussi à convaincre Harry de ne plus chercher le Miroir du Riséd et pendant toutes les vacances de Noël, la cape d'invisibilité était restée au fond de sa valise. Dès le début du deuxième trimestre, alors qu’Hermione était revenue des vacances chez ses parents, ils recommencèrent tous les trois à feuilleter les livres de la bibliothèque pendant les récréations. Harry avait encore moins de temps que les deux autres, à cause de l'entraînement de Quidditch qui avait repris. Et Dubois les fait travailler son équipe plus dur que jamais. Même les fortes pluies qui avaient fait fondre la neige ne le calmaient pas. Si les Gryffondor arrivaient à gagner le prochain match contre l'équipe des Poufsouffle, ils passeraient devant les Serpentard dans la course au championnat pour la première fois depuis sept ans. Pendant un de ces entraînements sous la pluie, sur un terrain particulièrement boueux, Dubois se fâche contre les frères Weasley qui ne sont pas assez sérieux à son goût. — Arrêtez vos idioties ! s'écrit-il. C'est à cause de cette attitude qu'on finit par perdre ! C'est Rogue qui va arbitrer le prochain match. Et il va tenter par tous les moyens de nous enlever des points. — Rogue va arbitrer le prochain match ? dit Goerges, il n'a jamais fait ça ! Si on risque de passer devant les Serpentard, il va chercher à nous nuire! 127

Le reste de l'équipe se met à protester également. — Je n'y suis pour rien, se défend Dubois. Tout ce que nous pouvons faire, c'est jouer impeccablement. Comme ça, Rogue n'aura aucun prétexte pour s'en prendre à nous. A la fin de la séance, Harry rentre directement à la salle commune de Gryffondor où il retrouve Ron et Hermione jouant aux échecs. Les échecs est le seul jeu auquel Hermione ne réussit pas à gagner et, aux yeux de Ron et Harry, ça ne peut que lui faire du bien de perdre un peu parfois. — Attends, ne me parle pas pour l'instant, dit Ron lorsque Harry vient s'asseoir à côté de lui. Je dois me concen... qu'est-ce qui se passe ? s'exclame-t-il soudain en voyant la tête de Harry. A voix basse pour que personne d'autre ne puisse l'entendre, Harry leur annonce que Rogue à l’intention d'arbitrer le prochain match de Quidditch. — Il ne faut pas que tu joues, dit aussitôt Hermione. Tu n'as qu'à dire que tu es malade. — Impossible, répond Harry, il n'y a pas d'attrapeur remplaçant dans notre équipe. Si je déclare forfait, Gryffondor ne pourra pas jouer du tout. A cet instant, Neville entre dans la salle commune et s’assoit avec eux. Il vient de croiser Malefoy et on dirait qu’il va se mettre à pleurer. Il leur explique les nouvelles méchancetés que Malefoy et ses amis ont inventé pour le ridiculiser encore une fois. — Il faut que tu te défendes ! lui dit Ron. Il a pris l'habitude d’être méchant avec tout le monde, il ne faut pas le laisser faire! — Je sais bien. Mais je ne suis pas assez courageux pour lui tenir tête. D’ailleurs, je ne suis pas assez courageux pour être à Gryffondor, Malefoy me l'a déjà dit, répond Neville en pleurant. Harry fouille alors dans sa poche et en sort un Chocogrenouille, le dernier de la boîte qu'Hermione lui a offerte pour Noël. Il le donne à Neville pour tenter de le consoler.

128

— Tu vaux douze fois mieux que Malefoy, dit Harry. C'est le Choixpeau magique qui a décidé de t'envoyer à Gryffondor, non ? Et Malefoy, où est-il, lui ? Chez ces horribles Serpentard ! Neville lui fait un pâle sourire. Il enlève le papier du Chocogrenouille. — Merci, Harry, dit-il. Je crois que je vais aller me coucher... Tu veux la carte du Choco ? Tu en fais collection, je crois ? Neville s’en va au dortoir pendant que Harry jette un coup d'œil à la carte du Chocogrenouille. — C'est encore Dumbledore, dit-il. J'étais déjà tombé sur lui la première fois... Il pousse alors un cri en lisant ce qui est écrit au dos de la carte. Puis il regarde Ron et Hermione. — Je l'ai trouvé, murmure-t-il. J'ai trouvé Flamel ! Je vous l'avais dit que j'avais déjà vu son nom quelque part. Je l'ai lu dans le train qui nous a amenés ici. Écoutez ça : « Dumbledore s'est notamment rendu célèbre en écrasant en 1945 le mage Grindelwald. Il travailla en étroite collaboration avec l'alchimiste Nicolas Flamel et on lui doit la découverte des propriétés du sang de dragon. » Hermione se lève d'un bond, l'air aussi surexcité que le jour où on leur a rendu leurs premiers devoirs. — Attendez-moi ici, dit-elle avant de se précipiter dans le dortoir des filles. Elle revient quelques instants plus tard, avec un vieux livre énorme. — Je n'ai jamais pensé à regarder là-dedans ! murmure-t-elle très surexcitée en feuilletant les pages du livre. Au bout d'un moment, elle trouve enfin ce qu'elle cherche. — Je le savais ! Je le savais ! Nicolas Flamel, murmure-t-elle, est le seul alchimiste qui ait réussi à fabriquer la Pierre philosophale. — La quoi ? disent Harry et Ron en chœur. Hermione pousse le livre vers eux pour qu'ils puissent lire ce qu'elle leur montre :

