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Figaro Quotidien 02 juillet 2022
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samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro - N° 24 218 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Dernière édition

lefigaro.fr « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

Andrea Marcolongo

Jean-michel Jarre

« La disparition des langues anciennes nous coupe de tout rapport à la culture » Page 14

« L’Europe doit se doter de son propre métavers » Page 22

Remaniement, majorité : l’exécutif cherche la solution

Droite

« Restez unis ! » : le message de Christian Jacob, qui quitte la tête de LR PAGE 3

Défense

Nouveau gouvernement, discours de politique générale… Emmanuel Macron prépare avec Élisabeth Borne une semaine décisive qui doit lui permettre de lancer enfin le quinquennat.

La guerre en Ukraine a aussi transformé le renseignement occidental

Fini le temps des consultations. Après deux semaines d’échanges avec les oppositions, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne doivent désormais trouver les conditions d’une sortie de crise politique.

PAGE 6

Entretien

Mgr de MoulinsBeaufort : « Le pape a le souci de l’unité » PAGE 7

l’Assemblée nationale. La première ministre a également présenté au président de la République les conclusions de ses entretiens avec les chefs de file des forces politiques, avec lesquelles elle doit

Les deux têtes de l’exécutif se sont rencontrées vendredi pour évoquer le prochain remaniement gouvernemental, un exercice de funambule devant tenir compte de la parité et des nouveaux équilibres à

composer pour élargir sa majorité au Palais Bourbon. Élisabeth Borne sera-t-elle en position de se soumettre à un vote de confiance à l’issue de sa déclaration de politique générale, qui sera prononcée

è Ministres à remplacer, parité... Le nouveau casse-tête du remaniement è Les Français veulent soumettre la première ministre au vote de confiance è De la semaine du législatif à celle de l’exécutif Pages 2, 3 et l’éditoriaL

océans

La Grande Boucle fait un tour par le Danemark

À Roscoff, 150 ans de surveillance de l’environnement marin PAGE 9

agriculture

En France, la récolte de blé 2022 devrait être satisfaisante

n

n

n

PAGES 13 à 15

@

FIGARO OUI FIGARO NON

Réponses à la question de vendredi : Êtes-vous satisfait de l’élection d’Éric Coquerel à la présidence de la commission des finances de l’Assemblée nationale ?

OUI 15 %

NON 85 %

TOTAL DE VOTANTS : 226 831

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Autre

un

Demain

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Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Jugez-vous positif le bilan de Macron à la tête du Conseil de l’Union européenne ? ILLUSTRATION FABIEN CLAIREFOND ; François BOUCHON/Le Figaro

Le Belge Yves Lampaert a remporté la première étape du Tour de France 2022, un contre-la-montre disputé à Copenhague. La Grande Boucle reste jusqu’à dimanche au Danemark. PAGE 10

Entre Poutine et Macron, six mois de diplomatie du téléphone Entourés de leurs conseillers les plus proches et de leurs traducteurs, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont appelés vingt fois, du 14 décembre 2021 au 28 mai dernier. Leurs échanges n’ont jamais duré moins d’une heure. Ces « corps-àcorps » entre les deux présidents, selon l’expression d’une source diplomatique, ont parfois été glaçants, souvent « épuisants », rarement productifs. Pages 4 et 5

éditorial par Yves Thréard [email protected]

L

Vivement mercredi !

ui que l’on connaissait volontiers disert se fait de plus en plus bref dans ses messages. Le macronisme serait-il devenu un laconisme ? Bien malin celui qui peut en effet dire aujourd’hui ce que le président de la République a dans la tête. Après une campagne électorale expédiée à la va-vite, seules quelques interventions elliptiques ont suivi sa victoire. Et c’est à sa première ministre qu’il confie à présent le soin de nous en dire plus. Ce sera, en principe, mercredi si rien ne bouge d’ici là. Il y a cinq ans, Édouard Philippe n’avait pas eu cette chance, puisque Emmanuel Macron lui avait coupé l’herbe sous le pied en s’exprimant devant le Congrès, convoqué à Versailles, la veille de son discours de politique générale. Les temps changent. Le chef de l’État serait-il moins sûr de lui ? Que va nous dévoiler Élisabeth Borne ? Mystère et boule de gomme. Il y a pourtant urgence. Le pouvoir exécutif est tellement affairé à ses problèmes de majorité et de casting gouvernemental que les dossiers de fond semblent passer au second plan. Il est vrai que manque l’essentiel : la feuille de route et des ministres en capacité d’agir en conséquence. Le feu couve à l’hôpital et la

pandémie revient en force, sauf que Brigitte Bourguignon, battue aux législatives, n’est pas encore remplacée ! L’Éducation nationale se lézarde et aurait besoin d’un régime de choc, mais son ministre ne trouve rien de mieux que de faire de l’entrée de l’écologie dans les programmes une priorité ! Quant à Bruno Le Maire, on se demande combien de temps il va pouvoir faire du « quoi qu’il en coûte » sans l’avouer tout en tirant la sonnette d’alarme sur l’état déplorable des finances publiques ! On a coutume de dire que la rentrée sera chaude. Cette fois, la température monte dès avant les vacances. Dans les gares et les aéroports, l’heure est déjà à la grève. Emmanuel Macron, qui se veut le maître des horloges, est rattrapé par le temps. Formation d’un nouveau gouvernement, discours de politique générale, peut-être vote de confiance… La semaine à venir s’annonce certes décisive, mais le couple exécutif a sans doute plus à craindre des colères du pays que des humeurs de l’Assemblée. ■

Le macronisme serait-il devenu un laconisme ?

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ISSN 0182.5852

C

n

GONZALO FUENTES/REUTERS

champs libres

PAGEs 18 et 19

Les « kidnappés » japonais de la Corée du Nord La tribune de 13 professionnels de la santé à propos de la réforme sur la fin de vie La chronique de Mathieu Bock-Côté La tribune de Sylvain Waserman

mercredi dans les deux Chambres ? C’est en tout cas le souhait des oppositions et de 66 % des Français, selon le sondage réalisé par OdoxaBackbone Consulting pour Le Figaro.

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro

l'événement

Macron et Borne : week-end studieux avant semaine décisive

François BOUCHON/Le Figaro

2

Le chef de l’État s’occupe des Français en permanence : le jour, la nuit (…), il est tout le temps au service des Français, et encore plus quand il n’est pas là puisqu’il va sur les terrains où se jouent les causes des problèmes que nous rencontrons en ce moment

Le président de la République et la première ministre veulent pouvoir lancer rapidement le second quinquennat, suspendu depuis fin avril. arthur berdah £@arthurberdah

LE VOILÀ débarrassé de l’un de ses costumes. Pas le plus encombrant, certes, mais quand même. En revenant à Paris dans la nuit de jeudi à vendredi, après une semaine de sommets interna­ ­ tionaux, Emmanuel Macron a abandonné derrière lui la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Au terme d’un semestre lancé au pas de charge puis percuté par la guerre en Ukraine, le chef de l’État a symboliquement passé le relais à la République tchèque. Le tout, fort d’un bilan tricolore plutôt positif, et unanimement salué. ­ Soit l’exact inverse de la scène ­intérieure, où l’exécutif est plus fragilisé que jamais depuis le ­revers ­essuyé par la majorité aux élections législatives. Ces difficultés ont fait l’objet d’un rendez-vous entre Emmanuel Macron et Élisabeth Borne, à ­l’Élysée vendredi. Chargée par le chef de l’État de consulter l’ensemble des présidents des différents groupes de l’Assemblée nationale,

»

Olivia Grégoire, porte-parole du gouvernement, sur lci, vendredi

QUESTION : Selon vous, après les résultats des élections

NSP 1%

Un nouveau gouvernement d’action sera nommé dans les premiers jours du mois de juillet



emmanuel macron, le 25 juin

concerne ­ensuite le Rassemblement national, dont l’attitude « construcrevendiquée par Marine Le tive » ­ Pen place la macronie en porte-àfaux et lui fait craindre d’être prise au piège de la normalisation. Des discussions un peu plus nuancées pour ce qui concerne enfin Les Républicains, seule force capable ­ de jouer un rôle de bascule, et ouverte à l’idée de discussions sur certains textes.

tenir compte du résultat des élections législatives pour décider de la politique qu’il mènera ?

E. Borne doit rester première ministre

51 %

48 %



QUESTION : Emmanuel Macron va-t-il selon vous

législatives, Elisabeth Borne doit-elle rester première ministre ou bien Emmanuel Macron doit-il nommer un nouveau premier ministre ? E. Macron doit changer de premier ministre

la première ministre lui a restitué le bilan de ses trois jours d’échanges. Des discussions rapidement expédiées pour ce qui concerne d’abord la Nupes, qui a décidé de s’inscrire dans une opposition franche et qui rêve de renverser le gouvernement. Des discussions nettement plus compliquées, pour ce qui

Oui, certainement

% OUI 43 %

dinah cohen £@DinahCohen

Non, probablement pas

37 %

Non, certainement pas

% NON 56 %

19 % 1%

Borne engage sa responsabilité et celle du gouvernement en se soumettant à un vote de confiance le 5 juillet ? Pour l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, E. Borne prononcera son discours de politique générale le 5 juillet à l’Assemblée nationale. À l‘issue de ce discours, elle peut décider de se soumettre au vote de confiance par lequel les députés décident d'accorder ou non leur confiance au gouvernement et à la Première ministre, un résultat négatif impliquant leur démission.

OUI

66 % 32 %

NON

2%

NSP

Étude réalisée par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par internet les 29 et 30 juin 2022. Échantillon de 1 005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Auprès de l’ensemble des Français, la marge d’erreur s’établit, selon le score visé, entre 1,4 et 3,1 points.

Emmanuel Macon a chargé Élisabeth Borne de consulter, cette ­ semaine, tous les présidents de groupe de l’Assemblée afin de trouver une majorité élargie. GONZALO FUENTES/REUTERS

horloges » pour le temps long - ou son incapacité à se décider, c’est selon - ; et ­surtout l’ampleur du changement de casting annoncé, eu égard à la claque ­ reçue le 19 juin dernier. Pour l’heure, les députés et les sénateurs ne savent donc pas qui siégera face à eux, sur le banc des ministres, pour le discours de politique générale d’Élisabeth ­ Borne, prévu le mercredi 6 juillet

Les Français veulent soumettre la première ministre au vote de confiance

36 %

Oui, probablement

NSP

QUESTION : Vous-même, souhaitez-vous qu’Elisabeth

7%

Car deux semaines après la sanction des urnes, et le refus des Français de laisser les mains libres à l’exécutif, c’est bien la piste du « cas par cas » qui semble s’imposer au sommet de l’État. ­ En clair, une négociation permanente avec les partis de gouver­nement que sont la droite et la gauche républicaines, afin de ­dégager des majorités évolutives selon les réformes à adopter. Une nouvelle donne qui suppose un changement d’approche radical, et constitue un véritable défi politique pour la « techno » ­ ­Élisabeth Borne. Challenge dont la semaine qui s’ouvre va d’ailleurs lui donner un premier avant-goût grandeur nature. Censées échanger tout le ­week-end durant, les deux têtes de l’exécutif ont laissé entendre à quelques-uns de leurs inter­ locuteurs récents que le rema­niement gouvernemental pourrait intervenir rapidement (lire ci-dessous). Ce que plusieurs proches d’Emmanuel Macron n’hésitent cependant pas à mettre en doute, connaissant à la fois l’attachement du « maître des

DEUX semaines après les résultats des élections législatives, la chef du gouvernement est à l’épreuve. Dans l’opinion, la première ministre marque toutefois des ­ points. Selon un sondage OdoxaBackbone Consulting réalisé pour Le Figaro, 51 % des Français souhaitent qu’elle demeure en ­ place. C’est neuf points de plus qu’il y a une semaine. Ce n’est pas pour autant un blanc-seing qui lui est accordé. Conscients que la démarche est risquée car elle pourrait mener à sa démission, les Français dans

leur majorité (66 %) estiment qu’Élisabeth Borne doit se ­ soumettre au fameux vote de ­ confiance, censé suivre selon la tradition républicaine le discours de politique générale qu’elle prononcera mercredi prochain ­ devant les députés.

Gouvernement « d’ouverture »

L’aspiration au changement est aussi réelle. Au-delà de Matignon, l’opinion publique (55 %) est demandeuse d’un large rema­ ­ niement ministériel, concernant notamment les ministères « les ­ plus importants ». Ils sont moins (40%) à vouloir que le changement

ne se limite qu’aux trois ­ministres battues aux élections l­égislatives, et de Yaël Braun-Pivet, partie pour le Perchoir. Il est aussi préférable pour 46 % des Français que le nouveau ­gouvernement soit ouvert à des personnalités venant d’horizons différents, sans qu’il y ait ­forcément un accord de coalition acté avec ces autres partis. Mais, visiblement pessimiste, l’opinion ne croit pas que tous ces scénarios se réaliseront : 56 % des personnes sondées estiment ainsi qu’Emmanuel Macron ne tiendra pas compte de la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale pour gouverner dans les cinq ­années à venir. ■

Ministres à remplacer, parité… Le nouveau casse-tête du remaniement

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A

Loris Boichot £@lboichot

LE CASSE-TÊTE recommence. En se retrouvant vendredi à l’Élysée, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne se sont penchés sur le remaniement de leur gouver­ ­ nement. Un exercice d’équili­ briste, tant il faut tenir compte du nouveau visage de l’Assemblée nationale - où ils ne disposent que de la majorité la plus étriquée de la Ve République - et des discussions menées trois jours durant par la première ministre et les chefs des forces politiques. Emmanuel Macron s’est fixé « début juillet » comme horizon. Ses arbitrages pourraient être rendus avant mercredi, jour de la déclaration de politique générale d’Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale. « En toute cohérence »,

« on peut imaginer » que le remaniement soit annoncé d’ici là, a indiqué vendredi sur LCI la porteparole du gouvernement, Olivia Grégoire. L’opération, veulent croire les macronistes, permettrait de mettre en ordre de ­marche le « gouvernement d’action » vanté dès mai, sans ­résultats à ce stade. Faut-il y voir un signe supplémentaire d’annonces imminentes ? À l’Assemblée nationale, les députés doivent commencer à discuter en commission des lois, mardi, du projet de loi sur la ­« sécurité sanitaire », en présence du ministre de la Santé. Peu imaginent voir arriver devant eux l’actuelle titulaire du portefeuille, Brigitte Bourguignon, alors qu’elle est donnée sur le départ après sa défaite dans le Pas-deCalais aux élections législatives.

Avec Amélie de Montchalin (Transition écologique) et Justine Benin (Mer), la ministre de la ­ Santé fait partie des trois membres ­ du gouvernement qu’Emmanuel Macron doit remplacer après leur échec au scrutin du 19 juin, selon la règle non ­écrite qu’il a décidé d’appliquer. S’ajoute à cette liste Yaël BraunPivet (Outre-mer), qui a démissionné pour accéder à la présidence de l’Assemblée nationale. Quatre femmes auxquelles il faut trouver des successeurs tout en respectant la parité visée par le chef de l’État.

Des postes non pourvus Recalés ? Confirmés ? En attendant le verdict, des ministres s’interrogent. « Il y a du flottement », admet l’un d’eux. Ceux à qui il a été demandé de préparer

On ne change pas la donne politique avec un remaniement un ministre

»

leur agenda de la semaine prochaine ont cru y voir le signe de leur maintien. Une chose est sûre : de nouveaux noms doivent allonger la liste des 28 membres du gouvernement. Ne serait-ce parce qu’il faut trouver des titulaires aux m ­ aroquins encore dépourvus de ministre à temps plein. C’est le cas des Transports, du Logement ou encore de la Ville. Emmanuel Macron doit trouver des profils capables de « travailler avec le Parlement » et « compétents sur fond », juge un membre de l’exécutif. Contrainte supplémentaire, il doit composer avec ses ­alliés du Mouvement démocrate (MoDem) et d’Horizons, déçus de leur place dans le premier gouvernement. Cette fois-ci, François Bayrou espère notamment voir ses députés Jean-Noël Barrot et de Sarah El Haïry être

gratifiés. Certains proches d’Édouard Philippe évoquent pour leur part le nom du maire de Reims (Marne), Arnaud Robinet, pour Horizons. Se pose aussi la question des transfuges, alors que Macron est sommé d’élargir sa majorité. Il n’a pas échappé à ses proches que les présidents de région Les Répu­ blicains Christelle Morançais (Pays de la Loire) et Jean Rottner (Grand Est) ont récemment manifesté leur envie de se montrer « constructifs ». Mais plusieurs macronistes ne se font que peu d’illusion sur la capacité d’Emmanuel Macron de renverser la table. Un ministre de premier plan se veut réaliste et minimise la portée des arbitrages attendus : « On ne change pas la donne politique avec un rema­ niement. » ■

le figaro

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

l'événement

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CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

De la semaine du législatif à celle de l’exécutif

A

prochain à l’Assemblée nationale et au Sénat. Intervention très attendue par les oppositions, à ­ l’issue de laquelle la première ­ministre n’a toujours pas indiqué si elle comptait ou non engager la responsabilité de son gouver­ nement, en se soumettant à un vote de confiance. Bien que facultatif - l’exercice relève uniquement de la tradition, et sept de ses prédécesseurs s’y

sont déjà soustraits avant elle -, Emmanuel Macron l’encourage plutôt à « prendre son risqu e» en s’y soumettant. Dans l’objectif, espère-t-il, qu’elle se mette en condition de n’avoir pas d’autre choix que de l’emporter. Si elle se dérobe, Élisabeth Borne abordera alors en position de faiblesse l’inévitable bataille de chaque instant que comptent lui livrer certains camps dans les semaines

près la semaine du Parlement, place à la semaine du gouvernement. Après avoir été braqués sur la mise en place des rouages du pouvoir législatif, les projecteurs vont se braquer sur la relance de ceux du pouvoir exécutif. Élection d’une femme, Yaël Braun-Pivet, au Perchoir, débuts tonitruants des mélenchonistes et apaisants des lepénistes, feuilleton de la commission des finances, l’attention a été d’autant plus accaparée par l’Assemblée nationale que le président de la République était à l’étranger. Emmanuel Macron a entendu les commentaires annonçant l’avènement d’un nouveau parlementarisme. Et l’idée qu’à un quinquennat de l’omniprésidence allait succéder un quinquennat de l’hyperparlement. Comme à son habitude, le chef de l’État laisse dire mais n’en pense pas moins. Si l’imprévu de cette séquence électorale le conduit à rééquilibrer sa manière de gouverner, ce n’est pas au profit du Palais Bourbon mais de Matignon. Certes, l’absence de majorité absolue le contraint. Mais s’il va négocier avec les députés, c’est par obligation, alors que s’il va associer, sans doute davantage qu’imaginé, sa première ministre, c’est par volonté. Cette situation institutionnelle inédite va placer l’exécutif en situation de discussion permanente avec le législatif, ce qui n’est ni dans les prérogatives constitutionnelles ni dans le tempérament personnel du chef de l’État. Et si, de son côté, Élisabeth Borne n’a pas un goût spontané pour la mise en avant, elle a un penchant naturel pour la négociation de précision. Cette implication du quotidien

et les mois à venir. Si elle y parvient, en revanche, elle ­ prouvera qu’elle a réussi une ­ partie de sa mue, et qu’elle est ­ prête à entrer de plain-pied dans le second quinquennat. Mandat qui semble comme suspendu depuis la réélection ­ d’Emmanuel Macron fin avril, et qu’il y a désormais urgence à lancer, tant les chantiers sont ­ nombreux et protéiformes. ■

va peut-être conduire Macron à prendre plus de distance et redevenir l’homme « en charge de l’essentiel », donnant l’impulsion mais délégant l’exécution. Ce sont donc deux événements gouvernementaux qui vont dominer la semaine à venir. Le remaniement d’abord. Il s’agira bien d’une retouche de l’équipe Borne I, pas de la constitution d’une équipe Borne II puisque, la démission de la première ministre n’ayant pas été acceptée, celle-ci n’a pas été renommée. Juste confirmée. Toute perspective de coalition étant désormais exclue, il ne faut pas s’attendre à une architecture nouvelle. Des battus à remplacer et des vides thématiques à remplir. Ce remaniement visera à distinguer une quinzaine de nouveaux, pas à recomposer. Le second événement sera le discours de politique générale d’Élisabeth Borne. Plus que le vrai-faux suspense sur le vote de confiance - si elle le demande, c’est qu’elle est assurée de son issue, si elle ne le demande pas, la censure sera de toute façon repoussée -, l’important sera le contenu de son discours. Avant de savoir comment elle fera passer ses textes, la première ministre doit arriver avec une besace de projets débordante. Si mercredi, elle crée un effet surprise sur le fond, alors l’exécutif peut espérer reprendre la main. Sinon… ■

« Restez unis ! » : le message de Christian Jacob, qui quitte la tête de LR LE PRÉSIDENT des Républicains quitte ses fonctions et tourne une page de vingt-huit années de ­combat politique à droite. LE FIGARO. - Quelle lecture faites-vous de ce qui s’est passé cette semaine au Palais Bourbon ? Christian JACOB. - Malheureu­sement, nous n’étions pas en ­situation de pouvoir maintenir nos ­postes après nos résultats aux élections présidentielle et législatives. Mon regret est la responsabilité très lourde du chef de l’État. Il a fait le choix délibéré d’instrumentaliser le Rassemblement national et ­l’extrême gauche. Les LR occupent désormais une position clef dans l’Hémicycle. Quelles sont les exigences de la droite à l’égard d’Emmanuel Macron ? J’ai toujours été très clair : il n’était pas question d’accords de boutiquiers. Son quinquennat a été un échec. Désormais, nous jugerons sur pièce. Que répondez-vous à la nouvelle présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, quand elle appelle, dans les colonnes du Figaro au « dépassement des clivages » ? Je ne demande qu’à la croire et à lui faire confiance mais les groupes macronistes ont fait rigoureusement le contraire pendant cinq ans. Le nouveau monde s’est effondré et nous voyons le résultat.

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Demain

Les députés LR ont été fortement bousculés par le RN aux législatives. Quelle leçon la droite doit-elle en tirer ?

C’est d’abord le résultat du choix présidentiel que d’avoir désigné les extrêmes comme ses inter­ locuteurs. Mais il y a un message des Français à entendre et à retenir. Et c’est à partir de là que nous ­pourrons reconstruire. Pourquoi avez-vous décidé de mettre un terme à votre présidence LR ? Pour deux raisons, personnelle et politique. Il y a cinq ans, j’avais décidé avec mon épouse que ce ­ ­serait mon dernier mandat. C’est une décision mûrie. J’ai exercé presque tous les niveaux de responsabilité : président de commission, président de groupe, ministre trois fois, président du parti… Si j’ai pu faire tout cela avec engagement et passion, c’est parce que la Répu­blique est belle. Elle a permis à quelqu’un comme moi, qui avait arrêté ses études à 17 ans avec un BEP agricole, puis démarré dans la vie professionnelle avec une exploitation de 6 hectares et 25 vaches laitières, de pouvoir faire ce ­ ­parcours. C’est pour cela que je ne supporte pas que l’on abîme la République, comme l’a fait ­ Emmanuel Macron. Les Répu­ ­ blicains ont vocation aujourd’hui à ­toutes les qualités nécessaires pour montrer qu’entre le marigot ­­ plusieurs raisons. Il a été solide dans d’En marche ! et les extrêmes, il y a l’adversité. Peu de responsables une autre voie républicaine à politiques auraient eu le courage construire sur le temps. Et la qu’il a eu au moment de l’échec coldeuxième raison est politique. Nous lectif des européennes. Il a accepté devons nous débarrasser définitid’en assumer seul la responsabilité vement des primaires, que j’ai alors qu’il n’était pas tête de liste. Il d’ailleurs sorties des statuts LR, et a donné une deuxième leçon de mon successeur doit avoir vocation courage et d’humilité en retournant à être candidat en 2027. chez lui en Auvergne-Rhône-Alpes pour se consacrer pleinement à sa région, l’une des plus grandes Nombre d’élus et de militants de France. Le résultat est là : sur attendent une incarnation à droite. 61 députés LR, un tiers sont issus de Laurent Wauquiez est-il l’homme ce territoire. Cela montre sa capa­de la situation ? cité à reconstruire en partant du D’autres candidatures sont possiterrain. Il a aussi une expérience bles mais de mon point de vue, ministérielle, sait ce que représente Laurent est celui qui rassemble ­

la gestion d’un parti et il a toujours agi avec droiture sans jamais se planquer. Est-il prêt pour relever le défi ? Cette décision lui appartient. Il est dans une période de réflexion, ce qui est sain. Pour lui aujourd’hui, il y a un alignement des planètes et un soutien très fort des militants. Mais reconstruire en visant 2027 ne peut relever que d’un choix personnel.

Mettez-vous fin au combat politique ? Oui, je resterai militant, à dispo­sition de qui voudra pour échanger mais je ne reste pas dans la politique active. J’ai pris soin de préparer mes successions partout, à la mairie de Provins, sur mon intercom­ munalité, dans ma 4e circons­cription de Seine-et-Marne. N’ayant plus aucun mandat, je n’ai plus aucune légitimité pour exercer une responsabilité directe.

Comment avez-vous vécu vos dernières divergences d’analyses avec Nicolas Sarkozy concernant le positionnement des Républicains à l’égard d’Emmanuel Macron ? Sur trente années d’histoire poli­tique avec Nicolas Sarkozy, nous avons connu des situations tendues. À l’époque Chirac-Balladur, on ne faisait pas dans la dentelle, pas plus que durant l’épisode Chirac-Sarkozy. Mais ces rapports de force et ces divergences, qu’il faut savoir assumer, nous ont aussi permis de construire des liens d’amitié, que j’assume totalement et qui existent encore. Lui comme moi avons toujours été très francs l’un envers l’autre. Mais parfois, quand il y a des oppositions, il faut trancher. Avec Guillaume Peltier ou d’autres, je n’ai pas tergiversé. Quand j’ai considéré que la ligne rouge était franchie, l’affaire s’est réglée dans l’heure. Mais concernant Nicolas Sarkozy, c’est bien sûr d’un autre niveau, je n’oublie pas qu’il a été un très grand président et j’espère continuer à le voir.

Quels sont vos projets ? Je pars dimanche à Londres pour y suivre un mois d’anglais intensif, sur le rythme de sept heures de pratique quotidienne ! J’en rêvais depuis longtemps car j’ai toujours vécu l’impossibilité de parler cette langue comme une frustration, même si j’ai deux petits enfants franco-britanniques installés en Angleterre. Ensuite, je prendrai un vrai mois de vacances, ce qui ne m’est jamais arrivé. Après, je reprendrai probablement une activité dans le secteur privé, à l’automne.

En quittant ce bureau, rue de Vaugirard, qu’avez-vous envie de dire aux militants et aux élus ? Restez unis ! Je pars serein, la ­maison est en ordre. Et souvenonsnous des personnalités du RPR : la fibre sociale de Philippe Séguin, le régalien de Charles Pasqua, la sensibilité européenne d’Alain ­ Juppé, la jeunesse soulevée par ­ Nicolas Sarkozy, les qualités de ­ rassembleur de Jacques Chirac… ­ Tous étaient des phares. Aujourd’hui, il nous faut un phare. ■



Je resterai militant, à disposition de qui voudra pour échanger, mais je ne reste pas dans la vie politique active



« Je pars serein, la maison est en ordre », confie Christian Jacob. François BOUCHON/ Le Figaro

Quel bilan faites-vous de votre action à la tête des Républicains ? Ma plus grande satisfaction est d’avoir pu rassembler la famille LR dans un contexte explosif.

A

PROPOS RECUEILLIS PAR

Emmanuel Galiero [email protected]

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro

International

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Les coulisses de la diplomatie du téléphone entre Macron et Poutine

Le chef de l’État a eu une vingtaine de conversations avec le président russe, visant à « sonder ses intentions ». mais à Paris l’humeur est grave. « Nous étions très inquiets pour Zelensky et pour les siens », explique la source diplomatique qui relate la conversation entre les deux chefs d’État. C’est, dit-il, pour pouvoir leur prêter assistance en cas de besoin que l’ambassade de France a été maintenue à Kiev jusqu’au 28 février, avant d’être transférée à Lviv.

Isabelle LAsserre £@ilasserre

Guerre en Ukraine De sa citadelle assiégée, protégé par les murs rouge sang du Kremlin et par les ors bienveillants de la cathédrale orthodoxe Saint-Basile, dans le huis clos de son clan issu de l’aile dure du KGB, Vladimir Poutine fait aussi la guerre à l’Ukraine par téléphone. « Je sais que Zelensky est terré dans son bunker comme Hitler. Mais je sais où est son bunker… Soit je rase l’Ukraine, soit je coupe sa tête politique. » Dans cet échange téléphonique avec Emmanuel Macron, au tout début de la guerre, Vladimir Poutine, comme s’il était pris d’un accès de folie délirante, ne parle que « des nazis qui défilent à Kiev ». Il fait part au président français de son « obsession » pour les tatouages nazis dont tous les Ukrainiens seraient recouverts « des pieds à la tête » et de la « nécessité » de « dénazifier » l’Ukraine. « C’est vrai que les miliciens de Wagner, eux, sont des enfants de chœur et qu’ils n’ont pas de tatouages nazis ! Je vais t’envoyer leurs photos et j’espère que tu feras la même chose avec eux ! », répond en substance Emmanuel Macron. Le ton se veut humoristique

Isabelle Dumont, le chef d’étatmajor particulier du président (CEMP), l’amiral Jean-Philippe Rolland, la conseillère en communication internationale, Anne Sophie Bradelle et une traductrice, toujours la même. Quand Vladimir Poutine prend la parole, et pendant tous ses longs monologues ponctués de reproches à l’Occident, de relecture de l’histoire et de mensonges grossiers, les conseillers de l’Élysée appuient sur la touche « mute » du téléphone et commentent pour le président les propos du maître du Kremlin. Côté russe, autour du « tsar » Vladimir Poutine, le conseiller du président Iouri Ouchakov, principal contact de l’Élysée, une traductrice et sans doute d’autres témoins dont l’Élysée ne connaît pas forcément le nom… Mais on imagine facilement leurs expressions… Les coups de fil entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine n’ont jamais duré moins d’une heure. Les « corps-à-corps » entre les deux présidents, selon l’expression d’une source diplomatique, ont parfois été glaçants, souvent « épuisants », rarement productifs. En général, les rendez-vous téléphoniques, initiés par l’Élysée, sont programmés la veille pour le lendemain.



C’est vrai que les miliciens de Wagner, eux, sont des enfants de cœur et qu’ils n’ont pas de tatouages nazis !



Emmanuel macron à Vladimir poutine, selon une source diplomatique

C’est l’une des 20 conversations téléphoniques qui ont eu lieu entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine depuis le 14 décembre 2021. À force, les deux chefs d’état ont fini par bien se connaître. À l’Élysée, dans le bureau du président, autour du téléphone, toujours les mêmes témoins : le conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, la conseillère diplomatique adjointe, Alice Rufo, la conseillère Russie,

Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue russe, Vladimir Poutine, en juin 2020, lors d’un entretien en visioconférence. MICHEL EULER/AFP

Mais le 20 février, quatre jours avant la guerre, quand la tension était à son comble, Vladimir Poutine a répondu à un appel spontané d’Emmanuel Macron à 1 heure du matin. Il était 3 heures à Moscou, mais le président russe, qui se lève tard le matin, veille toujours jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il arrive aussi que ce soit le « tsar » du Kremlin qui prenne l’initiative. Ce fut le cas par exemple le 21 février, quand Vladimir Poutine a annoncé à Emmanuel Macron qu’il allait reconnaître l’indépendance des oblasts (provinces) de Louhansk et de Donetsk, dans le Donbass. La conversation, qui précédait un appel au chancelier allemand, avait commencé par ces mots : « Je pense que tu ne vas pas vouloir me reparler tout de suite… » Et voilà ce qu’Emmanuel Macron lui avait ré-

pondu, en substance : « C’est inadmissible pour la communauté internationale et non conforme à toutes les règles internationales, dont les accords d’Helsinki. » À Paris, le message est clairement interprété : Vladimir Poutine est en train de tuer les accords de Minsk, au moment précis où les Ukrainiens donnaient des gages de bonne volonté… La diplomatie française du téléphone est souvent critiquée par les pays d’Europe centrale et orientale, ceux qui ont vécu dans leur chair l’occupation soviétique et redoutent toujours les pulsions impériales de l’ours russe. « On ne débat pas, on ne négocie pas avec les criminels… Personne n’a négocié avec Hitler. Est-ce que vous négocieriez avec Hitler, avec Staline, avec Pol Pot ? », avait lancé, début avril, le premier ministre polonais

À « Petite Catherine », les habitants tiraillés entre leur russophilie et leur aver Louhansk

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Territoires annexés ou occupés par Moscou avant le 24 février

Territoires et villes contrôlés par les Russes depuis le 24 février

Pierre Avril £@PierreAvril_

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Envoyé spécial à Malokaterynivka

À L’ÉGARD des Russes, Tatiana Nikolaevna a l’attitude d’une mère attentive, déçue et attristée par le comportement déviant de son enfant. Le toit de sa maison, recouvert en partie d’une bâche noire, a été soufflé le 24 juin par un éclat d’obus tombé dans le jardin de son voisin. Elle ne comprend pas comment ce peuple « ami » s’est laissé entraîner dans un tel déchaînement de violence. « Pourquoi tout ça, au XXIe siècle, dans la maison où j’ai grandi ? Pourquoi ils sont venus ici ? Moi je ne suis pas allée là-bas ! Ce n’est pas très positif, c’est même négatif », juge cette aide-soignante au milieu des débris dans son jardin envahi d’herbes folles. Certains des plus proches parents de Tatiana vivent en Russie et elle-même porte un nom parfaitement russe. « Les gens russes ne sont quand même pas coupables de ce qui se passe », tente-telle de se persuader. Avant de lâcher : « Tout ça c’est de la politique et je n’ai

100 km

Source : Wikipédia

SITUATION MILITAIRE LE 1ER JUILLET

Infographie

Simféropol Sébastopol

pas envie d’en parler. » La fonctionnaire a échappé au pire : la nuit de la frappe, elle était de service à l’hôpital de Zaporijjia, grande cité du centre-est du pays. Son village de 3 000 âmes, Malokaterynivka (Petite Catherine), concentre toute l’ambiguïté d’une Ukraine orientale, originellement tournée vers Moscou, avant d’être prise à revers par cette guerre d’agression. Le bourg a été ainsi baptisé en 1777, en référence à Catherine II. La légende locale veut que l’impératrice s’y arrêtât sur la route qui la menait de Saint-Pétersbourg jusqu’à la Crimée. Plus réellement, la Grande Catherine a fait don de ces terres fertiles à son confident et amant, le prince Potemkine, qui lui-même les céda à sa nièce et amante, Ekaterina von Engelhart. Cette dernière, la Petite Catherine, fut d’ailleurs la dame de compagnie préférée de la Grande. La régente, enfin, a donné son nom à la ligne de chemin de fer - rebaptisée ligne Staline en 1936 – qui relia durant 140 ans Dnipro à la Simferopol, la capitale de la Crimée annexée.

Le mémorial des pilotes élevé par Malokaterynivka en l’honneur de ses héros de la Seconde Guerre mondiale. À Malokaterynivka, l’héritage des siècles est lourd à porter. Le village forme un cul-de-sac, au sud duquel un no man’s land s’étend sur 40 kilomètres jusqu’au territoire contrôlé par Moscou, au nord de Melitopol. À la sortie du village, la route est bloquée par des herses. Bien que lointain le bruit de la canonnade effraie les enfants et la fameuse ligne ferroviaire, visible derrière les roseaux qui bordent le Dniepr, est à l’arrêt. Pour raconter cette histoire entremêlée, Lioudmila Volik débute avec la visite du mémorial des pilotes : sept enfants du village qui se sont illustrés dans les airs durant la Seconde Guerre

mondiale. Leurs plaques commémoratives sont alignées sous l’aile d’un avion à l’emblème étoilé de l’Armée rouge. Pour célébrer le début des vacances, les enfants de l’école municipale se sont réunis le 1er juin devant la maquette du bimoteur, comme chaque année. Officiellement, Lioudmila Volik est starosta, un terme russe qui, à l’époque impériale, désignait le paysan chef de la communauté rurale. Dans les faits, la maire du village explique que l’un des pilotes, Mikhaïl Kosa, fut fait héros de l’Union soviétique avant d’être fusillé en 1950. C’était l’époque où Staline éliminait les traîtres imaginaires soup-

Alexandre Pintchouk

çonnés de collaboration avec les nazis. Le pilote fut réhabilité après la mort du tyran, après que Khrouchtchev céda la Crimée à l’Ukraine. Cet épisode est rappelé par une plaque fixée sur le mur de l’école. Auparavant, Malokaterynivka fut libérée par l’Armée rouge le 14 octobre 1943 au terme de violents combats. Le nom de chacune des 950 victimes – un tiers de la population actuelle - est gravé sur un second mémorial sur lequel veille une statue de la mère en deuil, figure soviétique de l’hommage au soldat. Les symboles pèsent et aujourd’hui, « nous ne sommes plus très fiers de cette histoire russe », reconnaît Na-

le figaro

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International français était, selon une source à l’Élysée, « de faire tout ce qui était possible pour éviter le pire ». Y compris se rendre à Moscou, le 7 février, pour parler avec le maître du Kremlin, qui l’avait reçu à l’autre bout d’une immense table de plusieurs mètres. Non pas pour « faire un pari sur la Russie et sur Vladimir Poutine » mais pour « servir les nécessités françaises et européennes ». Aux premiers jours de la guerre, alors que « le pire » n’avait pas pu être évité, le président français a multiplié les « messages d’urgence » à Vladimir Poutine. « Arrête, c’est encore possible. Sinon tu vas être mis au ban de la communauté internationale », disait-il en substance. « Tu as pris une décision très grave qui va nous séparer pendant très longtemps. Je prendrai les décisions nécessaires. Je n’aurai aucune faiblesse. » Mais tous ses efforts se sont heurtés à des murs, des mensonges ou des volte-faces.



Ils ont accédé au pouvoir par un coup d’État, il y a eu des gens brûlés vifs, c’était un bain de sang !

Mateusz Morawiecki au président français. Les plus modérés reprochent à Emmanuel Macron ses erreurs d’analyse sur la nature du régime de Vladimir Poutine, l’utilisation trop précoce d’expressions qui heurtent, comme la volonté de « ne pas humilier la Russie », alors que la guerre ne laisse pour l’instant aucune place à la négociation. Les appels à Vladimir Poutine ne servent selon eux qu’à « légitimer » le maître du Kremlin, toujours prompt à creuser les divisions européennes. Ils révèlent, selon eux, une « traditionnelle ambiguïté » supposée de la politique russe de la France. La méthode d’Emmanuel Macron est aussi jugée inefficace. Le bilan des échanges téléphoniques, effectivement, est maigre. Avant la guerre, le but du président



vladimir poutine à emmanuel macron à propos du gouvernement ukrainien

Les concessions que pensait avoir obtenues le président français au Kremlin, notamment la fin des exercices militaires en Biélorussie, ont volé en éclats à peine son avion avait-il redécollé de Moscou. Le 20 février, quelques jours avant la guerre encore, Emmanuel Macron avait, avec l’accord du président américain, proposé à Vladimir Poutine une rencontre à Genève avec Joe Biden. Comme souvent, l’échange fut d’abord un dialogue de sourds, avec un Vladimir Poutine niant la légitimité du gouvernement ukrainien. « Ils ont accédé au pouvoir par un coup d’État, il y a eu des gens brûlés vifs, c’était un bain de sang et Zelensky est l’un des responsables ! » Après s’être longuement fait prier, après avoir écouté les répon-

ses du président – en substance : « C’est faux, les Ukrainiens n’ont rien fait » -, le maître du kremlin avait donné son « accord de principe », du bout des lèvres et à contrecœur, entre une séance de gym et une partie de hockey sur glace, pour que ses équipes travaillent avec celles de Macron à un texte conjoint. Mais le lendemain, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a enterré la proposition en y mettant de nouvelles conditions… Sujet après sujet, les tentatives d’Emmanuel Macron ont en grande partie échoué, qu’il s’agisse de la libération des combattants d’Azovstal, de la création de couloirs ­humanitaires ou de la sécurité alimentaire. Sauf peut-être l’exportation des céréales ukrainiennes des zones occupées, qui fut l’objet du dernier coup de téléphone à Poutine, le 28 mai, et qui a commencé à se concrétiser le 30 juin. Un sujet, un seul, en tout cas officiellement, n’a pas été évoqué ouvertement, car il est tabou, c’est celui d’une attaque nucléaire. « Mais Vladimir Poutine a laissé entendre qu’il ne déclencherait pas la troisième guerre mondiale », assure un diplomate. Le président russe s’est aussi rarement appesanti sur les sanctions économiques. Sauf pour affirmer, « d’un ton détaché », qu’il suffirait de les lever « pour que tout aille bien et redevienne comme avant ». Même sans résultats, l’Élysée a toujours considéré et considère encore que les échanges téléphoniques avec Vladimir Poutine sont utiles. Emmanuel Macron se défend de toute naïveté vis-à-vis du président russe. « Mais si on ne lui fait pas la guerre et qu’on ne lui parle pas, alors que fait-on ? », demande une source diplomatique. Les conversations avec Vladimir Poutine visent d’abord, explique-telle, à « sonder les intentions du président russe, à le débusquer, à saisir l’état d’esprit dans lequel il est ». Pour mieux anticiper ses actions et les réponses des Occidentaux. C’est en parlant avec Vladimir Poutine que le président français a pu ainsi saisir l’intensité et la profondeur de la haine que le maître du Kremlin voue à Volodymyr Ze-

Depuis que Poutine a pris le chemin de la guerre, on a essayé de s’adapter. On tente depuis fin février de le “débunkeriser”, de le ramener à la réalité. Il est important qu’Emmanuel Macron lui dise une autre vérité, pour qu’il puisse mesurer le coût de ses actions un diplomate

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lensky, le « comédien ». « Depuis que Poutine a pris le chemin de la guerre, on a essayé de s’adapter. On tente depuis fin février de le “débunkeriser”, de le ramener à la réalité. Il est important qu’Emmanuel Macron lui dise une autre vérité, pour qu’il puisse mesurer le coût de ses actions. Si on ne faisait de la diplomatie qu’avec les gens avec qui on est d’accord on ne parlerait pas à grand monde… », explique un diplomate. Il ajoute, à destination des pays d’Europe de l’Est : « Quant aux États européens qui critiquent la France, ils sont généralement les premiers, à nous demander de les débriefer sur Poutine pendant les rencontres internationales. » Vu de l’Élysée, les conversations avec Poutine visent aussi à « préparer l’avenir ». Un jour la paix reviendra et Paris conserve l’espoir que la France, et avec elle l’Europe, jouera grâce à ce canal maintenu ouvert, un rôle dans les négociations et la future architecture de sécurité du continent. « Il faut garder la capacité de parler à Vladimir Poutine pour préparer l’avenir », résume une source diplomatique. Ne serait-ce que parce que la position des Occidentaux – sanctions contre la Russie et soutien militaire à l’Ukraine – n’est pas partagée, loin de là, par les acteurs mondiaux. L’Afrique, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Amérique latine penchent plutôt du côté de Vladimir Poutine, ou au moins entendent rester neutres. La Turquie, membre de l’Otan, n’applique pas les sanctions. Les pays arabes du Golfe non plus. Le saoudien Aramco s’apprête à prendre la place de Total en Russie. Le Maroc ne vote pas les résolutions de l’ONU contre la Russie. « Même des pays alliés comme le Sénégal ne sont pas avec nous dans cette affaire. Il faut l’intégrer. On ne peut pas ignorer ces faits », argumente une source diplomatique. Mais il existe une autre raison, typiquement française celle-là, qui est aussi celle de l’Allemagne. Contrairement aux États-Unis, au Royaume-Uni, aux pays Baltes et à d’autres États d’Europe centrale et orientale qui voient dans la guerre

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en Ukraine une lutte des démocraties contre les dictateurs, Paris ne souscrit pas à une analyse jugée « trop simple » et « trop caricaturale ». « On ne peut pas être l’empire du bien contre le mal. Ça ne marche pas », affirme un diplomate. Même si les pays d’Europe orientale ont eu raison dans leur analyse du régime russe ? « N’oubliez pas qu’ils avaient eu tort en 2003 en soutenant l’invasion de l’Irak par George Bush… Pas nous ! », répond-il. À Paris, on continue à penser que la guerre en Ukraine doit se terminer « le plus vite possible ». En l’absence de négociations et d’accord, l’Ukraine risque, sous le poids d’une occupation de plus en plus grande, de se « désintégrer ». L’Europe, selon Paris, n’en serait que plus fragilisée et divisée. L’apaisement et les négociations : ce n’est pourtant pas vraiment le chemin que prend la guerre. Mais l’Élysée ne fait pas non plus de la diplomatie du téléphone un principe idéologique. Quand les événements l’exigent, par exemple après la découverte des massacres de Boutcha, en mars, elle a été interrompue. Les rendez-vous ont été annulés sine die. Et depuis le 28 mai, les deux présidents ne se sont plus parlé. Entretemps, Emmanuel Macron s’est rendu à Kiev pour y clarifier la position française et apaiser les tensions entre les deux pays. Chaque coup de fil avec Vladimir Poutine a toujours fait l’objet d’un débriefing avec Volodymyr Zelensky. Depuis le 10 décembre, les deux chefs d’État se sont parlé 31 fois ! Il est même arrivé plusieurs fois que le président ukrainien demande à son homologue français de s’entretenir avec Poutine, notamment pour lui suggérer une rencontre… Officiellement, même si Volodymyr Zelensky a fait part à Emmanuel Macron de son scepticisme vis-à-vis du dialogue franco-russe, il n’a pas demandé au président français de renoncer à ses coups de téléphone au Kremlin. Mais le fait est que depuis la visite de Macron à Kiev, le téléphone français n’a plus sonné au Kremlin… ■

sion pour la guerre de Moscou effacer l’héritage soviétique du pays, en faisant notamment démolir les statues de Lénine. « Nous sommes habitués à croire ce qu’ils racontent : avant, Lénine était un dieu, aujourd’hui il est mauvais. Je n’aime pas qu’on mette les choses cul par-dessus tête », regrette la sexagénaire qui considère par ailleurs Catherine II comme une femme à poigne, et refuse de condamner ses proches parents qui vivent en Russie et soutiennent Poutine. « La guerre, c’est la guerre », dit-elle écartant tout lien entre l’histoire de son pays et le conflit actuel. Récemment, Vladimir Poutine a qualifié Lénine « d’architecte » de l’Ukraine, oubliant de préciser que le leader bolchevik absorba de force le pays dans la Russie communiste.



Catherine II ? On nous a dit à l’école qu’elle était bien. Elle était russe, je crois… Mais on ne connaît pas bien l’histoire

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dezhda, la directrice de l’école. En revanche, dit-elle, « nous sommes fiers des Cosaques de Zaporijjia (zaporogues, défiant le pouvoir impérial, NDLR) qui peuplaient cette terre et dont Catherine II a éliminé la colonie ». L’enseignante résistante nous salue d’un « gloire à l’Ukraine ». Pour sa part, Lioudmila Volik, la maire, condamne la guerre de Poutine, mais ne sait pas très bien comment réconcilier le passé et le présent. Plusieurs de ses administrés se débattent dans les mêmes tourments. Natalia, pensionnaire du secteur automobile, reproche implicitement au gouvernement de Kiev de vouloir



« Je ne suis pas d’accord. Autrefois on dissimulait. Désormais, c’est plus démocratique », la contredit sa voisine Tatiana, véhémente, en dénonçant la propagande de l’agresseur. « Moi, je suis d’origine russe. J’ai un frère à Smolensk et je peux dire que la télé du Kremlin l’a transformé en zombie. Et encore une fois, on n’est pas allé chez eux. C’est eux qui sont venus chez nous. C’est pire que du fascisme ! », dénonce cette autre retraitée, presque octogénaire, ancienne enseignante à l’école. « C’est vrai, c’est eux qui sont venus… C’est l’anarchie », semble acquiescer sa cadette. Puis les deux femmes s’éloignent côte à côte. Deux jeunes adolescentes s’approchent. « Catherine II ? On nous a dit à l’école qu’elle était bien. Elle était russe, je crois… Mais on ne connaît pas bien l’histoire », disent-elles en s’excusant. En Russie aussi, cette lacune est largement partagée. ■

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des adolescentes

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International

La guerre en Ukraine a aussi transformé le monde du renseignement occidental Face à la Russie, les services anglo-saxons ont choisi de déclassifier une part de leurs analyses. Défense Le bulletin du renseignement militaire anglais tombe sur Twitter telle une newsletter. Les services britanniques y livrent leur appréciation de situation du conflit en Ukraine. La patronne du renseignement américain, Avril Haines, est presque aussi bavarde. Mercredi dernier, elle a décrit les scénarios anticipés par les agences américaines. Le renseignement ne semble plus être un domaine si secret… Avant le déclenchement du conflit, le 24 février, les États-Unis ont ainsi déclassifié et averti à tour de bras pour annoncer et tenter de décourager l’invasion russe. Cette politique s’inscrit dans une stratégie qui porte un nom, le campaigning, comme une révolution dans le monde du renseignement. Le concept de « campagne » ou de « mener campagne » est apparu dans la stratégie de défense nationale américaine de 2022. Il « nous permettra de prendre un avantage contre toute la gamme des actions coercitives des concurrents », lit-on dans la version publique du texte. Il vise à répondre au défi des confrontations hybrides. À l’origine, « il y a le mémo des 36 étoiles », raconte Jake Harrington, spécialiste du renseignement à l’institut CSIS à Washington. Ce document signé début 2021 par neuf généraux « quatre étoiles » américains réclamait à la communauté du renseignement américain des moyens pour lutter contre la désinformation ou les manœuvres d ­ ’influence. « Ils demandaient au renseignement de partager plus d’informations diffusables publiquement pour faire du ”name and shame”, pour désigner des activités hostiles, comme un moyen de les déjouer », poursuit le chercheur. Il fallait, selon eux, « aller plus vite » et aider les partenaires qui sont victimes d’opérations de déstabilisation.

Avril Haines, directrice du renseignement américain, entourée par Christopher Wray, directeur du FBI, le général Paul Nakasone, directeur de l’Agence de sécurité nationale, et William Burns, directeur de la CIA (de gauche à droite), le 10 mars, lors d’une audition au Sénat à propos des menaces mondiales. J. Scott Applewhite/AP

Cette stratégie a été mise en œuvre pour riposter à la montée en puissance du dispositif militaire russe contre l’Ukraine. Si quelques messages s’adressaient directement au Kremlin, l’opération a aussi préparé les Occidentaux au conflit. La campagne américaine s’est accompagnée d’un partage d’analyses avec les services alliés, ce qui pose des défis techniques et suppose une confiance réciproque. Les services de renseignement veillent, quoi qu’il en soit, à garder secrètes leurs sources, ainsi que leurs façons de collecter leurs ­informations.

Le campaigning est aussi « une adaptation à un monde qui devient moins secret », souligne Jake Harrington. Ce qui relevait auparavant de capacités rares, comme l’image satellite, est désormais accessible grâce à des opérateurs privés. « La guerre en Ukraine est le premier conflit dans lequel on sait autant de choses », acquiesce le général Gomart, ancien directeur du renseignement militaire français. Mais la masse d’informations disponible est un leurre. « Trop d’informations tuent l’information. Chaque réseau social n’apporte qu’un éclairage », dit-il. Sur le champ de bataille

ukrainien, l’information en source ouverte peut être biaisée, incomplète ou manipulée. Les services détiennent, eux, la capacité de vérification et d’analyse. Ils sont aussi capables d’orienter le regard. Mais pour quel résultat ? « Les Américains ont crié au loup et le loup a fini par arriver », poursuit le général Gommant. Mais si cela n’avait pas été le cas, qu’auraient-ils dit ?

Une image en retrait En France, la guerre en Ukraine a, elle aussi, percuté le monde du renseignement. La Direction du renseignement militaire (DRM) en a fait les

frais. Non pas qu’elle n’ait pas « vu » la montée en puissance russe. Mais elle n’a pas cru que Vladimir Poutine passerait à l’acte. « La DGSE et la DRM savaient des choses mais elles n’avaient pas une forte volonté de communiquer », dit une source militaire. La DRM souffre aussi d’une image en retrait. « Les militaires n’aiment pas le renseignement », poursuit-on. Ce n’est pas le cas du chef d’état-major des armées, le général Burkhard, qui a servi au Conseil national du renseignement. Préoccupé par la lutte informationnelle, il attend une réforme des services de renseignement. ■ N. B.

Général de Montgros : « La DRM n’est pas en crise, elle va de l’avant ! » PROPOS RECUEILLIS PAR

Nicolas Barotte £@NicolasBarotte

LE FIGARO. - Les circonstances de votre nomination ont suscité beaucoup de questionnements. La DRM est-elle en crise ? Général DE MONTGROS. - La DRM n’est pas en crise, elle va de l’avant ! Nous avons fêté en juin nos 30 ans, en famille, entre nous, en marquant la solidarité, la discrétion et la sobriété qui siéent à tout service de renseignement. Dans le même temps, les crises se multiplient de par le monde, y compris sous de nouvelles formes de conflictualités auxquelles nous devons nous adapter : c’est un défi pour la DRM. Pour y répondre, elle s’est engagée dans une transformation profonde que le chef d’état-major des armées m’a chargé de mener à bien.

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TOUS LES LUNDIS À 6H44, HISTOIRES POLITIQUES AVEC ARTHUR BERDAH, JOURNALISTE POLITIQUE AU

MATHILDE MUNOS 5H / 7H

S SORIANO/Le Figaro

APRÈS LE DÉBUT de la guerre en Ukraine, que la Direction du renseignement militaire (DRM) ­ n’avait pas anticipée, le chef d’état-major des armées, le général Burkhard, a choisi de remercier le général Vidaud. Le général Jacques Langlade de Montgros a été nommé pour lui succéder.

Connaître les intentions de Vladimir Poutine, ce n’est pas la mission de la DRM. Sa mission, c’est d’analyser le dispositif ennemi

»

général Jacques Langlade de Montgros

La DRM a pour mission, d’éclairer les autorités. Dans le conflit ukrainien, que la France n’avait pas anticipé, qu’a-t-elle raté ? La DRM est le service de renseignement des armées, et coopère au quotidien avec les autres services de renseignement français. Chacun, dans son domaine d’expertise. Le domaine de la DRM, c’est le renseignement d’intérêt militaire, qui a pour but de fournir au Cema et aux forces déployées en opération la meilleure appréciation de situation possible, une capacité de décision et enfin une capacité d’action. Mais je ne réponds ainsi que partiellement à votre question. La DRM avait analysé attentivement la montée en puissance du dispositif russe en Biélorussie et en Russie en amont du déclenchement de l’offensive du 24 février. Elle continue à le faire aujourd’hui.

quotidien, de façon à éviter les trous dans la raquette. Avec la DGSE, nous faisons en sorte qu’il n’y ait pas de concurrence mais une complémentarité : c’est essentiel pour donner à nos autorités une compréhension de nos adversaires la plus exhaustive possible.

L’analyse n’a-t-elle pas su comprendre les intentions de Vladimir Poutine ? Connaître les intentions de Vladimir Poutine, ce n’est pas la mission de la DRM. Sa mission, c’est d’analyser le dispositif ennemi, ses capacités, la profondeur qu’il lui donne, sa cohérence ou son incohérence, ses modes d’actions possibles. Sans toutefois préjuger de la décision politique qui pourrait être prise de l’emploi, ou non, de ces capacités.

Quelle est votre feuille de route ? La première, en tant que directeur du renseignement militaire, mais également chef de file de la fonction interarmées du renseignement, consiste à accroître la synergie opérationnelle entre la DRM et l’ensemble des unités de renseignement des différentes armées : terre, air, mer, mais aussi espace et cyber. Sans oublier que les 200 000 militaires français sont 200 000 capteurs potentiels. Ma deuxième priorité, c’est d’adapter la ressource humaine à l’apparition de nouveaux métiers (architecte big data, data analyste…) et de favoriser la mobilité entre les unités, pour valoriser les compétences. Enfin, ma troisième priorité, c’est la gestion de la masse de données générées par nos capteurs. L’intelligence artificielle nous aide à exploiter, à trier cette masse, sans quoi nous serions noyés sous le volume d’informations. L’IA nous permet

Pour fournir du renseignement, il faut comprendre le terrain comme l’intention politique. Comment faire quand deux services, DRM et DGSE, sont chargés de ces missions différentes ? Ces services doivent se parler. La réalité, c’est que les experts géographiques ou thématiques de la DRM et de la DGSE se parlent au

La DRM dispose-t-elle de capteurs suffisants pour ses missions ? Le renseignement est un domaine infini. Ce qui est limité, en revanche, ce sont les capacités techniques et humaines dont la DRM bénéficie. Ma mission consiste donc à fixer des priorités et des orientations. Une chose est sûre : la plusvalue principale du renseignement, c’est le multisources. C’est en agrégeant l’imagerie, l’électromagnétique, le cyber et l’humain que l’on obtient le renseignement le plus robuste.

d’identifier l’aiguille dans une botte de foin qui ne cesse de grossir. Le renseignement anglo-saxon a mené une campagne de déclassification avant la guerre afin d’influencer les événements. Est-ce une leçon pour la DRM ? Il est peut-être un peu tôt pour avoir un jugement définitif. Nous étudions bien évidemment les enseignements de ce procédé utilisé par les autorités politiques aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Le verre est autant à moitié vide qu’à moitié plein. Je vois un risque - mais qui méritera d’être confirmé sur le long terme - d’addiction du chef politique dans sa communication, et peut-être aussi des médias. Je vois aussi un risque dans le décalage entre une évaluation à un instant T et le moment où cette évaluation est rendue publique. Je vois enfin un risque, une tentation potentielle, de tordre le renseignement à des fins d’influence. Je crois au contraire à la vertu du secret, comme élément consubstantiel de l’État. Cette communication a-t-elle quand même permis de déjouer ou de décourager des opérations ? Je constate en tout cas qu’elle n’a pas permis de dissuader Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine. Mais je ne sais pas quel était le but réel des autorités politiques américaines ou britanniques. Il est difficile d’apprécier les effets des actions d’influence, d’où qu’elles viennent, quel que soit le compétiteur. Chaque État a ses propres intérêts. Ce conflit a-t-il fait tomber des barrières dans le partage de renseignements entre alliés ? Le partage de renseignements entre services et entre pays est quelque chose d’ancien. Cela s’est tou-

jours fait dans une logique simple mais efficace de « troc », basé sur la confiance. La nature précise des échanges, le volume, la variété des partenaires évoluent au gré des situations géopolitiques et des engagements de la France. Ce conflit est-il plus transparent que d’autres ou est-ce une illusion ? Ce qui est une illusion, c’est de croire que l’on sera un jour omniscient. Nos sociétés et l’évolution technologique nous le laissent parfois penser. La guerre en Ukraine nous rappelle aussi quelques caractéristiques intemporelles d’un conflit. Une guerre, c’est toujours long. Or nous avons tendance, aujourd’hui, dans notre société de l’immédiateté, à être impatients. Un conflit entre deux compétiteurs fortement équipés et entraînés, comme c’est le cas en Ukraine, est un conflit qui peut durer. Le deuxième enseignement important de cette guerre, c’est la nécessité de « dézoomer » en permanence : ne pas se focaliser que sur la ligne de front, mais prendre aussi en compte les conséquences de la guerre en Ukraine sur la stabilité d’autres régions du monde. Il faut anticiper les crises suivantes. Les alliés partagent du renseignement avec les Ukrainiens. Y a-t-il une limite à ne pas franchir pour ne pas être cobelligérant ? La France n’est pas en guerre contre la Russie. Nous sommes concernés, mais pas engagés. Les Américains fournissent du renseignement aux Ukrainiens. Nous aidons les Ukrainiens à monter en puissance dans ce domaine. Cela fait partie de l’aide que nous apportons globalement à l’Ukraine. Mais je n’en dirai pas plus. ■

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Société

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Mgr de MoulinsBeaufort : « Le pape a le souci de l’unité »

peut pas se contenter de vivre à côté les uns des autres. Les jeunes générations n’ont pas l’esprit de chapelle : face aux défis de la mission, ils sont demandeurs de cette unité réelle. Le successeur de Pierre en est le garant. Le gouvernement français veut faire évoluer la législation vers une forme d’euthanasie, l’Église de France va-t-elle laisser faire ? L’Église en France continuera à faire valoir qu’il y a mieux à faire entre êtres humains qu’à mettre fin à la vie de quiconque ou à laisser quiconque mettre fin à sa vie. Le vrai progrès serait que tous puissent enfin avoir accès aux soins palliatifs comme l’exige déjà la loi, et que chacun puisse être aimé et entouré jusqu’au bout, reconnu dans sa dignité. À nous tous, croyants ou non, d’y œuvrer.

Le président de la Conférence des évêques revient sur les causes du grand malaise qui traverse l’Église de France.

jean-marie guénois £@jmguenois

MGR ÉRIC de Moulins-Beaufort est archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France. LE FIGARO. - Liturgie, limogeage de Mgr Aupetit, coup de semonce contre l’évêque de Strasbourg, suspension des ordinations à Toulon, pourquoi cet autoritarisme du Vatican contre la France ? Mgr DE MOULINS-BEAUFORT. - Ces décisions montrent une attention active du Saint-Père dans le suivi des diocèses. Tous, nous devons aux fidèles, et plus encore au Christ lui-même, une grande clarté dans notre manière de conduire nos diocèses, afin que ce soit vraiment la charité de Dieu qui en soit la règle. Le pape vient à l’aide de situations délicates où des incompréhensions risquaient de s’enkyster. Pour ceux qui ne voient que les ultimes interventions, elles paraissent brutales. Elles sont souvent précédées d’un long temps de réflexion et d’analyse. Je pense pour ma part que nous pouvons progresser, en conférences épiscopales, dans un soutien mutuel. Mais cela crée un climat de malaise profond dans l’Église de France, beaucoup sont démoralisés… Nos pays occidentaux deviennent des terres de mission pour l’Église, qui est étrangère, ou au moins étrange, pour beaucoup. Par ailleurs, l’humanité s’interroge sur elle-même comme jamais et doute d’elle-même. L’époque est rude mais stimulante ! Elle nous ramène à l’essentiel : l’Église humble est attractive, parce que l’Église attire lorsqu’elle est l’Église du Christ Jésus, qui « donne sa vie pour que les hommes aient la vie en abondance ». J’en suis persuadé : le Seigneur purifie son Église « pour se la présenter sainte, sans tache, sans aucune faute ». Il la renouvelle pour qu’elle réponde encore mieux à sa mission. À vue humaine, l’Église catholique semble pourtant en dépression… Au-delà d’une certaine agitation dans les médias et sur les réseaux sociaux, il faut regarder l’engagement persévérant des chrétiens, clercs et laïcs, dans la réalité concrète des paroisses. Nous avons à consentir à ce travail de renouvellement, il portera des fruits étonnants. N’ayons ni peur ni honte d’être fidèles. Notre fidélité au Seigneur sera féconde ! Cette année, pour ma part, a été jalonnée de joies très grandes, dans des rencontres, des célébrations et des actions où la foi, l’espérance et la charité étaient palpables. Pourtant les chiffres 2022 des ordinations sacerdotales confirment la baisse et un attrait pour des voies de formation plutôt classiques ? En notre temps, plus que jamais, toute vocation sacerdotale ou religieuse est une grâce. Dans un temps de crise générale de l’engagement, des jeunes songent sérieusement à consacrer leur vie au service de Dieu et des autres : cela ne relève d’aucune logique purement sociologique ou culturelle. Chaque vocation doit être accueillie comme un don précieux du Seigneur et discernée avec lucidité. Quel que soit le lieu de formation, je retrouve chez tous ces jeunes qui s’engagent une même générosité, un désir de radicalité évangélique, une vraie soif spirituelle. À nous de savoir les comprendre et les accompagner.

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Ce qui contredit les propositions françaises - mariage des prêtres, ordination des femmes - que la Conférence des évêques a transmises à Rome pour le prochain synode ? Ni le mariage des prêtres ni l’ordination

des femmes ne sont des « propositions françaises pour le prochain synode ». Ce sont des idées qui ont été évoquées parmi beaucoup d’autres avec plus ou moins de force dans tous les diocèses, cela est vrai. Nous, évêques, avons voulu être honnêtes, c’est bien le moins, en transmettant ce que nous avions reçu. Mais nous l’avons fait avec un texte d’accompagnement qui apportait notre discernement selon notre responsabilité de successeurs des apôtres sur cette collecte, ses points saillants et ses limites. Ces idées n’ont rien de neuf. On les retrouvera aussi dans les contributions d’autres pays. Elles expriment la difficulté de tenir ce que j’appelle « l’étrangeté du Christ ». Car l’Église n’est rien si elle n’est pas celle de Jésus de Nazareth. Elle est fondée sur la foi des apôtres, des hommes qui ont engagé leur vie en réponse au don total que Dieu nous fait en Jésus. Notre devoir d’évêques, comme nous l’avons écrit, est de travailler pour que les trésors précieux de la tradition catholique soient mieux compris et aimés de tous les fidèles. L’enjeu est d’être l’Église de Jésus-Christ et non une organisation de la dimension religieuse du monde. Vous, que pensez-vous personnellement du mariage des prêtres, de l’ordination des femmes ? Les deux sujets ne sont pas du même ordre. Il y a des prêtres mariés dans les Églises catholiques d’Orient. Mais le choix de n’ordonner que des hommes appelés au célibat marque, qu’à l’engagement de Dieu pour nous dans l’incarnation du Fils, il nous est donné de répondre par un don radical. C’est aussi cette radicalité qui nous permet d’être pleinement donnés au service de ceux qui nous sont confiés. Croyez-moi : le célibat consacré est aussi source de joie ! Quant à l’ordination des femmes, que



L’avortement, avant tout, traduit un drame humain et social. Aucune loi ne suffit à le résoudre. (...) Plutôt que d’instrumentaliser la Constitution, rassemblonsnous pour promouvoir une véritable culture de vie

Mgr ÉRIC de Moulins-Beaufort

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, en 2019.

Guillaume POLI/CIRIC

couragement à vivre que beaucoup reçoivent grâce à eux. Il y a un an, le 16 juillet, le pape donnait un coup d’arrêt à la libéralisation de la messe selon l’ancien rituel, qu’il vient de confirmer. François comprend-il la situation française ? Le pape a le souci, et même l’angoisse de l’unité. C’est son rôle. C’est son fardeau.

Il a voulu marquer fortement que des préférences liturgiques ne pouvaient justifier de prétendre être de l’Église sans être pleinement en elle. Beaucoup parmi ceux qui aiment cette liturgie ancienne en ont conscience et cultivent un vrai sens de l’Église. D’autres ont sans doute à approfondir le sens de cette communion si précieuse, et la façon concrète de la vivre sur le terrain, au quotidien. On ne



Le débat sur le droit à l’avortement revient par les États-Unis. Ce droit pourrait être dans la Constitution française : l’Église va-t-elle s’y opposer ? Le devoir de l’Église catholique est de rappeler que l’avortement est aussi une atteinte à une vie humaine dont la dignité devrait être reconnue par toute l’humanité. Le pape François, dont on sait l’attention aux situations douloureuses, le dit toujours, avec clarté et cohérence. Mais l’avortement, avant tout, traduit un drame humain et social. Aucune loi ne suffit à le résoudre. Ce drame interroge la société entière, les femmes et leurs droits, les hommes et leurs devoirs. Plutôt que d’instrumentaliser la Constitution, rassemblons-nous pour promouvoir une véritable culture de vie dans notre société, ce qui passe aussi par le soutien apporté aux parents, aux mères isolées, aux familles et aux plus fragiles. ■



L’humanité s’interroge sur elle-même comme jamais et doute d’elle-même. L’époque est rude mais stimulante !



Mgr ÉRIC de Moulins-Beaufort

s­ignifierait-elle ? La différence entre l’homme et la femme est-elle un reste d’une évolution non achevée, qu’il faut poursuivre grâce à l’artificialisation de la reproduction, ou bien dit-elle quelque chose de ce que l’humanité a à vivre ? Où en est la crédibilité de l’Église ? La publication du rapport Sauvé sur la pédophilie en octobre dernier n’a-t-elle pas détruit ce qui restait de l’autorité morale de l’Église dans l’opinion publique ? L’Église en France a reçu sans l’esquiver le rapport de la Ciase qu’elle avait ellemême commandé, et travaille à en tirer les conséquences. Elle le devait d’abord aux personnes victimes. Par ce travail de vérité, douloureux et nécessaire, et les mesures fortes qu’elle a prises ensuite, l’Église espère aussi restaurer la confiance et retrouver humblement une réelle crédibilité, pour annoncer l’Évangile. Je remercie de tout cœur les personnes victimes qui nous ont aidés à franchir ce pas. Un très grand nombre de prêtres sont reconnaissants aux évêques pour le travail de vérité que nous avons entrepris. Ils n’en pouvaient plus d’être soupçonnés de complaisance avec de tels crimes. Je redis ici mon admiration et mon estime pour tant de prêtres courageux, fidèles et généreux, qui continuent d’annoncer l’Évangile et de servir ce monde. Leur vie est parfois rude, mais elle est aussi belle, car donnée. Je suis témoin aussi de la joie qu’ils donnent autour d’eux et de l’en-

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PROPOS RECUEILLIS PAR

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro

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Société

À Porquerolles, l’été arrive, la police s’en va

Faute d’effectifs, les policiers laissent chaque soir cette île, très fréquentée par les vacanciers, livrée à elle-même. pîerre saint-gilles marseille

Les policiers ne sont plus logés sur place

Les problèmes surviennent « au cœur de la nuit, raconte un résident dont les fenêtres donnent sur la petite plage du port. Les jeunes se donnent rendez-vous, parlent fort, mettent de la musique. C’est insupportable et personne ne fait

virginie rabisse/PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP

sÉcurité En journée, tout est calme. Malgré la hausse de la fréquentation, l’île de Porquerolles, au large d’Hyères (Var), reste la bien nommée « perle des îles d’Or ». En ces premiers jours de juillet, il y a encore de la place pour poser sa serviette sur les plages et les restaurants ne sont pas bondés. La police municipale fait respecter la réglementation autour de la place du village, imposant de marcher à côté du vélo pour éviter les incidents avec les piétons. La police nationale, elle, recueille les plaintes pour perte ou vol de portefeuille, et intervient quand il y a un accident. Les commerçants sont confiants : les touristes sont là, les navettes qui les amènent sur l’île toutes les demiheures sont pleines. En apparence, tout va d’autant mieux que « cette année, les gens se lâchent », constate le marchand de glaces. Lui ne sent aucune tension particulière car il tire le rideau vers 23 heures.

rien ! » Jean Ridolfi, le président de la Société nautique de l’île de Porquerolles (Snip) confirme : « Et pour cause, cette année il n’y a plus de forces de l’ordre la nuit. Une première depuis trente ans ! Tous les débordements sont permis. Les bars

mettent de la musique plein pot et se transforment en boîte de nuit à ciel ouvert jusqu’à deux heures du matin. Les jeunes font la fermeture puis continuent la fête ailleurs. » Car les policiers sont repartis avec la dernière navette, celle qui

ramène sur le continent les saisonniers. Ils ne sont plus logés sur l’île, faute de place. Lors des saisons précédentes, ils étaient pourtant hébergés dans un local mis à disposition par la mairie. « C’est au milieu de la nuit qu’il y a des problèmes

Des touristes débarquent sur l’île de Porquerolles, le 26 juin 2021.

sur le port, reconnaît un agent de la capitainerie. La musique ou des discussions trop bruyantes. Ajoutez l’alcool et parfois la drogue et vous avez un cocktail explosif qui débouche sur des échanges de coups ou des bagarres. » Confirmation d’un pompier. « Nous, on est de permanence 24 h/24 dans un algéco qui surplombe le port, raconte un des chefs du poste. Le pompier représente une certaine autorité de par son uniforme. Mais nous sommes là pour secourir les gens, pas pour s’interposer dans des rixes. On n’est pas formé pour ça et on n’a pas la compétence juridique non plus. Or, s’il y a un problème, il faut deux heures pour que les équipages de permanence de nuit à Hyères arrivent ici. » Face à la colère de ses concitoyens, le maire d’Hyères est monté au créneau : « J’ai écrit à plusieurs reprises au ministre de l’Intérieur pour lui faire part de la situation et demander des renforts. Je n’ai eu aucune réponse. » Et JeanPierre Giran (LR) de comparer la situation de sa ville avec celle voisine, de La Seyne-sur-Mer : « Ils ont 160 policiers, nous 100, alors que notre territoire est bien plus étendu. Nous avons l’aéroport, les îles d’Or et 150 000 touristes l’été. Sur cette problématique, la police municipale n’a pas la compétence. » Bilan de la semaine écoulée alors que la saison en est à ses balbutiements : deux bagarres. ■

Procès Reiser : l’accusé nie toujours l’intention homicide Le sexagénaire, jugé pour l’assassinat de Sophie Le Tan, a tenté en vain d’obtenir le pardon de la famille de la jeune femme. Je me suis « avancé vers elle, je lui ai pris la main, je voulais lui faire la bise. Je pense qu’elle s’est méprise sur mes intentions

»

Jean-Marc Reiser

aude bariéty £@AudeBariety envoyée spéciale à strasbourg

justice Et soudain, à la surprise générale, Jean-Marc Reiser se met à pleurer. Dans son box vitré, le sexagénaire au crâne dégarni, qui encourt la perpétuité pour l’assassinat de Sophie Le Tan, le 7 septembre 2018 à Strasbourg, affirme : « J’ai jamais voulu ce qui est arrivé. Je sais pas quoi dire à la famille, j’ose même pas les regarder. (…). Ça me hantera pour le restant de ma vie. (…) Je ne peux qu’espérer qu’un jour ils puissent me pardonner (même si) je pense que je ne mérite pas le pardon. » Ce pardon, il ne l’obtiendra pas. Lors-

qu’il tente de formuler des excuses, poussé par un de ses avocats, le père de la victime lève la main et lance « non, non, non ». Au cinquième jour de son procès, l’accusé persiste dans sa troisième version, celle qu’il défend depuis janvier 2021 après un peu plus de deux ans de dénégations. Il admet avoir porté des coups fatals à Sophie Le Tan, mais assure qu’il n’avait aucune intention homicide et qu’il n’a pas prémédité son geste. Selon ses déclarations, il voulait souslouer son appartement avant de partir en voyage et avait donc posté une petite annonce en ligne. Le matin du 7 septembre, en descendant à sa voiture, il aurait vu l’étudiante à l’arrêt

de bus. « Encore un peu dans les vapeurs d’alcool » de la veille, il aurait alors réalisé que c’était avec elle qu’il avait rendez-vous ce jour-là et lui aurait fait visiter son domicile. Avant de partir, celle qui fêtait le jour même ses 20 ans aurait demandé à aller aux toilettes. Il lui aurait apporté une serviette pour qu’elle s’essuie les mains. C’est là que le drame se serait noué. « Je me suis avancé vers elle, je lui ai pris la main, je voulais lui faire la bise. Je pense qu’elle s’est méprise sur mes intentions, raconte l’accusé. Elle m’a repoussé en me traitant de “cochon”, de “porc”. Ça m’a mis hors de moi. Je lui ai mis une baffe. Elle s’est mise à crier. J’ai perdu les pé-

dales, je sais pas ce qui m’a pris. J’ai commencé à lui taper dessus. Elle est tombée à la renverse comme une masse, elle a heurté le rebord du WC puis elle est tombée sur le côté. »

« Vous n’avez pas arrêté de mentir »

Après être resté « prostré » pendant « une à deux heures », JeanMarc Reiser prend la décision « sans doute la mauvaise », glisset-il - de se débarrasser de la dépouille. « J’ai démembré le corps pour que ça rentre dans les valises, voilà. » Les deux valises sont entreposées à la cave pendant trois jours, jusqu’à ce que le mis en cause dissimule leur contenu en forêt.

Un ex-anglican, marié et père, ordonné prêtre Après trois décennies de ministère en Angleterre, Stephen Raine rejoint l’Église catholique ce dimanche. Fabien Paillot £@fabienpaillot

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Saintes

Religion « Une exception a été faite pour moi, c’est la bonté de l’Église, je suis très heureux de reprendre mon ministère », assure Stephen Raine. Natif de Coventry, cet Anglais de 73 ans s’apprête à devenir prêtre ce dimanche au côté de… son épouse Rosemary, avec l’assentiment du pape François. Père d’un fils trentenaire, cet homme marié recevra le sacrement de l’évêque d’Angoulême (Charente), Hervé Gosselin, en l’église de Montmoreau, un village de 2 550 habitants où le couple est définitivement installé depuis 2014. Ancien prêtre anglican, Stephen Raine aura exercé son ministère dans l’Église d’Angleterre durant près de trois décennies, avant de la quitter et de rallier la France. Sa « vocation » ne l’a pourtant jamais abandonné, au point de le conduire régulièrement dans la paroisse d’Éric Pouvaloue, le curé de Montmoreau. « Sa démarche est extraordinaire. J’ai accompagné son cheminement avant qu’il rejoigne la communauté catholi-

que », explique ce prêtre qui a rédigé la petitio, une requête directement adressée à la Congrégation pour la doctrine de la foi. « Ce document résume son parcours personnel, professionnel et familial sur près de 50 pages. Son état de santé - physique et psychologique - est également mentionné, tout comme l’avis de son épouse, essentiel ! Rien n’aurait pu se faire sans l’accord de Rosemary à 100 % », souligne Éric Pouvaloue. Cette petitio a finalement valu à Stephen Raine une « dispense pontificale » délivrée en mai, au lendemain de la ­Semaine sainte. Cette possibilité est offerte aux ministres anglicans depuis 2011 et une décision du pape Benoît XVI liée à la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus. Libéré du vœu de célibat, le Britannique est ainsi devenu diacre la semaine passée avant son ordination dominicale, une procédure accélérée « au regard de son âge et de son expérience », alors que cette étape prend généralement plus d’une année, reconnaît le père Éric Pouvaloue. « Cette exception au célibat des prêtres ne remet pas en cause

la beauté et la grandeur de la règle ordinaire », estime ce dernier avant d’en préciser les détails : « S’il devenait veuf, Stephen Raine ne pourrait se remarier. Il ne pourra pas non plus devenir é­ vêque. » Convertie au catholicisme depuis 1985, Rosemary Raine se réjouit, elle, du parcours singulier de son époux. « Nous sommes désormais réunis, ensemble dans la même Église. Être prêtre, c’est pour la vie ! Cela n’était pas un boulot normal pour Stephen mais une vocation. Il espérait, avec l’aide de Dieu, que cela soit de nouveau possible », détaille-t-elle en évoquant les nombreux soutiens des fidèles de sa paroisse.

Célébrer des cérémonies pour ses concitoyens

L’évêque d’Angoulême se félicite lui aussi de cette décision pontificale, « une opportunité » pour la communauté anglophone, nombreuse en Charente. « Cette ordination est une joie pour moi mais cela n’a rien de révolutionnaire et ne remet pas en cause le célibat des prêtres », sourit Hervé Gosselin. Selon le plus haut dignitaire charentais de l’Église catholi-

Le cadavre ne sera retrouvé qu’en octobre 2019, treize mois plus tard. Cette version n’a convaincu ni les enquêteurs, ni la juge d’instruction, ni les proches de la victime. « Vous n’avez pas arrêté de mentir. Vous pouvez comprendre qu’aujourd’hui on ne vous croie pas non plus ? » ­lance Me Gérard Welzer, le conseil de la famille Le Tan. « Je peux le comprendre », ­répond l’accusé, qui, malgré les questions insistantes du président, des avocats de la partie civile et de l’avocat général, s’en tient à sa position, dans des termes qui font parfois tressaillir la salle : ce 7 septembre 2018, ce « malheureux incident » n’était « pas prévu au programme ». ■

en bref Trois personnes soupçonnées de « financement du terrorisme » présentées à un juge Trois personnes ont été présentées vendredi à un juge d’instruction antiterroriste parisien en vue d’une mise en examen pour « financement du terrorisme ». Elles sont soupçonnées d’avoir apporté leur soutien à un djihadiste français dans la zone syro-irakienne.

« Violeur de la Sambre » : 20 ans de prison pour Dino Scala que, « il n’appartient pas au diocèse de prendre position sur le célibat des prêtres. En ordonnant Stephen Raine, je n’y apporte aucune réponse ». Nommé vicaire et auxiliaire du père Éric Pouvaloue, le Britannique aura pour mission de célébrer messes, baptêmes et mariages en anglais pour ses concitoyens, très nombreux dans la région. Pour l’instant, Stephen Raine n’a pas les moyens de dire la messe en français : « Je dois améliorer mon niveau de langue », souffle celui qui suit assidûment des cours chaque semaine. ■

Stephen Raine, lors de son ordination diaconale, le 24 juin, en compagnie de son épouse, Rosemary. PHOTOPQR/CHARENTE LIBRE/Quentin Petit/ MAXPPP

Vingt ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers : Dino Scala a été condamné vendredi, pour des viols et agressions sexuelles commis pendant trente ans, à la peine maximale encourue.

Un mineur mis en examen pour l’agression de Raquel Garrido Un mineur a été mis en examen pour l’agression au gaz lacrymogène de Raquel Garrido (LFI) à Drancy (Seine-Saint-Denis) durant l’entre-deux-tours des élections législatives.

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Un pas pour interdire l’exploitation minière des océans Lors d’une conférence mondiale de l’ONU à Lisbonne, Emmanuel Macron a annoncé son souhait de protéger tous les fonds marins. MARC CHERKI £@mcherki

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pays signataires

se sont engagés à protéger environ 70 % des zones économiques exclusives maritimes mondiales

environnement Peter Thomson, l’envoyé spécial pour les océans des Nations unies voulait promouvoir « un océan durable » lors du som met de l’ONU qui s’est tenu à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet. S’il reste de nombreuses questions à régler, notamment pour lutter contre la pêche illicite et la surpêche, le dossier de la protection des océans a de fait un peu avancé. De passage jeudi, le président de la République Emmanuel Macron a notamment demandé « d’élaborer un cadre légal pour mettre un coup d’arrêt à l’exploita-

tion minière des fonds en haute mer et de ne pas autoriser de nouvelles activités qui mettraient en danger des écosystèmes (marins) ». Il a repris une proposition effectuée mercredi par de petits pays insulaires et l’océanographe Sylvia Earle. Les bases d’un accord légal seraient posées mi-août, lors d’une négociation sur le traité de protection de la haute mer, à New York. Une soixantaine de pays seraient déjà favorables à la création d’aires marines protégées dans ces zones qui ne sont pas réglementées par des conventions internationales. Matthew Gianni, cofondateur de la coalition pour la haute mer, souligne que l’annonce d’Emma-

nuel Macron est « majeure ». Mais « il faudra le prouver par des actes, dès la prochaine réunion du conseil de l’Autorité internationale des fonds marins qui débute le 18 juillet. Que dira la France à propos du projet de réglementation de l’exploration et de l’exploitation des fonds marins qui doit y être examinée ? »

Plastiques à usage unique Si ce texte passait, il autoriserait de facto l’exploitation des nodules métalliques contenant les terres rares tant recherchées par les industriels. La France pourrait-elle conduire des négociations diplomatiques, avec l’Australie par exemple, afin d’empêcher son adoption ?

Par ailleurs, en lien avec le Costa Rica, Emmanuel Macron a annoncé « que 102 pays signataires, dont les États-Unis, premier domaine maritime mondial, se sont engagés à protéger environ 70 % des zones économiques exclusives maritimes mondiales (qui s’étendent jusqu’à 200 milles des côtes des pays avant les eaux internationales, NDLR). Il n’y avait que 70 pays signataires lors du sommet One Ocean à Brest », précise ­ Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des enjeux maritimes et des pôles pour la France. Cette alliance pour protéger 30 % des terres et des mers pourrait aboutir lors de la COP 15 biodiversité à Montréal en décembre.

De plus, la France et le Costa Rica ont proposé d’accueillir le prochain sommet mondial de l’ONU sur les océans. Le rendez-vous se ferait ainsi en deux temps : un premier symposium au Costa Rica en 2024, avant une grande conférence en 2025 en France. Le grand objectif serait de conclure à cette occasion un accord pour interdire la production mondiale des plastiques à usage unique, afin de réduire par deux les rejets de plastique en mer d’ici à 2030. Chaque année 11 millions de tonnes de plastiques sont jetées en mer. Et « on retrouve des papiers de bonbons Krema au fond de la fosse des Mariannes », déplore un chercheur. ■

À Roscoff, 150 ans de surveillance de l’environnement marin

Les chercheurs de la station biologique prélèvent et étudient les planctons, sentinelles de la santé des océans.

océanS Sur le pont arrière du petit chalutier bleu, deux marins préparent un long filet blanc à très fines mailles et le mettent à l’eau, puis le laissent traîner près de la surface, dans le sillage du navire. Avec une ouverture de seulement 30 cm et des mailles de 20 micromètres, ce n’est pas une pêche très courante qui est en train de se dérouler en baie de Morlaix, au large de Roscoff (Finistère). D’ailleurs, les scientifiques qui accompagnent les marins sur le Neomysis, navire côtier de la station biologique de Roscoff (CNRS/Sorbonne université), ne parlent pas de pêche, mais de prélèvements. Et ce qu’ils cherchent à étudier n’est guère spectaculaire à l’œil nu : il s’agit de plancton. Depuis 2000, les scientifiques de la station réalisent tous les quinze jours, lors des marées de ­ mortes eaux (le minimum d’amplitude du cycle), ce type de prélèvement dans le cadre du programme national Phytobs, mené dans une quinzaine de laboratoires du littoral. « Les observations régulières, c’est routinier et souvent pas gratifiant, mais c’est indispensable pour discerner des changements lents. Il faut parfois trente ans pour observer certaines tendances », explique Éric Thiébaut, professeur à Sorbonne université et directeur de l’Observatoire des sciences de l’univers Stations marines. Et à l’heure où les océans de la planète subissent les effets rapides du réchauffement global, avec une hausse moyenne mesurée à 0,11 °C par décennie en surface, jusqu’à 75 m de profondeur, cette surveillance systématique de l’environnement marin est plus que jamais pertinente. À Roscoff, la Station biologique fête ses 150 années d’existence, depuis sa création par le naturaliste Henri de LacazeDuthiers. « Les mesures systématiques ont commencé en 1952, avec des 20 km

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MORBIHAN

FINISTÈRE

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Roscoff Brest

relevés de la température et de la salinité, raconte Éric Thiébaut. Il n’y a que Plymouth qui a été encore plus précurseur, avec une série de mesures presque ininterrompue depuis 1902. » Le résultat de la capture réalisée par les marins du Neomysis tient dans de petits bidons en plastique, remplis d’une eau qui a l’air sale, mais est en fait fortement concentrée en micro-organismes invisibles à l’œil nu. « Avec les mailles de 20 micromètres, on va prélever du phytoplancton, alors qu’avec le filet aux mailles plus grosses, de 200 microns soit 0,2 mm, on aura surtout du zooplancton et des larves d’animaux plus gros », explique Fabrice Not, directeur de recherche CNRS et responsable du laboratoire adaptation et diversité en milieu marin à la

Des plongeurs fixent des capteurs océanologiques sous la balise maritime Astan, au large de la station Roscoff, en Manche occidentale, en 2012. Wilfried THOMAS / SBR / CNRS Photothèque

missions Tara Océans. On estime que la collection de microalgues de Roscoff, la plus importante au monde, qui cultive et conserve plus de 7 000 souches d’organismes vivants, ne contient que 0,01 % de la variété des organismes présents dans l’océan. Tout le reste n’est accessible que par l’étude des génomes. »

Afin de poursuivre le travail de pionnier des missions Tara Océans, le scientifique veut étendre les prélèvements de micro-organismes à d’autres régions du globe. C’est dans cet objectif qu’il organise la mission Bougainville, qui prévoit d’embarquer des étudiants de master en biologie marine à bord

de bâtiments de la marine nationale, avec un grade inventé pour l’occasion d’« officier biodiversité ». La marine nationale a donné son feu vert et le projet pourrait commencer en 2023. Mais il faut encore trouver un ou plusieurs mécènes, pour boucler un budget d’environ 1 million d’euros. ■



On estime que la collection de microalgues de Roscoff, la plus importante au monde ne contient que 0,01 % de la variété des organismes présents dans l’océan



Colomban de Vargas, chercheur CNRS à Roscoff et cofondateur des missions Tara Océans

Station biologique de Roscoff. Le phytoplancton relève une importance particulière pour les biologistes, car il est à la base de toute la chaîne alimentaire de l’écosystème marin, sans parler de son rôle incontournable pour produire l’oxygène que nous respirons. De retour au laboratoire, la richesse contenue dans une simple goutte d’eau devient spectaculaire sous l’oculaire d’un microscope. Pour les zooplanctons, des crustacés microscopiques arborent des antennes plus grandes que la longueur de leur corps, et des larves de crustacés nagent avec vigueur dans le champ de vision de l’instrument. Le phytoplancton, plus statique, n’est pas moins spectaculaire sous un fort grossissement, avec des micro-organismes entourés de squelettes aux très improbables géométries anguleuses évoquant des sculptures d’art contemporain. Pour les observations régulières, l’analyse au microscope va permettre d’établir une estimation de la quantité et de la nature des espèces observées. Mais l’étude ne s’arrête pas là : une partie de l’eau prélevée au filet a, sur le bateau, été filtrée puis congelée à -200 °C dans de l’azote liquide, pour permettre ensuite des analyses génomiques plus poussées. « Ce n’est que grâce à la génomique qu’on a une idée de l’incroyable diversité des organismes marins, s’enthousiasme Colomban de Vargas, chercheur CNRS à Roscoff et cofondateur des

Le retour inexpliqué des poulpes en Bretagne

L’année dernière les prises ont été vraiment importantes, à tel point qu’une centaine de bateaux sont allés cibler l’animal dans le sud de la Bretagne

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martial laurans, chercheur à l’ifremer

LORS de l’été 2021, les pêcheurs de l’archipel des Glénan, dans le sud de la Bretagne, ont eu une drôle de surprise. À la place des homards et des crabes qu’ils recherchaient, ils n’ont remonté dans leurs casiers… que des poulpes. Les céphalopodes n’avaient fait que quelques bouchées des précieux crustacés ! « Depuis cinq à six ans, on recueillait des témoignages isolés de quelques pêcheurs qui avaient pris des poulpes de manière occasionnelle, mais l’année dernière les prises ont été vraiment importantes, à tel point qu’une centaine de bateaux sont allés cibler l’animal dans le sud de la Bretagne », rapporte Martial Laurans, chercheur à l’Ifremer. « Avec un prix de vente assez avantageux de 9 à 10 euros le kilo pour le poulpe, cette nouvelle ressource a un vrai intérêt économique. » La pieuvre commune, Octopus vulgaris, aime surtout les eaux chaudes. Sa prolifération rapide en Bretagne peut donc paraître surprenante de prime abord. Serait-ce une conséquence directe des effets du réchauffement des océans ? « L’hypothèse est tentante, mais on n’en a aucune preuve, résume Martial Laurans. Et puis ce n’est pas une arrivée, mais un

retour, puisque les poulpes étaient déjà présents en Bretagne dans le passé. » De nombreux témoignages rapportent la présence de poulpes près des côtes bretonnes depuis le début du XX siècle jusqu’à l’hiver très froid de 1962-1963, qui fut de loin le plus sévère jamais enregistré en Europe depuis la fin du XIX siècle. « Les rivières et la mer près des côtes avaient gelé, entraînant apparemment la mort de tous les poulpes », explique JeanPaul Robin, spécialiste des céphalopodes au laboratoire Borea à l’université de Caen. « On ne les a pas revus dans les eaux de la Manche et une grande partie du golfe de Gascogne pendant des années. »Sur la façade Atlantique, seules les côtes espagnoles et portugaises semblent avoir été épargnées.