129

« Les anciennes recherches alchimiques avaient pour objet de fabriquer la Pierre philosophale, une substance légendaire dotée de pouvoirs étonnants. Cette Pierre a en effet la propriété de transformer n'importe quel métal en or pur. Elle produit également l'élixir de longue vie qui rend immortel celui qui le boit. La seule Pierre qui existe vraiment de nos jours est l'œuvre de Nicolas Flamel, le célèbre alchimiste qui a célébré récemment son six cents soixante-cinquième anniversaire en compagnie de son épouse, Pernelle (six cent cinquante-huit ans). » — Vous voyez ? dit Hermione. Le chien doit garder la Pierre philosophale de Nicolas Flamel ! — Une Pierre qui fabrique de l'or et qui te rend immortel ! Pas étonnant que Rogue essaie de la voler ! dit Harry. N'importe qui la voudrait pour lui tout seul ! Le lendemain matin, pendant le cours de défense contre les forces du Mal, Harry et Ron parlent encore de ce qu'ils feraient de la Pierre philosophale s'ils en avaient une. Lorsque Ron dit qu'il achèterait une équipe de Quidditch, cela rappelle à Harry que Rogue sera l’arbitre du prochain match. — Je vais jouer, dit-il. Si je me défile, tous les Serpentard vont penser que j'ai peur d'affronter Rogue. Je vais leur montrer... Pourtant, plus le match approche, et plus Harry devient nerveux tout comme les autres joueurs de son équipe. L'idée de passer devant Serpentard au classement les rend fous de joie, mais comment pourraient-ils réussir avec Rogue comme arbitre? Lendemain après-midi, au moment du match, Ron et Hermione souhaitent bonne chance à Harry à l'entrée des vestiaires. Harry est tellement nerveux qu’il ne retient rien du discours d'encouragement que Dubois prononce avant le match pour motiver son équipe. Ron et Hermione se trouvent une place à côté de Neville, qui ne comprend pas trop pourquoi ils ont la mine si sombre, ni pourquoi ils ont emmené leur baguette magique pour regarder le match. 130

Dans les vestiaires, Dubois prend Harry à part. — Je ne voudrais pas te mettre de pression, Potter, dit-il, mais il faut vraiment que tu attrapes le Vif d'or le plus vite possible. — Toute l'école est là ! annonce Fred Weasley en jetant un coup d'œil par la porte. Même... Nom d'un chaudron ! Dumbledore en personne est venu assister au match ! Harry sent son cœur faire un saut périlleux dans sa poitrine. — Dumbledore ! s'exclame-t-il en se précipitant vers la porte pour vérifier par lui-même. Il reconnait aussitôt la barbe argentée. Harry est tellement soulagé qu'il éclate de rire. Il n'a plus rien à craindre, à présent. Rogue n'osera jamais lui faire du tort sous les yeux de Dumbledore. Le match commence. Dès les premiers instants, Rogue accorde un tir de pénalité à l'équipe de Poufsouffle sans aucune raison. Hermione, les doigts croisés, suit Harry des yeux pendant qu’il tourne comme un faucon au-dessus du terrain, à la recherche du Vif d'or. —

Ron ! s'exclama Hermione. Harry !



Quoi ? Où ?

Elle lui montre Harry qui amorce une spectaculaire descente en piqué provoquant des exclamations angoissées et des cris d'enthousiasme parmi la foule. Hermione se lève en portant ses doigts croisés à sa bouche tandis que Harry fonce vers le sol à la vitesse d'un boulet. — Vas-y, Harry ! hurle Hermione en sautant sur place. Harry file droit sur Rogue qui s’écarte au dernier moment pour éviter la collision de quelques centimètres. Une fraction de seconde 131