Baisse des prises de seiches Mais si ce n’est pas un effet direct du réchauffement, qu’est-ce qui aurait pu entraîner le retour des pieuvres, presque soixante ans après leur disparition ? « Honnêtement, on n’en sait rien et on en est réduit à faire des hypothèses », reconnaît Martial Laurans. Première idée, le poulpe était déjà à la limite septentrionale

de sa zone viable en 1963. On rapportait des pics d’abondance certaines années, mais pas une présence régulière au point d’en faire une espèce recherchée par les pêcheurs. Avec une croissance très rapide, et une durée de vie d’environ un an, l’animal est très sensible aux conditions environnementales, et ses effectifs varient toujours très fortement d’une année à l’autre. Une fois sa place perdue dans un écosystème déjà limite pour sa survie, l’animal n’a peut-être pas réussi à s’imposer face à d’autres espèces, plus à l’aise. « Depuis les années 1980, on constate une augmentation des prises de seiches par les pêcheurs en Manche, rapporte par exemple Jean-Paul ­Robin. Or ce céphalopode est lui aussi un prédateur des coquillages et des crustacés, et il est moins sensible aux variations de températures hivernales près des côtes. » Depuis quelques années, les prises de seiches sont en baisse, peut-être à cause d’une surexploitation, ou des conditions de vie moins favorables. « Cette plus faible abondance des seiches a-t-elle favorisé le retour des poulpes ? s’interroge Jean-Paul Robin. C’est une hypothèse à surveiller. » ■

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envoyé spécial à Roscoff

Ifremer

Cyrille VaNlerberghe£@cyrillevan

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Sport

Lampaert, une surprise passée entre les gouttes Le Belge a décroché à Copenhague la plus belle victoire de sa carrière et enfilé le maillot jaune. Jean-Julien ezvan £@JeanJulienEzvan envoyé spécial à Copenhague

cyclisme La route surface laquée, miroir déformant, a promené ses menaces pendant plus d’une heure à Copenhague. Comme à Düsseldorf en 2017, date du dernier Tour de France lancé par un contre-lamontre, les principaux favoris ont dû composer avec la pluie en ouverture de la Grande Boucle pour tenter de trouver le bon compromis

entre vitesse, quête de performance, prise de risques, prudence et équilibre dans la vingtaine de virages venant couper les longues lignes droites. Parti plus tard, le Belge Yves Lampaert, profitant de conditions plus clémentes, a surpris les favoris, devancé son compatriote Wout Van Aert de 5 secondes et Tadej Pogacar de 7 secondes, pour enfiler le maillot jaune au terme d’un sans-faute taillé au millimètre. Arrivée tôt dans la matinée, la foule, joyeuse, joueuse, n’a pas

Lors du contre-lamontre, vendredi à Copenhague, le Belge Yves Lampaert a surpris les favoris, devançant son compatriote Wout Van Aert de 5 secondes et Tadej Pogacar de 7 secondes. THOMAS SAMSON/AFP

perdu une goutte du spectacle. Les spectateurs sont restés collés aux barrières pour tendre une magnifique haire d’honneur. Aux Danois et à tous les autres. Dans la foulée de cette entrée redoutée, la 2e étape, ce samedi, fait frémir les coureurs depuis… la présentation du parcours, en octobre. « Au Danemark, il faut une justification sportive, elle est dans la 2e étape. Dans les 20 derniers kilomètres, il y a deux ponts qui se succèdent, c’est 18 des 20 derniers kilomètres audessus de l’eau. Cela me fait penser

à la Zélande (aux Pays-Bas, NDLR) en 2015 mais version XXL. Il y a du vent 364 jours par an, ce serait dommage qu’il n’y en ait pas le jour où on passe, cela peut arriver mais j’espère que non », présente Christian Prudhomme, le directeur du Tour. Des rafales de vent (de 30 à 40 km/h) pourraient attendre le peloton. Mikaël Chérel (A2R-Citroën) confie : « Il y aura des conditions favorables pour les bordures. Cela va être extrêmement piégeux. C’est le Tour de France, il y a des enjeux énormes. Il n’y aura

pas de place pour tout le monde. Il va falloir jouer des coudes et parfois freiner les yeux fermés, après l’adversaire, et essayer de passer. J’espère qu’on sera chanceux. Il y aura une première sélection à faire pour les leaders qui seront entourés de gros rouleurs. » Un sprint devrait, dimanche, à Sonderborg, conclure le trépidant triptyque danois. Avant le retour en France. Avec des images plein la tête… ■ Ce samedi, 2e étape : Roskilde-Nyborg (202,2 km). Dimanche : Vejle-Sonderborg (182 km).

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Au cœur de la grande mécanique du Tour sur la ligne d’arrivée TOUR de contrôle. Posé sur la ligne d’arrivée, dont il est le responsable chez Amaury Sport Organisation, l’organisateur du Tour, Stéphane Boury, occupe une place de rêve pour tous les fans de la Grande Boucle. Mais dans le torrent de bruit, de tension et de passion qui déferle, il ne voit « jamais qui gagne. Le moment de stress maximum arrive quand la course est à 20 km. Je fais dégager toute la ligne pour que ce soit propre et je garde un œil sur tout, pour que quelqu’un ne sorte pas de nulle part, en faisant attention à ceux qui ont des revendications. J’en ai plaqué un il y a deux ans, à l’arrivée de La Roche-surForon, il est sorti derrière les deux premiers. Je me suis dit : “S’il passe à droite, je le cravate.” Je l’ai plaqué, je l’ai soulevé et je l’ai embarqué. » Le Polonais Michal Kwiatkowski et l’Équatorien Richard Carapaz (Ineos), qui paradaient pour les photographes, ne se sont rendus compte de rien. Un militant écologiste a, de la même façon, accompagné la victoire de Remco Evenepoel lors du dernier LiègeBastogne-Liège, « comme lors du dernier Roland-Garros, quand une jeune femme s’est attachée au filet. J’ai briefé les gendarmes », assure la vigie du Tour, qui est également sortie de l’ombre pour aider des coureurs à ne pas perdre l’équilibre après avoir franchi la ligne d’arrivée au sommet de la Super Planche des Belles Filles en 2019. Stéphane Boury, un infatigable homme à tout faire. « Durant le Tour, je me lève à 5 heures, je suis sur la ligne d’arrivée à 5 h 30, 6 heures maximum. Je passe la journée à tout vérifier. Et quand le protocole de la remise des maillots est terminé, une équipe reste pour protéger le démontage et je file à l’arrivée suivante avec des rendezvous avec les élus à 21 heures ou 22 heures. » Des agents de sécurité posent les barrières. Lui tague alors la zone d’arrivée : « J’ai une bande de peinture, j’ai les dimensions en tête, le podium, le portique d’arrivée… La nuit, quand elles arrivent, les équipes se placent et savent que cela doit être prêt à 11 heures. À 5 h 30, la première équipe verrouille le secteur, petit à petit, on blanchit la zone. Durant la journée, pour la sécurité, on fait la chasse aux sacs oubliés, on s’appuie sur des chiens renifleurs, des démineurs, le GIGN est présent tous les jours. Il y a parfois des blocs de béton pour sécuriser les arrivées les plus sensibles. Il faut penser à tout, comme à l’intervention des pompiers, parce que la vie continue. S’il y a le feu à 200 m de l’arrivée, c’est quand même la priorité au feu. » Stéphane Boury (54 ans), entré chez ASO en 2001, est responsable

des sites d’arrivée du Tour depuis 2016. Avec ses équipes, il supervise la tentaculaire zone technique : 8 000 m2, plus le parking de la caravane publicitaire (10 000 m2), le centre de presse (1 000 m2), les bureaux de l’organisation et 400 places de parking. « Une arrivée, c’est grosso modo mille deux cents voitures et cent vingt 38 tonnes. JeanMarie Leblanc (directeur du Tour de



Pour arriver là où le sport nous guide, il faut qu’on scinde la zone technique. C’est vrai en montagne, mais pas seulement

8mètres 000 carrés

Superficie de la tentaculaire zone technique installée autour de la ligne d’arrivée d’une étape du Tour de France



Christian Prudhomme, directeur du Tour MARTIN SYLVEST/AFP

France de 1989 à 2006, NDLR) disait déjà halte au gigantisme. Christian Prudhomme freine des quatre fers mais c’est compliqué : les équipes, c’est un bus, voire deux, un camion atelier, un camion restaurant, dix voitures… » Alors, il répète inlassablement et glisse dans les courriers et les feuilles de liaison : « Sur le Tour de France, être à l’heure, c’est déjà être en retard. » Et d’assurer : « Il n’y a pas de répétition, il faut avoir tout en tête et que tout se place. Ce qui est important dans mon métier, c’est le repérage en amont. Si je fais bien les choses, sur le Tour, je pars sans document, j’ai tout dans la tête, je connais les rues. J’ai déjà fait des repérages pour 2023, 2024. Il

L’organisation du Tour de France relève un défi logistique quotidien pour établir à l’arrivée de chaque étape un espace sécurisé pour des coureurs qui déboulent à pleine vitesse afin de couper la ligne (ici, à Gap, en 2019). Thomas Maheux

faut penser à tout. Et on est obligé d’y revenir, parce que parfois on voit les choses différemment. Une fois l’arrivée trouvée, je dis à Thierry Gouvenou (directeur sportif) et ses collègues d’arriver par tel point de ralliement. » Christian Prudhomme, le directeur du Tour, éclaire : « Si je lui dis : “Il faut qu’on fasse une arrivée à tel endroit” et qu’il me dit non, je recommence ; si une deuxième fois il me dit non, je change mon fusil d’épaule. Il y a une bonne raison. La zone technique était de forme indéterminée mais en un seul morceau, c’est passé de manière exceptionnelle comme le Galibier en 2011 à plusieurs zones techniques. Maintenant, c’est très régulièrement des zones déportées. Pour arriver là où le sport nous guide, il faut qu’on scinde la zone technique. C’est vrai en montagne, mais pas seulement. L’arrivée à Épernay en 2019 où J­ ulian Alaphilippe prend le maillot jaune, si on n’avait pas scindé la zone technique, on n’aurait pas pu arriver là. L’importance, c’est que cela joue sur le parcours. Avant, on faisait arrivée Reims, forcément sprinter, départ Épernay. Mais du côté d’Épernay, il y a plein de côtes. Pour inverser cela, encore fallait-il que quelqu’un me dise, en l’occurrence Stéphane : “J’ai trouvé une solution, on peut arriver à Épernay en utilisant la côte de Mutigny.” C’est un grand serviteur du Tour. Durant l’année, je dis souvent en plaisantant : “Le matin, tu l’appelles, il est à Dunkerque ; à midi, il est à Strasbourg et le soir il est à Perpignan.” C’est

assez phénoménal. Toujours de bonne humeur, toujours en train d’arpenter les routes. » Stéphane Boury, qui a fait le bataillon de Joinville avec Jacky Durand, Laurent Jalabert, Frédéric Moncassin ou Pascal Chanteur (« Je suis le seul à ne pas être passé pro »), s’est distingué chez les amateurs (2e à deux reprises du Ruban Granitier Breton, dont une fois derrière le Russe Evgueni Berzin) et avance sans GPS : « Pour chaque étape, l’arrivée, j’y suis passé au moins quatre fois. Tout le Tour je suis au taquet, je le prépare comme si cela m’appartenait. Je veux tellement que ce soit réussi. Je fais 80 000 km par an. Voir les sites, c’est ce que je préfère, tu te promènes dans un sens, dans l’autre. Après une journée en ville, tu as tout en tête, les barrières vont être là, la flamme rouge, tout est en 3D. » Cette année, les deux arrivées les plus compliquées à construire se posent au sommet du col du Granon (plus escaladé depuis 1986) et se nichent dans les recoins du contre-la-montre de Rocamadour. « Les coureurs, je suis là pour leur sécurité. J’aimerais bien leur montrer une arrivée, pourquoi elle est là : il faut le bon compromis, pour la télévision, la sécurité. Les coureurs n’imaginent pas toutes les réunions que l’on fait pour les hélicoptères, les zones Natura 2000, on met des filets à moutons pour protéger les plantes… Et après l’arrivée, ce n’est pas fini. Pour les évacuations, je fais des réunions avec les gendarmes. Il faut que les coureurs aient la sensation de ne pas s’arrê-

ter. S’ils savent qu’ils auront une heure de transfert en cortège, cela doit bien se passer. » Au sujet de la logistique d’un grand départ au Danemark, le mécano de la « Général » confie : « C’est un petit Tour dans le Tour, on déplace les mêmes moyens, on déplace la Garde républicaine, on achemine leurs motos sur des camions. Nos voitures sont au Danemark depuis un mois. On s’adapte toujours, mais c’est gros et c’est compliqué. Et il faut revenir en France. Cela a demandé beaucoup de travail, de réunions. Mais tout le monde est tellement mobilisé. Il faut avoir des autorisations pour tout mais tout est tellement plus facile quand c’est le Tour. »



Pour chaque étape, l’arrivée, j’y suis passé au moins quatre fois. Tout le Tour, je suis au taquet. Je le prépare comme si cela m’appartenait



Stéphane Boury, responsable des sites d’arrivée du Tour PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

Le Tour, un périple aux racines profondes. « Avant un séminaire, il y a quelques années, alors qu’on réfléchissait sur le Tour de nos rêves, mon fils m’avait dit : “Le Tour de mes rêves, c’est celui devant la maison.” J’ai réussi à le faire passer devant la maison de mes grands-parents lors de l’étape qui arrivait à Sarran, en 2020. » Une autre étape l’a marqué : « Mes parents habitaient tout près de Limoges. Je passais souvent devant la mairie, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour j’y organiserais l’arrivée du Tour (en 2016) alors qu’on terminait toujours à Beaublanc devant le Palais des sports où jouait l’équipe de basket… Il y a encore tellement de choses à faire ! Christian (Prudhomme) a plein d’idées. Il y a des sites où on n’a pas été depuis des décennies qui font rêver, comme le Puyde-Dôme. C’est compliqué, c’est classé au patrimoine de l’Unesco, mais rien n’est impossible. » Pour un Tour qu’il est toujours difficile de quitter. « Durant le Tour, je perds 4 ou 5 kilos. Le lundi qui suit le défilé sur les Champs-Élysées, tout retombe. Tu te demandes : “Où est l’arrivée ?” Mais c’est fini. Il faut tondre la pelouse, faire la vaisselle, les courses…» ■ J.-J. E. et G. F. Cette année, son Tour se prolongera le temps de trois étapes sur le Tour féminin. Pour prêter son regard, partager son expertise. En attendant de reprendre la route…

le figaro

Sport

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

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PSG : Galtier, profession meneur d’hommes Après Saint-Étienne, Lille et Nice, le technicien va débarquer à Paris pour relever le plus grand défi de sa carrière.

football L’éternel adjoint a bien grandi. Meneur d’hommes, fin tacticien et bon communicant, ­ Christophe Galtier s’est imposé comme le candidat idoine pour incarner ce PSG loin du bling-bling et des paillettes réclamé par Nasser Al-Khelaïfi, ce PSG qui veut rêver réalité afin de pouvoir rêver plus grand. Un PSG qui a aussi longtemps rêvé de Zinédine Zidane, malgré les dénégations de « NAK ». « On a choisi une autre option, un entraîneur qui sera le meilleur pour ce que nous voulons mettre en place », affirmait dernièrement le dirigeant qatari dans Le Parisien. Avec Galtier, 55 ans, Paris va s’attacher les services d’un homme entier, franc, spontané. Impulsif aussi, parfois sanguin. On se souvient de son accrochage avec ­ Marcelo Gallardo il y a une ­ ­vingtaine d’années, lors d’un duel entre « son » OM et Monaco, alors qu’il était entraîneur adjoint. Un rôle de numéro 2 qu’il a tenu pendant dix ans après une honnête carrière de joueur, de 1999 à 2009, récitant ses gammes, fourbissant ses armes, pour mieux enfiler le costume de numéro 1 fin 2009, à Saint-Etienne, prenant la suite d’Alain Perrin, dont il avait lui-même été longtemps l’adjoint. Dix ans à faire « le tampon entre le numéro 1 et les joueurs, entre l’enclume et le marteau », comme Galtier l’expliquait il y a quelques mois sur ­Franceinfo. Les clés de la gestion humaine, sa grande force, il les a puisées là, mais aussi dans une éducation toute en humilité, en ­ partage, en échange, lui, le fils de pieds-noirs. Né à Marseille, comme « Zizou », c’est pourtant à Gerland qu’il a ses premiers souvenirs de football. Muté à Lyon dans le cadre de son travail de policier, son papa assurait régulièrement la sécurité dans l’enceinte lyonnaise les soirs de match. L’occasion pour le petit Christophe et ses frères de goûter aux joies du ballon rond. Le virus n’a jamais lâché celui qui se dit « drogué » par ses fonctions d’entraîneur et le jeu encore aujourd’hui. Les débuts à Lyon, la passion à Marseille. Le père

Christophe Galtier (ici, lors de la demi-finale de Coupe de France contre Versailles, en mars dernier) devrait signer lundi prochain son contrat de deux ans en tant que coach du PSG. ERIC GAILLARD/REUTERS





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de Christophe Galtier étant muté dans la Cité phocéenne, retour à la case départ. Marseille, comme un aimant pour le coach, là où il a été formé, là où il a fait ses débuts en tant que joueur professionnel (1985-1987), là où il est revenu vers la fin de sa carrière (1997-1995) après avoir fait le tour d’une France qu’il aime profondément (Lille, Toulouse, Angers, Nîmes), là où il a débuté en tant qu’entraîneur adjoint (1999-2001). C’est dans un HLM du quartier des Caillols que la famille Galtier posait ses guêtres, Christophe s’y faisant défini­ tivement happer par l’amour du football, lui qui tapait ses premiers ballons avec les frères Cantona, des amis d’enfance, jusqu’à rallier le centre de formation de l’OM. Une enfance heureuse, dans le mélange de cultures et la sécurité des Caillols, un cocon. À la fin d’une carrière de joueur sans titre, si ce n’est celui de champion d’Europe espoirs 1988 avec les Bleuets, mais sans sélection avec les grands Bleus, Galtier passait de staff en staff en tant que numéro 2, en France (Marseille, Bastia, Sochaux, Lyon, Saint-Étienne), mais pas que (Grèce, Émirats arabes unis, Angleterre). Puis le grand saut sur le banc de l’ASSE, poussé par celui à qui il a succédé, Alain Perrin. Le début d’une aventure de huit ans (200917), avec la Coupe de la Ligue 2013 en point d’orgue. Et Lille, où Gérard

Les qualités du triple meilleur entraîneur de Ligue 1 ne se sont toutefois pas envolées sur le trajet entre le nord de la France et la Côte d’Azur. Une main de fer dans un gant de velours. Un homme exigeant, très exigeant, avec lui-même bien sûr, mais aussi ceux qui travaillent à ses côtés, mais juste. « J’aime toujours la proximité avec mes joueurs, j’ai ­besoin d’entretenir une relation forte avec eux. Mais j’ai désormais plus de recul. Je peux prendre des décisions très fortes, sans état d’âme, pour le bien du groupe. Il n’y a aucun joueur plus grand que l’équipe. Seule la

­ p erformance collective compte. Quand on dépasse les limites, je peux être ­radical », lâchait-il en 2021 dans N ­ ice-Matin, assurant que rien n’est irrémédiable pour autant. Radical, mais avec un « gardefou» nommé Régine, son épouse. « C’est elle qui gère le quotidien, les enfants (3 garçons, NDLR), les petitsenfants, la maison. Avec l’avancée de ma carrière et de mon parcours, elle met une hyperprotection autour de tout ça. Elle fait très attention à l’environnement. Surtout, elle est capable de me dire ce que les autres ne peuvent pas me dire », glissait-il en 2021.

Avec Luis Campos, un tandem de choc

Je peux prendre des décisions très fortes, sans état d’âme, pour le bien du groupe. Il n’y a aucun joueur plus grand que l’équipe christophe galtier

Lopez a fait appel à lui sur les conseils de Charles Biétry. Quatre saisons (2017-2021) marquées par le titre de champion de France, au nez et à la barbe d’un PSG auquel ­Christophe Galtier a pris l’habitude de faire des misères, lui dont les équipes restent sur quatre matchs sans perdre ni encaisser de but face aux Rouge et Bleu, dont une ­qualification en Coupe de France la saison passée, avec Nice. Une saison qui ne restera pas dans les annales chez les Aiglons, qui n’ont pas dû être ­mécontents de voir Paris taper à la porte.

« Souvent, on ne me comprend pas et on dit que je suis très exigeant, difficile. Oui, c’est vrai », confie Luis Campos, conseiller football du PSG. REMY GABALDA/AFP

« ON NE veut plus du flashy, du bling-bling, c’est la fin des paillettes. » C’est un Nasser Al-Khelaïfi remonté comme une pendule et échaudé par une nouvelle humiliation européenne la saison passée qui a répondu aux questions du Parisien le 22 juin. Certes, le président du club de la capitale avait déjà tenu des propos similaires en 2019, annonçant « la fin des comportements de stars » chez les Rouge et Bleu. Mais cette fois, il a pris le taureau par les cornes en nommant Luis Campos en tant que conseiller football, en lieu et place de Leonardo (ex-directeur sportif), et en recrutant Christophe Galtier, pour succéder à Mauricio Pochettino sur le banc. Le tandem qui a guidé Lille jusqu’au titre de champion de France en 2021, devant… le PSG. « On n’a pas toujours été très beaux, mais on a joué avec nos qualités, notre cœur, notre générosité », se réjouissait coach Galtier après ce sacre. On imagine que « NAK » donnerait cher pour que l’on dise cela du PSG en fin de saison, avec

une victoire en finale de Ligue des champions par exemple. Il y a du travail. Ça tombe bien, Campos et Galtier ne sont pas avares en la matière. Du travail, et une méthode qui ne fera pas que des heureux dans le vestiaire parisien… « Avec Campos, ce ne sera pas la même limonade », promet un témoin privilégié de la méthode Campos. Le Portugais, architecte des sacres de Monaco (2017) et Lille (2021), est en effet connu pour sa rigueur. Certains Parisiens risquent de ne pas reconnaître leur PSG à la reprise, ce lundi, et regretteront le temps des passe-droits…

Deux forts caractères, deux chefs de meute

D’autres, comme Kylian Mbappé, se réjouiront de ce changement de cap, si changement de cap il y a vraiment. Lequel Mbappé n’est sans doute pas pour rien dans la nomination de Luis Campos, qu’il a bien connu à Monaco, même si Nasser Al-Khelaïfi s’en est autant défendu que d’avoir contacté Zinédine ­Zidane. La légende veut en tout cas que l’ancien « padawan » de José Mourinho au Real Madrid est pour beaucoup dans la signature du premier contrat pro de « KM ». ­ « C’est ma méthode, on ne peut pas zigzaguer, décrit Campos dans Nice Matin. Souvent, on ne me comprend pas et on dit que je suis très exigeant, difficile. Oui, c’est vrai. Parce que je me considère comme le gardien de cette ligne d’orientation pour être performant. » Ça tombe bien : son binôme est sur la même ligne en matière de discipline, même s’il plaisante en disant qu’il n’est « pas un policier » et qu’il ne met pas « des puces sur les voitures » de ses joueurs. Lorsqu’on lui demande ce qui l’agace le plus, Christophe Galtier cite « le manque d’exigence et d’investissement ». « C’est incompréhensible quand on fait un tel métier, qui n’en est pas un, mais un sport qui est devenu une passion. C’est une chance de bien ­vivre de ça. Je ne peux pas tolérer

qu’on ne s’en rende pas compte. Je préviens le joueur : soit il réagit, soit il n’est pas fait pour ça », a-t-il ainsi martelé. Deux forts caractères, deux chefs de meute, ça ne fait toutefois pas bon ménage. Pourtant, Galtier chante les louanges de Campos à chaque fois qu’il en a l’occasion. Et Campos ne cachait pas qu’il serait « très heureux » de retravailler avec Galtier, lui qui « aime l’entraîneur, mais encore plus la personne ». Et pour cause, les deux hommes ont trouvé la formule idéale, sans que l’un empiète sur les platebandes de l’autre. Christophe Galtier, qui estime que (son) travail, c’est le terrain, la gestion du vestiaire, la préparation de l’équipe, comment faire pour l’améliorer », n’a aucune envie de mettre les mains dans le cambouis en matière de mercato. Il donne des profils, Luis Campos se charge du reste. « Luis est celui qui était en relation permanente avec les joueurs et leur entourage, car c’est lui qui est allé les chercher. Quand il fallait régler un problème avec un joueur, il y avait Luis », se souvient Galtier de leur période lilloise. Bien sûr, il leur est arrivé de s’accrocher et le coach marseillais était resté sans nouvelle du dirigeant portugais pendant de longs mois après son départ surprise du Losc, fin 2020… Mais ils se comprennent, se complètent. Duo gagnant. À voir si cette association peut avoir autant de succès dans la cour des grands, au PSG, prétendant à la victoire finale en C1, que ça a pu être le cas au Losc, un bel outsider à l’échelle nationale. Si la révolution imaginée par la direction parisienne a bien lieu, c’est que Luis Campos et Christophe Galtier auront réussi leur coup. Mais ce ne sera possible qu’à une condition : que, pour une fois, Nasser Al-Khelaïfi les laisse travailler ­ comme bon leur semble, tout en leur apportant le soutien nécessaire quand le bateau tanguera et que leur autorité sera contestée. C. R.

Cette hyperprotection, Galtier en aura plus que jamais besoin dans le tumulte parisien, loin de sa résidence de Cassis, loin de cette ­ Méditerranée qu’il aime tant. « J’aime la mer quand elle est calme, belle ou déchaînée », jure-t-il. Pas de mer dans la capitale, mais l’avis de tempête n’est jamais très loin en bord de Seine. ■ SAMPAOLI QUITTE L’OM. Coup de tonnerre à Marseille, le club phocéen a officialisé ce vendredi le départ surprise de son entraîneur Jorge Sampaoli. Ce départ serait lié au début du mercato de l’OM qui ne correspondrait pas aux attentes de son coach.

zoom Tennis : Garcia continue à Wimbledon, pas Humbert

Lauréate la semaine dernière à Bad Homburg du huitième titre de sa carrière, Caroline Garcia s’est qualifiée pour les huitièmes de finale après une bataille en deux manches face à la Chinoise Shuai Zhang (7-6, 7-6). Pas d’exploit en revanche pour Diane Perry éliminée par la Tunisienne Ons Jabeur (6-2, 6-3) au 3e tour. Défaite également pour Ugo Humbert dominé par le Belge David Goffin 4-6, 7-5, 6-2, 7-5. De son côté, Novak Djokovic a vécu un 3e tour tranquille face à son compatriote Miomir Kecmanovic (6-0, 6-3, 6-4). Carlos Alcaraz a poursuivi sa montée en puissance en balayant le géant allemand Oscar Otte, croqué en trois manches (6-3, 6-1, 6-2).

en bref Rugby : un test contre le Japon et un record en vue

Privée de plusieurs cadres, l’équipe de France défie le Japon, ce samedi (8 heures sur TF1) dans des conditions météo extrêmes (chaleur) et vise un record de neuf succès d’affilée. Pour les Bleus retenus, c’est l’occasion de se prouver qu’ils peuvent avoir leur place dans ce XV de France qui a le vent en poupe, dans le sillage du Grand Chelem réalisé cet hiver dans le Tournoi des six nations. « Tous les joueurs ont envie d’accrocher cette opportunité. C’est une équipe d’affamés », insiste Fabien Galthié. Un succès ce samedi et les Bleus enregistraient la plus longue série de victoires de leur histoire moderne. Mais Fabien Galthié ne veut pas s’attarder là-dessus : « Ajouter le poids supplémentaire d’un éventuel record, ce n’est pas le sujet. »

C

christophe remise £@Cremise77

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

12

LE CARNET DU JOUR

Les annonces sont reçues avec justification d’identité

Romain et Louis, ses fils, et leur mère Elisabeth,

naissances

du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h (excepté les jours fériés) et tous les dimanches

M. Stéphane BASCHIERA et Mme, née Véronique Leiba,

ses dix frères et sœurs, leurs conjoints et leurs descendants,

sont heureux de faire part de la naissance de

toute sa famille, tous ses amis

de 9h à 13h.

Jeanne

ont la grande peine de vous faire part du décès de

le 6 juin 2022, chez

Antoine et Mathilde BASCHIERA

Courriel

carnetdujour@media.figaro.fr

Philippe BILLETTE de VILLEMEUR

Paris.

Téléphone

01 56 52 27 27

survenu le 28 juin 2022, à l'âge de 81 ans.

Mme Roger BERNIER

le docteur Philippe ARNAUD et Mme, née Anne Bernier,

La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 5 juillet, à 10 h 30, en l'église Saint-Eustache, Paris (1er).

ont la joie d'annoncer la naissance de leur 11e arrière-petit-enfant et 7e petit-enfant

L'inhumation aura lieu le samedi 9 juillet, à 10 h 30, au cimetière de Sainte-Souline (Charente).

en union avec

M. Roger Bernier (†)

fiançailles M. Pascal CHASSAING et Mme, née

Sabine de Boisset,

[email protected]

Suzanne

M. Christian BIZOÜARD

et Mme, née Sophie Gentilliez,

sœur d'Albin, le 7 juin 2022, chez

Gauthier et Elsa

ont la grande joie de vous annoncer les fiançailles de leurs enfants

Saumur. Golfe-Juan. Nantes. Cannes. Lorient.

deuils

Hugues et Fanny

Thérèse Desjonquères, née Dehillotte, son épouse,

Georgina Adam, son épouse, Sacha et Sandi Adam, Olivier et Maxine Adam, Benjamin et Mandy Adam, ses fils et belles-filles, Amelia, Audrey, Isabella, Grace (†), Matthew, Aaron et Lucy, ses petits-enfants, Andrea Watson, sa belle-sœur, Nicholas, Alexander Watson, ses neveux,

M. Bernard GRASSET et Mme, née Catherine Landes, M. Robert SKOVELL et Mme, née Ewa Major, ont la joie de vous annoncer les fiançailles de leurs enfants

Albane et Aaron

Anne et Hervé Caroff, Yves et Marie Christine (†) Desjonquères, Bruno et Frédérique Desjonquères, ses enfants, Jean-Marie et Stéphanie, Nicolas et Aurélie, Yves, Sarah et Simon, Marie, Jean-Baptiste et Jeanne, Marie-Céline et Théo, ses petits-enfants, Thomas, Domitille, Héloïse, ses arrière-petits-enfants,

ont la douleur de vous faire part du décès de

Christopher ADAM

né Krzysztof Adamczewski, chevalier de la Légion d'honneur,

Le marquis de VIBRAYE et la marquise, née

Constance du Closel,

sont heureux de vous annoncer les fiançailles de leurs enfants

École centrale Paris 1955, officier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, ancien président-directeur général des sociétés Bezault Rivinox à Longué, ancien président de la Banque Populaire Anjou Vendée,

La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 9 juillet, à 11 heures, en l'église St-Peter-and-St-Paul, à Lingfield, Surrey.

Isaure et Henri

Ni fleurs ni couronnes, mais éventuellement des dons à St Catherine's Hospice http://www.stch.org.uk

mariages

The Oast House, New Place Farm, Lingfield, Surrey RH76EF (Royaume-Uni).

La baronne François d'ARTHUYS

en union avec son époux (†2017),

Inès, Jean, Emmanuel, ses enfants, Servane, sa belle-fille, Alexandre, son gendre,

Le capitaine de vaisseau (†) et Mme Jean-Pierre Besnard, le vice-amiral d'escadre et Mme Philippe Canonne, Henri (†) et Sabine Gas, Thierry et Anne Gas, le contre-amiral et Mme Dominique Fouché, Jean-Pierre Gas, Bruno et Véronique d'Aubarède

Pauline, Melchior, Gaspard, Aliénor, Arthus, Adélie, ses petits-enfants, ont la joie d'annoncer le mariage de

Florence

Jonkvrouw Myriam van Doorslaer de ten Ryen, sont heureux de faire part du mariage de leur fille

M. Maxime van STEENBERGHE

2022-07-03T23:52:25+02:00

2022-07-02T03:09:04c:Figaro;u:pboulanger;

Jour:

Autre

Mme Chizuko Kimura, son épouse, M. Mikio Kimura, son frère, et toute la famille, Paul & César et tous ses amis ont la profonde tristesse de vous faire part du décès de

Shunei KIMURA

chef étoilé au Guide Michelin,

Marie-Suzanne Malenfer, née Sterckx, son épouse, Valérie et Stephen Ortiz, Eric et Stéphanie Malenfer, ses enfants,

et toute la famille ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu du

comte Gilles ESPIVENT de LA VILLESBOISNET

PARIS - HÔTEL DROUOT 9 rue Drouot - 75009 Paris Mercredi 6 Juillet 2022 à 14h15 - Salle 5

taBleaux Modernes CéraMiques du xvie au xixe s. 16, rue de la Banque 75002 Paris Tél. : 01.53.45.92.10 www.fraysse.net

Alain MALENFER survenu le 28 juin 2022, à l'âge de 84 ans, à Sèvres. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Romain, 1, rue de l'Église, à Sèvres (Hauts-de-Seine), le mardi 5 juillet, à 10 heures.

Paris (17e).

officier des Palmes académiques,

Agt n° 2002-035

un

26, rue de la Motte, 10400 Courceroy.

Cet avis tient lieu de faire-part.

ses enfants, Mlle Cécile Espivent de La Villesboisnet, Mlle Hélène Espivent de La Villesboisnet, le comte et la comtesse Etienne Espivent de La Villesboisnet, ses petits-enfants, Mathilde, Quentin, Inès et Sybille,

le 29 juin 2022, dans sa 77e année, muni des sacrements de l'Église. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Goven (Ille-et-Vilaine), le lundi 4 juillet, à 14 h 30.

comtesse Guy LEMERCIER de MAISONCELLE VERTILLE de RICHEMONT née Roseline de Villeneuve Esclapon,

le mercredi 29 juin 2022, dans sa 88e année. La cérémonie religieuse, suivie de l'inhumation, aura lieu le lundi 4 juillet, à 15 heures, en l'église de Tombebœuf (Lot-et-Garonne). Avenue Ernestine 19, 1050 Bruxelles (Belgique). Chateau Doyac, 33180 Saint-Seurin-de-Cadourne.

Mme Isabelle Mullenbach, son épouse, M. et Mme Stéphane Mullenbach, M. et Mme Alexis Mullenbach, ses enfants, Antoine et Charlotte, ses petits-enfants, M. et Mme Olivier Mistral et leurs enfants ont la tristesse de faire part du décès de

M. Jean-Louis MULLENBACH

HEC 1971, ancien associé dirigeant du cabinet Salustro-Reydel, chevalier de l'ordre national du Mérite,

ont la tristesse de vous faire part du décès de

Marc van RIEL

Une messe sera célébrée en sa mémoire, le lundi 11 juillet, à 11 heures, en l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, à Gassin (Var).

Pierre, Eve et Ludovic et leurs enfants ont le regret de faire part du décès de

survenu le 25 juin 2022. Les obsèques auront lieu dans l'intimité familiale. Cet avis tient lieu de faire-part.

Olivier Glandaz, Philippe et Evelyne Glandaz, Patrick Glandaz, ses fils et sa belle-fille,

Tosca, Gaspard, Joseph, ses enfants adorés,

Victoria et Franklin, sa sœur et son frère, Tristan, Cécile, Julien et Louise, ses beaux-frères et belles-sœurs, Meg, Elliott, Emma, Rose et Juliette, ses neveu et nièces, et toute sa famille ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Alix PANDREA à l'âge de 47 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 5 juillet 2022, à 14 heures, en l'église Sainte-Cécile, 44, rue de l'Est, à Boulogne-Billancourt. Cet avis tient lieu de faire-part.

Jacques-Yves et Anne Pénicaud, Dominique et Margaret Pénicaud, Jérôme Pénicaud (†), Emmanuel et Christine Pénicaud, Christian et Sylvie Pénicaud, ses enfants, ses quinze petits-enfants, ses vingt-deux arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Mme Philippe PÉNICAUD

née Madeleine Poissonnier, le 27 juin 2022, à l'âge de 100 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 7 juillet, à 14 h 30, en l'église Saint-Blaise d'Écully (Rhône), place de la Libération. 5, rue de Montauban, 69005 Lyon.

Guillaume, Alexandra, ses petits-enfants, Christine Kuhn, sa sœur, ainsi que les familles Sainctelette et Brugnon ont la profonde tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

ses enfants, Anne-Florence, Claire Estelle, Emmanuelle, Marie Gabrielle, ses petits-enfants, Adrien, Eva, Susanna, ses frères, Jean, Louis, Paul, et sa sœur Marie Geneviève, sa famille et ses amis

survenu le 29 juin 2022, à Paris, muni des sacrements de l'Église.

ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu du

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Ferdinand-des-Ternes, à Paris (17e), le vendredi 8 juillet 2022, à 14 h 30, suivie de l'inhumation au cimetière de Levallois-Perret, à 16 h 15.

Une messe a été célébrée le mercredi 29 juin 2022, en l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Dijon.

15 bis, avenue de Verzy, 75007 Paris. [email protected]

Les obsèques se sont déroulées le jeudi 30 juin, à Annot (Alpes-de-Haute-Provence).

docteur Pierre RICHAUD

Yves et Liliane Trottet, son fils et sa belle-fille, Guillaume et Lola, ses petits-enfants, Antoine et Gabriel, ses chers arrière-petits-fils, et toute la famille ont la tristesse de vous faire part du décès de

Mme Roger TROTTET née Denise Boulay,

survenu le 11 juin 2022, dans sa 97e année. La cérémonie religieuse a été célébrée le 17 juin, en l'église de La Mesnière (Orne), suivie de l'inhumation au cimetière de Ménil-Erreux, dans le caveau de famille. [email protected]

remerciements Mme Daniel Rebiscoul, née Chantal Landrin, son épouse, Sophie et Marc Lavine, Jérôme et Alexandra Rebiscoul, Antoine Rebiscoul (†), Benjamin et Carolyn Rebiscoul, Amandine et Julien Lemesre, ses enfants, belles-filles et gendres, ses petits-enfants et toute sa famille, très touchés des marques de sympathie que vous leur avez témoignées lors du rappel à Dieu du

docteur Daniel REBISCOUL vous prient de trouver ici, leurs sincères remerciements.

Nicole SAINCTELETTE épouse de

Bernard GLANDAZ (†) le 28 juin 2022, dans sa 89e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 6 juillet 2022, à 10 heures, en l'église Saint-Jacques, 167, boulevard Bineau, à Neuilly-sur-Seine, suivie de l'inhumation au cimetière du Père-Lachaise, Paris (20e).

Florence Terrasse et Claude Viterbo, Daphné Riou et Paul Bourgade, Samuel et Adrien Bourgade, Bérengère et Tanguy Riou, Jean-Pascal et Marie-Béatrice Terrasse, Isabeau, Amaury et Aliénor Terrasse, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, Monique Andries, Chantal von Attems-Heiligenkreuz, Yves et Evelyne Andries, Pascale Vaandering, Danielle et Jacques Thouvenin, Dominique Andries, Thierry et Martine Andries, Baudouin et Martine Andries, ses frères et sœurs, et toute leur famille ont la grande tristesse de vous annoncer la disparition le 27 juin 2022, à Paris, à l'âge de 86 ans, de

Mme Nicole TERRASSE née Andries, à Ixelles (Belgique), le 10 juin 1936.

messes et anniversaires « Entre tes mains Seigneur, je remets mon esprit. » Dernières paroles du Christ. A la mémoire de

Catherine JACCARD épouse de Gilbert Souchier, rappelée à Dieu le 2 juillet 2006, jour de la Visitation, une messe sera célébrée ce dimanche 3 juillet 2022, à 10 h 45, en l'église de Quelaines (Mayenne). La mort n'est qu'un passage, je crois en la Vie éternelle.

En souvenir de leur fondateur,

Armand MARQUISET (1900-1981),

les Petits Frères des Pauvres

vous invitent à participer ou à vous unir par la pensée à un temps de mémoire qui aura lieu le vendredi 8 juillet 2022, à 17 heures, en l'église Saint-Jean-Bosco, 79, rue Alexandre-Dumas, Paris (20e). Les Petits Frères des Pauvres, 19, cité Voltaire, 75011 Paris.

souvenirs Il y a deux ans, le 3 juillet 2020,

Une messe sera célébrée le mardi 5 juillet, à 10 h 30, en l'église Saint-Sulpice, Paris (6e). L'inhumation aura lieu dans l'intimité familiale.

Dominique Richaud, née Durand-Viel, son épouse,

Courbevoie, Colombes, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Hugues ROSEROT de MELIN

189, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris.

Arielle Faille, sa mère,

le 28 juin 2022, à l'âge de 95 ans.

La comtesse Gilles Espivent de La Villesboisnet, née d'Aviau de Ternay,

survenu le 10 juin 2022, à Rio de Janeiro (Brésil).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Jacques Balaÿ, son époux,

La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 5 juillet, à 9 h 30, en l'église Saint-François-de-Molitor, 44, rue Molitor, Paris (16e).

ont la très grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de la

Laetitia Pandrea, née de Préaumont, son épouse,

La cérémonie aura lieu le jeudi 7 juillet, à 10 h 30, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris (20e).

Colette DUBOIS

Andrea, son épouse, Alexandra, sa fille, George, son petit-fils, Hendrik et Giacinta, son frère et sa belle-sœur, Sabine et Leticia, ses nièces,

La cérémonie religieuse s'est déroulée en l'église Saint-Christophe du Fréchou (Lot-et-Garonne), dans l'intimité familiale, le 24 juin.

ont la douleur de faire part du décès de

La messe de funérailles sera célébrée par le père Nicolas Bocard, le lundi 4 juillet, à 10 heures, en l'église Notre-Dame de Saint-Didier-au-Mont-d'Or.

Agt n° 2002-035

Demain

écrivaine et historienne d'art,

M. et Mme Dominique de Guerre, Rodrigue de Guerre, le comte et la comtesse Max de Pourtalès, Clémence, Alice et Caroline de Pourtalès, le comte et la comtesse Arnaud de Villeneuve Esclapon, ses enfants, beaux-enfants et petits-enfants, son frère et sa belle-sœur,

survenu le 17 juin 2022, à Vernon (Eure), dans sa 82e année.

ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de

Vincent Fraysse Commissaire Priseur Judiciaire PARIS - HÔTEL DROUOT 9 rue Drouot - 75009 Paris Mardi 5 Juillet 2022 à 14h15 - Salle 5 Monnaies de ColleCtion Bijoux - Boîtes en or orfèvrerie xviii et xixe s. 16, rue de la Banque 75002 Paris Tél. : 01.53.45.92.10 www.fraysse.net

Claire JOYES-TOULGOUAT

La messe aura lieu le lundi 4 juillet 2022, à 15 heures, en la cathédrale de Chambéry (Savoie).

née Frachon,

célébré dans l'intimité, le 21 mai 2022, à Clémont (Cher).

ont la douleur de vous faire part du décès de

Joseph, Dominic, Chiara, Rose, Hadrien, James, ses arrière-petits-enfants,

le 28 juin 2022, dans sa 91e année.

Pauline et Christophe

Françoise Joyes-Lawless, Anne Joyes-Mondon, Claude Joyes, ses sœurs et frère, Bernard Mondon, Mark Lawless, ses beaux-frères,

Laure et Stéphane Rouault, Carla, Martin et Paola, ses enfants et petits-enfants,

Annick BALAŸ

ont la joie d'annoncer le mariage de leurs enfants

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Bagnot (Côte-d'Or), dans l'intimité familiale, le lundi 4 juillet 2022, à 10 h 30.

Pascal et Blandine Dubois, Alix, Arnaud et Baptiste,

ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Marie-Christine et Didier SCHWAB Brigitte et Emmanuel ROUSSEAU

née Papapietro,

La cérémonie religieuse a été célébrée en l'église Saint-Pierre de Golfe-Juan, le mercredi 29 juin, dans l'intimité familiale, suivie de l'inhumation au cimetière de Vallauris.

ses onze petits-enfants, ses quatre arrière-petits-enfants

célébré le 25 juin 2022, en l'église de Coinches (Vosges).

Marie-Hélène JACOB survenu le 28 juin 2022, à l'âge de 76 ans, à Auvillars-sur-Saône, munie des sacrements de l'Église.

survenu le 23 juin 2022, à Paris, à l'âge de 65 ans.

Florence de Silva, Thomas et Matthieu Karmann de Silva,

Emeric (†) et Corinne Balaÿ, Hervé et Christine Balaÿ, Guillaume et Delphine Balaÿ, Mahine et Tanguy Truchot, ses enfants,

Mlle Marie-Lorraine BARETH

ont la douleur de faire part du décès de

Marie et Nick, Philippe et Kelly, Alexandre, Andrew, Isabelle, Marguerite, Sophie, William, Victoire et Alexis Eléonore, Antoine, Diane, ses petits-enfants,

Anne-Marie ARMINJON

M. Dominique François BARETH et Mme, née

Philippe Jacob, son époux, Anatole, Sébastien et Valérie, ses fils et sa belle-fille, Antoine et Lisa, Tanguy, Clotilde, ses petits-enfants, Jade, son arrière-petite-fille,

le 23 juin 2022, dans sa 90e année.

66 bis, chemin de Gastaud, 06600 Antibes.

ont la tristesse de vous faire part du retour à Dieu de leur sœur et belle-sœur,

Alexis BOUROZ

à Ambrus, ce samedi 2 juillet 2022.

avec

Bruno DESJONQUÈRES

endormi paisiblement le 27 juin 2022, à l'âge de 81 ans, entouré des siens.

M. Jean-Louis CLAUZIER et Mme, née Anne Dussert,

avec

vous font part du rappel à Dieu de

Auvillars-sur-Saône (Côte-d'Or).

François de COLLONGUE remettait son âme à Dieu. Pensons à lui.

39, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris. Il y a dix ans, le 2 juillet 2012, M. et Mme Michel Thomas, ses parents,

Sylvie DALIN BARTFELD nous quittait.

Antoine et Corinne Thomas, David et Charlotte Thomas, ses frères et ses belles-sœurs,

Nous pensons tous toujours à elle.

Virgile, Lorraine, Pénélope et Gustave, ses neveux et nièces,

Michel, Paul et Latifa, Monique, Agnès et Pascal, François et Astrid, Babeth, Anita et tant d'autres.

ont la tristesse de vous faire part du décès de

M. Edouard THOMAS survenu le 18 juin 2022, à Paris, à l'âge de 57 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 5 juillet, à 14 h 30, en l'église Saint-Eustache, à Paris (1er).

Le 30 juin 2012, il y a dix ans,

Paul DUBUT nous quittait. Que ceux qui ont eu le bonheur de le connaître aient une pensée pour lui et restent fidèles à son souvenir.

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

champs libres le figaro

Enquête

13

Les « kidnappés » japonais de la Corée du Nord

Eiko Kawasaki embarque à 17 ans pour la Corée du Nord, avant de s’enfuir en 2001, au bout de quarante et un ans. À 80 ans, elle se bat aujourd’hui pour aider ses camarades d’infortune restés là-bas.

E

Tokyo

ntre 1959 et 1984, les gouvernements nord-coréen et japonais s’entendirent, le premier activement, le second tacitement, pour faire migrer le plus grand nombre possible de résidents d’origine coréenne du Japon vers la Corée du Nord. Ce programme, cofinancé par les deux pays, fit basculer en vingt-cinq ans 93 340 personnes (dont 6 730 Japonais) du miracle économico-démocratique nippon dans l’enfer stalinien nord-coréen. « Un véritable kidnapping d’État, de masse. La Corée du Nord a trompé ces gens, mais le Japon n’a rien fait pour les détromper alors qu’il savait que la Corée du Nord était loin d’être le paradis vanté. Mon pays a aussi une responsabilité. Il faut qu’il le comprenne pour ramener ceux qui peuvent encore l’être », dénonce Fumiaki Yamada. Ce « Juste », professeur d’université à Osaka, consacra sa carrière, parfois au péril de sa vie, à aider ces « rapatriés » à fuir la Corée du Nord, à travers une association créée en 1994. Avec d’autres, il vient d’obtenir une petite victoire devant les tribunaux japonais et se bat pour faire connaître le calvaire subit par ces innombrables victimes. Il faut se plonger dans le contexte de l’époque pour comprendre. En 1959, Japon et Corée du Nord mettent en place un programme de « rapatriement » des résidents au Japon d’origine coréenne. Le régime de Pyongyang y voit une manne humaine et technologique, avec un profit en termes d’espionnage. Pour le Japon aussi, c’est une aubaine : il se débarrassera de cette communauté « en trop », alors que sa population est encore fragilisée par la guerre. Quant aux 600 000 résidents coréens concernés, certains pressentent que leur avenir est en Corée du Nord : cette dernière, enfiévrée par la Chollima, une version locale du stakhanovisme, enchaîne alors les prouesses industrielles, louées jusque dans la presse japonaise. Les deux pays, par le truchement de leur Croix-Rouge respective, s’entendent donc pour organiser le départ vers le « paradis socialiste ».

Entre 1959 et 1984, le régime ermite organisa, avec l’assentiment de Tokyo, le déplacement de 93 340 résidents du Japon, en très grande majorité d’origine coréenne. Environ 200 ont pu faire le voyage retour. Une poignée de « Justes » se bat pour que leur histoire soit connue. Et ramener ceux qui peuvent l’être. 1

« Surtout ne descendez pas ! »

2022-07-03T23:52:25+02:00

2022-07-02T03:09:04c:Figaro;u:pboulanger;

Jour:

Autre

un

Demain

Le parcours d’Eiko Kawasaki est typique. Boursière de la Sôren, l’association locale affiliée au régime ermite, elle fut en classe, sous le portrait souriant, poupin et central du Grand Leader nord-coréen Kim Ilsung, bercée par sa propagande. « À les entendre, tout était gratuit et il n’y avait même pas d’impôts. J’étais hésitante, la curiosité l’a emportée », avoue-t-elle. Comme aux autres, on lui promet de revenir dans trois ans en cas de déception. Elle embarque donc en 1960, à 17 ans, à bord du Kryl’ion, un bateau russe affrété pour la traversée. Première alerte : à peine quittées les eaux japonaises, l’équipage demande aux passagers de jeter par-dessus bord toute affaire liée au Japon. Après trois jours, la côte qui entoure le port de Chongjin se découpe devant elle. À sa vue, les passagers accourent par centaines sur le pont, agitent le drapeau nord-coréen, chantent et dansent… Terre promise ! Mais au milieu de cette liesse, Eiko Kawasaki reconnaît, à l’écart du débarcadère, un ancien camarade d’école. Les mains en porte-voix, il lui crie

2

Nous pensions accueillir de pauvres hères ; mais pour nous, leurs vêtements étaient d’un luxe incroyable Oh-Giwan, cadre chargé, à l’époque du déplacement, de l’accueil des « RAPATRIÉS »

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MARTIN BUREAU/AFP

reur, rythmée par les exécutions publiques, parfois devant des milliers de personnes. La déception se fixa sur le visage de sa sœur. Mais elle ne l’avoua jamais. Écrasée par le remords, elle fut internée quatre ans après son arrivée dans un asile d’aliénés, où elle s’éteignit. Diagnostic : schizophrénie… Les récits des rares évadés de ce régime défient l’entendement. Manabu Ishikawa s’enfuit en 2001 en Chine, où il se procura de faux papiers chinois qui lui permirent d’obtenir un visa de touriste pour rallier son pays de naissance. Il mit quinze ans à obtenir la nationalité japonaise. « Mes papiers chinois étaient tellement parfaits que le ministère de la Justice me demandait de prouver qu’ils étaient faux », raconte-t-il. Ses deux enfants et sa femme, qu’il réussit plus tard à exfiltrer, optèrent pour la nationalité sud-coréenne. Son récit rivalise avec celui d’Hiroko Saito, une épouse japonaise arrivée en juin 1961, à 20 ans, avec son mari nord-coréen. En 2001, avec l’aide d’une passeuse, elle traverse la rivière qui borde la frontière chinoise agrippée à un pneu. Se procurant son état civil japonais sur place, elle parvient à rallier un consulat local, emmenant avec elle ladite passeuse, qu’elle fait passer devant l’administration nippone pour sa fille décédée. Son récit mêle l’humour et le tragique. « J’ai eu six filles. Une a disparu en prison, une est morte de malnutrition, deux de maladie, une m’a rejointe. Une, je ne sais pas », énumère-t-elle avec l’entrain de celles qui ont pu revenir. « La dernière évasion remonte à décembre 2020. Ça devient difficile », se lamente Fumiaki Yamada.

Ignorance des Japonais

Un dernier mal ronge ces rescapés : l’oubli. La Corée du Nord a aussi kidnappé des Japonais (17 selon le gouvernement, une centaine selon l’association Sukûkai) au cours de la guerre froide, dont le sort, très médiatisé, demeure un sujet diplomatique majeur au Japon. Leur cause occupe l’un des trois maroquins ministériels d’Hirokazu Matsuno, porte-parole du gouvernement. Tout le monde dans l’Archipel connaît le nom de Megumi Yokota, kidnappée en 1977, à 13 ans, et sans doute décédée en Corée du Nord. Mais ces 93 340 « rapatriés » ne font pas l’objet de la même considération par Tokyo. Les Japonais ne connaissent pas leur histoire. Pourquoi une telle différence de traitement ? Les premiers ont été enlevés quand les seconds étaient techniquement libres de rester, se défaussent les hommes politiques avec qui Fumiaki Yamada dialogue. « Mais tous furent également trompés. Ce programme fut un autre kidnapping, lui de masse ! », martèle-t-il. En désespoir de cause, il a attaqué en justice la Corée du Nord devant un tribunal ; le 23 mars, celui-ci a reconnu le caractère mensonger et coercitif du programme, mais s’est déclaré incompétent pour le sanctionner. L’affaire est devant la Cour suprême. « Ce programme était commun aux deux pays ; si le Japon le dénonce, il admet sa complicité », explique Eiko Kawasaki. Aujourd’hui, c’est une robuste et élégante dame de 80 ans, qui se bat pour aider ses camarades d’infortune restés là-bas. Elle, elle s’est enfuie au bout de quarante et un ans, en 2001. À l’insu de ses cinq enfants. Après sa fuite, elle a réussi à arranger une rencontre avec son seul fils, côté chinois, pendant une demi-heure. C’est lui qui a trouvé les premiers mots : « Papa est mort. Tes enfants sont mariés. Tu peux rentrer chez toi maintenant ». Cette dame, qui ne s’émeut pas facilement, confie : « Ça m’a fait pleurer. » ■

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Régis Arnaud

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quelque chose en japonais que le vent finit par lui colporter : « Surtout ne descendez pas ! Rentrez au Japon ! » Sur le pont, les chants s’éteignent à mesure que se dévoile l’abominable vérité. La joie fait place au doute : les gens à quai sont maigres, en guenilles, pieds nus malgré le froid. Ces derniers, endoctrinés dans le mépris de l’ex-occupant japonais, sont aussi stupéfaits : « Nous pensions accueillir de pauvres hères ; mais pour nous, leurs vêtements étaient d’un luxe incroyable. Lorsqu’ils arrivaient, nous nous regardions en silence pendant de longues minutes », a raconté plus tard Oh-Giwan, un cadre chargé de l’accueil de ces « rapatriés », passé en Corée du Sud. Comprenant la duperie, les passagers renâclent d’abord. Mais la quasi-totalité s’exécute et entame une nouvelle « vie », échine courbée, sous une des pires dictatures de la planète. Les plus entêtés disparaissent. Hiroko « Kim » Sakakibara, fillette de 11 ans au moment de son arrivée en 1961, se remémore son premier soir : « De ma fenêtre, j’ai regardé dans la rue. Il y avait des gens en haillons, paniers en osier sur la tête, en charrue à buffles. » Dans sa nouvelle école, même les devoirs de maths disent du mal du Japon. « Mes camarades dépenaillés me plaignaient : “comme tu as dû souffrir là-bas !” », se souvient-elle. Exécutions, camps, rationnement… Le « paradis » est un enfer compartimenté, où ces nouveaux venus vont en bas d’une société dont les hauteurs sont occupées par les anciens combattants. La pire malchance s’abattit sur ces 6 730 Japonais, dont 1 800 épouses ayant suivi leur mari coréen, souvent par défiance et en secret de leurs parents. Suspectées d’espionnage, beaucoup subirent les discriminations qu’essuyait leur mari au Japon en tant que Coréen. « Employée comme dessinatrice industrielle, j’avais pris mon mal en patience. Mais j’ai vu une Japonaise mourir d’épuisement, sous mes yeux », se souvient Eiko Kawasaki. La majorité des « rapatriements » eurent lieu durant les deux premières années, avant que la supercherie ne soit éventée. « Les familles les plus prévenantes avaient mis au point des subterfuges, en cas de tromperie, pour contenir la censure et prévenir leurs proches : écrire au crayon à papier et non au feutre ; écrire horizontalement et non verticalement », raconte Fumiaki Yamada. Lors de ses recherches, il a recueilli un timbre (1) dont le minuscule dos (2) porte, dans une écriture appliquée, le message suivant : « Personne n’est libre de partir. Grand frère, ne viens pas ici. Ni notre sœur. » Eiko Kawasaki aussi a berné les censeurs : « J’ai félicité mon frère pour son mariage alors qu’il n’était encore qu’au berceau. Mes parents ont compris… » Mais la propagande poursuivit son œuvre. En 1972, à 14 ans, Manabu Ishikawa suit sa sœur aînée, entièrement dévouée au régime. Dès le débarquement, il comprend. « Ils avaient formé une haie d’honneur. Mais à mesure qu’on avançait, j’ai senti une infâme puanteur. Les gens étaient sales, dans un climat très chaud », se souvient-il. Commence une vie de ter-

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« Ne plus enseigner le latin et le grec, c’est nous couper de nos racines culturelles »

PROPOS RECUEILLIS PAR

EUGéNIE BOILAIT

LE FIGARO. – Seuls 535 candidats (sur plus de 380 000) ont présenté la spécialité « littérature, langues et cultures de l’Antiquité - Latin » au bac 2022, et 237 en « littérature, langues et cultures de l’Antiquité - Grec ancien ». Et seuls 3 % des lycéens ont suivi l’option latin en 2021-2022. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Andrea MARCOLONGO. - Je suis bouleversée par ces chiffres et réellement préoccupée. On parle désormais d’une toute petite minorité qui étudie le grec et le latin en France. Je le dis d’abord en tant qu’helléniste, mais aussi en tant qu’Italienne, pays où les chiffres sont tout de même différents. Pour moi, c’est très grave. Si on laisse les choses se dérouler ainsi, dans quelques années, il n’y aura plus d’élèves ou d’étudiants français qui suivront des cours de langues anciennes

ANDREA MARCOLONGO

Quelles en sont les raisons ? Cette situation nous la devons d’abord à un conformisme de la classe politique et intellectuelle. On ne peut pas reprocher aux élèves et étudiants français de ne pas faire du latin et du grec car ces langues, et les références à ces langues, ont entièrement disparu du débat public. Lors de la dernière campagne électorale, je ne me rappelle pas en avoir entendu parler. Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, on a commencé à juger la culture avec un paramètre d’utilité. On a pensé que ces langues n’étaient plus utiles et que le but de l’école était de former des travailleurs. Dans cette perspective, l’enseignement du grec et du latin était inefficient. Il n’y a même pas de débat intellectuel à ce sujet. Le conformisme à l’état pur, c’est de dire que l’on passe à autre chose et que ce n’est pas important.

Pour l’helléniste* de nationalité italienne, auteur du best-seller « La langue géniale. Neuf bonnes raisons d’aimer le grec » (traduit et publié aux Éditions Les Belles Lettres en 2018), l’effondrement de l’enseignement du latin et du grec en France, désormais spectaculaire, prive la jeune génération d’un trésor.

La paresse intellectuelle est-elle l’une des raisons de ce déclin ? Oui, c’est une paresse intellectuelle généralisée. Cela ne concerne pas que les élèves.

Il est très rare de voir quelqu’un, issu de la classe politique ou intellectuelle, parler de L’Odyssée, de L’Iliade, d’Homère, des classiques ou des humanités. Les jeunes élèves de 14 ans ne se mettront pas au latin ou au grec seuls. Il faut assumer une responsabilité et pour moi elle est très claire : c’est d’abord celle de la classe politique et intellectuelle. Cette baisse de l’enseignement des langues anciennes en France fait écho à la décision de l’université de Princeton en avril 2021 de supprimer de son cursus de lettres classiques l’obligation d’un enseignement du latin et du grec. Les langues anciennes sont-elles rejetées par l’Occident ?

le but de l’enseignement. Si on revient à l’Antiquité, à la Grèce antique, à Athènes, c’est pour ce qu’on appelle le miracle grec, c’est-à-dire cette société qui a su inventer la philosophie, l’astronomie, les mathématiques, la tragédie, l’art. Toutes ces inventions ont été permises par la langue. La démocratie d’Athènes s’est appuyée sur la langue grecque. C’est une langue née pour la discussion et pour l’échange. La première langue qui a eu une capacité d’abstraction, qui a pu exprimer des concepts abstraits et qui les a rendus compatibles avec le dialogue. Le logos est devenu « dialogue ». C’est tout cela qu’on perd aujourd’hui.

S’affranchir de cet apprentissage des humanités, qui a prévalu pendant Si on laisse les choses se dérouler des siècles, équivautainsi, dans quelques années, il n’y aura il à se couper d’une grande partie plus d’élèves ou d’étudiants français de nos racines ? qui suivront des cours de langues Absolument. Je ne parle pas des racines anciennes uniquement antiques, avec cette fausse idée que nous serions tous des peIl faut même parler ici de renoncement tits-enfants de la Grèce ou de Rome. La intellectuel. Ce n’est plus une remise en question n’est pas de savoir si Platon, Cécause ou un rejet, c’est un effacement. sar ou Cicéron sont nos ancêtres. Ce sont Pourtant, les classiques servent à réfléles racines culturelles et les racines huchir. Italo Calvino disait que l’enseignemaines qui nous intéressent. Ne plus lire ment classique est fait pour se définir en Homère signifie que nous nous contenrapport, être pour ou contre. Il faut toutons de vivre à la surface de nous-mêjours remettre en cause, la discussion mes, comme les plantes aquatiques qui avec l’enseignement classique est essenn’ont pas de racines dans la terre mais tielle, mais pour cela il faut qu’il existe… qui flottent à la surface de l’eau. Je suis Sinon, le risque est celui d’un véritable inquiète sur ce fait, celui d’être entourée monologue intellectuel. « Je ne suis pas par des gens intellectuellement déracid’accord avec cela, donc la seule solunés. Ne pas connaître Platon ne constitue tion est d’effacer et supprimer » : c’est pas un tort envers Platon, mais si l’on ne très grave de fonctionner comme cela. connaît pas Platon, c’est très difficile de On forme une génération habituée au lire Dante, et si l’on ne comprend pas monologue et non pas au dialogue. Pour Dante, on a du mal à lire Rabelais, et ainsi apprendre le dialogue avec l’autre, il faut de suite jusqu’au XIXe et XXe siècles. Je connaître, et les classiques servent à cela. ne sais pas dès lors quel type de relation on peut avoir avec la culture dans son ensemble. Si on pense l’équivalent avec Pourquoi les langues latine et grecque les mathématiques, c’est essayer de sont-elles essentielles ? Que perd-on comprendre la théorie de la relativité à ne plus les enseigner ? sans avoir fréquenté les classes de priOn perd la possibilité de former des cimaire. toyens et des êtres humains complets. Les langues grecque et latine sont des langues philosophiques. On n’apprend pas le latin Cette coupure peut être conçue comme et le grec pour la grammaire, ce n’est pas la conséquence d’une modernité qui

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ne se préoccupe que de sa propre avancée. Le modernisme peut-il s’affranchir de l’humanisme ? J’aime beaucoup les mots « humanités » et « humanisme », ou, pour les dire en grec, « anthropocentrisme ». À l’heure actuelle, on renonce à une conception humaniste de la vie et de la société et on la remplace par l’individualisme. L’humanisme, c’est être capable de vivre avec soi-même dans une société. L’individualisme, c’est le contraire : en tant qu’individu, je pense que mes idées sont plus importantes que les tiennes. Aujourd’hui, nous distinguons, voire séparons, les sciences « pures » des humanités, dont les langues anciennes et les cultures grecque et latine font partie. Cette séparation n’a pas été toujours vraie. Humanités et sciences dures ne devraient-elles pas au contraire se nourrir réciproquement ? J’en suis tout à fait convaincue. Il faut que les gens se souviennent de ce lien. Évidemment, pendant l’Antiquité, cette séparation n’existait pas : sciences et humanisme étaient situés dans un grand ensemble, celui du savoir. La métaphysique, que l’on peut aussi appeler philosophie, portait ce nom car dans la bibliothèque d’Alexandrie, les livres de philosophie étaient rangés juste après les livres de physique (« méta » veut dire « après »). Je ne peux pas imaginer la science pure sans la capacité de s’interroger sur ce que l’on découvre. C’est d’autant plus vrai dans une société comme la nôtre où les découvertes scientifiques sont de plus en plus importantes. On a à notre disposition une quantité inouïe de ressources technologiques. Mais chaque découverte scientifique doit être accompagnée d’un questionnement éthique : la question des limites, de l’utilité et surtout du « pourquoi ». Sinon, nous risquons une perte de sens et le déracinement. Je ne connais pas une autre façon de progresser en tant que société que cette conception humaniste : s’interroger sur ce que signifie être « humain » et vivre, sinon on se limite à être à la surface. ■ * Dernier ouvrage paru : « L’art de résister. Comment “l’Énéide” nous apprend à traverser une crise », trad. Béatrice Robert-Boissier (Gallimard, 2021).

Fin de vie : l’expérience des soignants doit être entendue

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Dessins Clairefond

e président de la République récemment réélu a indiqué dans son programme sa volonté de mettre en œuvre une convention citoyenne sur la fin de vie. Cette modalité de dialogue citoyen doit permettre de saisir les enjeux et les complexités d’un sujet qui nous touche tous. Comme soignants, la fin de vie nous concerne tout particulièrement, que nous exercions à l’hôpital, à domicile, dans les Ehpad ou dans toute autre structure médico-sociale directement concernée. Ce projet de convention citoyenne nous interpelle et nous oblige. Notre responsabilité vis-à-vis de la société française et de ses représentants élus est de nous y engager le plus sérieusement possible. Notre présence quotidienne auprès des personnes malades et de leurs proches fonde notre légitimité. Nous voulons participer à ce débat pour l’enrichir de notre expérience et des questionnements éthiques auxquels nous sommes confrontés. Ces questionnements concernent aussi directement nos patients et la relation que nous entretenons avec eux. Nous souhaitons explorer et partager les conséquences éthiques et déontologiques r qu’une potentielle évolution législative pourrait avoir sur À quelques jours du discours de politique générale nos métiers de soignants. En tant d’Élisabeth Borne, la présidente de la Société qu’organisations française d’accompagnement et de soins palliatifs représentatives (Sfap) et ses douze collègues* expriment des principales leurs inquiétudes sur les conséquences éthiques professions et déontologiques qu’une évolution législative médicales et sur la fin de vie pourrait avoir sur leurs métiers. paramédicales

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D Claire Fourcade et douze autres professionnels

impliquées dans l’accompagnement en fin de vie, nous estimons que notre contribution collective est dès maintenant nécessaire afin qu’un tel débat évite deux écueils. Le premier est relatif au caractère politique de ce débat sur la fin de vie, entraînant un fort risque de polarisation sur la question de l’euthanasie, en totale contradiction avec les réalités vécues auprès des patients. Chaque situation est singulière, chaque fin de vie touche à des réalités complexes propres à l’état clinique de la personne mais également à son histoire, à son état d’esprit, à ses convictions personnelles, à son sentiment de soutien par l’entourage ou encore à la qualité de la prise en charge médicale antérieure. Réduire cette complexité à un affrontement entre un pour et un contre, entre un progrès et un recul, reviendrait à enfermer le sujet de la fin de vie dans une dialectique politique mortifère. Cela n’a rien à voir avec l’expérience quotidienne que nous avons. Le second a trait à la situation actuelle du monde médical au cœur de cette réflexion. Alors que l’ensemble du monde médical est aujourd’hui profondément sous tension et que la dégradation de l’offre de soins en ville et à l’hôpital risque de s’accélérer dans les prochains mois, nous pensons qu’il est extrêmement dangereux de s’aventurer dans une remise en cause fondamentale du contrat de soins qui nous unit aux patients. Dans ce contexte difficile, entendre la parole des soignants à qui l’on pourrait demander des transformations majeures des conditions dans lesquelles ils accompagnent les personnes en fin de vie nous semble absolument indispensable. Est-il possible de considérer comme un

concitoyens nos réflexions sur l’accompagnement des patients en fin de vie, ainsi que les incidences qu’une éventuelle évolution législative pourrait avoir sur nos métiers. * Cette tribune est cosignée par : Dr Emmanuel de Larivière, membre du bureau de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) ; Pr Pierre-François Perrigault, président du Comité d’éthique de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) ; Pr Olivier Lesieur, président du Comité d’éthique de la Société de Se polariser sur l’euthanasie serait réanimation de en totale contradiction avec les réalités langue française (SRLF) ; Dr Gaël vécues auprès des patients. Chaque Durel, viceprésident, et situation est singulière. Réduire Dr Monique Girard, cette complexité à un affrontement membre du bureau entre un progrès et un recul n’a rien de l’Association nationale des à voir avec l’expérience quotidienne médecins que nous avons coordonnateurs en Ehpad (MCOOR) et de multiples raisons provoque aujourd’hui du médico-social ; Pr Claude Desnuelle, viceau sein du monde médical et soignant président de l’Association pour la recherche les difficultés de recrutement et de sur la SLA (ARSLA) ; Évelyne Malaquin motivation que nous connaissons, ne peut Pavan, présidente du Collège national être évacuée du débat. professionnel infirmier (CNPI) ; Pr Ivan Professionnels de tous les métiers Krakowski, président de l’Association du soin et de l’accompagnement, nous francophone pour les soins oncologiques sommes également des citoyennes et des de support (AFSOS) ; Dr Élisabeth Hubert, citoyens engagés dans le débat public, ancienne ministre, présidente de la Fédération surtout lorsque celui-ci concerne nationale des établissements d’hospitalisation directement notre vocation à domicile (FNEHAD) ; Pr Carole Bouleuc professionnelle et les patients dont nous et Pr Gisèle Chvetzoff, groupe soins palliatifs avons la responsabilité. de la Fédération des centres de lutte contre Pour ces raisons, nous choisissons le cancer Unicancer ; Dr Matthias Schell, d’engager dès maintenant un travail président de la Société française de soins commun afin de partager ensuite avec nos palliatifs pédiatriques (2SPP). soin le fait de donner ou de prescrire la mort ? Peut-on considérer un tel changement comme un simple détail, ou au contraire comme une transformation significative de nos métiers ? Notre engagement quotidien repose sur une motivation profonde qui nous anime plus que tout : la volonté de prendre soin des autres et d’accompagner les personnes malades en respectant à la fois l’obligation du non-acharnement comme la promesse du non-abandon. Cette question du sens et de la relation soignant-soigné, qui pour

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Opinions chronique Mathieu Bock-Côté

Le débraillé revendiqué de La France insoumise

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nationale en bras de chemise. Hélas, ces évidences de bon sens n’en sont pas pour une bonne partie du contingent parlementaire de La France insoumise, qui ne voit rien de solennel dans le fait d’entrer à l’Assemblée, et qui s’y est présentée de la manière la plus débraillée qui soit – on a tout de suite compris qu’il s’agissait d’un débraillé militant, qui consiste à faire un pied de nez à l’institution où on met les pieds, manière comme une autre de la soumettre et d’en prendre possession. Certains osent même dire qu’ils arrivent à l’Assemblée en s’habillant comme le peuple. Ils oublient que le peuple sait respecter les usages et distingue une tenue de soirée d’une tenue de barbecue. Ils témoignent

es derniers jours, deux groupes de députés qui ne refusent pas nécessairement de se faire appeler populistes sont entrés à l’Assemblée nationale. Mais s’ils se réclament tous les deux du peuple, ils ne s’en font pas la même idée. On l’a d’abord vu chez les députés du RN, qui avaient reçu la consigne de se vêtir correctement, les hommes devant s’y présenter en costume cravate, les femmes en tailleur ou autre tenue semblable. Il fallait se plier aux codes de l’institution, en respecter les usages, ce qui pour le commun des mortels va de soi. On ne se présente pas en tongs et bermuda à un entretien d’embauche. Et on ne se présente pas à l’Assemblée

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ENTRE GUILLEMETS

2 juillet 1816 : La Méduse s’échoue au large de l’actuelle Mauritanie, début d’un drame qui va marquer la France de l’époque. Deux survivants, le chirurgien Savigny et l’ingénieur géographe Corréard, publieront un récit qui inspirera Géricault.

Récit de Savigny et Corréard Peter Horree / Alamy via Reuters

La manière dont nous fûmes sauvés est vraiment miraculeuse»

ici surtout d’une conception plébéienne du peuple. N’en soyons pas surpris : la gauche idéologique a autrefois critiqué la culture humaniste en la réduisant à une culture bourgeoise, qu’il fallait pour cela déconstruire parce qu’elle biaisait la société à l’avantage des privilégiés. C’est pour la même raison qu’elle marque son mépris de l’élégance. Cette petite polémique moins superficielle qu’il n’y paraît cache une grande querelle. Appelons-la la querelle de l’authenticité. Elle pose la question de notre rapport aux normes sociales. Ces dernières sont-elles civilisatrices, ou oppressives ? La civilisation est-elle une œuvre patiente, qui évolue, mais prétend chaque fois imposer une forme à l’informe, tirer vers le haut l’être humain, en le forçant à se tenir droit, ou n’est-elle finalement qu’une conspiration contre notre liberté originelle ? Le progressisme des dernières décennies a rompu avec cette exigence de tenue, au nom d’une éthique de l’authenticité qui renverse le rapport à la norme sociale. L’enfer, c’est les autres, affirme notre contemporain, et c’est en m’arrachant aux normes sociales que je pourrai, en plongeant au fond de moi-même, trouver ma vérité intérieure, renouer avec elle, et revenir au cœur de la cité enfin émancipé, délivré. Il croit même pouvoir congédier la part de la nature en lui. On oublie pourtant que l’homme qui n’est plus que lui-même, renonçant à l’héritage comme aux usages, et se croyant maître et créateur de son monde, n’est souvent plus grand-chose : un petit tas de ressentiment obsédé par sa singularité introuvable. La grâce n’est pas donnée à tous, et la plupart d’entre nous avons besoin de la tradition pour nous apprendre à vivre. Ignorant qu’on se construit à partir de ce que la civilisation

Assemblée : pourquoi le retour de l’obstruction est possible

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l y a une règle d’or en mathématiques : on ne peut pas résoudre un problème qui a plus d’inconnues que d’équations. La situation de l’Assemblée nationale, aujourd’hui, a encore beaucoup d’inconnues. La première inconnue, c’est la puissance avec laquelle les oppositions se fédéreront. Car les oppositions, si elles se coalisent, sont désormais majoritaires. On imagine que les oppositions ne tenteront pas de « prendre le pouvoir » à l’occasion de l’examen des projets de loi - alors qu’unies elles le pourraient arithmétiquement - parce que leurs visions politiques sont totalement incompatibles. Mais il en va différemment pour le fonctionnement de l’Assemblée. Car c’est bien sur le fait majoritaire que s’appuie l’épine dorsale du règlement intérieur de l’institution. De sorte que les oppositions, ensemble, pourraient changer les règles du jeu de l’Assemblée comme elles l’entendent. L’usage est que les modifications du règlement sont initiées par la présidence de l’Assemblée, qui consulte en amont les groupes politiques, puis dépose une résolution examinée d’abord en commission des lois puis en hémicycle. Le processus est en somme le même que pour toute loi. Mais il n’est pas interdit aux différents groupes d’opposition d’engager eux-mêmes la révision du règlement en déposant une proposition de résolution. Elles y ont un intérêt Une menace sérieuse pèse sur le bon commun : développer fonctionnement du Palais Bourbon, estime la puissance l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, des oppositions et leur député du Bas-Rhin (LREM-MoDem) place dans l’hémicycle. sous la précédente législature. Elles pourront invoquer

sylvain waserman

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ne prendrait probablement pas autant de soin à protéger les majorités relatives qu’il ne le fait à protéger les oppositions. Mais personne ne peut anticiper vraiment ses décisions et c’est là une inconnue qui perdurera jusqu’au bout. Enfin, la troisième inconnue est le comportement des partis traditionnels face au risque de déstabilisation. Le PS et LR n’ont jamais recherché le chaos institutionnel. Il en va autrement pour La France insoumise, dont un député me disait que le chaos prouverait enfin que la Ve République ne fonctionne pas Les oppositions, coalisées, pourraient et qu’il faute basculer dans la VI . Jusqu’où modifier le règlement du Parlement peut-on compter sur les partis pour déverrouiller les temps de gouvernement de parole, supprimer les garde-fous pour ne pas céder sur le nombre d’interventions d’orateurs, à la tentation d’une crise institutionnelle déplafonner les durées des débats profonde ? la seule possibilité d’obstruction, avec Trois inconnues, donc, pour une la levée des garde-fous existants, suffirait équation complexe. La mission de la à changer la donne parlementaire jusqu’à nouvelle présidente, Yaël Braun-Pivet, paralyser l’Assemblée et bloquer l’action est difficile. Mais elle a le talent qu’il faut, du gouvernement. Le fonctionnement de comme elle l’a prouvé en tant que l’institution serait alors fragile et incertain. présidente de la commission des lois. La seconde inconnue Et aussi la conscience de sa responsabilité : est le comportement du Conseil celle de faire de son mandat une réussite constitutionnel face à cette situation historique qui replacerait le Parlement parlementaire inédite. Lorsqu’un au centre du jeu politique. Une démocratie gouvernement s’appuie sur sa majorité se grandit quand elle fait progresser à l’Assemblée, le Conseil constitutionnel le droit des oppositions. Un peuple grandit qui examine systématiquement chaque quand il prend la pleine mesure de ses modification du règlement - veille devoirs. C’est bien cela, le défi : faire à ce qu’aucune majorité ne porte atteinte progresser les droits des oppositions tout aux droits des oppositions. Il en irait en appelant au sens du devoir de chaque différemment avec des oppositions député pour garantir le fonctionnement coalisées et ainsi majoritaires qui de l’institution. En somme, l’an I renforceraient leurs droits jusqu’à gripper d’une nouvelle démocratie parlementaire le système. Le Conseil constitutionnel dans la Ve République. l’argument démocratique. Jusqu’à freiner voire bloquer l’institution, ou au moins avoir le pouvoir de le faire. Ce serait simple : modifier le règlement intérieur pour déverrouiller les temps de parole, supprimer les garde-fous sur le nombre d’interventions d’orateurs ou sur les rappels au règlement, déplafonner les durées des débats. Chacun de ces points est un sujet est légitime en soi, mais évidemment ouvre la porte à une obstruction qui n’aurait alors plus de limite. L’obstruction est une arme redoutable mais aujourd’hui très limitée ;

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nous offre, naturellement à partir de ses dispositions personnelles, l’homme contemporain ne se construit pas. Je ne serai que moi, mais je serai absolument moi : telle est la conviction de notre contemporain, qui consent ainsi, derrière un vernis philosophique, à un relâchement fainéant, et qui se donne aussi le droit de verser ainsi dans la pire goujaterie, par exemple, en refusant de serrer la main à un adversaire. Un homme qui se comporterait ainsi nous rappellerait qu’il n’est pas un homme mais un individu en crise d’adolescence. La goujaterie aime s’anoblir en fanatisme grossier. La tenue n’est pas une affaire de coquets. L’élégance est un souci pour l’autre. Qui porte la cravate à l’Assemblée ou même en société envoie le signal qu’il respecte les codes mais aussi qu’il sait distinguer l’intime du public. Il n’est demandé à personne d’être un dandy : il est demandé à tous de faire un effort. Et chacun saura ensuite, en jouant avec ces normes, ajouter sa touche personnelle, comme il en a toujours été. Il n’est pas interdit de croire qu’au-delà de la mouvance Insoumise certains commencent à le ressentir. Ce qu’on appelle aujourd’hui le renouveau de l’art sartorial, autrement dit, le souci de l’élégance masculine, témoigne toutefois peut-être d’une prise de conscience qui dépasse simplement le désir de s’habiller adéquatement. S’il demeure minoritaire, on peut croire qu’il rejoint une exigence intérieure qui n’a rien de frivole. Quoi qu’on en pense, le vêtement est un langage, un signal envoyé à la société, et nul besoin d’être un partisan du « c’était mieux avant » pour constater, en regardant une photo d’époque, que les hommes d’hier savaient se tenir et que ceux d’aujourd’hui sont, comme on dit, déconstruits.

VOX

… Hongkong

« Pourquoi Pékin a écrasé la liberté à Hongkong », par Thierry Wolton, journaliste et historien, auteur d’« Une histoire mondiale du communisme » en trois volumes chez Grasset.



procès des attentats de 2015 « Le grand absent de ce grand procès : l’idéologie islamiste », par André Sénik, agrégé de philosophie.



études de droit « Dans les facultés de droit, il est urgent de revenir à la sélection à l’entrée du master 2 », par Frédéric Douet et Marc Nicod, professeurs de droit.