plus tard, Harry effectue un rétablissement spectaculaire, le bras levé en signe de triomphe, la main serrée sur le Vif d'or. La foule enthousiaste se met à hurler. C'est sûrement un record. Personne n'a jamais vu un joueur attraper le Vif d'or aussi rapidement. Harry saute de son balai. Il n'arrive pas à y croire. Il a réussi. Le match a duré à peine cinq minutes. Tandis que les supporters de Gryffondor envahissent le terrain, il voit Rogue atterrir à proximité, le visage blême et les lèvres serrées. Harry sent alors une main se poser sur son épaule. Il se retourne et voit Dumbledore qui lui sourit. — Bien joué, dit-il à voix basse pour que personne d'autre que Harry ne puisse l'entendre. Je suis content de voir que tu as chassé ce miroir de ta tête... Tu as continué à travailler... C'est très bien... Un peu plus tard, Harry quitte seul les vestiaires pour aller ranger son Nimbus 2000 dans le hangar à balais. Jamais il ne s'est senti aussi heureux. Cette fois, il a véritablement fait quelque chose dont il peut être fier. Arrivé devant le hangar à balais, Harry regarde les fenêtres du château scintiller dans le soleil couchant. Gryffondor est en tête du championnat. Il a réussi cet exploit. Il a affronté Rogue... À propos de Rogue... Harry voit une silhouette encapuchonnée descendre rapidement les marches du château. Il semble que cette personne ne veut pas être vue. La silhouette file en direction de la Forêt interdite et Harry reconnait sa démarche. C'est Rogue. Que va-t-il faire dans la forêt pendant que tout le monde dîne ? Harry enfourche son Nimbus 2000 et décolle. Glissant silencieusement audessus du château, il voit Rogue pénétrer dans la forêt au pas de course et il décide de le suivre. Mais les arbres sont trop touffus et il ne voit pas quelle direction prend Rogue. Il décrit des cercles au-dessus de la forêt en volant de plus en plus bas. Lorsqu'il arrive à la hauteur de la cime des arbres, il entend des voix. Il s'oriente alors dans cette direction et atterrit sans bruit dans les branches d'un grand hêtre.

132

Il s'accroche à l'une des branches, le balai serré contre lui et tente de voir à travers le feuillage. Au-dessous, il voit Rogue debout dans une clairière. Mais il n'est pas seul. Quirrell est avec lui. Harry ne parvient pas à distinguer son visage, mais son bégaiement a empiré. Harry tend l'oreille pour s'efforcer d'entendre ce qu'ils se disent. — ...ne sais pas pour... pourquoi v ... v... vous avez te... tenu à me v... v.. . voir ici, Severus. — Il vaut mieux que notre conversation reste confidentielle, répond Rogue d'une voix glaciale. Après tout, les élèves ne sont pas censés connaître l'existence de la Pierre philosophale. Harry se penche en avant. Quirrell marmonne quelque chose, mais Rogue l'interrompt. — Vous avez trouvé comment faire pour passer devant cette bestiole sans se faire dévorer ? demande-t-il. — M... M... mais, Severus... Je... — Vous ne voudriez quand même pas que je devienne votre ennemi, Quirrell ? lance Rogue en faisant un pas en avant. — Je... je... ne comprends pas ce... ce que vous... — Vous comprenez parfaitement ce que je veux dire. — M... mais... Je... je ne... — Très bien, l'interrompt Rogue. Nous aurons bientôt une autre conversation, lorsque vous aurez eu le temps de réfléchir et de choisir votre camp. Rogue s'enveloppe alors dans sa cape et quitte la clairière. Il fait presque nuit, à présent, mais Harry voit tout de même la silhouette de Quirrell, resté immobile au même endroit. — Harry ! Où étais-tu passé ? s'écrie Hermione. — On a gagné ! Tu as gagné ! On a gagné ! exulte Ron en donnant à Harry de grandes tapes dans le dos. Tout le monde t'attend dans la salle commune,

133

on a fait une fête, Fred et George ont réussi à voler des gâteaux et des tas d'autres trucs dans la cuisine. — On verra ça plus tard, dit Harry d'un ton précipité. Allons dans un endroit tranquille, j'ai plein de choses à vous dire... Il se rendent dans une salle vide et ferment la porte derrière eux. Harry leur raconte alors ce qu'il vient de voir. — On avait deviné juste. Il s'agit bien de la Pierre philosophale. Rogue essaye de la voler et il veut obliger Quirrell à l'aider. Il y a sûrement d'autres choses qui gardent la Pierre en plus de Touffu. Des tas de sortilèges, probablement, et Quirrell doit connaître les formules magiques pour les neutraliser. — Ce qui veut dire que pour protéger la Pierre, il faut que Quirrell tienne tête à Rogue, dit Hermione, inquiète. — Dans ce cas, elle aura bientôt disparu... conclut Ron.

134

135

136

137

............................................................................................................................... 5 ÎT ................................................................................................................... 11 ...................................................................................................... 17 É .................................................................................................................. 23 .............................................................................................................. 29 ¾.................................................................................................... 39 ................................................................................................................ 49 Î

.............................................................................................................. 61 ............................................................................................................................ 71 ................................................................................................................................. 85 .............................................................................................................. 99 ..................................................................................................................... 111 ....................................................................................................................... 127

138

Get in touch

Social

© Copyright 2013 - 2024 MYDOKUMENT.COM - All rights reserved.