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le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 16 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 12 pages Sur certaines éditions : Supplément 4 Magazine 116 pages Cahier TV 64 pages Supplément 5 Madame 96 pages Promo portage Zadig & Voltaire : diffusion sur une partie du territoire national

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“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais “Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO Dassault Médias SOCIÉTÉ DUSAS FIGARO SAS Directeur Directeur des rédactions artistique Impression L’Imprimerie, des rédactions PhilippePhilippe FIGAROMEDIAS Directeur artistique FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie,79,79,rue ruededeRoissy Roissy Gélie (International), Gélie (International), Directeur plus de(société 95 %) éditrice) (société éditrice) Alexis Brézet (actionnaire(actionnaire à plus de 95à %) 93290 Tremblay-en-France Tremblay-en-France PierrePierre BayleBayle rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 9, rue9,Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 0993290 Alexis Brézet de Montety ÉtienneÉtienne de Montety 14,Haussmann boulevard Haussmann 14, boulevard Print, 30600 Gallargues-le-Montueux 14, boulevard Haussmann MidiMidi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux 14, boulevard Haussmann Rédacteur en chef Tél. : Tél. Rédacteur en chef : 0152 5620 5200 20 00 01 56 (Figaro Littéraire), (Figaro Littéraire), ISSN 0182-5852 75009 Paris75009 Paris 75009 Paris ISSN 0182-5852 Frédéric 75009 Paris Frédéric PicardPicard (Web)(Web)Fax :Fax : 0152 5623 5207 23 07 01 56 Directeurs de la rédaction Directeurs adjoints adjoints de la rédaction Commission paritaire 0426CC83022 83022 Bertrand de Saint-Vincent Directeur Président-directeur Commission paritaire n°n°0426 Bertrand de Saint-Vincent Directeur délégué Président-directeur général général délégué Capèle (Économie),(Culture,(Culture, Pour vous abonner Lundiauauvendredi vendredide de77hhàà18h 18h; ; Charles Edelstenne Président Président Gaëtan deGaëtan Capèlede(Économie), Pour vous abonner Lundi dunews pôle news Figaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle Figaroscope, Télévision), Président-directeur général sam. à 13 h au 70.Fax Fax: 01 : 0155 5556 5670 7011 11 .. Président-directeur général sam. dede 8 h8àh13 h au 010170703737313170. Laurence de Charette (directeur Bertrand Gié Laurence de Charette (directeur Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Charles Edelstenne Bertrand Gié Gérez votre abonnement,espace espaceClient Client: www.lefigaro.fr/client : www.lefigaro.fr/client Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Aurore Domont Charles Edelstenne Gérez votre abonnement, Aurore Domont de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Thierry Dassault, Olivier Formules d’abonnementpour pour1 an 1 an--France Francemétropolitaine métropolitaine Opérations spéciales, Sports, Éditeurs de la rédaction du Figaro.fr), Thierry Dassault, Olivier Direction, administration, rédaction Formules d’abonnement Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Costa de Beauregard, Club : 469 Semaine : 329 Week-end: premium Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Costa de Beauregard, Benoît Benoît Directeur général, Anne-Sophie Sciences), Club : 489 €. €. Semaine : 355 €.€.Week-end 299 €. : 270 €. Robert Mergui 14, boulevard Haussmann von Claer Sciences), 14, boulevard Haussmann Directeur général, Anne Pican Habert, Bernard Monassier, Art de Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. Habert, Bernard Monassier, 75438 Cedex Trémolet de Villers Anne Pican directeur de la publication (Style, Art(Style, de vivre, F),vivre, F), Imprimé sur de forêtsTaux gérées durablement. 75438 ParisParis Cedex 09 09 VincentVincent Trémolet de Villers Rudi Roussillon directeur de la publication Origine dupapier papierissu : Allemagne. de fibres recyclées : 100%. Ce journal Rudi Roussillon Anne Huet-Wuillème Origine du papier Taux de fibres recyclées : 100%. sous Ce journal : 0108 5750 0800 50 00 (Politique, Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur: Allemagne. un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen Anne Huet-Wuillème (Édition,(Édition,(Politique, Tél. : Tél. 01 57 Société,Société, DébatsDébats Opinions) Marc Feuillée estleimprimé un papierEutrophisation UPM porteur :de l’Ecolabel européendesous Photo, Révision), numérosur FI/011/001. Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] Photo, Révision), [email protected]

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samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro - N° 24 218 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> focus

Jean-Michel Jarre « L’Europe doit se doter de son propre métavers » Page 22

Impôts

Les Français paient 60 milliards en taxes écologiques par an page 19

économie

Cruciale, la moisson de blé s’annonce satisfaisante Les récoltes 2022 devraient être correctes en France et chez les grands producteurs. Mais la guerre en Ukraine maintient le marché sous tension. Sécheresse, grêle, gel : certains craignaient le pire pour la moisson française de 2022. Finalement, les rendements du blé tendre ne devraient être qu’en légère baisse, de 2 %. La qualité du blé hexagonal est cette année

au rendez-vous, ce qui assure sa compétitivité à l’exportation. Les céréaliers, qui subissent la hausse des prix des engrais, bénéficieront de l’envolée des prix du blé. Les cours de l’une des céréales les plus consommées au monde de-

vraient rester élevés, prédisent la FAO et l’OCDE. La récolte devrait être très correcte dans les grands pays producteurs de l’hémisphère Nord. Mais cela ne suffira pas à refroidir les prix. Car, à cause de la guerre, l’exportation

des blés russes et surtout ukrainiens s’annonce très difficile. Ce prix très élevé du blé crée des risques de troubles sociaux dans les pays dépendant des importations, au Moyen-Orient et en Afrique. PAGE 18

èmalgré une production mondiale soutenue, le blocage du blé ukrainien maintient les prix élevés Page 18

Les familles Agnelli et Mérieux s’allient Delta Airlines ; Florent Dubray ; François BOUCHON/Le Figaro

Exor, le holding contrôlé par les héritiers du fondateur de Fiat, investit 833 millions d’euros dans l’Institut Mérieux. Cette alliance va permettre au groupe pharmaceutique français d’accélérer son développement. page 21

Alors que la Bourse chute, faut-il parier sur l’or ? page 23

LA SÉANCE DU VENDREDI 01 JUILLET 2022

CAC 40 5931,06

+0,14%

DOW JONES 31097,26 +1,05% ONCE D’OR 1795,65 (1813,60) PÉTROLE (lond) 110,820 (114,880) EUROSTOXX 50 3443,48 -0,33% FOOTSIE 7168,65 -0,01% NASDAQ 11585,68 +0,71%

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NIKKEI 25935,62 -1,73%

l'histoire

Souriez, l’écran d’information de l’aéroport de Detroit vous a identifié

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es immenses écrans d’information des aéroports, où les voyageurs peuvent voir les prochains vols, leurs portes d’embarquement et les éventuels retards, sont-ils voués à disparaître ? C’est ce que veut croire la compagnie américaine Delta, qui a inauguré à l’aéroport de Detroit son dispositif Parallel Reality. Plutôt que de chercher son vol dans cette longue liste, le voyageur n’aura qu’à se placer devant ce nouvel écran géant pour que ce dernier le salue de son prénom et lui affiche sa porte d’embarquement et le temps nécessaire pour s’y rendre. Delta affirme que son écran est capable de gérer jusqu’à 100 voyageurs en simultané, et que ces derniers ne verront pas les informations des autres : l’affichage personnalisé

se modifie en fonction de l’angle de vue. Nulle magie derrière Parallel Reality : tout repose sur la reconnaissance faciale. Delta parie sur cette technologie pour fluidifier le parcours des voyageurs dans les aéroports. Son programme Digital ID, réservé à certains voyageurs américains, permet déjà de déposer ses bagages, passer les contrôles de sécurité et entrer dans l’avion sans jamais avoir à montrer son billet et ses papiers d’identité. Parallel Reality entend aller un cran plus loin en aidant les clients à s’orienter plus rapidement dans les terminaux grâce à ces panneaux intelligents. Le gain de temps est toutefois discutable : il suffit de regarder son billet pour connaître sa porte d’embarquement… Le dispositif pose aussi question sur la protection de la vie privée. À ce jour, seuls les voyageurs volontaires peuvent utiliser Parallel Reality. ■ chloé woitier

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placements

L’atonie du transport aérien en Chine, affecté par les restrictions liées à la politique «zéro Covid», ne coupe pas l’appétit des compagnies aériennes locales. Car les besoins sont immenses, en particulier pour desservir les liaisons intérieures et moyen-courriers dans la région. Aussi les compagnies chinoises anticipent-elles la reprise et ont annoncé, ce vendredi, avoir passé une gigantesque commande groupée portant sur 292 Airbus de la famille A320neo. Cela pour 37 milliards de dollars, au tarif catalogue. En Chine, les acquisitions sont réalisées par Casc (China Aviation Supplies Holding Company), une société d’État, pour le compte des transporteurs locaux. Ce contrat géant se répartit entre China Eastern, qui recevra 100 appareils, China Southern (96 avions) ainsi qu’Air China et sa filiale Shenzhen Airlines (respectivement 64 et 32 A320neo). « Ces commandes démontrent la dynamique de la reprise et les belles perspectives du marché chinois de l’aviation », s’est félicité Airbus. La flotte chinoise devrait tripler d’ici à 2040 pour atteindre près de 11 000 avions, selon la dernière étude de marché d’Airbus. Les avions - des A320neo mais aussi des A321neo, à plus forte capacité et plus long rayon d’action - seront livrés à partir de 2023, année où le trafic aérien chinois devrait être revenu à ses niveaux d’avant-crise, et jusqu’en 2027. Pékin s’est fixé des objectifs de réduction des émissions de CO2 et veut moderniser ses flottes avec des avions récents et moins gourmands en carburant. Les A320 et A321neo commandés consomment 20 % à 25 % de moins que les appareils de génération précédente. De son côté, Airbus voit le carnet de commandes XXL de l’A320 (8 000 avions fin mai) se renforcer encore. Afin de livrer plus vite, le géant européen a engagé une hausse de production rapide. Il prévoit d’assembler 65 A320neo par mois à partir de l’été 2023, contre 45 prévus au troisième trimestre 2022 et 40 actuellement. Puis il envisage de produire jusqu’à 70, voire 75 A320 par mois à partir de 2025. Véronique Guillermard

* Donner vie à vos idées

le PLUS du FIGARO éco

Airbus décroche un contrat géant en chine

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro

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l'événement

Les rendements de blé tendre ne devraient être qu’en légère baisse cette année en France, en dépit de la sécheresse et des intempéries du printemps. Les céréaliers se consoleront avec des prix élevés. olivia détroyat £@Oliviader

agriculture Sécheresse, grêle, gel, orages… Le printemps a été éprouvant pour les céréaliers français, passés par une série d’aléas climatiques extrêmes au moment où leurs cultures étaient à un stade crucial de leur croissance. Mais alors que les moissonneuses-batteuses sont sorties depuis quelques jours dans le sud de la France, les premières estimations de récolte se révèlent moins catastrophiques que prévu pour les moissons 2022. Une récolte stratégique, dans un contexte où la guerre en Ukraine et les sécheresses dans plusieurs zones du monde pèsent sur les disponibilités mondiales de blé tendre. Selon les professionnels de la filière regroupés au sein d’Intercéréales et l’institut technique Arvalis, le rendement du blé tendre en France pourrait ainsi atteindre cette saison 69,5 quintaux par hectare. Soit un recul limité de 3 % par rapport à la moyenne des dix dernières années, et de 2 % par rapport à l’été 2021, qui avait été une année correcte. Les deux organisations ne se risquent pas à des prévisions sur les volumes espérés. Mais plusieurs acteurs du secteur estiment entre 33 et 34 millions de tonnes la récolte potentielle de blé tendre cette année, soit une baisse entre 4 % et 7 % sur un an. Une diminution liée à des rendements moindres et au léger repli des surfaces cultivées en blé. « Ce ne sera pas un grand

Plus que jamais stratégique, la moi de blé en France devrait être satis millésime, mais nous serons au rendez-vous de nos clients, notamment à l’export », décrypte Jean-François Loiseau, le président d’Intercéréales. Si l’impact des événements climatiques s’annonce donc au global limité, la situation sera très hétérogène selon les territoires. « Dans les zones au sud de la Loire, davantage touchées par le manque d’eau, les rendements s’annoncent inférieurs à la moyenne des cinq dernières années, analyse Arthur Portier, consultant chez le spécialiste de la gestion des risques agricoles Agritel. Dans le Nord, où la récolte des blés ne commencera pas avant une dizaine de jours, les premières coupes d’orge sont en revanche de bon augure. » Les céréaliers les plus touchés par les aléas du ciel disposent cette année d’un amortisseur de poids : la hausse en flèche des cours du blé tendre depuis un an (entre + 80 % et + 100 %) devrait permettre d’atténuer sensiblement les pertes de rendements. À cause de la guerre en Ukraine et des rétorsions commerciales contre la Russie, deux grands pays exportateurs de blé et de tournesol, les prix des céréales ont atteint des niveaux records ces derniers mois. Certes, concomitamment, le prix des engrais azotés utilisés par les agriculteurs a plus que triplé en un an, pour dépasser 750 euros la tonne. « Mais, globalement, la compensation se fera », reconnaît Jean-François Loiseau, chez Intercéréales. Les céréaliers gardent malgré tout les yeux rivés sur les cours.

Le rendement du blé tendre en France pourrait atteindre 69,5 quintaux par hectare, cette saison. soit un recul de 3 % par rapport à la moyenne des dix dernières années. Darius Dzinnik/ stock.adobe.com

33 à 34

millions de tonnes. Récolte de blé tendre attendue en 2022 (- 4 % à - 7 % sur un an)

10 % à 15 % prévision

de hausse des surfaces semées en blé en France l’an prochain

Ceux du blé tendre ont ainsi perdu 70 euros par tonne lors des trois dernières semaines, pour retomber ce jeudi autour de 360 euros à Rouen, selon Agritel. Ce qui reste largement supérieur aux 200 euros la tonne constatés l’an dernier à la même époque. « Au-delà de la question des volumes, cette moisson risque d’accentuer très fortement l’écart de santé économique entre les fermes céréalières. Cette santé dépend des rendements de l’exploitation, mais aussi du calendrier de vente des blés et d’achat des engrais », résume Arthur Portier, chez Agritel. Pour les agriculteurs qui ont acheté tôt leurs engrais et prévendu leur blé au plus haut il y a quelques semaines, le cru 2022 sera excellent. Pour ceux qui ont tardé à acheter leurs engrais, le bilan sera bien moins idyllique.

Le prix du blé flambe, tandis que les rendements sont en léger recul COURS DU BLÉ MEUNIER (ROUEN, BASE JUILLET) en euros la tonne 400

Février 2022 : Guerre en Ukraine

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RENDEMENT DE BLÉ TENDRE EN FRANCE, en quintal par hectare (q/ha)

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Pire récolte de blé en France depuis 40 ans

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69,5 72 MOYENNE SUR 10 ANS

Des atouts à l’export La commercialisation s’annonce en tout cas sous de bons auspices. La qualité devrait être au rendezvous, avec une teneur moyenne en protéines du blé attendue à 11,6 % cette année, dans la moyenne de la dernière décennie. Or, c’est un critère important pour la compétitivité sur les marchés étrangers. « Le blé français répondra à tous les besoins nationaux et assurera son rôle à l’international, estime JeanFrançois Loiseau. Les achats en France, qui devraient baisser dans la nutrition animale sous l’effet de l’impact de la grippe aviaire, libéreront des volumes pour approvisionner les pays tiers. Notamment ceux du pourtour méditerranéen. »

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2021 Prévision 2022*

* estimation ARVALIS

La récolte de 2021 était déjà correcte PRODUCTION, en milliers de tonnes en France 36 871 37 466

40 910 27 560

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Infographie

Source : Agritel

Malgré une production mondiale soutenue, le blocage du blé ukrainien maintient les

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Armelle Bohineust £@armelella

Globalement, la récolte mondiale de blé, qui commence ces jours-ci dans l’hémisphère Nord, s’annonce plutôt bien. Les grands pays exportateurs devraient avoir du grain à vendre. La Russie, premier exportateur mondial, a encore beaucoup de stocks et elle devrait battre son record de production pour la nouvelle campagne, avec quelque 88 millions de tonnes de blé récoltées. Aux États-Unis, le manque d’eau dans le Sud où pousse le blé d’hiver devrait réduire un peu la récolte, à environ 46 millions de tonnes. Dans l’Union européenne, les moissons, très hétérogènes, devraient sauver la mise avec environ 125 millions de tonnes, soit à peine moins que l’an dernier. En bref, la campagne 2022-2023, qui inclut les moissons de novembre dans le Sud (Australie, Argentine…), ne créera « pas de manque de blé dans le monde », pronostique Arthur Portier, du cabinet Agritel. Le problème est la mobilité de la céréale. La quantité réellement exportable risque d’être inférieure à la demande. Celle-ci devrait être particulièrement élevée alors que de gros importateurs, comme le Pakistan, l’Algérie ou l’Irak, ont souffert de la sécheresse et devront se

fournir encore plus que d’habitude à l’extérieur, précise Arthur Portier. De grands producteurs et consommateurs, comme la Chine, championne mondiale dans les deux catégories qui pâtit de conditions climatiques difficiles, pourraient aussi augmenter leurs importations. D’autres, comme l’Inde ou l’Indonésie, mettent des restrictions temporaires à l’export. L’équilibre entre l’offre exportable et la demande sera d’autant plus complexe qu’il y a des difficultés pour acheminer la production vers les pays consommateurs. Le transport du blé et d’autres grains est l’un des bouleversements majeurs créés par l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Au point que

Acheminées d’Ukraine par camions, des céréales sont chargées, le 3 mai dernier, sur un cargo dans le port de Constanta, en Roumanie. DANIEL MIHAILESCU/AFP

cette guerre menace la sécurité alimentaire mondiale. Moscou et Kiev représentent respectivement 20 % et 10 % des exportations de la céréale la plus consommée au monde après le maïs. Mais l’Ukraine ne peut plus exporter par voie maritime, Moscou bloquant les ports de la mer Noire. Jeudi, pour la première fois depuis des mois, un bateau chargé de 7 000 tonnes de céréales, protégé par la marine russe, a quitté le port ukrainien de Berdiansk sur la mer d’Azov, occupée par la Russie. Mais les Ukrainiens, persuadés que Moscou n’entend pas débloquer la situation, ne s’attendent pas à voir d’autres cargaisons de blé, orge ou maïs bientôt suivre le même chemin. La Turquie a engagé des discussions avec Moscou et les Nations unies sur ce sujet, sans résultat jusqu’ici. Une étude de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que les exportations de blé et autres céréales depuis l’Ukraine ne représentent plus que 20 % de leur capacité, faute de canaux aussi efficaces que les voies maritimes traditionnelles. L’Europe cherche des voies alternatives. Elle s’intéresse au passage en train par la Pologne, lequel pose un problème de changement de voies ferroviaires, à la navigation fluviale

via la Roumanie ou encore au transport par camion. Mais ces moyens limitent les quantités transportées. Avec la production céréalière, « nous pouvons nourrir 400 millions de personnes en dehors de l’Ukraine. Mais



Si l’on ne vide pas les silos de blé, il va falloir détruire des millions de tonnes pour stocker la récolte 2022



Yulia Klimenko, ex-secrétaire d’État ukrainienne

alors qu’il faut trois mois par la mer, il faudrait douze mois pour évacuer par le rail via la Roumanie et les pays Baltes les 22 millions de tonnes bloquées », pointait au forum économique de Davos en mai l’ex-secrétaire d’État ukrainienne à l’économie Yulia Klimenko. « Si l’on ne vide pas les silos de blé, il va falloir détruire des millions de tonnes pour stocker la récolte 2022 », ajoutait-elle. L’Allemagne accuse la Russie de prendre « le monde entier en otage » et d’utiliser la faim « comme arme de guerre » en empêchant les exportations ukrainiennes. Jusqu’ici, les sanctions imposées à Moscou ne concernent pas les produits agricoles. La récolte de blé

russe de 2021 avait été médiocre en raison de la météo et Moscou a, par ailleurs, pris des mesures pour restreindre ses exportations de blé. Tout en continuant de vendre toutefois aux clients que Kiev ne peut plus livrer ou aux pays du Maghreb et du Proche-Orient (Liban, Syrie, Iran…) avec lesquels Moscou entretient des liens étroits sur le plan commercial et géopolitique. Pour la prochaine saison, la Russie pourrait assurer d’importantes exportations malgré les réticences de nombreux opérateurs à engager des bateaux sur la mer Noire. En Ukraine, où selon la FAO et l’OCDE, les agriculteurs ont fait preuve « d’une grande résilience », l’Association céréalière s’attend en revanche à voir sa production de blé chuter de 40 % et ses exportations fondre de 50 %. Le prix du blé sur Euronext, qui s’était déjà envolé en 2021 pour des raisons climatiques, a fait un bond de 70 % entre le début de la guerre et son sommet de mi-mai, à plus de 438 euros la tonne. Le cours est un peu retombé depuis. Toutefois, les prix du blé ne devraient pas diminuer rapidement, prévoit l’étude FAO-OCDE. Entre la hausse des tarifs et le risque de pénuries dans certains pays, des millions de personnes supplémentaires risquent la sous-alimentation, s’inquiètent par ailleurs les auteurs du document.

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

le figaro

Collection Particulière

économie

»

Éric thirouin, président des céréaliers de France (AGPB)

TOP 10 DES PAYS PRODUCTEURS DE BLÉ EN 2021, en % de la production mondiale de blé en volume Chine

17 % Union européenne

16 % Inde

14 % Russie

11 % États-Unis

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La Banque mondiale multiplie de son côté les aides. Elle prévoit de verser 12 milliards de dollars à de nouveaux projets pour répondre à la crise alimentaire, en quelque quinze mois. Elle a octroyé un prêt de 130 millions de dollars à la Tunisie et vient d’allouer une aide de 500 millions à l’Égypte, premier importateur mondial de blé, qui dépend de la Russie et de l’Ukraine pour 85 % de son approvisionnement. Une étude d’Allianz Trade estime que la flambée des prix alimentaires crée un risque élevé de tensions sociales dans onze pays, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’assureur cible ainsi l’Algérie, la Tunisie, la Bosnie-Herzégovine, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la Turquie, le Sri Lanka. Selon lui, dans une moindre mesure, la Roumanie, Bahreïn ou le Kazakhstan, importateurs nets de nourriture, sont aussi fragilisés. En Afrique subsaharienne, qui importe 85 % de son blé, la flambée des prix peut alimenter des troubles sociaux, pointait en avril le Fonds monétaire international (FMI). L’organisation qui veille sur l’économie mondiale mentionnait des nations comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mozambique ou la Tanzanie, où les montants en jeu sont élevés. ■

Les taxes environnementales coûtent près de 60 milliards par an aux Français L’Hexagone compte une cinquantaine de prélèvements écologiques. Manon MAlhère £@ManonMalhere

Finances publiques Emmanuel Macron s’est engagé à mettre la transition écologique au centre de son mandat. Tout en sachant que la fiscalité environnementale est un sujet particulièrement inflammable. La France, en tout cas, excelle déjà en la matière, comptant plus de 50 taxes censées modifier le comportement des ménages. D’un côté, c’est une manne financière importante pour les caisses de l’État : cette fiscalité lui a permis d’empocher quelque 56,4 milliards d’euros après 40,3 milliards en 2005. D’un autre côté, cela « lamine le portefeuille des particuliers et des entreprises », dénonce l’association Contribuables associés, dans une étude intitulée « Écologie, le nouvel eldorado du fisc », qui ne manquera pas de susciter la controverse. Dressant un inventaire assez détaillé, Contribuables associés cite d’abord la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE) censée sanctionner l’utilisation d’énergies fossiles, dont le rendement est estimé à plus de 30 milliards en 2019. Cette dernière intègre en particulier la fameuse taxe carbone, gelée depuis le mouvement des « gilets jaunes ». La liste inclut également la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Ou encore, la contribution au service public de l’électricité (CSPE), qui pèse 11 % de la facture d’électricité. Cette taxe a d’ailleurs été temporairement baissée par le gouvernement dans le cadre du bouclier tarifaire pour limiter la hausse des prix de l’électricité à 4 % face l’inflation galopante. Enfin, figurent tous les autres prélèvements moins visibles mais bel et bien réels pour le porte-monnaie des Français : taxe sur les certificats d’immatriculation, taxe addi-

tionnelle sur les assurances automobiles, contribution de solidarité sur les billets d’avion, taxe sur les remontées mécaniques, taxe sur les bateaux de plaisance, taxe sur les produits de la mer et même taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) appliquées aux lessives. On s’y perdrait presque ! « Ces taxes augmentent tous les ans, dénonce Contribuables associés. Et, parfois, la hausse d’une taxe provoque celle d’une autre taxe. » Preuve à l’appui avec l’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) en 2021 qui est passée de 42 à 54 euros la tonne pour les déchets enfouis. Cette hausse s’est répercutée sur la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, dont la progression est évaluée à 2,3 % en 2021 dans les villes moyennes.

Dans la moyenne de l’UE Il reste que, si la France est l’un des pays européens où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés, elle n’est pas en haut de la liste en matière de pression fiscale écologique ; elle se situe même dans la moyenne basse des membres de l’UE. En 2019, les taxes environnementales s’élèvent à 2,3 % du PIB, alors qu’elles pesaient plus de 3 % en Grèce, en Italie ou encore au Danemark. À l’inverse, elles représentent moins de 2 % en Allemagne, au Luxembourg et en Irlande. Contrairement à d’autres pays, avec le nucléaire en France, « l’emprunte carbone est faible mais le pays applique une surimposition fiscale, ce qui ne va pas », insiste toutefois Contribuables associés - qui déplore que ces impôts instaurés au nom de l’environnement pèsent, en réalité, sur le pouvoir d’achat des ménages. « Pour compenser, l’État est tenu de prendre certaines dispositions qui, comme la généralisation du chèque énergie lancé en 2018 (reçu par 5,8 millions de ménages éligi-

En 2019, les taxes environnementales s’élevaient à 2,3 % du PIB, en France. tomas/stock.adobe.com

bles en 2022, pour un montant entre 48 euros et 277 euros), rognent sur la marge générée par la hausse des taxes sur les carburants. Quant aux classes moyennes, elles n’ont d’autre choix que de se serrer la ceinture, a fortiori quand elles vivent loin des centres-villes, sans offre de transport collectif et donc sans échappatoire aux taxes », insiste l’association. Toutefois, bon nombre d’économistes insistent sur l’importance du « signal prix » à donner dans le contexte de la hausse des tarifs des énergies polluantes via la fiscalité, pour in fine modifier les comportements des consommateurs et ainsi faire baisser la demande pour ces produits. Et de défendre des soutiens financiers ciblés sur les foyers modestes en guise de compensation. Extrêmement sensible, le débat reste ouvert. ■

7%

Inflation et hausse des salaires pèsent sur les finances des hôpitaux

Canada

4% Ukraine

4% Australie

3%

Ils réclament 2 milliards d’euros pour faire face à l’envolée des charges.

Turquie Sources : FAO / OCDE

3%

prix élevés

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Argentine

3%

TOP 10 DES PAYS EXPORTATEURS DE BLÉ EN 2021, en % des exportations mondiales de blé en volume Russie

22 % Union européenne

15,1 % Canada

13,5 % États-Unis

12,3 % Ukraine

10,5 % Australie

8,1 % Argentine

7% Kazakhstan

4% Turquie

2,6 % Inde

0,6 %

Soit un surcoût de 1 milliard cette année, et de 2 milliards en année pleine. Auxquels s’ajoute la montée en puissance des mesures salariales du « Ségur ».

Marie-Cécile Renault £@Firenault

SANTé C’est un gouffre sans fond. Emmanuel Macron pensait avoir réglé les difficultés financières de l’hôpital avec le « Ségur de la santé », un effort inédit qui, outre 10 milliards d’euros de revalorisations salariales, prévoit 19 milliards d’euros d’investissement et de reprise de dette. Mais cette bouffée d’oxygène salutaire risque de se révéler vite ­insuffisante. D’abord, les hôpitaux se prennent de plein fouet le renchérissement du coût des matières premières, à l’heure où de nombreux établissements ont lancé des chantiers de rénovation de leurs bâtiments dans le cadre du « Ségur ». « Nous enregistrons des hausses de 15 % à 25 % sur certains produits. Les établissements qui le peuvent font appel à l’emprunt, les autres sont contraints de réduire la voilure », constate Cécile Chevance, responsable du pôle finance de la Fédération hospitalière de France (FHF). L’inflation entraîne aussi une hausse des coûts de fonctionnement, estimée à 750 millions d’euros, avec une envolée des prix de l’énergie, de l’alimentation et des dispositifs médicaux. Ensuite, les hôpitaux vont devoir financer la hausse de 3,5 % du point d’indice des fonctionnaires décrétée par le gouvernement.

Sous-investissement

10

milliards d’euros

Économies imposées aux hôpitaux en dix-sept ans

Dans ce contexte, alors que les arbitrages sur le prochain projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) battent leur plein, les hôpitaux alertent sur le fait qu’il faudra revoir à la hausse leur enveloppe de dépenses. Ils réclament une révision du fameux Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), prévu en hausse de 2,4 % cette année. Bien qu’en réelle augmentation depuis le quinquennat de François Hollande - où sa progression était tombée à 1,75 % -, les hôpitaux estiment que cela ne suffira pas. « La hausse du point d’indice des fonctionnaires représente déjà une hausse supplémentaire de 1 point de l’Ondam. Si l’on ajoute l’inflation et le “Ségur”, je vois mal com-

ment on pourrait être sur une hausse de l’Ondam inférieure à 4 % ou 5 % », affirme Cécile Chevance. Après des années de pression budgétaire et de régulation de l’Ondam qui les ont contraints à réaliser 10 milliards d’euros d’économies en dix-sept ans, les hôpitaux ont abordé la crise sanitaire dans une situation tendue. Car les économies se sont le plus souvent faites au détriment de l’investissement. « Alors qu’il faut a minima 6 milliards d’euros d’investissement par an pour renouveler les équipements et entretenir les bâtiments, on était tombé à 3 à 4 milliards par an. Le plan de relance va permettre de corriger ce décrochage », reconnaît Frédéric Valletoux, président de la FHF. Pour autant, si les crédits du « Ségur » font remonter le taux d’investissement « autour de 5,5 %, nous restons en deçà du seuil plancher de 7 % que nous nous étions fixé », conclut Cécile ­Chevance. ■

Urgences : Borne valide les propositions Braun En déplacement à l’hôpital de Pontoise, vendredi, Élisabeth Borne a indiqué reprendre « toutes les propositions » de la mission flash Braun, soit 41 pistes présentées la veille pour désengorger les urgences (nos éditions du 30 juin). « Les

patients devront prendre le réflexe d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences », a dit la première ministre. Elle a aussi validé un « complément de rémunération » pour les soignants d’astreinte le soir et les week-ends, ainsi qu’une

« majoration de 15 euros par consultation » pour les médecins de ville recevant des malades hors patientèle. « Dès la semaine prochaine, ARS et soignants pourront s’emparer de cette boîte à outils », a-t-elle déclaré. M.-C. R.

A

Avec la moitié de sa production de blé exportée tous les ans, la France est un acteur majeur de l’équation céréalière internationale : elle évolue entre le cinquième et le septième rang des exportateurs mondiaux, selon les années. Même si l’Hexagone ne peut compenser la perte de production ukrainienne, son importance est renforcée depuis que les millions de tonnes de blé coincées en Ukraine font planer le risque d’une crise alimentaire globale. Si des négociations sont en cours pour organiser le transport des céréales en mer Noire, la situation dans la zone pourrait encore tirer les prix mondiaux vers le haut. Mercredi, l’agence des Nations unies pour l’alimentation (FAO) et l’OCDE ont estimé qu’une poursuite du conflit russo-ukrainien en 2023 maintiendrait les cours mondiaux du blé tendre 34 % audessus de ceux qu’ils seraient en temps de paix. De quoi entraîner, dans les campagnes françaises comme dans les autres grands pays producteurs, une vague assez forte en faveur de la culture de céréales. Dont le blé tendre : certaines prévisions tablent sur une hausse de 10 % à 15 % des surfaces françaises semées lors des prochains semis pour cette céréale. « Un tel coup de balancier n’est jamais bon. Si on veut garder le cap d’une agriculture durable et productive, il faut des assolements variés. Dans l’agriculture, l’opportunisme se révèle souvent décevant à moyen terme », prévient JeanFrançois Loiseau. ■

Sources : FAO / OCDE

sson faisante

Si la récolte s’annonce correcte globalement, on s’attend à des écarts inédits de rendements avec des exploitations actuellement autour de 25 quintaux par hectare, et d’autres qui dépasseront les 100 quintaux

l'événement

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20 économie

Les investissements étrangers dans le viseur de Bruxelles La Commission se dote d’un nouvel outil pour empêcher la concurrence déloyale d’entreprises subventionnées. Anne Rovan £@AnneRovan Correspondante à Bruxelles

ue La présidence française de l’UE aura donc travaillé jusqu’au dernier moment. Dans la soirée de jeudi, quelques heures seulement avant le clap de fin, un dernier accord était conclu entre le Conseil et le Parlement européen. Voulu par les Vingt-Sept depuis 2019, présenté en mai 2021 par la Commission, ce dossier est crucial pour l’avenir de l’UE puisqu’il porte sur les investissements étrangers dans l’Union. « C’est un pas majeur vers la protection de nos intérêts économiques », s’est félicité le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. D’ici à mi-2023, la Commission sera en mesure de contrôler « toute activité économique bénéficiant d’une subvention d’un pays tiers sur le marché intérieur », peut-on lire dans le communiqué du Conseil. Concrètement, l’institution sera en mesure d’investiguer sur les entreprises étrangères bénéficiant d’aides d’État pour mener à bien des opérations de concentration ou pour soumissionner à des marchés publics. Et ces

opérations ne pourront être réalisées sans le feu vert préalable de la Commission qui pourra donc mettre son veto. Les concentrations devront être notifiées dès lors que « l’entreprise acquise, l’une des parties prenantes à la concentration ou l’entreprise commune génère un chiffre d’affaires dans l’UE d’au moins 500 millions d’euros et lorsque l’opération implique une contribution financière étrangère d’au moins 50 millions d’euros » au cours des trois dernières années. Idem pour les passations de marchés d’au moins 250 millions d’euros assortis d’une aide d’au moins 4 millions d’euros apportés par un pays tiers.

La Chine ciblée « Les marchés publics de l’UE correspondent à environ 14 % de notre PIB. Il n’est pas acceptable qu’ils soient faussés par des subventions étrangères au détriment des entreprises compétitives qui respectent les règles. Cet outil innovant comblera un vide juridique et nous conférera de nouveaux moyens de promouvoir l’égalité de traitement et une concurrence loyale au sein du marché unique », a souligné le commissaire au

Marché intérieur, Thierry Breton. Les groupes qui passeront outre ces procédures de notification en seront de leur poche. La Commission pourrait alors leur infliger des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % de leur chiffre d’affaires total. Pas question cependant pour les équipes de la Commission de n’examiner que les opérations qui lui auront été notifiées. Elle pourra également enquêter « de sa propre initiative » en cas de soupçon de distorsion sur un secteur, y compris sur « des opérations de concentration et des procédures de passation de marchés publics de moindre ampleur, si elle soupçonne l’éventualité d’une subvention étrangère susceptible de fausser la concurrence », détaille l’institution. En rythme de croisière, il lui sera possible de remonter jusqu’à dix ans sur les éventuelles aides d’État versées. Mais la rétroactivité sera de cinq ans dans un premier temps. Si une distorsion de concurrence est observée, Bruxelles pourra imposer des réparations. Autant dire que la boîte à outils dont va se doter l’UE est conséquente. C’est un message sans ambiguïté adressé aux pays tiers, no-

D’ici à mi-2023, l’Union sera en mesure de contrôler « toute activité économique bénéficiant d’une subvention d’un pays tiers sur le marché intérieur ». Sergey Kelin/stock adobe

tamment à la Chine, qui développe de longue date de lourds programmes d’investissement public, notamment les nouvelles routes de la soie ou encore « Made in China 2025 ». Du reste, au cours des discussions sur le texte, certains États membres - notamment l’Italie - se sont inquiétés des nouveaux pouvoirs de la Commission. Il a finale-

ment été prévu que l’exécutif européen informe régulièrement ­ les capitales sur ses travaux. Certaines redoutent aussi que les investigations de la Commission retardent les passations de marchés publics ou les opérations de concentration. La Commission a promis de mobiliser jusqu’à 145 fonctionnaires sur ces sujets. ■

L’Allemagne cherche à nouveau l’équilibre budgétaire Le ministre des Finances a présenté le projet de budget qui prévoit le retour de la règle d’or dès l’an prochain. David Philippot Berlin

Europe Retour aux fondamentaux : le ministre des Finances Christian Lindner appuie sur le frein budgétaire avec le retour à la règle d’or l’an prochain. La dette publique doit fondre de 123 milliards d’euros, pour atteindre 17 milliards. Après trois ans de dérapage, l’Allemagne veut revenir dans les clous. Le ministre des Finances a présenté, vendredi en Conseil des ministres, son projet de comptes publics d’environ 445 milliards d’euros, contre 496 milliards en 2022. « Nous ne pouvons plus nous permettre de nous endetter davantage, pas seulement pour les prochaines générations, mais aussi parce que les dettes d’aujourd’hui sont les impôts de demain, a justifié lors de sa conférence de presse, le chef du Parti libéral-démocrate. Nous mettrions même en danger la nota-

tion AAA de la République fédérale d’Allemagne. » Pour rassurer les marchés, le ministère souhaite un retour de la règle d’or d’une dette structurelle à 0,35 % du produit intérieur brut. Il ne s’agit pas de revenir à l’austérité du « schwarze Null » (zéro noir littéralement, qui signifie zéro déficit) mais de faire fondre les dettes. Quelques tours de passe-passe doivent aider : en piochant dans 41 milliards d’euros de réserves prévus pour l’accueil des réfugiés ou grâce à la création d’un fonds spécial hors budget pour l’armée. Néanmoins, avec 59 milliards prévus pour la défense, l’Allemagne devrait encore manquer l’objectif de 2 % de l’Otan avec 1,6 % l’an prochain. Le ministère des Finances veut mettre les autres postes, sauf celui de l’Intérieur, au régime sec avec des économies de 1,5 % sur les personnels. Pour son premier budget, Lindner a choisi comme intitulé : « La politique

budgétaire dans un changement d’époque. » Les taux d’intérêt ont effectivement augmenté de manière fulgurante et devraient grever le budget 2023 de 30 milliards d’euros, contre seulement 4 milliards en 2021. Sur 2024-2026, l’échéancier prévoit que l’endettement se situera entre 12,3 milliards et 13,8 milliards d’euros. « C’est un signal de

consolidation vers la BCE », a-t-il souligné hier. Également adressé à ses partenaires de coalition Verts et sociaux-démocrates qu’il entend remettre au régime de la frugalité. « L’automne prévoit d’être chaud, analyse Frank Baasner de l’Institut franco-allemand (DFI). Le débat au Bundestag s’annonce tendu car les libéraux, qui ont en-

Nouveau record d’inflation en zone euro Après 7,4 % en avril et 8,1 % en mai, l’inflation a battu un nouveau record en juin pour la zone euro, à 8,6 %. Ces chiffres sont les plus élevés enregistrés depuis le début de publication de cet indice par Eurostat en 1997. La poussée d’inflation est toujours liée à la

flambée des prix de l’énergie (électricité, pétrole, gaz…) qui ont bondi de 41,9 % sur un an en juin, après 39,1 % en mai. Les tarifs de l’alimentation (y compris alcool et tabac) grimpent aussi, à 8,9 %, contre 7,5 % en mai. La France est relativement moins touchée

que ses voisins européens, avec 6,5 % d’inflation en juin, soit le deuxième taux le plus faible de la zone euro, derrière Malte. Les plus élevés sont enregistrés dans les pays Baltes : 22 % en Estonie, 20,5 % en Lituanie et 19 % en Lettonie. L’Allemagne est à 8,2 %.

caissé récemment trois sévères défaites aux régionales, vont vouloir afficher leur sérieux budgétaire, face aux Verts et leurs dépenses pour le climat et aux sociaux-démocrates pour les conséquences sociales de la crise. »

« Un miracle pour Lindner » Il n’est pas certain que la marge de 5 milliards provisionnée suffise si un rebond brutal du Covid, la guerre ou le gaz de Russie font exploser le budget. Un scepticisme partagé par le quotidien libéral Die Welt dans un article intitulé « Il faut un miracle pour Lindner. Au moins ». « Comme le montre l’exemple d’Uniper, si Poutine ferme le robinet, les entreprises fermeront, les recettes fiscales s’effondreront, les dépenses sociales augmenteront. » La réalité pourrait alors rattraper ce budget en trompe-l’œil car basé sur une hypothèse de croissance hautement improbable de 2,5 %. ■

La Cour suprême bloque la transition climatique de Joe Biden La haute juridiction estime que l’Agence de l’environnement ne peut édicter de règles sur les émissions de CO2.

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BRENDAN SMIALOWSKI/AFP

Pierre-yves Dugua £@Pdugua

Cette décision risque de porter tort à notre capacité à combattre le changement climatique

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Washington

États-Unis Le président Biden va avoir du mal à tenir sa promesse de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Cour suprême vient de trancher un point de droit qui nie à l’Agence fédérale de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency, EPA) l’autorité pour obliger les compagnies d’électricité à abandonner des centrales à hydrocarbures au profit des énergies renouvelables. La Cour suprême ne prend nullement position contre la transition énergétique. La juridiction, dans une décision à 6 voix contre 3, affirme simplement que la loi en place, le Clean Air Act de

1963, amendé plusieurs fois depuis, ne peut pas servir de référence à des décisions aussi fondamentales. Elle tranche qu’il appar­tient au Congrès de préciser par une loi les normes de la décarbonation de l’économie américaine. L’EPA tentait à ses yeux de s’arroger une autorité considérable en extrapolant un article obscur de la loi. Sauf que faute de consensus entre républicains et démocrates dans un Congrès très divisé, Joe Biden ne pourra pas faire rapidement voter une nouvelle loi sur la transition climatique. Le président s’est pourtant engagé dès son installation à la Maison-Blanche à réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre des centrales américaines électriques à charbon, fuel et gaz d’ici 2035. Elles sont à ce

jour responsables d’un quart des émissions de gaz aux États-Unis. L’arrêt de la Cour n’affecte pas l’autorité de l’agence pour combattre les mêmes émissions en provenance de véhicules automobile, ou des installations des producteurs de pétrole et gaz naturel. « Cette décision risque de porter tort à notre capacité à préserver un air propre et à combattre le changement climatique, mais je ne vais pas abandonner mes efforts pour recourir à mon autorité légale en vue de protéger la santé publique et m’attaquer à la crise climatique », a commenté le président Biden. « L’EPA va devoir trouver d’autres moyens pour contourner la décision et s’attaquer indirectement aux émissions de carbone, ce qui est la seule manière significative de ré-

pondre à la crise climatique », explique Karen Sokol, professeur de droit à Loyola University, à La Nouvelle-Orléans.

Décision sur l’avortement L’arrêt West Virginia vs EPA représente une victoire pour le secteur des charbonnages que l’Administration Biden a promis de marginaliser définitivement en raison de la toxicité du carbone. Sa portée peut se révéler plus conséquente encore sur d’autres pouvoirs réglementaires reposant sur des lois ambiguës. Déjà l’an dernier, les magistrats ont invalidé l’autorité des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), organismes fédéraux de surveillance des maladies et infections. Ces derniers avaient dé-

crété que la pandémie de Covid justifiait d’interdire l’éviction des locataires qui ne payaient pas leur loyer. La Cour suprême a jugé que la CDC n’avait pas été mandatée par le Congrès pour réglementer le logement. Comme dans le cas de sa décision le mois dernier de lever la protection constitutionnelle couvrant l’avortement, la Cour suprême défie la gauche américaine et comble les conservateurs. Elle affirme la supériorité de la représentation populaire, c’est-à-dire le Congrès, sur les questions fondamentales. Ce faisant, elle invalide les constructions juridiques qui donnaient, tantôt aux tribunaux, tantôt aux agences fédérales, des pouvoirs qui ne leur ont pas été explicitement conférés. ■

le figaro

Entreprises

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Les familles Mérieux et Agnelli s’allient pour accélérer dans la santé Exor, holding contrôlé par les héritiers du fondateur de Fiat, prend 10 % de l’Institut Mérieux pour 833 millions. nous cherchions un partenaire de grande qualité, raconte Alexandre Mérieux. Ce partenariat va nous permettre d’accélérer notre croissance. Je me réjouis qu’il se fasse avec une famille qui partage nos valeurs et notre vision. Les besoins médicaux sont plus nombreux, la science évolue vite, la médecine est plus préventive. Dans ce contexte, il faut être agile. On est plus intelligents et plus réactifs à plusieurs si l’on s’entend bien. »

keren lentschner £@Klentschner et ivan letessier £@IvanLetessier lyon

« De belles opportunités à saisir »

mille, est sortie de l’ombre pendant le Covid. Alexandre Mérieux, son PDG depuis fin 2017, a recueilli les fruits du virage dans la biologie moléculaire via l’acquisition de l’américain BioFire (2013). Son test permet de détecter en 45 minutes la présence de 22 virus et bactéries (pneumonie, grippe…) à partir d’un prélèvement nasal.

Valeurs partagées « Alors que nous célébrons les 125 ans de l’Institut Mérieux, notre engagement pour la santé publique n’a jamais été aussi fort, explique Alain Mérieux, 83 ans, président de l’institut fondé par son aïeul Marcel, un élève de Louis Pasteur. Dans un monde de plus en plus complexe et difficile, où la menace infectieuse est particulièrement importante, où les évolutions scientifiques et technologiques s’accélèrent, l’Institut Mé-

rieux souhaite renforcer sa capacité de réaction pour continuer à investir dans chacune de ses sociétés afin d’assurer leur développement stratégique tout en préservant leur indépendance. Ce partenariat va nous apporter de nouvelles ressources. » À la recherche d’un allié de long terme, les Mérieux ne souhaitaient ni d’un fonds d’investissement ni d’un autre industriel de la pharmacie. Conseillés par la banque Lazard, ils se sont rapprochés des Agnelli en avril. En quelques semaines, l’accord a été conclu entre les représentants respectifs des cinquièmes générations des deux dynasties. « Cela a été très rapide, car nos deux familles ont des affinités très fortes, explique John Elkann, 46 ans. Mon grand-père Gianni Agnelli était ami avec Alain Mérieux, que je me souviens avoir ren-

Alexandre Mérieux (à gauche), viceprésident de l’Institut Mérieux, et John Elkann, PDG d’Exor. Florent Dubray

contré il y a vingt ans en France. » Et Alexandre Mérieux, 48 ans, d’abonder : « On se rejoint sur les valeurs, comme l’industrie, l’entrepreneuriat et l’attachement à nos racines, raconte le fils d’Alain, vice-président de l’Institut Mérieux. Avec John, nos premiers échanges ont porté sur nos valeurs. Nous avons parlé de la santé, des enfants, de l’éducation et de l’international. » Les héritiers vont désormais avoir de nombreux autres sujets de conversation. John Elkann et Benoît Ribadeau-Dumas (l’ex-directeur de cabinet d’Édouard Philippe à Matignon a rejoint Exor en début d’année) intégreront le conseil d’administration de l’Institut Mérieux, qui sera détenu à 90 % par la famille lyonnaise. « Pour préparer l’avenir et être réactifs à un moment clé de notre histoire et de l’évolution de la santé,

Delta Drone se diversifie dans la sécurité Le spécialiste des drones professionnels sécurise des événements et des sites industriels. Véronique Guillermard £@vguillermard

« deLelamarché

sécurité, assez traditionnel, est entré dans une phase de mutation que nous souhaitons accompagner avec nos solutions. Le cadre réglementaire est désormais stabilisé

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Laurent Rozewicz, directeur des opérations de Delta Drone

Aéronautique Apporter un service de sécurité aérien par drones aux organisateurs d’événements – sportifs, salons, concerts etc. – et aux industriels. C’est la mission de la direction des opérations de Delta Drone, récemment confiée à Laurent ­Rozewicz, ancien colonel de l’armée de l’air et de l’espace. Fort de vingt-sept ans d’expérience au sein des forces françaises, ce spécialiste de la lutte antidrone veut accélérer sur un marché qui est assez mature pour enrôler des drones dans ses dispositifs de sécurité. « Le marché de la sécurité, assez traditionnel, est entré dans une phase de mutation que nous souhaitons accompagner avec nos solutions. De même, le cadre réglementaire, posé par la Direction générale de l’aviation civile, est désormais stabilisé. Et les machines sont au point. Le marché s’est professionnalisé », relève Laurent ­Rozewicz. Delta Drone propose au marché sa solution ISS Spoter, déclinée en deux versions : un système de drone filaire et un système automatique. « Le drone filaire électrique est alimenté en continu par câble. Il est stationné à 60-80 mètres à la verticale du sol d’où il peut observer, via ses capteurs optiques, son environnement à 360 degrés, pendant des heures », explique le directeur des

Système de drone de surveillance ISS Spoter (en version filiaire), mis en œuvre par Delta Drone. Sébastien Boudot/Delta Drone opérations de Delta Drone. Les informations collectées permettent d’ajuster le dispositif au sol en déplaçant les agents de sécurité et les forces de l’ordre en fonction de l’évolution de la situation. « Un tel système aurait été très utile sur le parvis du Stade de France, lors de la finale de foot de la Ligue des champions, émaillée d’importants incidents, mi-mai 2022 », assure Laurent Rozewicz. « Le second système de drone, prérechargé avant la mission, est prêt à décoller à tout moment. Il est télépiloté depuis un poste de commandement ou de surveillance. Il est mobile et accompagne les agents de sécurité dans leur mission de surveillance, par exemple pour lever un doute lors d’un incident ou du déclenchement d’une alarme », ajou-

te-t-il. La PME grenobloise fournit une solution clés en main avec les drones et les téléopérateurs formés par son école interne.

Contrat avec L’Oréal L’engin de 7 kilos est fabriqué par le groupe chinois DGI, un des leaders mondiaux du domaine, sur lequel sont intégrés des capteurs, caméras, logiciels de reconnaissance de plaques d’immatriculation et de liaison de données… Tous embarquant de l’intelligence artificielle. Le recours à un matériel « made in China » est « transitoire », précise Laurent Rozewicz. « Nos bureaux d’études travaillent sur le développement d’un nouveau système de drone », ajoute-t-il. Il précise que la sécurité des données est ,puisque le drone « travaille »

en circuit fermé, sans lien avec internet. Parmi les contrats récents remportés par ISS Spoter, le tournoi de tennis de Roland-Garros, le dernier meeting aérien de La FertéAlais ou encore une mission de soutien aux équipes de sécurité du Festival de Cannes. Delta Drone a aussi été retenu pour assurer la sécurité des épreuves équestres des JO 2024, organisées à Versailles, en partenariat avec GL Events, leader de l’organisation de grands événements. Deuxième marché ciblé par Delta Drone, la surveillance de sites – entrepôts de stockage de bobines de cuivre, parking de camions, usines – et la logistique, via une solution d’opérations d’inventaires d’entrepôts. Pour cette dernière, la société a codéveloppé avec Geodis, leader français du transport et de la logistique, un robot d’inventaire autonome, baptisé Countbot, dont la stabilité du mât extensible – 10 mètres de haut – est assurée par drone. Ce qui permet de réaliser ces opérations chronophages rapidement et sans erreur humaine, de jour comme de nuit. Cette semaine, Geodis a signé un partenariat de trois ans avec L’Oréal, leader mondial des cosmétiques, qui ­utilisera Countbot pour effectuer l’inventaire annuel de ses entrepôts situés dans le nord de la ­France. ■

Exor (30 milliards d’euros d’actif net réévalué), premier actionnaire de Stellantis (ex FCA – PSA), Ferrari, CNHI, Iveco, Juventus FC et The Economist, dispose d’un trésor de guerre de 7,7 milliards d’euros après la cession de Partner Re à Covea, en début d’année. De quoi aider l’Institut Mérieux à accélérer. Le groupe a investi 1 milliard d’euros dans ses cinq métiers depuis vingt-cinq ans, mais ses besoins à venir pourraient être plus importants. « Nous allons évaluer les opportunités de développement qui nous permettront de continuer à servir la santé publique mondiale, poursuit Alexandre Mérieux, qui a vocation à succéder à son père à la tête de l’Institut Mérieux. Nous n’avons pas de projet à court terme, mais je suis sûr qu’il y aura de belles opportunités à saisir. » « Je suis impressionné par la culture entrepreneuriale de l’Institut Mérieux et la capacité de chaque génération de la famille à innover et à s’adapter, ajoute John Elkann. L’Institut a toujours voulu regarder le futur avec optimisme. J’ai une grande confiance dans la capacité d’Alexandre à utiliser les moyens additionnels apportés par Exor pour faire de grandes choses. L’Institut Mérieux a une grande capacité à développer ses entreprises, mais aussi à en créer des nouvelles. » C’est le deuxième investissement dans la santé d’Exor, qui a pris en avril 45 % de l’assureur Lifenet Healthcare pour 67 millions d’eu­ros. Le holding des Agnelli y voit un secteur porteur, non cyclique, dopé par l’essor du digital. C’est l’un de ses trois axes prioritaires d’investissement avec le luxe (Louboutin, Shang Xia) et la tech. « Le partenariat avec l’Institut Mérieux est prioritaire et central pour notre futur dans la santé, souligne John Elkann. Il n’exclut pas d’autres opportunités que nous pourrions saisir dans ce secteur. » ■

en bref Alstom cède le TGV de l’ex-Bombardier £ Le japonais Hitachi Rail a finalisé l’acquisition, auprès d’Alstom, des droits de propriété intellectuelle et des activités commerciales liées à la contribution de l’ex-Bombardier Transport aux trains à grande vitesse ETR 1 000 (ex-Zephiro) exploités en Italie, en France et en Espagne. Cette cession faisait partie des exigences de Bruxelles lors de son feu vert, fin juillet 2020, au rachat de l’ex-Bombardier Transport par Alstom.

Salaires : Dussopt reçoit les partenaires sociaux £ Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, réunira le 7 juillet syndicats et patronat pour encourager les branches professionnelles à négocier des revalorisations des bas salaires, sur fond d’inflation galopante, a-t-il annoncé vendredi.

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» Combien coûte une maison en France ? www.lefigaro.fr/economie

A

santé Moins de deux ans après son rapprochement avec la famille Peugeot à l’occasion de la fusion entre Fiat Chrysler et PSA, les Agnelli signent un nouveau partenariat avec une autre dynastie industrielle française, la famille Mérieux. Exor, le holding contrôlé par les héritiers du fondateur de Fiat, va prendre 10 % de l’Institut Mérieux pour 833 millions d’euros à l’occasion lors d’une augmentation de capital réservée. Les familles turinoise et lyonnaise, représentées d’une part par John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli et PDG d’Exor, d’autre part par Alain et Alexandre Mérieux, ont scellé cet accord vendredi à Lyon, au siège de l’Institut Mérieux. De quoi permettre d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire de cet empire français de la pharmacie qui a réalisé l’an passé 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires (93 % hors de France) à travers cinq sociétés. Le groupe lyonnais veut continuer à développer chacun de ses métiers : le diagnostic médical (BioMérieux), les services d’analyse (Mérieux NutriSciences), le capital développement (Mérieux Equity Partners, plus de 1 milliard d’euros d’actifs sous gestion dans la santé et la nutrition), la biotech (Transgene développe un vaccin individualisé contre le cancer) et la sous-traitance pharmaceutique (ABL). Dans les années 1990, l’Institut Mérieux a décidé de se focaliser sur le diagnostic in vitro et l’immunothérapie, et s’est désengagé des vaccins, son métier historique. Il revendique comme cheval de bataille la lutte contre les maladies infectieuses et le cancer. Avec 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 13 000 salariés et 16 sites de R&D, BioMérieux est la pépite du groupe. L’entreprise, cotée en Bourse, détenue à 59 % par la fa-

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Entreprises

LE GRAND

jean-michel jarre

TÉMOIN

compositeur de musique électronique Voyez-vous des projets prometteurs en France ? Oui. J’ai rencontré il y a quelques années une start-up de Perpignan, VRrOOm, qui veut devenir le YouTube du métavers (la société a levé 1,5 million d’euros en mai). J’ai collaboré avec cette jeune pousse pour mon concert du 31 décembre 2020, dans une reproduction virtuelle de NotreDame. Nous avons réuni 75 millions de personnes du monde entier. Je me souviens, je suis monté sur la scène du Studio Gabriel à Paris, j’étais bardé de capteurs. J’avais le trac, j’étais en sueur au bout de cinq minutes !

PROPOS RECUEILLIS PAR

thomas lestavel £@lestavelt

Invité cette semaine du Big Bang de l’Économie organisé par Le Figaro, Jean-Michel Jarre s’intéresse depuis plusieurs années au métavers. Il a réalisé un concert en immersion complète dans une cathédrale Notre-Dame de Paris « numérisée », le 31 décembre 2020. LE FIGARO. - Depuis quand vous intéressez-vous au métavers ? Jean-Michel JARRE. - J’ai lu le livre de science-fiction Snow Crash (Le Samouraï virtuel, NDLR) de Neal Stephenson, qui a inventé le terme « métavers ». Les nouveaux espaces virtuels immersifs et les casques de réalité virtuelle poursuivent le même but que la littérature ou le cinéma en leur temps : nous projeter dans un autre univers. On va juste un cran plus loin. Quand vous êtes-vous lancé dans l’aventure ? Avec l’album Equinoxe Infinity, en 2018. J’ai mis en ligne des clips sur la plateforme The Wave VR. Je me suis associé pour cela à l’artiste numérique australien Sutu. Qu’est-ce qui vous passionne autant dans le métavers ? En France, on a trop tendance à séparer la technologie de la culture. Or bien souvent, l’innovation technique dicte les styles. L’inventeur du violon a ouvert la voie à Vivaldi, celui du cinéma a permis Fritz Lang, Jean-Luc Godard et Quentin Tarantino. Le métavers constitue un nouveau tournant, un moment de disruption. C’est une chance pour les artistes et les créateurs. Vous critiquez la vision du métavers présentée par Mark Zuckerberg, le patron de Facebook… Dans son livre, Niels Stephenson imagine l’internet 3.0 comme un immense réseau virtuel reliant des planètes interdépendantes. Mark Zuckerberg, lui, veut monter un système centralisé autour de son groupe Meta. L’Europe doit protéger sa souveraineté sur cette nouvelle révolution technologique. En a-t-elle les moyens ?

Le compositeur de musique électronique, mordu d’innovation, y voit un enjeu de souveraineté culturelle pour le Vieux Continent.

« L’Europe doit se doter de son propre métavers » Oui, nous avons les talents créatifs et techniques nécessaires. C’est une question de volonté. Regardez l’aéronautique : quand l’Europe a commencé à développer Airbus, le reste du monde n’y croyait pas. Aujourd’hui, le groupe est leader mondial de son secteur, devant Boeing. Quid du financement ? L’Europe peut investir à bon escient des milliards d’euros dans le métavers, en évitant l’écueil du saupoudrage. Elle doit cibler les projets de qualité. À ce propos, je voudrais insister sur un point important. Dans la culture, nous avons tendance à valoriser la production, mais la distribution est tout aussi essentielle. Nos artistes réalisent des films, des morceaux de musique, des créations graphi-

ques ; pour trouver leur public, ils doivent passer par les fourches caudines de grands distributeurs. Je pense qu’il est essentiel de garder un contrôle sur les réseaux de distribution. Est-ce vraiment grave si l’Europe ne crée pas son propre métavers ? D’autres priorités, comme la transition énergétique, paraissent bien plus vitales… Nous sommes à un moment de bascule technologique, il ne faut pas louper le coche. Quand Gutenberg a inventé l’imprimerie, le Vatican a dû s’interroger. Une bible pour tout le monde, imaginez la révolution que cela représentait dans l’esprit de la papauté ! Avez-vous parlé à Emmanuel Macron, dont le programme

LES DÉCIDEURS â Ramzi khiroun Lagardère Arrivé en 2007, le conseiller spécial d’Arnaud Lagardère, porte-parole et membre du comex, quitte officiellement le groupe. Il a participé à des dossiers clés comme la cession de la participation dans EADS, la sortie du capital de Canal+, les négociations entre Lagardère Active et Google, l’affaire dite du délit d’initiés EADS et la défense du groupe face aux activistes.

â Alain Papiasse French-American Foundation Le président Alain Papiasse (BNP Paribas) a dévoilé la promotion 2022 du programme Young Leaders, identifiant les leaders de demain. La fondation créée en 1976 par les présidents Giscard d’Estaing et Ford a sélectionné côté français 14 hauts potentiels, à parité, pour la qualité de leur accomplissement professionnel mais aussi leur engagement pour de grandes causes.

2022-07-03T23:52:25+02:00

2022-07-02T03:09:04c:Figaro;u:pboulanger;

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Demain

A

â Aurélien Largeau Hôtel du Palais-Hyatt Le chef étoilé trentenaire du palace de Biarritz, rénové et exploité par Hyatt, s’est vu remettre en présence du DG, Alessandro Cresta, le trophée Grand de demain par Gault & Millau.

électoral évoquait « des expériences en réalité virtuelle autour de nos musées, de notre patrimoine et de nouvelles créations » ? J’ai abordé plusieurs fois le sujet auprès de lui. Le président de la République a bien compris l’urgence d’investir dans le métavers. La nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, connaît bien le sujet. Je fonde aussi beaucoup d’espoirs sur le plan d’investissement France 2030 (un programme à 34 milliards d’euros, dont un volet porte sur « la production des contenus culturels et créatifs »). Vous parlez d’urgence. À quel horizon l’Europe doit-elle créer son propre métavers ? D’ici 2 à 3 ans ? Plutôt 2-3 mois…

Les concerts physiques vont-ils disparaître ? Non ! Rien ne remplacera le plaisir d’être épaule contre épaule dans une fosse. Mais le numérique permet d’élargir la jauge, d’inclure des personnes isolées pour des raisons géographiques ou médicales, par exemple. Il répond aussi à un enjeu de sécurité. Les grands événements sont compliqués à organiser en période de terrorisme ou de Covid-19. J’ai donné un concert hybride avec Radio France qui a été retransmis dans un univers virtuel. À la fin du concert, j’ai discuté avec des fans, plus exactement avec leur jumeau numérique. J’ai échangé avec l’avatar d’une jeune fille de Manchester, très volubile. Elle m’a appris qu’elle était tétraplégique et qu’elle assistait à un concert pour la première fois de sa vie. Les métavers actuels comme The Sandbox ont un design relativement pauvre. Comment le rendre plus attrayant ? Nous sommes à la préhistoire du métavers. Au fur et à mesure qu’il va trouver son public, un cercle vertueux va s’enclencher. Le marché va se développer et les investissements suivront. Dans quelques années, le design des métavers sera beaucoup plus sophistiqué. À 73 ans, pourriez-vous être le prochain ministre de la Culture et du Numérique ? Mon nom a circulé. Merci, mais non merci ! Ce qui m’intéresse, c’est de continuer à créer. ■

PAR Carole Bellemare

Anne-Laure Ollagnon insuffle âme et esprit de famille aux hôtels de luxe les Airelles C’est une quadra décidée et friande de nouveaux challenges. Née à Saint-Étienne de parents œuvrant dans l’assurance, l’ex-bonne élève de l’Essec, Sciences Po et de l’École du Barreau qui a toujours eu soif d’apprendre, se rêvait, elle, en avocate. La voici en superhôtelière à la tête du jeune groupe Airelles, collectionnant déjà huit établissements d’exception dont les Airelles de Courchevel et de Val d’Isère, La Messardière à Saint-Tropez, la Bastide de Gordes ou le Grand Contrôle à Versailles.

Fidèle de Stéphane Courbit Sa nomination comme CEO, elle la doit au big boss et actionnaire du holding LOV Group, Stéphane Courbit. « Un honneur et une fierté ». Le champion de la production télé et des paris sportifs (Banijay, Betclic) jouant la Bourse désormais (lire page 24) , s’est parallèlement entiché de l’hôtellerie de luxe où il voit loin aussi. En s’appuyant sur cette fidèle dont il a très vite apprécié les qualités. Arrivée à ses côtés en 2007 au lendemain de son départ d’Endemol, la jeune femme, mariée et mère d’une fille, a participé à son aventure d’entrepreneur après avoir œuvré aux fusions-acquisitions de Danone, puis comme avocate d’affaires chez Cleary

Gottlieb. Avec « cette diversité d’activités » qu’elle a toujours aimée. En accompagnant Stéphane Courbit dans ses emplettes (y compris un temps dans Direct Energie) , elle a trouvé son compte, de la Financière LOV à la stratégie de Betclic, avant de découvrir en 2018 les charmes de l’hôtellerie en développant les Airelles. « Nos hôtels sont des pépites. Je retrouve dans ce métier l’exigence du service, du produit, le sens du détail, avec des équipes exceptionnelles. » Avec l’écosystème de restaurants acquis aussi autour des hôtels, ils sont 900 collaborateurs à œuvrer pour l’emblématique patron, toujours sur le terrain. Et Anne-Laure Ollagnon qui entend développer l’esprit maison de famille, pour eux comme pour les clients, est bien décidée à les fidéliser avec une vision fédératrice. L’adepte de trail, yoga et ski, qui a aussi planché sur le rachat de Ladurée et du chocolatier Fouquet, est pour l’heure attelée au futur projet d’ouverture des Airelles à Venise, où le groupe a racheté le Bauer Palazzo et la Villa F sur Giudecca, face à San Marco. Un ensemble unique, avec son hectare de jardin, dont elle veut faire aussi « un lieu créateur d’émotions ». Ce sera le premier drapeau planté à l’étranger, qu’elle compte investir désormais. Son objectif : « avoir 15 à 20 hôtels d’ici à dix ans » . C B.

« onEnaFrance, trop tendance à séparer la technologie de la culture. Or, bien souvent, l’innovation dicte les styles

»

Bio express 1948 Naissance à Lyon. 1969 Compose ses premiers morceaux de musique électronique. 1976 Enregistre l’album Oxygène, qui rencontre un succès mondial. 2016 Sort le single Exit qu’il enregistre en duo avec Edward Snowden. 2020 Donne un concert gratuit dans une cathédrale Notre-Dame de Paris virtuelle, à l’occasion du réveillon du 31 décembre, qui a été suivi par plus de 75 millions de personnes.

EN VIDÉO SUR le-bigbangeco-du-figaro

www.lefigaro.fr/decideurs â Antoine Arnault LVMH Initiateur en 2011 des Journées particulières de LVMH, Antoine Arnault, « M. Image et Environnement » du numéro un mondial du luxe, a révélé jeudi les nouvelles ambitions de l’événement mondial qu’il relance pour les 14, 15 et 16 octobre, fort du succès de la précédente édition. Ce sont 96 lieux de 57 maisons qui ouvriront gratuitement leurs portes au public, dans 15 pays, à la rencontre de ceux « qui façonnent le futur du luxe en faisant vivre et évoluer ce patrimoine exceptionnel ». L’édition de 2018 avait attiré 180 000 visiteurs. Parmi les nouveaux sites qu’ils pourront visiter cette année : ceux de Tiffany & Co. à New York, des hôtels Belmond en Italie ou des Châteaux d’Esclans et de Galoupet, en Provence.

â Marc-Antoine JAMET Comité des Champs-Élysées Le secrétaire général de LVMH transforme l’essai à la tête du Comité. Nommé à titre provisoire dans le sillage de Jean-Noël Reinhardt, il a fait l’unanimité et rempile pour cinq ans à la présidence d’un conseil d’administration « plus jeune, renouvelé, diversifié et paritaire ». Son défi : le projet de transformation des ChampsÉlysées « dans le respect du patrimoine architectural qui le jalonne et de son accessibilité à tous ». La ville doit investir 30 millions d’euros d’ici à 2024.

le figaro

Marchés

23

Face à la chute des marchés, faut-il parier sur l’or ?

questions d’argent avec Avez-vous intérêt à investir dans un chauffage écologique ?

La hausse des taux et du dollar freine la progression du métal jaune. Mais il pourrait prendre sa revanche.

Marchés On disait l’or dépassé. Les cryptomonnaies devaient tout balayer sur leur passage. La plus populaire d’entre elles, le bitcoin, faisait pour certains figure d’ultime valeur refuge, susceptible de détrôner un jour la « relique barbare ». Selon ses défenseurs, le bitcoin cumule les qualités : cette monnaie virtuelle, comme ses concurrentes, est contenue dans un fichier informatique, et accessible partout via une clé chiffrée dans un grand livre de comptes réputé infalsifiable, la blockchain. Indépendant des autorités gouvernementales et monétaires, le bitcoin est aussi disponible en quantité limitée, fixée dès l’origine à 21 millions de tokens (jetons). À l’inverse, bien qu’indépendant lui aussi des autorités, l’or a quant à lui quelques défauts. Il est cher à stocker, difficile à partager et c’est aussi un actif physique susceptible d’être confisqué. Mais à l’épreuve des faits, le métal jaune s’est révélé bien plus solide que le bitcoin. Depuis son record du 10 novembre 2021, date à laquelle elle avait atteint 69 000 dollars, la cryptomonnaie a perdu plus de 70 % de sa valeur. L’or n’a pas été épargné par l’agitation sur les marchés, mais il a bien résisté. Après s’être envolée à plus de 2 000 dollars début mars, immédiatement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’once de 31 grammes de métal jaune a

terminé le premier semestre sans gains ni pertes. Cette performance, certes peu exaltante, est bien meilleure que celle du bitcoin, mais aussi que celles des marchés d’actions ou d’obligations. Au premier semestre, le CAC 40 a baissé de plus de 17 % et, selon les spécialistes d’Allianz GI, les marchés obligataires occidentaux ont perdu plus de 13 %. « Au premier semestre de cette année, il n’y avait pratiquement aucun abri sur les marchés», constate Neuflize OBC.

Un climat d’incertitudes propice à l’or

Le climat général reste à la recherche de valeurs refuges. Entre la pandémie de Covid-19 qui sévit toujours en Asie et se réveille en Europe, la guerre en Ukraine et les nombreuses tensions géopolitiques, on ne compte plus les foyers de braises dans le monde. Résultat, les investisseurs sont plongés dans un océan d’incertitudes. Ce qui est a priori porteur pour l’or. Mais pour le moment, le cours de l’once est freiné par la hausse des taux d’intérêt et l’envolée du dollar. En effet, pour lutter contre l’inflation galopante, les banques centrales, avec à leur tête la puissante Fed américaine, ont cessé de libérer des flots de liquidités et ont brutalement remonté le loyer de l’argent. L’or, qualifié par certains « d’actif stérile », ne rapporte ni dividende, ni intérêt. Il se retrouve désormais en concurrence avec des obligations dont le rendement grimpe (en lien avec la hausse des

L’or a été secoué cette année COURS DE L’OR EN DOLLARS 2 000

1 900

1 801,5

1 800

1 787,6 1 700 3 janvier 2022

1er juillet 2022 Infographie

Source : Bloomberg

taux). L’envolée du dollar est le deuxième frein à la progression de l’or. Depuis le début de l’année, le billet vert s’est apprécié d’environ 10 % par rapport aux autres grandes devises, à cause de la politique de resserrement monétaire de la Fed et de rapatriements de capitaux par les Américains. L’or étant libellé en dollar, toute hausse du billet vert le rend plus onéreux pour ceux qui le payent dans d’autres devises. De quoi freiner les achats. Or une partie importante des acheteurs se trouve dans les pays émergents. Pour la suite, les avis sont partagés. Pour les spécialistes de Mirabaud, avec la récession qui menace, l’or devrait retrouver de l’éclat. « En 2020, pendant la récession mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19, l’or avait vu son cours bondir de plus de 20 %. Et à la suite de la crise des subprimes en 2008 et des dettes publiques au sein de la zone euro, soit entre janvier 2008 et août 2012, la valeur de l’or a progressé de près de 100 % », constate la banque suisse. D’autres considèrent en revanche que le mouvement de hausse des taux d’intérêt devrait se poursuivre pendant de long mois et limiter la progression du métal précieux. Tout est en fait question de proportions. Un gérant recommande d’introduire 4 à 5 % d’or dans ses investissements pour diversifier les portefeuilles en achetant au fil du temps pour gommer les soubresauts du marché. À côté de l’or physique, il existe une large palette de produits pour miser sur le métal jaune. Les ETF, ces fonds indiciels cotés, séduisent un public de plus en plus large. Ils répliquent fidèlement les cours du métal jaune, sont parfaitement liquides et accessibles avec des frais réduits. Il est également possible de se positionner sur des fonds diversifiés qui intègrent de l’or et d’autres métaux précieux comme l’argent ou le palladium, une manière de limiter les risques. Pour investir, un autre « filon » consiste à miser sur les mines aurifères cotées, en direct ou via des fonds. Le risque grimpe alors d’un cran. La valeur de ces titres est tributaire à la fois des cours de l’or et des variations des marchés financiers. ■

la séance du vendredi 1ER juillet

LE CAC

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 126,94 AIRBUS .............................................. 95,24 ALSTOM ..............................................21,87 ARCELORMITTAL SA ........................... 21,625 AXA .............................................. 21,725 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 45,31 BOUYGUES .............................................. 28,82 CAPGEMINI .............................................. 161,75 CARREFOUR .............................................. 16,94 CREDIT AGRICOLE ...........................8,73 DANONE ..............................................53,3 DASSAULT SYSTEMES ........................... 35,325 ENGIE .............................................. 11,194 ESSILORLUXOTTICA ........................... 143,85 EUROFINS SCIENT. ...........................75,24 HERMES INTL ........................... 1065,5 KERING ..............................................487,25 L'OREAL ..............................................329,4 LEGRAND ..............................................70,12 LVMH .............................................. 580

%VAR.

-0,92 +3,02 +1,3 +0,53 +0,3 -0,12 -1,84 -1,04 +0,33 -0,01 +0,08 +0,6 +2,08 +0,66 +0,21 -0,14 -0,58 +0,03 -0,48 -0,29

+HAUTJOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

129,16 126,6 96,93 91,55 22,31 21,48 21,97 21,14 21,935 21,43 45,965 44,65 29,15 28,63 164,75 158,85 17,08 16,78 8,839 8,632 53,51 52,53 35,45 34,425 11,276 10,78 145,55 140,2 75,56 73,2 1072,5 1045,5 499,45 483,1 332,15 325,15 70,6 68,94 588 571,4

0,171 0,224 0,395 0,397 0,158 0,237 0,341 0,346 0,209 0,158 0,137 0,083 0,195 0,099 0,175 0,045 0,103 0,055 0,148 0,049

-17,21 -15,24 -29,95 -23,17 -17,03 -25,44 -8,48 -24,94 +5,18 -30,44 -2,36 -32,47 -13,98 -23,17 -30,85 -30,63 -31,07 -20,1 -31,86 -20,22

JOUR

MICHELIN .............................................. 26,17 ORANGE ..............................................11,28 PERNOD RICARD ...........................175,25 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 46,58 RENAULT .............................................. 24,355 SAFRAN ..............................................95,1 SAINT GOBAIN ........................... 41,04 SANOFI ..............................................97,52 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 111,26 SOCIETE GENERALE ........................... 20,805 STELLANTIS NV ........................... 11,708 STMICROELECTRONICS ..................... 29,1 TELEPERFORMANCE ........................... 295,9 THALES .............................................. 120,15 TOTALENERGIES ...........................50,15 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 49,055 VEOLIA ENVIRON. ........................... 23,62 VINCI .............................................. 85,85 VIVENDI SE ........................... 9,568 WORLDLINE .............................................. 35,46

%VAR.

+0,75 +0,53 -0,03 -0,17 +2,37 +0,94 +0,23 +1,22 -1,45 -0,41 -0,63 -3 +0,89 +2,65 -0,44 +0,83 +1,42 +1,05 -1,32 +0,23

+HAUTJOUR +BAS JOUR

26,475 11,324 177,15 47,12 24,795 96,66 41,465 97,52 112,9 21,34 11,936 29,885 299 121,85 51,02 49,75 23,95 86,31 9,704 35,56

25,5 11,08 174 46,08 23,26 93,06 40,27 95,14 110,6 20,485 11,51 28,94 291,4 116,25 49,66 47,91 22,74 84,17 9,532 33,92

Sodexo confirme ses objectifs et rassure le marché

2022-07-03T23:52:25+02:00

2022-07-02T03:09:04c:Figaro;u:pboulanger;

Jour:

Autre

un

Demain

Sodexo a enregistré un chiffre d’affaires supérieur aux attentes du marché pour le troisième trimestre (clos fin mai) de son exercice 2021-2022. Sur la période, les ventes se sont élevées à 5,52 milliards d’euros, en croissance organique de 18,3 %. Une performance qui lui permet de retrouver une activité à 97 % de ce qu’elle était avant la crise sa-

nitaire. Dans le détail, au sein des services sur site (96 % des facturations), les services aux entreprises ont progressé sur un an de 30,1 %, à 2,88 milliards d’euros, grâce au « retour au bureau des salariés », contre +16,7 %, à 1,41 milliard, pour les services au secteur de la santé et 14,8 %, à 1 milliard, pour « l’éducation » (restauration scolaire). Les

%CAP.ECH

0,175 0,211 0,147 0,19 0,548 0,161 0,195 0,2 0,147 0,46 0,15 0,35 0,206 0,183 0,255 0,59 0,317 0,149 0,278 0,254

31/12

-27,38 +19,83 -17,14 -21,32 -20,27 -11,67 -33,67 +10,09 -35,49 -31,12 -29,8 -32,9 -24,52 +60,63 +12,37 -20,39 -26,78 -7,6 -19,53 -27,65

énergie Depuis le 1er juillet, il n’est plus possible d’installer une chaudière au fioul dans une maison. Pour inciter le recours aux énergies renouvelables, les pouvoirs publics offrent, jusqu’à la fin de l’année, une prime de 1 000 euros. Elle est accordée pour le remplacement d’un équipement de chauffage au fioul ou au gaz par un dispositif écologique comme une chaudière à bois ou une pompe à chaleur. Cette prime vient s’ajouter aux aides déjà existantes.

1 à suivre sur lefigaro.fr/bourse n Les matières premières et les produits dérivés n Le crible des sicav et des fonds n Les cotations

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Quelles sont les contraintes d’une chaudière à bois ?

L’installation d’une chaudière à granulés de bois se combine aisément avec un système de chauffage central pré­ existant (radiateur et tuyauterie) car elle atteint une température de chauffe similaire (55 à 65 °C). En revanche, pour éviter de ravitailler votre chaudière régulièrement, un espace de stockage suffisant est indispensable. Si la surface à chauffer n’est pas trop importante, vous pouvez transformer l’espace initialement occupé par votre ancienne cuve à fioul en espace de stockage pour les granulés. Mais, souvent, l’installation d’un silo de grande capacité est nécessaire. Par exemple, pour assurer une année d’autonomie à une maison de 150 m2 bien isolée, qui consommait antérieurement 2 000 litres de fioul à l’année, il faut prévoir un silo d’au moins 60 m3. L’installation d’une chaudière à granulés est coûteuse : entre 10 000 et 20 000 euros. Mais le dispositif MaPrimeRénov’ peut prendre en charge de 5 000 à 12 000 euros, bonus de 1 000 euros inclus. Le montant varie en fonction de vos revenus, de la composition du foyer et de la situation géographique du bien.

2

Comment fonctionne une pompe à chaleur ?

Deux technologies de pompes à chaleur (PAC) cohabitent. D’un côté, il y a les PAC aérothermiques qui puisent les calories directement dans l’air extérieur et les restituent dans le logement en chauffant l’eau des radiateurs ou des planchers chauffants (PAC air/ eau) ou en renvoyant de l’air chaud dans les pièces (PAC air/air). Attention, ces PAC sont sensibles aux variations de la température exté­ rieure. Leur rendement fluctue donc en fonction du climat, et un système d’appoint, le plus souvent électrique et intégré, peut être nécessaire. Elles seront d’autant plus efficaces que vous aurez préalablement réduit les déperditions de

LES DEVISES

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

1 EURO=

1,5382 1,3492 0,8665 8,1801 141,05 1,027 1,0425 3,226 11,103 17,4608 19,83 6,987 82,3747 154,1

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

L’OR

chaleur dans la maison, installé une ventilation performante et, surtout, isolé les combles et les murs. Avec une bonne étiquette énergie, votre équipement sera aussi moins coûteux car la pompe sera plus petite. Le prix de ce type d’équipement va de 5 900 à 11 000 euros. Les aides oscillent entre 4 000 et 6 000 euros, bonus inclus, pour les PAC air/eau (les PAC air/air ne bénéficient pas d’aides). À côté des PAC aérothermiques, on trouve les PAC géothermiques qui puisent les calories dans le sol, ou dans l’eau d’une nappe souterraine (attention, dans ce cas, des autorisations administratives doivent préalablement être obtenues) et les restituent dans un système de chauffage central. Pour des capteurs horizontaux, il faut disposer d’une surface de jardin représentant au moins 1,5 fois la surface de la maison à chauffer. Quelques mètres carrés suffisent, en revanche, pour installer des capteurs verticaux. Une pompe à chaleur coûte entre 15 000 euros et 25 000 euros, hors prix du forage. Les aides s’élèvent, elles, entre 6 000 à 12 000 euros, bonus compris.

3

Faut-il opter pour une rénovation énergétique globale ?

Oui, car les avantages sont multiples. Une rénovation globale consiste à réaliser l’ensemble des travaux énergétiques en une ou deux étapes au maximum : isolation des murs, du toit et des planchers (le poste isolation est obligatoire); installation de menuiseries à double, voire triple, vitrage, choix d’un système de chauffage performant et d’une ventilation efficace. Les travaux réalisés doivent aboutir à un gain énergétique d’au moins 55 %, validé par un audit réalisé avant et après les travaux. Cette solution vous permet donc de bénéficier d’un impact réel sur vos dépenses d’énergie. Mais il y a un autre atout financier. En effet, la rénovation globale ouvre droit à des aides beaucoup plus importantes que si vous réalisiez les travaux séparément, en plusieurs tranches. D’ailleurs, si vous faites partie des ménages considérés comme aisés par l’Agence nationale de l’habitat (revenus annuels supérieurs à 67 585 euros pour un ménage francilien de trois personnes, 51 592 euros en province), ce sera le seul moyen pour vous d’avoir accès aux subventions de MaPrimeRénov’. Le jeu en vaut donc la chandelle. ■ Ludovic Clerima

JOUR

VEILLE

31/12

Cotation quotidienne assurée par Loomis FxGS - CPOR Devises www.loomis-fxgs.fr LINGOT DE 1KG ENV ..................................................... 55740 NAPOLEON ..................................................... 349,6 PIECE 10 DOL USA ..................................................... 1070 PIECE 10 FLORINS ..................................................... 357,9 PIECE 20 DOLLARS ..................................................... 1900 PIECE 20F TUNISIE ..................................................... 355 PIECE 5 DOL US (H) ..................................................... 440 PIECE 50 PESOS MEX ..................................................... 2222 PIECE FR 10 FR (H) ..................................................... 208 PIECE SUISSE 20F ..................................................... 347,2 PIECE LATINE 20F ..................................................... 330 SOUVERAIN ..................................................... 428,2 KRUGERRAND ..................................................... 1844,75

56890 349,7 1070 357 1935,75 355 440 2192,25 208 346,7 343,9 428,7 1864,75

+7,73 +13,18 +16,56 +11,88 +7,04 +11,99 +7,86 +16,85 +13,13 +5,77 +11,25 +6,39

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«avantages et récompenses» (titresrestaurants, chèques-cadeaux), activité plus modeste mais de loin la plus rentable pour Sodexo, progressent de 21,8 %, à 222 millions d’euros. La dynamique a été forte partout : 22,6 % pour les États-Unis, 18 % en Europe et 9,8 % en Asie-Pacifique. Afin d’améliorer l’efficacité de l’organisation

du groupe, et dans le cadre de sa revue stratégique, la direction projette de « transférer l’entière responsabilité de la gestion opérationnelle aux pays, regroupés en trois zones géographiques, l’Amérique du Nord, l’Europe et le reste du monde ». Le groupe a déjà désigné des responsables pour diriger chacune de ces régions et compte mettre en

place ce nouvel organigramme de septembre à décembre prochain. Enfin, les objectifs annuels sont réitérés, à savoir afficher une croissance organique autour du bas de la fourchette initiale, entre 15 et 18 %, ainsi qu’une marge d’exploitation proche de 5 % à taux constants. Le titre a grimpé de 4,06 % vendredi, à 69,78 euros. ■

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Hervé Rousseau

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médias et publicité

Stéphane Courbit réussit le baptême boursier de Banijay et de Betclic Pour sa première journée de cotation à Amsterdam, LF Entertainment, qui réunit les deux actifs, a gagné 5 %. caroline sallé £@carolinesalle

audiovisuel La cloche a sonné peu avant 9 heures. Et en ce premier jour du mois de juillet, elle a sans doute résonné comme une douce musique aux oreilles de Stéphane Courbit. Pour ses toutes premières heures à la Bourse d’Amsterdam, FL Entertainment gagnait presque 5 %. C’est cette nouvelle entité qui regroupe désormais les puissants actifs de l’homme d’affaires dans le divertissement. Soit, d’un côté Banijay, le numéro un mondial de la production audiovisuelle, détenteur d’un catalogue de plus de 120 000 heures de programmes, dont des franchises ultrapopulaires à l’image de « Koh-Lanta », « Fort Boyard », « Masterchef », Peaky Blinders, Black Mirror… Et, de l’autre, Betclic, poids lourd européen du pari sportif en ligne, présent en France, au Portugal, en Pologne, en Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni… Deux « pépites » dont la valeur boursière atteignait vendredi matin près de 4,7 milliards d’euros. Bien plus, en somme, que celles des groupes TF1 et M6 réunies. Ensemble, les filiales de Bouygues et RTL, qui espèrent fusionner en vue de devenir un géant européen de la télévision, pèsent 3,2 milliards d’euros… Ce baptême boursier sans fausse note avait été soigneusement préparé. Il apparaissait plutôt risqué alors que les valeurs médias et tech ont été très chahutées ces derniers mois. Au lieu de passer par une IPO classique, plus incertaine compte tenu de l’actuelle volatilité des marchés, Stéphane Courbit a préféré miser sur un Spac - un véhicule financier sans activité commerciale, permettant de lever des fonds et d’entrer en Bourse de ma-

nière simplifiée. FL Entertainment a ainsi fusionné avec le Spac Pegasus Entrepreneurs. Coté sur le marché néerlandais depuis décembre dernier, il est contrôlé par la société d’investissement Tikehau Capital et Financière Agache, le holding de la famille de Bernard Arnault, propriétaire de LVMH. Stéphane Courbit, qui détient 47 % du capital et 72 % des droits de vote de FL Entertainment, reste à la manœuvre en tant que président du nouvel ensemble. Son bras droit, l’ex-banquier François Riahi, hérite du poste de directeur général. Parmi les actionnaires figurent Vivendi (environ 19 %), la Société des bains de mer de Monaco (10 %), Fimalac (7 %), le géant italien de l’édition De Agostini (5 %). Les sponsors du Spac, la Financière Agache et Tikehau Capital détiendront chacun 1 % du capital.

Acteur majeur de la consolidation

« Nous sommes très contents de la manière dont le marché a accueilli la société, s’est réjoui François Riahi. Toute la transaction s’est faite sur la base d’une action à 10 euros. Comme l’opération a plu, le cours du Spac Pegasus était préalablement monté à 11 euros. L’introduction de FL Entertainment s’est donc faite sur cette base et a gagné 5 % le premier jour. Mais pour les actionnaires qui sont rentrés à 10 euros, la hausse s’élève à 15 %. Ce n’est que la première journée, mais dans le contexte actuel, c’est un signal très positif », fait valoir le directeur général de FL Entertainment. L’arrivée de FL Entertainment à la Bourse a permis « une simplification de la gouvernance », indique François Riahi. L’objectif principal de cette opération consiste à obtenir des moyens financiers supplémentaires pour devenir un acteur

La nouvelle entité présidée par Stéphane Courbit était valorisée à 4,7 milliards d’euros, vendredi, à la Bourse d’Amsterdam. F. CRUSIAUX/REA

majeur de la consolidation. « Nous aurons beaucoup plus de flexibilité et de marges de manœuvre à l’avenir pour opérer de nouvelles acquisitions », assure François Riahi. « Cette opération répond à un véritable projet de croissance, expliquait en mai dernier au Figaro Stéphane Courbit. Le secteur de la production audiovisuelle va connaître un fort mouvement de concentration dans les années à venir. Aujourd’hui, ce marché est extrêmement fragmenté, mais, à terme, il est fort probable qu’il ne restera plus que quatre à cinq grands acteurs. Banijay est déjà le numéro un mondial de la production indépendante, mais il ne représente que 3 % d’un marché estimé à 100 milliards de dollars », rappelait-il. Pour la so-

ciété, qui vise un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros en 2022 et 645 millions d’Ebitda, l’ambition n’est pas seulement de se renforcer dans un secteur audiovisuel en plein boom, avec l’arrivée des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime. Il s’agit également de se développer dans l’industrie des paris sportifs. Un juteux marché qui devrait représenter 115 milliards d’euros en 2027. Dans la foulée de LF Entertainment, le service de streaming musical Deezer fera lui aussi ses premiers pas en Bourse. La cérémonie d’ouverture est prévue mardi matin à Euronext Paris. Et pour l’occasion, le ministre de l’Économie, Bruno le Maire fera même le déplacement. ■

En 2022, les Français achètent moins de livres Le contexte macroéconomique incertain pousse les consommateurs à la prudence. CLAUDIA COHEN £@ClaudiaECohen

Depuis janvier, les ventes de livres en France ont chuté de 11 %. A. ROBIN/Le Figaro Magazine

LIVRES « Après une année exceptionnelle, le premier semestre 2022 est synonyme d’atterrissage pour le secteur de l’édition », explique Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE), qui représente 720 maisons d’édition. Depuis le 1er janvier, les ventes de livres subissent en effet une baisse de 11 % sur un an, selon l’observatoire du Syndicat de la li-

brairie française (SLF), qui suit l’activité quotidienne de plus de 400 librairies du pays. « La bande dessinée et le manga, qui sont notamment portés par le passe culture, sont beaucoup plus épargnés », précise Laura de Heredia, en charge de l’Observatoire. Sur les six derniers mois, ce segment accuse une diminution de 6 % par rapport à 2021. La dynamique exceptionnelle qu’avait connue le secteur l’an passé (avec une augmentation des ventes de 20 %) reposait finalement sur les comportements d’une poignée de Français. Les librairies, qui s’étaient vues accorder par l’État le statut de commerces essentiels en plein cœur de la pandémie, avaient bénéficié d’un effet de report des achats culturels. Avec la fermeture des théâtres, des salles de spectacles et des cinémas, le livre était alors l’un des seuls produits culturels accessibles. « Avec le recul, nous pouvons dire qu’il y eut une hausse des achats de livres par des lecteurs déjà aguerris. En parallèle, quelques nouveaux jeunes avaient franchi le cap de la lecture grâce au passe culture », analyse Vincent Montagne.

Aujourd’hui, les niveaux d’inflation records, liés au contexte géopolitique et macroéconomique incertain, poussent les consommateurs à la prudence dans leurs dépenses. Ces derniers réduisent depuis quelques mois leurs achats de biens qui ne sont pas de première nécessité.

Embellie comparée à 2019 Au-delà de la guerre en Ukraine, la présidentielle et les élections législatives sont venues détourner un peu plus l’attention des lecteurs, qui se sont davantage tournés vers les écrans (téléphone, tablette, téléviseur) ou la radio pour consulter les informations autour de l’actualité. Les librairies de Paris et de la petite couronne, qui avaient le plus bénéficié l’an passé de l’engouement des citoyens, encaissent aujourd’hui les plus fortes baisses de fréquentation (de l’ordre de 40 % pour certaines). Devant ce triste constat, les commerçants s’inquiètent désormais pour leurs marges. « Ils redoutent le retour à de faibles niveaux de rentabilité. Alors même qu’ils sont

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Le Grand Jury, le rendez-vous politique incontournable. En direct

DIMANCHE 12H-13H

confrontés, comme beaucoup de Français, à une augmentation des charges fixes », explique Laura de Heredia. Les libraires espèrent une remontée des ventes dès la rentrée de septembre. Toutefois, le tableau est nettement moins alarmant si l’on compare ces données semestrielles aux niveaux d’avant-pandémie. Puisque les ventes sont en progression de 5 %, comparée à 2019. « Il y a tout de même de quoi se réjouir du niveau auquel se trouve aujourd’hui le secteur du livre », relativise Vincent Montagne. En cette année 2022 où la lecture a été déclarée grande cause nationale par le président Emmanuel Macron, les acteurs du secteur espèrent trouver des solutions pour démocratiser la lecture auprès de publics qui en sont éloignés. Depuis quelques mois, l’édition doit jouer avec une autre difficulté de taille : l’envolée sans précédent des prix du papier (d’environ 15 à 20 %) ainsi que des coûts de l’énergie. À tel point que certains éditeurs ont décidé, dès cet été, d’augmenter de quelques dizaines de centimes d’euros le prix des livres. ■

Benjamin SPORTOUCH Jim JARRASSÉ Adrien GINDRE Marie-Pierre HADDAD Benjamin SPORTOUCH

Questions et réactions #LeGrandJury

zoom France Télévisions : Laurent Guimier maintenu directeur de l’information £ Le directeur de l’information de France Télévisions, Laurent Guimier, est maintenu malgré la motion de défiance votée contre lui jeudi dernier. Cette motion, toutefois, représente un « signal important qui doit être pris en compte », a indiqué la présidente du groupe audiovisuel public Delphine Ernotte, dans un e-mail envoyé à la rédaction vendredi. « J’ai confié à Laurent Guimier et à l’équipe de la direction de l’information le soin de proposer et de mettre en œuvre au plus vite une méthode nouvelle, une organisation et des actions concrètes pour répondre à ces attentes. »

en bref Ramzi Khiroun quitte lagardère £ Après plus de quinze ans au sein du groupe Lagardère, Ramzi Khiroun, le conseiller spécial d’Arnaud Lagardère et porte-parole, a quitté ses fonctions le 30 juin.

Meta lève le pied sur les embauches £ Mark Zuckerberg a annoncé que le groupe Meta n’embaucherait cette année plus que de 6 000 à 7 000 ingénieurs au lieu des 10 000 prévus. Le PDG craint voir venir « l’un des pires ralentissements économiques de l’histoire récente ».

Amazon facilite le désabonnement £ Épinglé par la Commission européenne pour ses mauvaises pratiques, Amazon va permettre aux adhérents à l’offre Prime de se désabonner en deux clics.

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro - N° 24 218 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

Exposition

Exclusif

Collection privée/David RIOU/Musées d’Angers ; Balenciaga ; ilan taché/Van Cleef & Arpels

Angers célèbre Jules lenepveu, peintre originel de la coupole du palais garnier Pages 30 et 31

Balenciaga révèle ses premières boutiques de haute couture avenue George-V, à Paris Page 28

À la poursuite Du diamant

Brut

À partir de cette pierre unique de 910 carats, Van Cleef & Arpels a conçu une collection de haute joaillerie qui fera date. Rencontre avec son président, Nicolas Bos. PAGE 26

Akram Khan, fin d’un monstre sacré Le danseur Anglo-Bengali fait ses adieux À Paris dans « Xenos ». un solo somptueux et Un Ultime défi.

Enfant cabotin

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Une guerre qu’ils ne comprenaient pas et qui les soumettait à des contrées inconnues et hostiles. Akram Khan dansait l’exil, les liens, l’arrachement à la terre natale. Dans un même élan ce qui vous tire ailleurs et ce qui vous amarre au plus profond de vous-même.« Xenos ou l’Étranger en grec, détaille Akram Khan. Si le Covid n’avait pas frappé, je l’aurai dansé à Paris puis pour la dernière fois en Inde, à Bombay », dit-il. Même s’il n’a pas voulu reprendre le restaurant oriental de ses parents à Londres, le chorégraphe, né dans une famille originaire du Bangladesh, reste fidèle à ses origines. À Montpellier Danse, en 2018, sur la scène du Corum, il se jetait dans

              

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n 2008, Akram Khan apparaissait aux côtés de Sylvie Guillem au Théâtre des Champs-Élysées. La pièce s’intitulait Sacred Monsters. On s’y régalait de voir la star de la danse kathak dialoguer pieds et poings avec la prima ballerina assoluta dans un entrelacs de bras et de rythmes sidérants. Elle a tiré sa révérence en 2015 pour ses 50 ans. Ses adieux à lui sont plus difficiles. Il visait 43 ans, il en a 47 ans. En 2018, il les a entamés dans un solo vertigineux, intitulé Xenos, qu’il finissait exsangue sur de la terre ocre. Un hommage au million et demi de soldats indiens engagés dans la guerre de 1914-1918.

Xenos, forces intactes convoquées par l’énergie des dernières fois. Rarement on avait vu un danseur atteindre pareille incandescence. Aux saluts, les deux mille spectateurs se levaient comme un seul homme. « Aujourd’hui, je ne suis plus sûr de pouvoir la danser ainsi. J’ai dû changer la chorégraphie et couper trois minutes. Et je m’entraîne énormément », confie-t-il. Akram Khan ne danse plus. Ou seulement pour lui-même. Il refuse la scène. Une décision qui le coupe de l’enfant cabotin et passionné qu’il a été, lorsqu’il faisait trembler, dans un kathak de tous les diables, le lustre du restaurant familial pour prouver sa vocation. Il aurait alors donné sa vie pour danser sur une scène. « Je viens d’avoir un troisième enfant, j’ai envie de le voir grandir. Et de créer des pièces qui permettent à la nouvelle génération de préserver le monde », dit-il. Du moins s’y essaiet-il. Présenté ce printemps au Châtelet, son Jungle Book n’a pas convaincu. Mais sa Giselle écrite pour l’English National Ballet, et qui sera enfin présentée à Paris la saison prochaine au TCE dans le cadre de TranscenDanses, est un chef-d’œuvre. Un danseur s’efface, qui n’a jamais déçu. Il lui suffisait d’apparaître grelots aux chevilles, de frapper des pieds, d’élever les bras. Sa danse emportait ailleurs. Pouvoir des monstres sacrés dont un seul geste envoûte. Difficile d’accepter que le temps a passé et que ce sera la ­dernière fois. ■ TCE, du 6 au 8 juillet. Loc. : 01 49 52 50 50.

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Ariane Bavelier £@arianebavelier

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PROPOS RECUEILLIS PAR

Élodie Baërd [email protected]

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ls ne sont pas les premiers à le faire. D’autres joailliers, avant Van Cleef & Arpels aujourd’hui, ont mis la main sur des pierres brutes, et suivi leur taille pour en sortir des spécimens propres à éblouir les foules. Le roi britannique du diamant, Graff, est ainsi entré dans les annales de la joaillerie, en 2015, avec l’acquisition du Lesedi La Rona, un brut du Botswana de 1 109 carats, deuxième plus gros au monde (après le fameux Cullinan de 3 106 carats, découvert en 1905). Graff en avait tiré 67 pierres taillées, dont une émeraude de plus de 300 carats (encore un record) plus grosse qu’un bouchon de carafe. On se souvient aussi il y a cinq ans de Chopard et son Queen of Kalahari de 342 carats bruts, miné lui aussi au Botswana, qui donna 23 diamants taillés réunis sur une parure. Plus récemment, Louis Vuitton a mis la main, coup sur coup, sur deux spécimens rarissimes, un premier de 1 758 carats recouverts d’une fine (et singulière) couche de carbone noire, puis un second de 549 carats. Ces chiffres à donner le tournis montrent que la compétition est rude entre les joailliers, que l’appétit de (quelques) clients pour des gemmes exclusives ne se dément pas et que l’histoire de ces miracles de la nature nés dans les entrailles de la terre il y a plusieurs milliards d’années n’a pas fini de fasciner le public. Rencontre avec le président de Van Cleef & Arpels qui présente en avant-première au Figaro sa collection baptisée Legend of diamonds. LE FIGARO. - Pourquoi ce diamant exceptionnel de 910 carats vous intéressait-il ? Nicolas BOS. - Après les émeraudes en 2016, puis les rubis en 2019, nous souhaitions construire une collection autour du diamant, la reine des pierres. Mais le sujet n’est pas facile, car il a été beaucoup traité, depuis toujours, par les joailliers. Nous cherchions une manière différente d’appréhender ce projet. Or un des plus grands diamantaires au monde, avec lequel nous travaillons régulièrement, nous a parlé il y a cinq ans de ce brut (de la taille d’un gros œuf, NDLR) aux qualités exceptionnelles sorti de la mine de Letseng au Lesotho. Son poids en faisait la pierre la plus belle jamais extraite de cette source connue pour donner une matière d’une pureté et d’une couleur légendaires. Habituellement, un négociant l’achète, seul ou en association avec un autre diamantaire, parce que les prix sont stratosphériques. Puis ils décident ensemble d’optimiser la taille, ils se répartissent les pierres polies et les vendent à différents clients. Là, il nous proposait l’intégralité des gemmes. C’était l’oc-

Des diamants plus gros que le ritz

Van Cleef & Arpels a acquis un brut exceptionnel de 910 carats et imaginé une collection de haute joaillerie qui marquera l’histoire de la maison. son président, Nicolas Bos, explique ce procédé dans l’air du temps, mais hors norme.

casion pour nous de travailler en amont avec l’atelier de taille à Anvers afin de définir ensemble les formes et les poids. Un exercice inédit et passionnant. Comment avez-vous travaillé avec le tailleur ? Nous aurions pu sortir la plus grosse possible mais ce choix ne correspondait pas au style de Van Cleef. Nous avons plutôt cherché à construire une collection de 25 pièces aux pierres complémentaires. Il y en a 67 finalement, dont beaucoup d’ovales, de poires et d’émeraudes, autant de formes que nous jugeons les plus élégantes pour des grands volumes. La plus imposante pèse tout de même 79 carats, taillée en ovale. Tous ces diamants reposent sur des Sertis Mystérieux (un pavage sur rail, sans métal apparent, spécialité de la maison). Une première qui a mobilisé les capacités de notre atelier pendant deux ans. Comment expliquez-vous cet engouement des joailliers pour les bruts rares ? Je ne veux pas entrer dans cette surenchère au plus gros caratage… Certains en font une communication excessive. Diamantaire et joaillier sont deux métiers très différents. On ne vend pas des pierres, mais des bijoux. Ce genre de projet reste l’exception. Il ne se justifie vraiment que s’il est hors norme comme ce Legend of Lesotho, baptisé ainsi

par le pays, car c’est une pierre historique. Nous y avons vu une occasion d’explorer notre propre manière de travailler à partir de diamants. Mais il s’agit avant tout de pièces de haute joaillerie avec des pierres uniques, pas d’un poids, d’un prix au carat. Les questions prégnantes de traçabilité encouragent-elles ces procédés ? C’est assurément intéressant par rapport aux préoccupations actuelles sur l’origines des pierres. Ici, la traçabilité est ­complète. Nous avons rencontré tout le monde sur la mine, les équipes, le management. Et expérimenté un programme pour certifier l’origine géographique des pierres, qui n’existe pas sur les diamants. C’est important que les laboratoires développent des approches de ce genre. Ces projets contribuent à davantage impliquer les différents acteurs en amont. Face à la compétition grandissante entre les joailliers, est-ce aussi un moyen de mettre la main sur les plus belles pierres ? Bien sûr. Il y a très peu de gemmes très exceptionnelles sur le marché. Avant même de nous en parler et de commencer la taille, notre diamantaire était déjà sollicité par d’autres joailliers qui avaient entendu parler du brut et voulaient une ou deux pierres. C’est un investissement très important pour nous, mais la proposition est arrivée au bon moment. Toutefois, je le répète, acheter des bruts n’est pas une fin en soi. C’est un métier complémentaire, que nous connaissons bien mais que nous n’avons pas vocation à remplacer. Comme celui de la taille. Combien y a-t-il dans le monde de clients potentiels pour ce genre de collection ? C’est un chapitre historique. Il y a des collectionneurs qui vont être sensibles au projet, qui adorent le Serti Mystérieux. Nous comptons quelques centaines de clients de haute joaillerie, mais pour ce genre de pièces le chiffre se resserre à quelques dizaines… Depuis vingt ans que je travaille dans cette maison, les plus gros diamants achetés montaient à 30, 40 carats. Là, on parle de 50, 70 carats. Il existe un risque, mais ce projet a créé une mobilisation géniale des équipes. ■

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Le pari familial de Messika Il y a d’abord eu le père, André. Contrairement à 95 % des négociants en pierres précieuses, il n’a embrassé ce métier ni par tradition familiale ni par passion. Plutôt par hasard, dans les années 1980. Grâce à un sens inné (et inouï) du commerce, il s’est imposé dans le cercle très fermé des vendeurs de diamants. Il y a ensuite eu la fille, Valérie, qui, elle, a grandi avec des brillants sous les yeux. À la fin des années 1990, la jeune femme fonde une marque qui porte le nom de sa famille. Et participe alors à sortir la reine des gemmes de son statut élitiste, voire classique, pour en faire un accessoire à la mode, plus quotidien, que les jeunes générations rêvent de s’offrir. Voici qu’aujourd’hui l’un des fils d’André, Ilan, 28 ans, entre aussi dans la danse, s’emparant d’une autre partie du métier : l’achat de bruts et le suivi de la taille. « Mon père fait uniquement du négoce, c’est un dealer hors pair, qui ne vend que des pierres facettées, explique-t-il. En

travaillant à ses côtés, je me suis rendu compte qu’il ne s’occupait pas d’une partie en amont qui, moi, me passionnait : la “fabrication” des diamants. Acheter une matière qui ne ressemble pas à grand-chose et lui donner son potentiel maximum, c’est magique ! Sans compter que ça permet de garantir la provenance et la traçabilité des pierres, un sujet crucial aujourd’hui. »

Une expérience initiatique Il y a deux ans, Ilan Messika remporte un brut de 110 carats, soit une très grosse pierre provenant de la fameuse mine de Letseng au Lesotho (lire ci-dessus). « Je n’avais encore jamais misé une telle somme. Il ne s’agit pas vraiment d’enchères, chaque diamantaire intéressé donne un prix, sans savoir combien de concurrents sont en lice, et le plus offrant l’emporte. C’est grisant de gagner, mais c’est aussi le moment où les problèmes commencent ! », raconte-t-il. Il décrit une activité aussi excitante que stressante, car acheter un brut, même issu

Valérie Messika a réuni sur une même parure, dont ce collier, la quinzaine de pierres de différentes formes (à droite) taillées à partir du brut acquis par son frère Ilan. messika

de la meilleure mine et présentant de grandes qualités, s’avère toujours un pari. Des inclusions invisibles et imprévisibles peuvent apparaître lors du polissage et faire perdre beaucoup d’argent. Pour son « 110 carats », le jeune homme décide de confier la taille à cinq experts de Tel-Aviv, où il habite, et non à ceux d’Anvers pourtant reconnus com-

Après le premier clivage (en haut), le diamant brut de 910 carats de Van Cleef & Arpels a finalement donné 67 pierres taillées exceptionnelles, notamment cet ovale de 79,35 carats, le plus important (au centre), mais aussi ces appairages de formes coussin et Asscher, pesant entre 10 et 25 carats chacun (ci-dessus). Toutes ces pierres d’une qualité remarquable (D, Flawless, Type 2A) ont été utilisées sur les 25 pièces qui composent la collection Legend of Diamonds pavé de Serti Mystérieux.

« Ce genre de projet

reste l’exception. Il ne se justifie vraiment que s’il est hors norme, comme ce Legend of Lesotho Nicolas Bos, président de van cleef & arpels

»

3 106 carats

Poids du diamant Cullinan, le plus gros brut jamais trouvé et jamais détrôné depuis sa découverte, en 1905

me les meilleurs. Il veut suivre le processus, être au plus près de son « bébé », en faire une expérience initiatique. Une quinzaine de pierres, de formes variées, en sont sorties dont un coussin de 33 carats, d’une couleur et d’une pureté maximales (D, Flawless). La deuxième plus grosse s’avère être une émeraude de 11,88 carats (D, VVS1), de top qualité mais pas aussi parfaite qu’il l’espérait. « Elle m’a valu des insomnies, car c’est la première que j’ai reçue, et j’ai craint que les autres soient de cette même qualité, ce qui n’était pas tout à fait mon pari… Heureusement, la plupart sont finalement sans inclusions. » Valérie Messika suit de près ce premier gros coup de son petit frère. Un jour, l’idée lui vient qu’elle a peut-être sous la main l’occasion, elle aussi, de tutoyer l’exceptionnel. « Valérie a pris toute la famille, toutes les pierres, qu’elle a placées sur la même parure… Un coup de génie ! », s’enthousiasme encore Ilan, au côté de sa sœur, devant le collier fini, unique et inspiré par Cléopâtre, assorti de boucles d’oreilles et d’une bague, qui seront présentés à la presse les 6 et 7 juillet pendant la semaine de la haute couture. ■ É. B.

ilan taché/Van Cleef & Arpels ; Clara Gaudillere/Van Cleef & Arpels ; Van Cleef & Arpels

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s *INSPIRÉ PAR L’ICONIQUE ÉTIQUETTE JAUNE DU BRUT CARTE JAUNE

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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Style

Demna : « Chez Balenciaga, je me vois tel un ostéopathe de la mode qui appuie là où elle est bloquée » Dans un entretien exclusif, le designer et le CEO Cédric Charbit expliquent leur détermination à réinventer les codes du luxe en puisant dans le passé. À l’image des boutiques de haute couture qui ouvriront avenue George-V, à Paris, le 6 juillet, à l’issue du défilé.

Cristobal Balenciaga que nous avons remis en marche. C. C. - Nous attachons beaucoup d’importance au savoir-faire et la majorité des pièces seront du « made in France » fabriquées dans nos ateliers. Avec cette nouvelle activité, nous rencontrons des clients sans limite de prix, aux exigences et aux attentes hors norme, ce qui nécessite des services d’exception sept jours sur sept. Quelle a été votre approche de cette nouvelle collection ? D. - Je suis resté assez fidèle à la première. Nous avons commencé en septembre dernier, et c’était assez clair pour les équipes… à l’exception du tailleur, que j’ai décidé de changer radicalement il y a tout juste quatre mois, ce qui n’était pas une mince affaire. Plus largement, mon processus reste le même : je me plonge dans les archives, les photos, les vidéos, et ensuite, j’essaie de comprendre où est « Demna » dans cette histoire. Je ne cherche pas à faire une réédition des robes de Cristobal, je veux qu’on voit l’héritage mais aussi ce décalage dans le temps. Cette fois, une partie de la collection est axée sur le recyclage à partir de vêtements et d’accessoires déjà existants



Il faut parfois attraper un virus pour fabriquer des anticorps : l’industrie avait besoin d’un tee-shirt à logo pour comprendre qu’il était temps de revenir à l’essence. Pour Balenciaga, l’essence passe par la haute couture

Demna PROPOS RECUEILLIS PAR

Hélène Guillaume [email protected]

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n ne connaît pas d’autres marques crédibles à la fois dans le calendrier de la haute couture et dans l’univers du gaming. C’est ça, Balenciaga : les robes spectaculaires que n’aurait pas reniées Cristobal et les teeshirts à logo, Isabelle Huppert et Kim Kardashian, les tailleurs oversized et les sneakers prédéchirées, les collabs avec Crocs et Adidas, les salons de l’avenue George-V et Fortnite, etc. Cette tension est justement l’équilibre que revendiquent le directeur artistique Demna et le CEO Cédric Charbit. Ils décryptent pour Le Figaro leur vision du luxe et révèlent - attention, scoop – le concept de boutiques haute couture qu’ils ouvriront dans quelques jours à l’occasion du deuxième défilé.

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LE FIGARO. - Pourquoi, sur un sujet - la haute couture - qui vous tient à cœur et alors que votre public est largement international, n’accordez-vous qu’un entretien à un journal français ? DEMNA. - D’abord parce que la haute couture, c’est français. Et plus personnellement, parce que c’est grâce au Figaro que j’ai découvert ma voie et que je suis allé étudier à l’Académie royale d’Anvers ! Il y a vingt ans, j’y avais lu un article qui recensait les écoles enseignant la mode. J’ai encadré chez moi la coupure, qui a bien jauni depuis le temps. Pour moi, travailler dans la mode, c’était être à Paris. Même si, en tant qu’étranger, je pense que ça a été plus difficile d’être accepté. Comme ce fut le cas pour Cristobal Balenciaga venant d’Espagne, bien que l’histoire dise aujourd’hui qu’il était admiré de tous ses pairs… Vous avez donc relancé il y a un an la haute couture de Balenciaga, qui s’était arrêtée avec le départ de son fondateur, en 1968. Qui aurait cru, encore récemment, que cette activité pouvait séduire un jeune public ? D. - C’est vrai que la mode a beaucoup changé ces dernières années. Il est capital que la couture existe et soit vivante, pour un public d’aujourd’hui, afin que la mode ne perde pas sa substance. Mon amour du métier est ancré dans le « dressmaking ». Quand j’ai commencé mes propres projets, en 2013, j’ai réalisé que mon idée fixe était de démocratiser la mode et de questionner la notion de luxe. Est-ce que le luxe se résume à un pull en cachemire et soie ? Pour moi, ce sont des règles d’un autre siècle. En 2017, j’ai voulu faire une

expérience en imprimant le nom Balenciaga sur un tee-shirt en jersey de coton - le meilleur tee-shirt, selon moi ; j’ai passé des heures à créer l’emmanchure -, et c’est devenu un produit de luxe. Les gens y ont vu une provocation, c’était davantage une critique. Je suis fasciné quand je vois des jeunes aujourd’hui portant des copies de cette pièce qui leur donne le sentiment d’appartenir à quelque chose, d’atteindre un statut. Mais j’avoue que je suis rattrapé par l’expérience car, aujourd’hui, les gens continuent de vouloir des tee-shirts à logo Balenciaga, ce qui ne m’intéresse pas, en réalité. Je constate par ailleurs que toutes les marques qui m’ont craché dessus il y a cinq ans ont fait la même chose après… Ceci étant, il faut parfois attraper un virus pour fabriquer des anticorps : l’industrie avait besoin d’un tee-shirt à logo pour comprendre qu’il était temps de revenir à l’essence. Pour nous, l’essence passe par la haute couture, qui nous permet de rééquilibrer Balenciaga. Je suis très fier de voir ces derniers mois des clients de 30 ans qui s’intéressent à cette part très particulière de la mode. Le « dress making » doit retrouver sa place. Cédric CHARBIT. - La haute couture en juillet 2021 était la première pour Demna, mais la 50e pour Balenciaga, et ce moment était une remise en cohérence de la marque. Nous nous définissons comme une maison de couture, mais aussi beau, aussi flamboyant l’héritage soit-il, si on ne le fait pas vivre, l’histoire sonne faux. La marque Balenciaga est devenue un phénomène socioculturel, vous avez beaucoup d’influence sur la jeunesse. Quel est votre rôle dans l’industrie ? D. - Je me vois comme un ostéopathe de la mode. J’ai l’impression que l’industrie a trop de nerfs bloqués, et que je dois appuyer sur ces points pour les débloquer. Mais peut-être que je pense à cette image car j’ai mal au dos en ce moment (rires). C. C. - Peu de collections à l’échelle de l’histoire de la mode ont participé à son évolution, que ce soit esthétiquement, culturellement ou socialement. Peu de designers font avancer les proportions, l’œil, les mœurs, les convenances, les conventions. Peu de marques challengent le statu quo. Et c’est ce que nous allons faire la semaine prochaine, en ouvrant deux boutiques de haute couture au 10, avenue George-V, l’une pour la femme, l’autre pour l’homme. Ce projet est le secret le mieux gardé de Paris ! D. - Après la première collection, en juin dernier, des gens qui n’ont pas les codes de la haute couture traditionnelle me demandaient comment y avoir accès, qui appeler, où aller. Or je voulais ouvrir cet-

Demna, directeur artistique de Balenciaga (ci-dessus) et Cédric Charbit, CEO (ci-dessous), ouvriront la semaine prochaine deux nouvelles boutiques de haute couture (en haut à gauche) à l’adresse historique (ici, photographiée en 1948). BFRND/Balenciaga

te collection à tous, il nous fallait donc aller jusqu’au bout du processus. En parlant avec Cédric, nous nous sommes dit que cette adresse, avenue George-V, était fondamentale pour Balenciaga, c’est là où tout a commencé. C. C. - Vous pourrez vous y rendre avec ou sans rendez-vous, découvrir comme c’était le cas autrefois certains produits de haute couture à emporter tout de suite, sans avoir à faire trois essayages et à patienter des semaines, car nous avons des clients qui ne veulent plus attendre pour ce genre d’expériences. D. - C’est un peu un tabou dans la couture mais il y a certains vêtements et accessoires qui ne nécessitent pas d’être réalisés sur mesure. Pour les pièces sur mesure, vous aurez accès à l’atelier audessus en empruntant l’ascenseur de



avec cette approche artisanale de pièces uniques qui appartient à mon travail depuis le début. Ce processus exige énormément de modélisme, ce que les gens ne comprennent pas toujours. Il est très complexe, très couture, d’assembler ces objets comme des matières premières. Je trouve cette approche gratifiante, on donne une deuxième vie à un vêtement, on l’inscrit dans un contexte beaucoup plus élevé alors qu’il était destiné à être écarté ou jeté. Ça illustre aussi l’idée que la mode doit être réinventée et non pas inventée, comme beaucoup pensent. Il faut accepter que la mode se base inévitablement sur quelque chose. Pour définir l’avenir, j’ai toujours puisé dans le passé. Dans le défilé du 6 juillet, vous verrez comment nous commençons par le futur avec notamment le travail couture du Néoprène - matière très technique qui est à l’industrie contemporaine ce que le gazar de soie de Cristobal Balenciaga était à son époque - et nous finissons avec les soies, les satins, les taffetas, dans la grande tradition. En mai, à New York, lors du défilé du printemps 2023, vous avez présenté entre autres une nouvelle ligne appelée « Garde-robe ». Quel en est le concept ? D. - Cette ligne, c’est l’histoire d’une veste, celle des débuts de Cristobal Balenciaga et des miens - les gens ignorent souvent que ma toute première pièce à l’école était une veste d’homme à simple boutonnage que j’ai cousue à la maison en souffrant pendant un mois (rires). Je pense qu’un créateur doit savoir faire une veste de ses mains. Il faudrait le dire aux étudiants des écoles de mode ! D. - Malheureusement, les étudiants sont trop concernés par les réseaux sociaux et pas assez par les emmanchures. Moi, ce qui m’intéresse dans mon métier, c’est l’épaule parfaite, et cette « Garde-robe » représente ces valeurs, en mettant en avant les savoir-faire en France tout en essayant de les dépoussiérer et d’en changer les règles. Il faut repenser les méthodes, l’enseignement. Les métavers vous intéressent-ils ? D. - En tant que créateur, que « faiseur », pas du tout, parce que j’aime travailler avec le corps humain. Mais en tant que directeur artistique de Balenciaga, qui est aujourd’hui plus qu’une marque mais une part de ce qu’on pourrait appeler l’« entertainment business », je dois comprendre ses enjeux. Je ne veux pas devenir le créateur qui déteste tout à part monter une manche !

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À l’Oustau de Baumanière, la cuisine espiègle de Glenn Viel Le trois-étoiles des Baux-de-Provence régale avec des assiettes au tempérament affirmé qui marquent la mémoire des gourmands.

liées à leur base, forment une sorte de barillet érigé dont dépasse l’extrémité des mollusques, exactement comme lorsque ces bêtas se laissent piéger, à marée basse, par une poignée de gros sel jetée sur le sable humide. On attrape chaque cartouche avec des pincettes mais ce n’est pas là que réside la prouesse : quelle profondeur dans la réduction iode-basilic qui nappe la porcelaine ! On y trempe la chair avant de la déguster, et la complicité du coquillage qu’on croise surtout côté Atlantique avec la plante phare des rivages méditerranéens est si évidente qu’on la croirait hors d’âge. Attelé à une « betterave flétrie » à la saveur tellurique, le homard se parfume à l’estragon. Il y a dans cette assiette rouge sur rouge un jeu de textures et d’intrications gustatives, de sucres de terre et de mer, qui provoquent une forme d’ivresse des profondeurs accentuée par un effet double sauce des plus grisants. Cuissons du noble crustacé et de la betterave roturière grandioses.

Stéphane Durand-Souffland [email protected]



Il y a souvent, chez Glenn Viel, une recherche du trompe-l’œil, une tendresse pour le « je ne suis pas le plat que vous croyez »

Envoyé spécial aux Baux-de-Provence

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n 3-étoiles doit se plier à un certain cahier des charges pour mériter sa couronne. Parmi les impératifs : proposer, pendant le repas, au moins une assiette que vous n’oublierez pas de sitôt. À l’Oustau de Baumanière, Glenn Viel, 42 ans, en aligne cinq, au bas mot, dans son grand menu. L’Oustau est une institution singulière. Adresse crée par l’autodidacte Raymond Thuillier, elle connut rapidement la gloire après-guerre (36 années à trois macarons entre 1954 et 1989), puis des temps moins flamboyants sans toutefois déchoir. La maison a aujourd’hui la chance d’avoir à sa tête deux cerveaux complémentaires : celui de Glenn Viel, perché à 1,90 m d’altitude, et celui du propriétaire – qui accepte de laisser la vedette à son cadet hyperactif –, JeanAndré Charial, 77 ans, petit-fils de Thuillier, lui-même chef mais initialement formé à HEC, toujours présent au passe. De cet attelage atypique jaillit, dans le décor d’un chaos rocheux hérissé de cyprès, une cuisine dotée d’un tempérament affirmé. Une cuisine joueuse, aussi, ce qui offre à la clientèle en or massif de l’établissement l’assurance qu’ici, elle ne somnolera pas devant un énième turbot truffé. Ainsi, la « laitue serrée cuite sous pression » est de ces trouvailles qui réveillent. D’abord parce qu’elle n’est pas cuite du tout. Ensuite parce que la laitue a mauvaise presse au royaume des salades : moins canaille que la frisée, moins glamour que la rougette, moins sauvage que la roquette, elle a besoin d’une escorte leste pour susciter l’enthousiasme. Viel lui a composé un commando végétal de choc (fenouil, citron, tomate, basilic, épinards, pomme Granny Smith…). Le tout est sanglé dans quelques feuilles



Glenn Viel propose notamment à la carte de L’Oustau de Baumanière une sardine-tartine et crémeux de pain toasté, des carabineros au gril ou encore une laitue serrée cuite sous pression (ci-contre, de haut en bas). VIRGINIE OVESSIAN/L’Oustau de Baumanière, Stéphane Durand-Souffland/Le Figaro

croquantes, ce qui donne, à l’œil, comme une grosse fleur de courgette farcie ou une flamme verte. C’est frais, intriguant, inédit. En un mot : enlevé. Idem avec la sardine-tartine et crémeux de pain toasté. Le délicieux petit poisson est intégralement passé à la casserole, tête comprise qui demeure croustillante quand le reste fond dans la bouche. Après le menuet de la laituesurprise, on passe ici à des saveurs marines puissantes et à une composition audacieuse jusque dans sa présentation. Berlioz remplace Boccherini. La sauce est un plat à elle seule, qui pousse avec culot la recherche de la sapidité dans ses retranchements. Les couteaux, à présent, font le poirier. Les longues coquilles vernissées,

À l’agneau de lait né dans la garrigue, un jus nourri d’algues et de moules donne de faux airs de pré salé : bien joué. Déboule, pour terminer la séquence salée, un ultime chefd’œuvre : le pigeonneau en croûte de foin, abats roulés dans une feuille de laitue fine comme une longue cigarette, jus à la lavande. Cuisson diabolique, équilibre parfait : une démonstration. Si tous les professeurs de « Top Chef » étaient de ce niveau, les candidats auraient de la chance. Par contraste, le dessert bien de saison du chef pâtissier Brandon Dehan, une très bonne poêlée de cerises, crémeux de clafoutis et givré noix de coco, apparaît quelque peu sage au regard du festival ébouriffant qui l’a précédé. Il y a souvent, chez Glenn Viel, une recherche du trompe-l’œil, une tendresse espiègle pour le « je ne suis pas le plat que vous croyez ». Du moins dans sa cuisine, car il donne l’impression d’être, lui, ce à quoi il ressemble : un grand gars (quelle carrure !) sympathique et disponible pour de patients tours de salle avec arrêts-selfies fréquents. Un petit Paimpolais devenu star grâce, aussi, à une émission de télévision mais qui garde les pieds sur terre, privilégie le fond à la forme et parle de ses projets incessants sans régurgiter des éléments de langage inventés par d’autres. Une force qui va, et qui nous régale. ■ L’Oustau de Baumanière. Les Baux-de-Provence (13). Tél. : 04 90 54 33 07. Menus à 170 € (tout légumes) et 305 €. Fermé mercredi et jeudi.

La Provence voyage à La Mirande

À Avignon, Florent Pietravalle joue avec la fermentation et multiplie les références et les terroirs.

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Le risque se niche dans une trop grande profusion, une multiplication des références et des terroirs, la recherche trop poussée de l’exploit. Ce fut le cas avec le tronçon de turbot cuit en vessie langé d’algue kombu sur un bouillon dashi (exploit n° 1), puis revêtu d’une spectaculaire livrée verte et

Florent Pietravalle tient son cap à La Mirande avec, entre autres, son huître Migliore, sauce XO. Stéphane Durand-Souffland/ Le Figaro, BOBY/La Mirande

blanche (exploit n° 2), escorté de kimchi : la vérité de notre poisson se noie dans cette profusion polysensorielle. Mais qu’on se rassure, Florent Pietravalle (1 étoile Michelin, 16/20 Gault & Millau) tient son cap, que ce soit dans la très futée composition murex, ail des ours, tête de cochon, qui fait penser à

une déclinaison maritimo-canaille des escargots à la bourguignonne, ou la remarquable association viande maturée (divine côte de cochon), miso de riz, sardine fumée. Réussite également avec un yaourt au raifort (dosage au trébuchet) surmonté d’un garum de bœuf, de caviar et de feuilles d’oxalis acidulé : encore une jolie fantaisie terre-mer qui s’accompagne d’une sorte de bière de concombre ultradésaltérante.

Ultime gourmandise Après un intermède à base de fromage de chèvre, fraises immatures fermentées et carvi, voici deux desserts de très bonne tenue. Le premier prend la forme d’une glace au lait d’amandes agrémenté de fleurs de sureau dans tous leurs états, notamment cristallisée dans du sucre. Pour terminer, une ultime gourmandise en chaud-froid associe abricot, amandons et tagète : le chef r­ etombe sur ses pieds et nous aussi. Le Palais des papes est à sa place, et c’est bien une nuit avignonnaise qui nous accueille à la fin de ce grand voyage immobile orchestré par un service attentif et précis. ■ S. D.-S. (envoyé spécial à avignon) La Mirande. 4, place de l’Amirande à Avignon (84). Tél. : 04 90 14 20 20. Menus à 90 (déj. hors w.-e.), 150 et 190 €. Fermé du lundi au mercredi.

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u pied du Palais des papes, Florent Pietravalle travaille des produits locaux sans fifre ni tambourin, en tournant résolument le dos au folklore gastronomique méridional. Ici, ce n’est pas maître Cornille qui est aux fourneaux. En poste depuis six ans à La Mirande, luxueux hôtel avignonnais, le jeune trentenaire natif de Montpellier est passé par l’école Gagnaire, dont on ressent l’influence ; il connaît sa Provence sur le bout des doigts et l’emmène en voyage à travers le monde. Voilà à la fois la richesse et, pour certains inconditionnels du patriotisme gourmand, la limite de son répertoire. Dire qu’on se régale à La Mirande relève de l’euphémisme. La première des mises en bouche, ce soir-là, sonnait clair comme un encourageant diapason : truite de l’Isle-sur-la-Sorgue et boudin noir, étincelle apéritive qui enjôle et pétarade à la fois. La grande affaire du chef, c’est la fermentation qui va donner à la plupart de ses plats un cachet particulier. Comme avec cette formidable langoustine, miel fermenté, umeboshi d’abricot (interprétation d’un classique japonais à base de prunes), servie sous une giboulée de tagète. À l’œil, une éruption solaire ; en bouche, une science de la cuisson et du dosage des ingrédients, des sensations.

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro

30 Culture Le chef-d’œuvre de cet ami intime de Charles Garnier était le plafond du nouvel Opéra de Paris. Remplacé par la peinture de Chagall en 1964, ce décor mythique est inaccessible. Grâce à l’exposition d’Angers, le grand artiste recouvert est à présent redécouvert. De quoi relancer la polémique ? Adrien Goetz £@adriengoetz

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n le croyait académique, la postérité en a fait un maudit : Jules Lenepveu avait peint le plafond de l’Opéra de la rue Le Peletier, il a brûlé ; on lui devait les dessins des mosaïques pour l’escalier de la Samothrace au Louvre , elles sont masquées par de faux marbres ; il est l’auteur de peintures murales dédiées à Jeanne d’Arc au Panthéon, le sort s’est acharné : en 2020, Anselm Kiefer a placé de magistrales installations devant elles. Depuis 1964, Lenepveu est celui qui symbolise le mieux le dédain dans lequel était tombé, avant l’ouverture du ­ Musée d’Orsay, l’art spectaculaire du second Empire : les compositions de Chagall ont imposé leurs couleurs et leur logique à l’œuvre d’art totale qu’avait voulue Garnier – son ami fidèle depuis leurs années à la Villa Médicis.

Un ensemble émouvant Le Musée d’Angers, sa ville natale, conserve un ensemble important de peintures et de dessins et l’exposition, imaginée par Anne Esnault, qui a réuni les meilleurs spécialistes de la peinture monumentale du XIXe siècle, fera date. Il suffit de regarder l’éclatant et sensuel Hylas attiré par les nymphes, d’aller découvrir à Saint-Sulpice une des églises parisiennes pour lesquelles il a créé des décors, la chapelle Sainte-Anne dont la restauration vient de s’achever, de

Jules Lenepveu, le vrai fantôme de l’Opéra considérer de près les ténèbres dramatiques des Martyrs aux catacombes d’Orsay, toile restaurée pour l’exposition, pour se convaincre des talents si multiples et de la virtuosité de Lenepveu. À Angers, le plafond du théâtre, contemporain de celui du Palais Garnier, est toujours en place, c’est une merveille. Dans l’actuel C.H.U., la chapelle de l’hôpital, qui se visite, est un de ses ensembles les plus émouvants : pour les malades, les orphelines et les orphelins, il a fait poser de vrais pensionnaires. Les dessins préparatoires sont au musée, avec les noms de ces humbles dont il a tenu à tracer d’authentiques portraits, exactement

Hylas attiré par les nymphes, de Jules-Eugène Lenepveu, 1865, coll. musées d’Angers (à gauche). Vue de la coupole du Palais Garnier, à Paris, avec un des panneaux du peintre Marc Chagall (à droite). RMN-Grand Palais, Mathieu Rabeau et Benoît Touchard, IZIS/PARIS MATCH/SCOOP

comme le fait, à la même époque, Gustave Courbet pour les paysans d’Un enterrement à Ornans. La frontière entre académisme et réalisme vacille, comme si l’histoire de l’art de cette période avait été écrite de manière trop manichéenne.

« Pourquoi pas une alternance avec Chagall ? »

Au Musée d’Angers, Lenepveu, le fantôme de l’Opéra, apparaît dans sa gloire, avec son cortège de saintes et de naïades, de paysannes italiennes et d’héroïnes romantiques, avec les impeccables portraits de ses amis et des membres de sa famille – Lenepveu aimait ses nièces.

Dans une vitrine, son habit et son épée d’académicien des Beaux-Arts, invitent à méditer sur la vanité d’une gloire conquise trop tôt. Une telle exposition, impensable il y a encore trente ans, est courageuse et salutaire : elle renverse les idées reçues et suscitera des polémiques. Retirer un jour Chagall pour retrouver Lenepveu ? Autant raser l’Opéra de la Bastille pour reconstruire la forteresse de la Bastille. Existe-t-il un combat plus réactionnaire ? En 1964 sans doute, peutêtre pas aujourd’hui. Dans quel état se trouve, à quelques centimètres sous le Chagall, le plafond de Lenepveu ? Il faudrait aller voir, avec une

dans la Villa Vassilieff à Montparnasse. Ce pourrait être aride ou abscons comme l’art qui bouscule les repères et défie le spectateur. Mais tout prend vie avec ce fil rouge qu’est le rapport personnel à l’art et que l’exposition met simplement en relief, comme ces histoires d’une tribu qui vous invitent dans leurs chemins de traverse. Initiés à ce troisième monde par leur famille, Marc et Anne-Marie Robelin, solides gastronomes et amateurs d’opéra, en ont hérité une partie des goûts d’avant-garde. Dynamique comme un général, bienveillante et ordonnée comme une maîtresse de maison, rieuse et bien élevée, Anne-Marie a grandi plutôt avec une culture musicale. Décidé comme un chef d’orchestre, patient comme le chasseur qu’il est, Marc, dès sa jeunesse, est lié par ses parents, François et Ninon, déjà de solides collectionneurs, à deux galeries : la galerie Bama créée en 1971 par Ninon et la galerie Nelson créée en 1987 par feu Philip Nelson d’abord à Villeurbanne, puis à Paris en 1993, auquel s’associe plus tard François. « C’était un autre monde, beaucoup moins pro qu’aujourd’hui. Le marché de l’art contemporain n’existait pas. La galerie Bama est née en plein dans l’époque

Fluxus, BMPT (Buren en est le fondateur avec Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni, en décembre 1966, le groupe sera dissous en décembre 1967, NDLR), Supports/Surfaces. La collection de mes parents, à l’origine beaucoup plus classiques dans leurs goûts et portés vers la Seconde École de Paris, s’est constituée en gardant les invendus ! », nous raconte Marc Robelin qui a une histoire pour chaque œuvre. « Tous les artistes passaient à la maison, de Daniel Spoerri aux tenants de l’École de Düsseldorf, de Gérard Fromanger à Robert Filliou le beau parleur, d’Erik Dietman le Suédois à l’Allemand Sigmar Polke. Annette (Messager) et Christian (Boltanski) venaient dîner très régulièrement. Ma mère a bloqué sur Les Pensionnaires (série historique composée d’oiseaux naturalisés reconstitués, emmaillotés de tricots posés sur un tissu blanc, acquis par le Centre Pompidou en 1999, NDLR). Dommage ! ». Leurs enfants et conjoints, Camille et son mari écossais Hamish, Raphaël et son épouse marocaine Imane, ont déjà le virus de la collection. ■ « Une histoire de famille. Collection(s) Robelin », jusqu’au 10 juillet au MacLyon, commissariat Camille Morineau. Catalogue bilingue français-anglais (coéd. MacLyon / Lienart, 264 pages, 325 illustrations, 35 €).

L’art des Robelin, une histoire de famille Ces discrets collectionneurs d’origine lyonnaise s’exposent en 250 œuvres et 12 salles, au MacLyon. Valérie Duponchelle £@VDuponchelle Envoyée spéciale à Lyon

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omment l’art devient une histoire de famille ? Par la fréquentation quotidienne des œuvres et l’amitié naturelle des artistes, ces drôles d’invités incontrôlables, par la curiosité et la recherche nées de ces rencontres, par la joie de vivre partagée, par la fidélité aussi de cette famille de collectionneurs à son intuition et à ses choix. C’est un peu comme un voyage en bateau qui commencerait dans la « Petite Mer » du golfe du Morbihan, et qui deviendrait un tour du monde jusque dans les terres les plus étranges de l’art conceptuel. Une histoire de passion qui se nourrit d’apprentissage et de comparaisons, au fil des biennales et des expositions, de discussions, voire de débats vifs, argumentés (mais courtois) avec leurs pairs. Il faut suivre les échanges de haut vol des Robelin avec le Parisien Robert Vifian, collectionneur farouche et jusqu’auboutiste, qui a prêté son portrait en mots par feu Felix Gonzalez-Torres à la Bourse de Commerce pour son opéra contemporain, Une seconde d’éternité. Secret de famille ? Une passion qui s’étoffe entre soi avec les ans, comme dans un bon mariage. Marc et Anne-Marie Robelin, collectionneurs parisiens d’origine lyonnaise, amoureux de la France profonde dont ils ont le charme subtil, sont de ce type rare. Sans esbroufe, sérieux mais avec gaîté, ils vont tout voir, tout lire, pour ne garder qu’une poignée d’artistes qu’ils suivent au long cours (une vingtaine). Ils ne parlent jamais argent, marché, cote, mais leurs yeux brillent quand ils montrent leur dernier accrochage, rythmé, épuré, clair. Ils dévoilent leur collection et celle de la génération qui les a précédés au MacLyon,

sur un étage entier, avec un bel appétit communicatif. C’est une vraie histoire de famille qui est proposée en 250 œuvres et douze salles, alternant les chapitres de l’épopée des Robelin sur cinquante ans et les « zooms » sur les artistes chers à leur cœur : la piquante Annette Messager, qui envoûte actuellement le LaM de Villeneuve-d’Ascq de ses insolences féminines, le sériel de la peinture Bernard Frize, dont le Centre Pompidou a présenté « Sans repentir » en 2019, le romantique allemand Thomas Schütte superbement exposé à La Monnaie à Paris en 2019, le non-figuratif écossais Callum Innes, le peintre de Dresde Olaf Holzapfel, Éric Poitevin dont ils ont l’extraordinaire série Anciens Combattants, 100 portraits des vétérans de la Grande Guerre. C’est un cours d’histoire de l’art de l’après-guerre qui a la saveur des leçons de choses, illustrées, incarnées et familières.

Sans esbroufe, sérieux mais avec gaîté, ils vont tout voir, tout lire, pour ne garder qu’une poignée d’artistes Leur long voyage dans l’art part des années 1970 et « d’un héritage conceptuel et anti-esthétique lié au mouvement Fluxus (Michael Buthe, Robert Filliou, Hreinn Fridfinnsson, Dieter Roth) » pour s’ancrer dans « l’exploration complexe de la peinture d’aujourd’hui (Jean-Marc Bustamante, Helmut Dorner, Bernard Frize, Callum Innes) et la photographie abstraite (Thomas Ruff, Hiroshi Sugimoto, James Welling) », souligne leur amie et commissaire Camille Morineau, cofondatrice de l’association Aware (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions) désormais ancrée

Michael Buthe, Das Haus, 1987-1988, (ci-dessus). Thomas Ruff, Substrat 19, 2003 (à droite). Michael Buthe/ Collection particulière/MAC Lyon/ADAGP, Paris 2022; Thomas Ruff/Collection particulière/MAC Lyon/ADAGP, Paris 2022

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Culture

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Philippe Decouflé remonte le temps Vingt ans après, Le chorégraphe reprend « Shazam », sa plus belle pièce, avec Les danseurs de la création. Et l’enchantement opère. Ariane Bavelier £@arianebavelier

caméra. Les photographies faites au moment des essais de Chagall montrent Les Muses et les Heures du jour et de la nuit comme un disque encrassé et obscurci, à cause du système du lustre qui fonctionna au gaz durant des années. Mais la brillante réduction du plafond parisien, prêtée par Orsay, les gigantesques cartons préparatoires présents dans l’exposition, témoignent de la puissance et du génie néobaroque de l’artiste. Cette danse des Muses et des Heures vibrait avec l’architecture, elle en était la tourbillonnante clé de voûte musicale. Pour Michel Brossard, le président des Amis de Lenepveu : « La famille, dépositaire du droit moral, s’inter-

roge devant cette superbe exposition. Cela fait plus d’une génération que nul n’a pu voir le plafond original du Palais Garnier. Pourquoi pas une alternance avec Chagall, selon une périodicité qu’il faudrait définir ? Techniquement, ce serait possible. » Quant à Roselyne Bachelot, qui connaît bien l’artiste car elle a passé sa jeunesse à Angers, interrogée à ce sujet, elle déclare avec un fin sourire : « Heureusement que Lenepveu n’est pas qu’à Angers… » ■ Angers, Musée des beaux-arts, exposition « Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), peintre du monumental », jusqu’au 8 janvier. Catalogue sous la direction d’Anne Esnault, Éditions In Fine-Musées d’Angers, 39 €.

« Un spectacle sur le pouvoir des images »

Son image cependant reste sur les vidéos. Une nouvelle dimension s’ouvre avec cette reprise. Shazam creusait une spirale entre la vidéo – utilisée pour une des premières fois sur s­ cène — et les corps réels. La pièce travaillait entre double et trouble, démultipliant les personnages et chevillant les corps aux diverses manières d’occuper l’espace. Méliès et Busby Berkeley jouaient les inspirateurs. Cette fois, le temps s’ajoute… Les danseurs d’aujourd’hui se confrontent à leur image filmée il y a vingt ans. Comme s’ils pouvaient se déplacer de part et d’autre du miroir,

Sigrid Colomyès

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l arrive sur scène, en caleçon et en veston. Et s’explique. Le spectacle n’est pas fini. Il doit parler au public même si ça le gêne, car le danseur d’ordinaire parle plutôt avec son corps, dit-il. Decouflé entamait ainsi Shazam en 1998. Le spectacle créé à la MC93 finissait à l’Opéra Garnier, invité par Brigitte Lefèvre, après trois ou quatre ans d’une tournée triomphale. Vingt ans après, le spectacle n’est toujours pas fini, annonce Decouflé. Il n’a pas réussi à trouver un pantalon pour son costume. Pourtant, assez de temps s’est écoulé pour que ses cheveux blanchissent. Rien n’a changé, mais tout a changé. Decouflé a recomposé Shazam avec la famille d’artistes qui avait créé la pièce à l’origine. Il l’a modifiée le moins possible. « Quand j’ai repris Codex, il est devenu Decodex puis Tricodex. J’ai tout réécrit de zéro en perfectionniste insatisfait. Shazam, non : dans sa forme, la pièce a une âme. Impossible d’y toucher », dit-il. L’immense Christophe Salengro, icône de la télé et burlesque président de Groland disparu en 2018, est remplacé par son contraire : une brune exquise et joliment ronde.

Shazam, créé en 1998 à la MC93, creusait une spirale entre la vidéo, utilisée pour une des premières fois sur scène, et les corps réels. et confronter leur virtuosité physique d’alors à cette présence inhabituellement puissante que donne l’âge. Shazam, c’est Abracadabra en plus sophistiqué. Decouflé magicien déplie ses tours sans détour. Cadres, miroirs, effets d’optique, gros plans et plans larges explorés par une dizaine de danseurs qu’un orchestre d’éthno-jazz réjouit et que poursuivent dans l’ombre des vidéastes de noir vêtus. L’inachèvement peut bien être revendiqué d’entrée, l’affaire requiert en réalité une précision diabolique. Decouflé à l’élégance de cacher les ficelles. En bon clown, il joue le décousu. Les scènes s’assemblent en patch­work avec une feinte désinvolture, plus ou moins fortes, plus ou moins absurdes, plus ou moins désopilantes, plus ou moins irréelles, toujours inat-

Éric Poitevin, l’épure dans l’objectif

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MUSÉE FABRE Montpellier

7 mai - 4 sept. 2022

– Louis Gauffier, Portrait d’homme devant Florence (détail), 1796, huile sur toile, 67 x 51 cm, Collection privée. © Photo Patrice Maurin-Berthier – Reproduction interdite sans autorisation. – 04/2022.

fruits qui pourrissent, des coquilles Heureux sont ceux qui ne connaissent d’œuf, des ballons bien ronds. Métaphypas encore le travail d’Éric Poitevin, sique en diable. photographe du regard hypersensible, Fasciné par l’exposition « Drapé » de la juste distance et de l’épure. Né le en 2019 dans ce même musée, Poitevin 5 mai 1961 à Longuyon (Meurthe-ets’y prête en transformant le voile de viMoselle) et vivant à Mangiennes (Meusée, utilisé par le photose), ce promeneur en graphe lors d’une prise vient lentement à l’image de vue à la chambre, en qu’il dépouille de tout suune série d’études en perflu, comme un peintre noir et blanc où l’œil qui compose l’essentiel doit s’accommoder pour en retirant le décor. Sylcomprendre. Lorsqu’il vie Ramond, directrice photographie en grand générale du Pôle des mules roseaux sur fond sées d’art de Lyon et de blanc, ils deviennent des son Musée des beauxsculptures comme des arts, a eu la belle idée hampes de procession. d’inviter cet artiste à puiArt sacré, le mot est dit. ser matière dans ses colCar il y a dans le travail lections. Le résultat est d’Éric Poitevin ce ressobre et émouvant, énig­pect intense de la vie et matique et clair comme de la mort, dans ses plus l’eau de roche. infimes détails comme Éric Poitevin a visité dans sa symbolique. les réserves et le Cabinet C’est donc naturelled’art graphique. Il a rement qu’à la série sur les gardé les maîtres, Lucas Sans titre, d’Éric Poitevin, roseaux et les paysages Cranach, Francisco de 2021. Photographie Zurbaran, Frans Snyders argentique. Éric Poitevin/ADAGP, de roselières, succède celle sur le Saint-Franou Odilon Redon, les Paris, 2022 çois d’Assise momifié photographiant autred ­ ebout de Zurbaran (vers 1640). Le tament, comme ses contemporains, ou les bleau du peintre du Siècle d’or espagnol confrontant à ses séries au calme tromest là, magnifique. Ses photographies à peur dans un même grand silence l’échelle 1/1 sont sombres comme le cacontemplatif. veau, laiteuses comme les limbes, offrant Métaphysique en diable à chaque fois une relecture de la peinture. Nus, natures mortes, paysages, toutes Il y a de l’humour chez ce photographe les disciplines de l’art classique revivent natif du nord de la Lorraine, sur le pourlà. Mais son travail sur les animaux que la tour du bassin minier de Longwy. Extrêvie n’a pas tout à fait quittés, reste mamement attentif aux détails qui font les gistral. Son grand cerf couché à l’œil luichoses et les êtres, il les enregistre pressant a la beauté parfaite d’une académie. que scientifiquement, quitte ensuite à ■ V. D. basculer l’image vers l’absurde. Une première longue vitrine, immaculée et Musée des beaux-arts de Lyon jusqu’au 28 août. clinique, dévoile ses sept photographies Catalogue Je plumerai les canards en rentrant, de la série Crânes, d’authentiques reliaprès son légendaire Servez citron, essai ques qui réunissent toute l’humanité photographique sur les assiettes desservies dans les mêmes mâchoires et orbites, des chez Troisgros (Éditions Macula, 45 € chacun).

tendues et avec d’éblouissantes plages de fascination. « Si on met sur scène la plus belle danseuse du monde et une télé avec ‘‘La Roue de la fortune’’, le public regardera ‘‘La Roue de la fortune’’. Shazam est un spectacle sur le pouvoir des images, explique-t-il. J’ai voulu trouver un équilibre entre ce qui est projeté et ce qui est réel, en faisant des vidéos le complément du réel. Il y a tout un travail sur la maîtrise des images projetées, la puissance du cadre, l’équilibre, la géométrie.» Depuis Shazam, des milliers de spectacles ont intégré la vidéo. Utilisant l’image pour créer des décors de plus en plus tonitruants. Loin, très loin de Shazam et de ses drôles d’illusions, inégalables de charme, de légèreté, d’impertinence. L’esprit des années 2000, avec sa foi dans les lendemains qui chantent, enchante. On n’y croyait plus, mais Decouflé vient d’inventer la machine à remonter le temps. Embarquez-vous et ouvrez grand les yeux et les oreilles. Shazam! ■ À la Villette jusqu’au 10 juillet.

Le

voyage en talie

Louis

de

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immobilier avec

« IL FAUT REVOIR LE CALENDRIER DE LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DES LOGEMENTS » Evolution du marché de l’immobilier, propositions pour lutter contre les logements les plus énergivores…Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim, fait un tour d’horizon des principaux enjeux du secteur, dans un contexte inflationniste... @OlivierMarin1

Comment se porte l’activité du marché et observez-vous un

inférieur à l’inflation. De légères baisses ne sont pas à exclure dans les villes les plus chères. Finalement, la hausse protège de l’inflation.

demandons au gouvernement de faire très vite la lumière sur la réalité du parc et exigeons la transparence sur les résultats du nouveau DPE.

Jean-Marc Torrollion : Au regard du

L’immobilier apparaît bien comme la valeur refuge par excellence. Et il

Sans ajustement à très court terme du calendrier, nous risquons une

nombre d’actes de ventes signés sur un an, au 31 mars 2022 (1 million 175 000),

n’y a pas de bulle immobilière en France.

perte de 150 000 logements dès le 1er janvier prochain et de voir le parc locatif se réduire considérablement à horizon 2034. Nous proposons

nous pouvons considérer que l’activité

Qu’en est-il en matière de taux de crédit ? Afin de juguler l’inflation, la Banque Centrale Européenne met fin aux rachats d’actifs et aux taux directeurs négatifs. Le taux de l’OAT 10 ans,

d’aligner le rythme de rénovation sur le calendrier européen. C’est-à-

ralentissement ?

a encore été soutenue. Par contre, il est vrai que sur le premier semestre,

dire l’obligation de rénovation des logements classés G au 1er janvier 2030 et ceux classés F au 1er janvier 2033.

à la lumière de nos indicateurs, le nombre de compromis de vente est en

encore négatif en décembre dernier, a touché 2,39% en juin. Les taux

baisse (- 3 % sur les 5 premiers mois

mois. Le taux d’intérêt moyen sur une durée de 25 ans atteint désormais

Et pour les copropriétés ?

de 2022). Cette baisse des compromis

1,57% en juin. Cette situation, par laquelle les ménages empruntent à des taux inférieurs à celui de l’Etat français, n’est pas tenable et doit

Il faut aussi revoir le calendrier afin qu’il soit tenable. Permettons une planification des travaux en copropriété. Il faut prévoir que l’adoption

trouver une résolution. Afin de préserver le pouvoir d’achat, la hausse des loyers est plafonnée, qu’en pensez-vous ? Le gouvernement a présenté une disposition du futur projet de loi de finances rectificatives plafonnant à 3,5% la revalorisation des loyers pendant un an. La Fnaim a été entendue. C’est une mesure équilibrée qui permet un effort partagé entre les propriétaires et les locataires dans un contexte général d’inflation, de contraintes croissantes pour le marché locatif, avec en ligne de mire les obligations de la Loi Climat et résilience.

d’un Plan Pluriannuel Travaux (PPT) qui permette des économies d’énergie, entraine la suspension de l’indécence énergétique d’un logement individuel situé dans l’immeuble pendant la durée du PPT (10 ans). Nous y parviendrons en poursuivant un effort massif de formation des professionnels : diagnostiqueurs, syndics, administrateurs de biens...Nous devons mobiliser les territoires avec une cartographie de l’indécence énergétique pour anticiper une pénurie de logements en location. Enfin, débloquons des moyens financiers, à la hauteur de l’effort sans précédent à engager (150 Milliards). Il faut se remettre autour de la table. Soyons à la hauteur des enjeux. Frappons vite et fort pour rénover tous les logements très énergivores.

La rénovation énergétique est-elle toujours une priorité ? Oui, la rénovation des logements très énergivores doit être une priorité écologique, au service de l’amélioration du pouvoir d’achat. Nous

À retrouver en vidéo sur : immobilier.lefigaro.fr

devrait se répercuter sur les ventes cet été. Nous devrions cette année, enregistrer une baisse en volume, de l’ordre de 6 à 10 %. Parmi les Jean-Marc Torrollion, raisons expliquant le recul, le contexte président de la FNAIM économique. Il est certain que l’inflation retarde des projets immobiliers. Comment évoluent les prix ? Au niveau national, la hausse des prix des logements anciens sur un an est de 7, 7 % en moyenne (inflation à 5, 2 %). Les appartements + 5, 2 % et les maisons + 9, 2 %. L’évolution mensuelle des prix ralentit, mais reste sur un rythme d’environ +4% par an sur les 2 derniers mois. Ce qui traduit un marché encore dynamique en terme d’activité notamment dans les villes moyennes et les stations balnéaires. Les prix devraient continuer d’augmenter, mais à un rythme inférieur à 2021 (+7,5%) et

d’intérêt sur les crédits immobiliers ont repris 50 à 60 centimes en 6

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Par Olivier Marin

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Mots fléchés

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MOTS FLÉCHÉS GÉANTS DU SAMEDI N°3252 ACTION AUX POILS SPORTIFS ENDURANTS

LANGUE DE PERSE RAJOUTER UNE PINCÉE

BOISSON AU SALON COMPLÈTEMENT GELÉ

AMATEURS DE SON PRÉNOM MASCULIN

IL MOUSSE DANS UN VERRE ITALIEN

DÉVIATION BRÈVE

PINCEMENT PRÉPARATION AU POULET

FRANCHEMENT DÉTESTÉ

INTERSIDÉRALE

CÔTÉ PILE

CERCLES CÉLESTES RIDULES À L’ŒIL

GRAND BOXEUR HOMOLOGUÉES

PATELIN PERDU LÉTHARGIE

CAILLE VASTES PLAINES DE GAUCHOS

AÉRIEN ACTES DE CHAPARDEUR

RÉPÉTÉE, ET ENCORE RÉPÉTÉE

BOURRAGE DES URNES DU CHIEN COMPLICE

MOYEN POUR RÉUSSIR

DEVENU UN FAN COUVRIR UN FIL DU PAREIL AU MÊME

FILLE DE JOIE ALLERGIQUE AU LAID

DESCENDIT ANGLES

LE MONDE UN MOINS DU LIVRE QUE RIEN S’AFFAIBLIR (S’)

CEINTURE À TOKYO CRACHEUR SICILIEN

BANDE DE PAPIER

BRIDÉ

MINI-MÔME

HÉRÉTIQUE

ELLE S’ÉTEND SUR PLUSIEURS SIÈCLES

ASSEZ SCABREUX POLICE JUDICIAIRE

NARRAS UNE HISTOIRE

SES TOURS NOUS AMUSENT

EMBUSQUÉ ET PRÊT À BONDIR

URSIDÉ FEMELLE AFFECTATION SPÉCIALE

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CLAIRSEMÉ PASSAGE ÉTROIT À LYON

UN DISQUE PASSÉ À L’ANGLAISE

CITÉ DU BRABANT COUPER LA LIGNE

C’EST LE PERDANT

PRENDRE DE HAUT GÉNIE D’ARABIE ARTICLE ANDALOU ESSAYER À NOUVEAU

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CELA OFFRE PLUS DE LOISIRS MET BAS

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Sa liberté est exemplaire mais peut rester confiné dans une chambre

DIS UN À UN

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INDICE PONDÉRAL

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PLANTE DES EAUX DOUCES

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Télévision

une inquiétante radioscopie de l’hôpital public

alors que le gouvernement cherche actuellement des solutions, le documentaire « la fabrique du soin » illustre les difficultés que rencontre ce secteur de la santé. benjamin puech [email protected]

U

n documentaire qui tombe à pic. Il illustre la colère qui gronde dans les couloirs des hôpitaux français, de Bordeaux où le service des urgences a restreint son accès faute de personnel, à la Seine-Saint-Denis où des maternités sont menacées de fermeture. Le secteur, les profes­ ­ sionnels s’accordent à le dire, traverse une crise profonde, mise en lumière par le Covid-19. Elle pourrait s’accentuer au cours de l’été. Dans La Fabrique du soin, la réalisatrice Marion Angelosanto a posé sa caméra au sein du Centre hospitalier ­ universitaire de Clermont-Ferrand. Le film, pour lequel Daniel Pennac a prêté sa voix, est vivant et bien mené. Il ­démarre avec une discussion particu­lièrement houleuse entre les repré­ sentants syndicaux et le directeur de l’établissement. Traité de « menteur », celui-ci quitte la salle. Comment en ­arrive-t-on à de telles ruptures ? Laëtitia, cadre de chirurgie digestive, fait un appel à tous les secteurs pour trouver une place. Elle n’a plus de lit pour ce soir. « On travaille à flux tendu, nos patients ne sont pourtant pas des ­boîtes de petits pois », peste-t-elle avec

douceur. « On est en permanence à 100 % minimum d’occupation des lits. Il faudrait accepter de fonctionner à 80 ou 90 % » pour parer aux pics d’activité, ajoute un praticien. Autre problème majeur, le manque de personnel. Les infir○○○¡ mières s’occupent de trop nombreux patients – mis à part en réanimation, il n’y a pas de quotas par soignant. Publiée la semaine passée, une étude de la ­fédération hospitalière française affirme que « la quasi-totalité des établissements connaît des difficultés de recrutement ». Le documentaire rappelle e ­ nsuite qu’après cinq ans de carrière, le salaire d’un infirmier ne dépasse pas 2 207 euros par mois. Mais oublie de dire que ce chiffre était de 1 872 euros avant les revalorisations du « Ségur de la ­santé ».

Samedi

21.00

Le temps des sacrifices Chaque défection sur le planning exige aussi, comme on le voit à l’écran, des sacrifices de la part des équipes. L’absentéisme, qui s’explique entre ­ autres par les difficiles conditions de travail, atteignait presque 10 % des ­effectifs nationaux en 2021. Résultat, au CHU de Clermont-Ferrand, certains agents vont « travailler soixante heures

par s­ emaine ou être rappelés durant leurs repos », explique la voix off. La caméra se promène ensuite dans l’impressionnante blanchisserie, d’où repartent chaque jour comme neuves des centaines de blouses. Puis dans une pièce où d’énormes bassines de pâtes bouillent en cadence. Chaque jour, 4 600 repas sortent des cuisines. La Fabrique du soin permet de prendre ­ conscience de la vaste machinerie que constitue un tel établissement. Apparaît un homme à lunettes, veste un peu large, yeux cernés. Le métier de directeur d’hôpital n’a pas l’air de tout repos. Il faut naviguer entre des « contraintes énormes », avance le sexagénaire. Ce sont à la fois des ­ « ­ impératifs de gestion, de budget, de droit et d’humanité ». Que choisir entre un nouvel équipement pour le bloc ­opératoire et la réparation de l’ascenseur qui ne fonctionne pas, donne-t-il

en exemple ? « Nous avons des besoins en matière de médecine que le pays n’est plus capable de financer dans sa structure de financement actuelle », ­ poursuit-il. Le documentaire aurait pu expliciter les dilemmes auxquels sont confrontées les directions, concernant les pressions budgétaires. Et peut-être évoquer, avec pourquoi pas un peu d’optimisme, des solutions à apporter. De l’autre côté de l’écran, les ­conclusions de la « mission flash » pour les services des urgences, commandée le mois dernier par le gouvernement, devraient être rendues prochainement par le président de Samu-Urgences. Suivra l’organisation d’une conférence, en juillet, avec les acteurs les « plus près du terrain », assurait Emmanuel ­Macron à la fin du mois de mai. Avec l’objectif - mais est-il atteignable -, d’établir « un changement de logique complet ». ■

Une immersion au sein du CHU de Clermont-Ferrand où la colère gronde dans les couloirs de l’hôpital. Public Sénat

« Loot » : La fortune ne fait pas le bonheur

Devenue milliardaire à l’issue de son divorce, une quinquagénaire découvre les joies du travail et l’engagement caritatif. constance jamet £@constancejamet

D Molly Novak (Maya Rudolph), une femme d’âge mur qui tente de donner du sens à sa vie. Apple TV+

e Dallas à Dynastie en ­passant par Succession et Billions, la sphère des milliardaires, dans les séries, est impitoyable, poisseuse, méprisante pour ceux d’en bas. Loot, ­ d’Apple TV+, insuffle une tendresse et un optimisme discordants chez les ultra­ riches, grâce à la repartie et la sincérité de Maya Rudolph. L’ex-pilier de l’émission à sketchs Saturday Night Live campe Molly Novak. Le quotidien de cette

épouse d’un Bill Gates de l’algorithme n’est que luxe, calme et volupté à bord de son giga­yacht ou de sa villa de 1 000 m² sur les hauteurs de Bel Air.

Grandiloquence à revendre Un divorce plus tard, pour cause de démon de midi chez monsieur, voici ­ Molly à la tête de 87 milliards de dollars. Élevée au rang de troisième fortune des ­États-Unis, la quinqua est déboussolée. Comment donner sens à cette vie ­ ­d’oisiveté ? Molly saute de joie quand elle apprend qu’elle a une fondation à son nom, gérée par l’efficace et prolétaire

­monde, plaide Loot. Sofia arrondit ses maSofia (MJ Rodriguez, Pose), exaspérée nières frontales auprès de la super­ficielle par les frasques médiatiques de cette Molly qui s’éduque sur le tas. ­ atronne inconsciente de ses privilèges. p Les premiers épisodes manquent de À la manœuvre, les scénaristes de Parks mordant en virant à la sitcom de bureau ­ ubbard and Recreation Alan Yang et Matt H pour évoquer les missions de l’ONG de se défendent de s’être nourris des gros Molly. La suite a de la fraîcheur et de la ­titres sur les prestations compensatoires grandiloquence à revendre. Du dressing de Melinda Gates et Mackenzie Bezos. Ils garni de pyjamas improbables de Molly à souhaitent explorer et remettre en cause sa superbe propriété de 21 chambres et (timidement) la vie absurde, le rôle social 42 salles d’eau, ses piscines et salle et caritatif de cette élite des 1 % de bowling. Baptisée « The One », les plus riches. Déconnectée elle est la plus chère demeure d’ar­certes, pas toujours indifférente. chitecte construite outre-AtlantiChacun a le potentiel de devenir ○○◐¡ que. Elle n’a pas trouvé preneur. ■ humaniste, de s’ouvrir au

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Plein écran

Séries Séries à Fontainebleau : Scénarios pour un monde meilleur La onzième édition du festival, qui se prolonge sur internet et, en juillet, avec des projections en plein air en île-de-France, s’interroge sur le rôle cathartique des fictions. Point de compétition à Fontainebleau. « Séries Séries est un lieu de réflexion et de construction basé sur l’analyse de la création, rappelle ­Marie Barraco, déléguée générale de la manifestation dont la 11e édition se termine ce samedi 2 juillet. Elle est portée par des professionnels et pensée par des auteurs-producteurs français et européens qui l’aident à rester connectée aux attentes du ­secteur. Le festival tient aussi à offrir au public un accès aux coulisses de l’élaboration des œuvres. » « La fiction peut-elle rendre le monde meilleur ? » est la thématique, forte, de cette année. La réponse est forcément positive pour Marie ­Barraco : « Une série fait réfléchir et connecte au monde, elle fait avancer la société. C’est un secteur culturel qui

a du sens et peut vraiment faire évoluer les mentalités. Elle se doit ­ d’être plus vertueuse et représen­ tative de la société, devant comme derrière la caméra. » Cette réflexion est développée selon plusieurs axes. Adam Kay, ancien médecin, créateur de This Is Going to Hurt, série avec Ben ­ ­Whishaw (dispo­nible sur Canal+), alerte avec humour sur l’état Par céline fontana ­déplorable des [email protected] ­services de ­santé

­resteront accessibles conférences et débats que nous v ­enons de citer. Mais aussi en live, avec « L’Été des séries ». Des ­projections en plein air, gratuites, en présence des équipes, sont ­ prévues dans toute l’Îlede-France : à la Fondation des artistes à ­ ­ Nogent-sur-Marne le 3 juillet, au domaine national de Saint-Cloud le 9 ou au domaine de Villarceaux le 16.

Fictions Décryptage

britanniques. La productrice ukrainienne Kateryna Vyshnevska dialogue avec Maria Feldman, productrice israéloaméricaine d’origine ukrainienne, autour de « Guerre et création : la fiction peut-elle rester extérieure à la politique ? ». Le « female gaze », ce fameux regard féminin revendiqué par les réalisatrices, est aussi au cœur des débats. Ou encore « La fiction peut-elle ­soulager les âmes meurtries ? » , en présence notamment de Nathalie Basteyns (Beau rivage), réalisatrice de Lost Luggage (bientôt sur Arte), série belge qui évoque les attentats

« Des œuvres françaises en avant-première »

La saison 2 de Jeux d’influence, créée et réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, sera diffusée prochainement surArte. WHAT’S UP FILMS de l’aéroport de Bruxelles. « Il est fondamental que la fiction s’empare des traumatismes collectifs, souligne Marie Barraco. Car un auteur ­apporte un point de vue et nous fait réfléchir individuellement et collec­tivement. C’est lourd mais essentiel, une espèce de catharsis ». Si l’on peut regretter parfois le passage obligé par le meurtre pour raconter une histoire, force est aussi de reconnaître que le genre policier est

une excellente façon de raconter l’état du monde. Ainsi, « Dialogue autour du polar » veut mettre en avant des polars sociétaux avec deux auteurs, Diniz Galhos et ­Fabrice Jambois, qui abordent aussi bien l’immigration que la laïcité ou les dérives ­extrémistes. La manifestation a aussi choisi de jouer les prolongations et de s’ouvrir au grand public, dont elle est encore souvent méconnue. En ligne, où

« Le public a au fond peu d’occasions de découvrir des séries sur grand écran et de manière collective. Nous avons choisi de montrer en avantpremière des œuvres françaises afin que les spectateurs puissent ­découvrir la suite et ne soient pas frustrés », note Marie Barraco. On attend donc la saison 2 de L’Opéra (OCS), la ­ troisième et d ­ ernière de La Guerre des mondes (Canal+), la suite de Jeux d’influence (Arte)… Sans oublier une nuit des séries i­tinérante (à Montreuil, C ­ hâtenay-Malabry…) construite avec f­rance.tv slash à l’attention d’un public jeune, avec Skam, ­Derby Girl, Stalk et les inédits Reusss et Chair tendre. ■

le figaro

Jeu

23.15 Jean Luc Reichmann : un destin hors du commun. Doc. Réal. : Timothée Vienne, Vanessa Antelme. Inédit.

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Mongeville

Divertissement

23.25 Fort Boyard : toujours plus fort !

SAMEDI

21.10 Les bronzés 3 : amis pour la vie

Série. Policière

Prés. : Olivier Minne. 2h15. Inédit. L’équipe joue au profit de l’association «Centre de Conservation des Chimpanzés», créé en 1997 en Guinée Conakry pour faire face à la situation d’urgence dans laquelle se trouvent les populations de chimpanzés et de «Keep a Breast».

ÉPHÉMÉRIDE St-Martinien Soleil : Lever 05h52 - Coucher 21h57 - Premier croissant de Lune

L’essentiel du dimanche

Fra. 2019. Saison 1. Avec Francis Perrin. Le mâle des montagnes. Un guide de haute montagne est assassiné au coeur des Pyrénées. Qui a voulu se débarrasser de cette légende de l’alpinisme, époux d’une riche héritière ? 22.45 Mongeville. Série. Policière. Mauvaise foi. Avec Francis Perrin.

Film. Comédie. Fra. 2006. Réal. : Patrice Leconte. 1h30. Avec Josiane Balasko. Vingt-sept ans ont passé depuis leurs premières aventures. Les Bronzés se retrouvent pour des vacances dans le luxueux hôtel de Sardaigne que dirige Popeye.

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Documentaire

Série. Dramatique

Les Celtes

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21.05 Fourmi

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Film. Comédie dramatique. Blg/ Fra. 2019. Réal. : Julien Rappeneau. 1h45. Avec François Damiens. Inédit. Un adolescent, doué pour le football, n’est finalement pas recruté par un grand club anglais mais cache la vérité à son père pour l’aider à se reconstruire.

Emission sportive

GB. 2016. Réal. : Johannes Geiger, Heike Schmidt, Jeremy Hall. 2 épisodes. De nouvelles découvertes archéologiques révèlent la richesse de la civilisation celtique, bien loin des descriptions qu’ont laissées leurs ennemis grecs ou romains.

EU. 2021. Saison 6. Avec Michael Weatherly. 2 épisodes. Inédit. Après avoir reçu une lettre, Bull est frappé d’amnésie. Avec son ancien professeur Nate Cohen, il tente de comprendre l’origine de ce trou d e mémoire.

23.00 Plateau sport. Magazine.

22.40 Les Celtes. Documentaire.

22.50 Bull. Série. 4 épisodes.

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Documentaire. EU. 2021. Réal. : Sean Fine, Andrea Nix. 1h41. Inédit. «LFG» suit les footballeuses Megan Rapinoe, Jessica McDonald, Becky Sauerbrunn, Kelley O’Hara, Christen Press, Sam Mewis et Julie Foudy dans leur combat juridique contre la Fédération américaine de football pour discrimination salariale.

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21.11 LFG (Let’s F*cking Go !)

Test-match. 1er match. En direct. Cette opposition entre les argentins et les écossais promet une belle empoignade, même si sur le papier, les visiteurs écossais sont plus alertes et plus performants.

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Série. Policière. Can. 2021. Saison 3. Avec John Reardon. Overdose. Inédit. Quelqu’un tente d’empoisonner la fondatrice d’une association humanitaire. Puis la trésorière est assassinée. On soupçonne une femme que Jesse a bien connue.

Bull

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21.10 Hudson et Rex

Rugby : Argentine – Ecosse

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20.55 Pour qui sonne le glas

19.10 Touche pas à mes people.

21.20 Qui est monsieur Schmitt ?

Théâtre de Sébastien Thiery. Avec Valérie Bonneton. Un couple dîne à la maison quand le téléphone sonne. On demande un monsieur Schmitt. C’est une erreur.

18.10 La petite histoire de France. Série. Humoristique.

19.40 Balthazar. Série. Policière.

21.05 Les 20 chansons d’amour préférées des Français

Série. Policière. EU. 1993. Saison 12. Avec Peter Falk. Le meurtre aux deux visages. Un homme volage est éliminé par sa richissime fiancée. Celleci bénéficie de la complicité de sa fille, qui n’est autre que la maîtresse de l’infidèle.

Documentaire. Fra. 2021. 2h. Sélectionnées à l’issue d’un grand sondage, voici les vingt chansons d’amour préférées des Français.

21.05 Columbo

22.55 La folie du camping-car : des vacances pas comme les autres.

23.05 Les 20 tubes des années 80 préférés des Français. Documentaire.

20.25 Des trains pas comme les autres. Documentaire. Costa Rica.

20.10 Cash For Chrome. Doc.

20.20 Enquêtes archéologiques.

21.05 Retour à l’instinct primaire

20.50 Caravaggio corps et âme

20.55 Echappées belles

Magazine. Prés. : Ismaël Khelifa. 1h30. La vallée de la Roya. Située à cheval entre la France et l’Italie, la vallée de la Roya oscille entre des paysages alpins et méditerranéens. 22.25 Echappées belles. Magazine. Week-end sur l’île de Ré.

22.55 90’ Enquêtes. Magazine.

Doc. Philippines : Clémentine et Angelo. Clémentine est exubérante et bavarde. Angelo est un voyageur solitaire. Face à l’enfer permanent des insectes, Clémentine, novice en survie, va forcer le respect d’Angelo. 22.15 Retour à l’instinct primaire.

22.20 Elizabeth 2. Documentaire.

VERTICALEMENT 1. Ne contient pas d’agents conservateurs. - 2. Principe générateur. - 3. Avec lui, bébé fait d’horribles bulles. Point le plus bas. - 4. Fabriques de lames. Stricto sein suce. Note. - 5. Élément de cercle. Passage en secret. - 6. Faisons du volume. Trop faits. - 7. La peur du fard. - 8. Une activité qui permet de garder les pieds bien au chaud.

Par Vincent Labbé 1

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SOLUTION DU PROBLÈME N° 6019 HORIZONTALEMENT 1. Chamelon. - 2. Héligare. - 3. Atalante. - 4. Net. Loir. - 5. Très. Tel. - 6. Dorera. - 7. Usnée. An. - 8. CEE. Gand. - 9. Yx. Rinça. - 10. Guai. Tri. - 11. Négocies. - 12. Éliminée.

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2022-07-02T03:12:04c:Figaro;u:pboulanger;

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VERTICALEMENT 1. Chant du cygne. - 2. Hétérosexuel. - 3. Alaterne. Agi. - 4. Mil. Sée. Riom. - 5. Égal. Régi. Ci. - 6. lanotA. Antin. - 7. Ortie. Ancrée. - 8. Néerlandaise.

Demain

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Par téléphone :

Samedi 2 juillet

MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 6020

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Documentaire. Ita. 2018. Réal. : Jesus Garces Lambert. 1h30. Un voyage à travers les oeuvres et l’existence tourmentée de Michel-Ange Merisi da Caravaggio, l’une des figures les plus mystérieuses de l’histoire de l’art.

HORIZONTALEMENT 1. Renferment le magot. - 2. Repasse en tête. - 3. Soumettre à un excès d’autorité. - 4. Sable compacté. Est des nôtres en Angleterre mais a disparu en Mésopotamie. - 5. Émission sans parole. Pour contre. - 6. Plus ponctuel qu’une ordonnance. Pièce tout terrain. - 7. Restaurateur à Saint-Denis. Forme de pouvoir. - 8. Théologien franciscain surnommé « le docteur subtil ». Intello, initialement. - 9. Arrivait juste à la fin. Brise la coquille. - 10. A trouvé place dans une minute. Encore descendu. - 11. Casse la graine. On peut y voir son adresse sur un carton. - 12. Prise à son compte.

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Film. Drame. EU. 1943. Réal. : Sam Wood. 2h30. Avec Gary Cooper. Durant la guerre civile en Espagne, un aventurier américain s’engage aux côtés des républicains et mène des opérations contre les troupes fascistes.

LIVE 24/24

Sur L’APPLI

GRATUITE La Chaîne Météo

2,99 €/appel

SU DO KU En partant des chiffres déjà placés, remplissez les grilles de manière à ce que chaque ligne, chaque colonne et chaque carré de 3 x 3 contienne une seule et unique fois tous les chiffres de 1 à 9.

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LETTRES EN MOINS

Composez un mot de six lettres avec la lettre en plus.

H E U R T + C =

DIFFICILE

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Chaque jour un peu plus difficile

Dévisser La place d’une cerise Jardin en ville Coffre du mitron

Dans chacun des mots horizontaux, rayez une lettre afin de créer un mot nouveau et reportez cette lettre dans la colonne vide. Vous découvrez alors verticalement le mot mystère.

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E N O N C E R

A P E R C U

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Les 12 coups : le combat des maîtres, spécial 12 ans

Prés. : Jean-Luc Reichmann. 2h05. Pour les 12 ans de l’émission, JeanLuc Reichmann tient la baguette pour mener la plus grande compétition organisée dans l’émission.

météo

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LE MOT À TROUVER EST : BEURRE.

télévision

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022

samedi 2 - dimanche 3 juillet 2022 le figaro

36 treprises en perdition dont à l’époque personne ne se soucie. « Chanel a été précurseur en prenant conscience que même avec les meilleurs créateurs du monde, pour obtenir un produit d’excellence, il faut savoir faire perdurer un réseau de talentueux sous-traitants. » En décembre dernier, la marque présentait son traditionnel défilé des Métiers d’art au sein du bâtiment 19M fraîchement ouvert à la porte d’Aubervilliers. Un lieu où sont réunis onze ateliers (sur les 41 métiers et manufactures dans le giron de Chanel) dont Lesage, donc, mais aussi le plumassier Lemarié, le plisseur Lognon, le chapelier Maison Michel, le bottier Massaro qui travaillent pour la maison comme pour ses concurrents en France et dans le monde entier. La collection commercialisée depuis le mois dernier a déjà battu les records de vente de toute l’histoire de Chanel. Cette culture d’entreprise soutenue par les discrets propriétaires, la famille Wertheimer, et ce modèle économique ­ ont permis à la maison de traverser les tempêtes de ces cinq dernières années. « La période qui nous a tous mis le plus à l’épreuve. Il y a eu deux événements: d’un côté, le business qui a connu une croissance phénoménale, et Karl qui est tombé malade. Il a fallu tenir et soutenir tout le monde. Sans oublier les dernières années de pandémie que nous avons surmontées… Aujourd’hui, je suis fier de voir comment Virginie (Viard qui a succédé à Karl Lagerfeld à la tête des collections, NDLR) a pris le relais. »

Ce Biarrot a rallié la « start-up » Chanel il y a 30 ans, puis été coopté par Karl Lagerfeld grâce à un grand-père architecte. Aujourd’hui, tout juste élu président de la fédération de la mode, il compte bien défendre son secteur jusqu’à Bruxelles.

Bruno Pavlovsky Manager de luxe

O

n a longtemps pensé que c’était l’accent chantant du SudOuest qui distinguait Bruno Pavlovsky dans le cénacle des PDG du luxe français. Que ses intonations typiques de Biarritz le rendaient plus accessible. Mais d’après les (très) nombreux collaborateurs de ­Chanel, cette singularité n’est pas le seul témoignage de son humanité, il est de ceux qu’on appelle « un bon patron ». Lui, parle plutôt de pragmatisme mana-

gérial. « Quand il s’agit de mobiliser les équipes autour de huit défilés par an, vous ne pouvez vous en sortir que si vous êtes solidaire et que vous ne voulez pas tout contrôler. J’ai aussi la conviction que les gens doivent être bien où ils sont, avec l’expérience nécessaire et la possibilité de dire ce qui ne marche pas. Je passe beaucoup de temps à convaincre que c’est ce qui fait la différence. » Et ce, depuis son arrivée dans la maison de la rue Cambon, un jour de janvier 1990. Ce diplômé de l’École supérieure de commerce de Bordeaux qui commence sa carrière chez Deloitte finit par rejoindre l’un de ses clients, Chanel. « Le secteur de la mode n’avait rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui. La maison était une start-up avec une trentaine de boutiques (contre plus de 200 actuellement, NDLR) et l’équipe qui était installée au 29 rue Cam-

UN CHEF D’ŒUVRE

Un rôle crucial

Chanel

Hélène Guillaume

[email protected]

bon, faisait tout. Je suis rentré en tant que directeur administratif, supervisant la finance comme l’informatique, et pour ma toute première mission, j’ai été littéralement catapulté sur le terrain, afin d’ouvrir une boutique à Madrid, avec les entrepreneurs, les architectes et les équipes de vente. » Le genre de baptême du feu qui vous dissuade de continuer ou qui vous rallie pour la vie. Lui réitère l’expérience, les années qui vont suivre, dans presque toutes les activités de l’entreprise, y compris lorsqu’il s’agit d’ouvrir des usines et de racheter des ateliers.

Protéger les sous-traitants

Toutefois, être un couteau suisse, même le plus smart et performant qui soit, ne vous donne en général pas accès à la « création », cette chasse gardée qui était en plus à l’époque incarnée par la star du métier Karl Lagerfeld. Qu’est-ce que le grand couturier a aimé chez ce novice en la matière ? « Mon grand-père !, rit-il. Il s’appelait André Pavlovsky et était un architecte reconnu de l’Art déco sur la côte basque. Karl, qui en était très amateur, s’était donné pour mission de me faire découvrir toutes les villas qu’il avait construites à Biarritz. Pour ça et pour le reste, il est devenu mon mentor. Avec Françoise Montenay (qui a dirigé les activités mode de Chanel de 1988 à 2007), ils m’ont mis le pied à l’étrier dans cette activité où je ne connaissais rien, ils m’ont éduqué au produit. » Et aux métiers d’art, autre casquette de Bruno Pavlovsky, lorsque, en 1995, il pilote le rachat de l’atelier de broderie Lesage et sa cinquantaine d’employés, à la demande de son fondateur François Lesage, malade et traversant une passe compliquée. Commence alors l’aventure de Paraffection, la filiale de Chanel qui va au fur et à mesure acquérir ces petites en-

Non pas que désormais Chanel soit un long fleuve tranquille, mais Bruno Pavlovsky a estimé que c’était le bon moment dans sa vie pour se présenter à la succession de Ralph Toledano à la tête de la Fédération de la haute couture et de la mode. Hier, il était ainsi élu par ses pairs pour présider aux destinées de cette fédération à laquelle on doit que la Fashion Week de Paris surclasse ses rivales de New York, Londres, Milan… Elle joue également un rôle crucial auprès des membres plus « petits » sur les questions juridiques, numériques et sociales comme ce fut le cas dans le cadre des sanctions contre la Russie, marché important pour de nombreuses marques de mode. « Avec six périodes de défilés par an, cette fédération s’avère très opérationnelle et son bilan est excellent. Nous devons désormais conserver notre leadership, mais aussi, au regard du poids économique que représente la mode en France, davantage nous engager au niveau des institutions, de l’État, de Bruxelles. » Concrètement ? « Par exemple, le sujet de l’étiquetage obligatoire des vêtements au 1er janvier 2023 dans le cadre de la loi Agec. Celle-ci vise à canaliser les dérives de la ‘‘fast fashion’’, mais elle s’appuie sur des critères qui pénalisent les produits haut de gamme et fait de nous, grandes marques, des victimes collatérales. Ainsi, si vous fabriquez en France ou en Italie afin d’utiliser la main-d’œuvre la plus experte et les matières les plus sophistiquées, votre vêtement sera pourtant étiqueté rouge. Si nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord au niveau du luxe, en France et au-delà, nous allons nous retrouver demain avec des boutiques remplies de vêtements prétendument ‘‘non sustainable’’ (non durable). » Autant de sujets qui vont mobiliser sa capacité à fédérer. « En général, je ne me vois pas comme celui qui décide tout mais plutôt comme celui qui permet aux rouages de fonctionner. Dans nos métiers, il faut toujours être sur le qui-vive. Comme disait Karl après chaque collection : ‘‘Ça ne fera pas la prochaine’’.» ■

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C’est sa première visite sur place depuis le début de la guerre. « C’est impressionnant. On perçoit ici un sentiment de résistance extrêmement fort, une envie très puissante de retour à la vie normale », constate Valérie Pécresse en découvrant, en Ukraine, les ravages commis par l’armée de Vladimir Poutine. Vendredi matin, la présidente LR de la région Îlede-France est arrivée à Tchernihiv (en photo, au côté de Geoffroy Didier) pour évaluer les besoins. Dans cette région au nord du pays, à 40 kilomètres de la frontière russe, l’élue a pu constater les dégâts provoqués par six semaines de siège. « Que ce soit à Kiev, Kharkov ou Tchernihiv, toutes les villes libérées aspirent à ce que l’Occident ne se limite pas à l’aide humanitaire mais puisse s’engager sur la reconstruction. Ils craignent la lassitude des pays étrangers et ont déjà peur de l’hiver », constate Valérie Pécresse. Expertise technique, mécénat d’entreprises, chantiers bénévoles (30 000 Ukrainiens se sont portés volontaires), groupes de travail, délégations d’experts… Les pistes d’un soutien francilien efficace sont nombreuses. La région avait déjà mobilisé 1,6 million d’euros d’aide humanitaire pour l’Ukraine.

Cabinet de Valérie Pécresse

En Ukraine, Valérie Pécresse veut aider à « la reconstruction »

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